Manga day : quel est LE manga qui vous a marqué ?
Lancé le 20 juillet 2021 par un collectif des acteurs du marché du manga, le Manga Day revient pour sa deuxième édition et souhaite célébrer une fois de plus la passion du manga qui nous anime tous, amateurs du Japon, de bande dessinée et plus encore ! Pour cette année, l’équipe de Journal du Japon s’est prise au jeu en se posant la question : quel est LE manga qui nous a chacun marqué, au sein de l’équipe ?
Après un bref topo sur cet événement, voici donc une petite sélection de ces mangas qui nous ont marqués… à jamais !
Le Manga Day, c’est quoi ?
Pour en parler, on laisse la parole aux organisateurs : Le #MangaDay, c’est la Journée Nationale du Manga en France, qui a lieu tous les 20 juillet, et qui se célèbre sur les réseaux sociaux. Lancé pour la première fois en 2021, le #MangaDay avait réuni plus de 130 acteurs de l’industrie du Manga (éditeurs, libraires, institutions, etc.), généré des milliers de posts et plus de 4 millions de vues sur l’ensemble des réseaux (Instagram, Facebook, Twitter) en seulement 24h !
Pourquoi la date du 20 juillet ? Car elle correspond à la date de naissance de Rakuten KITAZAWA (1876-1955), considéré comme le « père » ou le « grand-père » fondateur du Manga moderne. (NDLR : plutôt le grand-père, le titre de père du manga étant souvent attribué à Osamu TEZUKA).
Le 20 juillet, les professionnels et les millions de lecteurs français se donnent donc rendez-vous sur les réseaux sociaux pour partager avec le hashtag #MangaDay leur passion pour le manga : leurs plus belles mangathèques, des coups de cœur, des offres spéciales, des rétrospectives de leur année… Et notre sélection évidemment. Le but est, à travers ce mouvement collectif, d’affirmer que le manga est un mouvement culturel et un phénomène de société à part entière, dans la lignée des lettres de noblesse qu’il acquiert petit à petit depuis quelques années.
Pour participer à cette fête, vous pouvez utiliser le hashtag #MangaDay, retrouver toutes les informations sur le site officiel, et jeter un œil à notre sélection ci-dessous !
Dragon Ball de Akira TORIYAMA – Éditions Glénat
Résumé : L’histoire de Dragon Ball suit la vie de Son Goku, un garçon à la queue de singe, simple d’esprit et doté d’une force extraordinaire. Il vit seul, après la mort de son grand-père adoptif, sur une montagne et en pleine nature, dans un paysage ayant les caractéristiques d’une forêt sauvage. Un jour, il rencontre Bulma, une jeune fille de la ville, très intelligente mais immature et impulsive. Elle est à la recherche des sept boules de cristal légendaires appelées Dragon Balls. Dispersées sur la Terre, ces Dragon Balls, une fois réunies, font apparaître Shenron, le Dragon sacré, un être immatériel qui exauce le souhait de la personne l’ayant invoqué. Son Goku accepte d’aider Bulma car son grand-père adoptif Son Gohan lui avait dit d’être gentil avec les filles ; de plus, le vieil homme lui avait confié l’une des sept boules (celle à quatre étoiles), que le jeune garçon a perdue et souhaite retrouver en son souvenir. Au cours de leur parcours initiatique, ils font de nombreuses rencontres. Son Goku, qui n’était jamais sorti de sa forêt, est amené à suivre un apprentissage auprès de maîtres comme Maître Muten Roshi ou Maître Karin et à participer à plusieurs championnats du monde d’arts martiaux. Il mène de nombreuses batailles et finit par devenir le plus puissant artiste martial de l’univers.
C’est fin 1993 que je tombais sur ce qui deviendra le manga le plus célèbre et parmi les plus vendus en France tous les temps : Dragon Ball de Akira TORIYAMA (cf la couv du vieux tome de l’époque, moche mais collector !). Le format manga étant extrêmement confidentiel à cette époque, c’est avec surprise que je découvrais donc la bande dessiné de cet anime qui a ouvert une boite de pandore dans mon imaginaire et qui avait fait naître une passion depuis jamais éteinte. Aux côtés d’Akira qui a assouvi ma recherche de rébellion, d’explosivité et de SF, Dragon Ball est l’une des pierre angulaire de ma passion et sans aucun doute le manga que j’ai le plus lu, relu et re-relu depuis ces 30 dernières années.
Librement inspiré de Sun Wukong, personnage de La Pérégrination vers l’Ouest de Wu Cheng’en, un roman chinois de la fin du XVIᵉ siècle, c’est surtout l’universalisme du titre, son essence shônen, le charisme jamais démenti de son héros Son Goku qui lui vaut une place si chère à mon cœur… Alors que je suis plutôt attiré par les seconds couteaux dans ce genre de récit (si toi aussi tu crois en Yamcha tapes dans tes mains !). Bien sûr, impossible d’oublier les combats… et quels combats ! La lutte contre le Red Ribon, la finale du tournoi Son Goku VS Piccolo, les cyborgs, le combat contre Nappa puis Vegeta sur Terre (it’s over 9000 !!)… A les citer je voudrai me planquer dans une boule temporelle le temps de relire tout ça… Mais au final peu importe la part de nostalgie et l’intérêt intrinsèque de ce manga car le fait est que ce titre ait été le déclencheur de ma passion pour le manga, qui a doucement évolué au fil des ans en passion pour la culture japonaise. Le pourquoi on s’en moque un peu, ce que je constate avant tout c’est que, à écrire ces lignes, j’ai les yeux qui brillent d’une flamme passionné typiquement shônen : Dragon Ball et Dragon Ball Z font partie intégrante de mon amour des manga, je ne me suis jamais lassé du titre ni de ses personnages.
D’autres excellents titres existent, par dizaines, par centaines même depuis, mais en ce manga day, le premier pour lequel je sors ma plume, j’étais obligé de rendre hommage à cette série… Et vous recommander chaudement de vous essayer, et peu importe à quelle génération de lecteur de manga vous appartenez ! (Paul)
Berserk de Kentaro Miura – Éditions Glenat
Guerrier solitaire évoluant dans un monde médiéval et fantastique, il fut autrefois contraint par un pari perdu à rejoindre les Faucons, une troupe de mercenaires dirigés par Griffith. Acteur de nombreux combats sanglants et témoin de sombres intrigues politiques, il décide cependant d’être seul maître de son destin en bravant la fatalité qui lui est due.
Sombre, torturé, les cicatrices de sa vie se voient tant sur son corps que dans son cœur. Beaucoup de sujets traités dans ce seinen violent (pédophilie, trahison, religion, inceste) en font une œuvre sensible pour un jeune public.
Série culte publiée depuis 32 ans au Japon, le récit se veut la biographie d’un homme : Guts, mais aussi de Muira lui-même, qui a transposé sa relation avec le mangaka et ami Koji MORI sur le duo Guts/Griffith.
Le premier manga que j’ai lu est comme beaucoup Dragon Ball (en commençant par le tome 21, allez savoir pourquoi), mais Berserk est arrivé très peu de temps après, et m’a beaucoup plus marqué et inspiré. En découvrant la série au collège avec sa deuxième édition chez Dynamic Vision ce fut un choc à plusieurs niveaux : je découvrais la Dark Fantasy, mais aussi une œuvre au graphisme encore inégalée aujourd’hui, me faisant comprendre très tôt que le manga pouvait aussi ressemblait à ça.
Si la violence y est crue et frontale, j’ai compris à l’époque qu’elle avait une fonction lorsqu’elle n’est pas gratuite : elle permet de faire ressentir les choses plus intensément encore. La violence dans le récit, et la manière dont elle est représentée, exacerbe les sentiments qui nous assaillent à la lecture, et Kentaro MIURA le fait magistralement avec Berserk. Guts est un écorché vif, mais qui à la rage. La rage de survivre. Une force qui transcende et qui inspire : ne jamais courber l’échine face à ce qui nous opprime, faire front à l’adversité, et en ressortir plus fort. Le manga met en avant des sentiments normalement attribués aux antagonistes : la colère et la vengeance. Ce qui en fait toute la subtilité du personnage de Guts, qui reste finalement un être innocent, et qui n’a pas eu le temps de se construire, tant il a été malmené. Suivre sa vie à partir de sa naissance (si l’on excepte le flashforward des premiers tomes) joue beaucoup dans l’attachement que l’on peut ressentir pour lui. On ne ressort pas indemne du tome 13.
Berserk c’est aussi une éducation à l’art pictural. L’émoi face à un graphisme si inspiré de Gustave Doré, et aux références à Bosh et Escher en font une porte d’entrée vers autre chose que le manga.
Le manga revient de loin, car le succès public n’a pas franchement était au rendez-vous pendant longtemps. Aujourd’hui il en est tout autre, et l’amertume de voir des arrivistes se l’accaparer est largement compensée par la radiance qu’a désormais le manga à travers le monde. Enfin, si l’on oublie la mort de son auteur…
Berserk, est LE manga qui m’a marqué, et que j’ai littéralement dans la peau depuis plusieurs années. (Olivier)
Le Samouraï Bambou de Taiyô MATSUMOTO & Issei EIFUKU – Éditions Kana
J’ai beau avoir lu des mangas à fort succès tels que par exemple Dragon Ball, GTO, ou Gen d’Hiroshima, Le Samouraï Bambou est le manga qui m’a indéniablement marqué au fer rouge. Il a été édité au Japon en 2007 et en France à partir de 2010.
L’histoire met en scène Soîchirô : un rônin, un samouraï sans maître, qui regarde les jours passer paisiblement. Il prend sous son aile le jeune Kanchiki à qui il donne des leçons de vie et parle aux chats. Jusqu’au jour où il doit se battre contre des hommes qui lui cherchent des noises. Le combat se termine rapidement car Soîchirô est très fort avec le sabre donné par son père. Mais pour éviter à l’avenir d’avoir la tentation de dégainer trop rapidement cette arme que l’on dit possédé, il décide de ne porter à la ceinture qu’un sabre de bambou. Il se battra à l’avenir avec ce sabre non létal. Or, l’arrivée du terrible Shinnosuke Kikuchi, un samouraï impitoyable et cruel, accompagné de Meishi la souris, va faire vaciller notre héros. Résistera-t-il à l’appel du combat et du sang pour mettre fin aux agissements de Shinnosuke ?
Ce manga est pour moi une réelle œuvre d’art. Le dessin est de Taiyô Matsumoto est tout d’abord formidable. Le mangaka est reconnu, ses autres mangas tels que Amer Beton, Ping Pong et Number 5 ont connu le succès. Bien qu’il ait été inspiré par la bd franco-belge, son dessin ne suit pas les principes de la « ligne claire » : son style est très personnel et dynamique. Chaque case crée un imaginaire propre au monde du Samouraï Bambou, même s’il ressemble fortement à la période Edo. Il sublime également les caractéristiques des principaux personnages, que ce soit l’horrible Shinnosuke ou Genji le guerrier à la lance. Et certains dessins sont tout simplement impressionnants.
Au dessin de qualité, il faut ajouter le très bon scenario de Issei Eifuku. Si on se doute qu’il va y avoir un affrontement entre notre héros et le méchant, l’histoire est bien plus subtile et sa mise en scène ressemble à une pièce de théâtre en plusieurs acteurs. Ce pourrait même être une pièce de théâtre Kabuki : le héros va dans un premier temps tout faire pour éviter le combat pour ne pas céder à l’appel du sang et aux sollicitations du « démon » qui possède son sabre (représenté par une femme dotée d’un cache-œil), et l’issue finale semble bien incertaine. Cette histoire s’éloigne plutôt des classiques du genre tels que Kenshin le vagabond ou Samouraï Champloo, mais elle respecte aussi les codes classiques du manga. Ainsi par exemple, les personnages secondaires comme l’enfant Kan ou le guerrier Genji sont plutôt attachants et ajoutent un réel plus à l’histoire.
Le Samouraï Bambou est donc pour moi une œuvre créative originale que je considère à titre personnelle comme très réussie. Je relis ce manga régulièrement et je découvre à chaque fois de nouvelles subtilités, c’est un vrai plaisir de lecture. Je le recommande à chaque fois qu’on sollicite mon avis. (Jean-Sébastien)
Shaman King de Hiryuki TAKEI – Éditions Kana
Résumé : Yoh Asakura, un garçon à l’allure nonchalante est en fait un Shaman. Il est à la recherche d’un fantôme avec qui il pourrait fusionner et gagner le Shaman Fight qui lui permettra de devenir Shaman King. C’est ainsi que Yoh fait la connaissance de l’esprit Amidamaru avec lequel il va participer au mystérieux tournoi qui n’a lieu que tous les 500 ans…
C’est en 2003 que Fox Kid diffuse pour la première fois en France l’anime Shaman King. J’étais alors âgée de 7 ans et j’avais déjà l’habitude de regarder Magical Doremi, Sakura, Sailor Moon, Shinzo, Shin-chan et pleins d’autres dessins animés japonais dont je ne connaissais pas l’origine. Lorsque la chaîne de télévision faisait la promotion de ce nouvel anime, Shaman King, qui allait arriver, rien ne m’emballait. Je ressentais même un certain dégoût pour le personnage de Ryu.
Puis je me suis retrouvée là, à devoir regarder la fin d’un épisode qui était diffusé juste avant celui d’une de mes séries fétiches du moment. J’ai tout de suite adoré le personnage de Yoh et l’ambiance de la série. Je me suis alors plongée, jour après jour, dans cette série qui me prenait aux tripes par son humour, ses décors et ses personnages.
Puis vient le jour où mon grand frère achète le tome 1. Je n’ai toujours que 7 ans. Je n’avais jamais eu de manga papier entre les mains, je n’en connaissais pas l’existence et je ne faisais pas le lien avec les dessins animés que je regardais à la télé. Nous sommes partis au ski, et je lui ai emprunté son tome. Ce fut ma toute première lecture, mon tout premier manga. Je l’ai alors lu, lu, et relu, un nombre de fois incalculable durant ces vacances. Lors de notre retour, j’ai demandé à mon père d’utiliser l’intégralité de ma tirelire d’enfant pour acheter les autres tomes, et je les ai dévorés.
Ce fut ma rencontre officielle avec les mangas, et le Japon. Celle qui m’a ouvert les portes à tous ces autres titres que je ne voyais pas à la télé, à cette culture inconnue ; et le commencement d’une longue et interminable histoire d’amour avec la culture japonaise. (Roxane)
The Civilization Blaster de Kyo SHIRODAIRA, Ren SAIZAKI & Arihide SANO – Éditions Kurokawa
Résumé : Yoshino Takigawa et Mahiro Fuwa, amis malgré leur différence de caractère et leur tempérament solitaire, voient leur vie bouleversée le jour où la sœur adoptive de Mahiro, Aika Fuwa, est retrouvée assassinée dans des circonstances mystérieuses. Après avoir disparu sans laisser de traces, Mahiro réapparaît doté de pouvoirs magiques, sauvant Yoshino d’une obscure organisation para-gouvernementale enquêtant sur la « maladie du fer » qui transforme en métal les êtres vivants inspirant les particules émises par de gigantesques fruits. Les deux lycéens parviennent à communiquer à distance avec une puissante sorcière, Hakaze Kusaribe, privée de ses pouvoirs sur une île déserte à la suite d’un complot fomenté par son propre clan qui tente de faire revenir à la vie « l’Arbre de la Destruction », trahissant ainsi « l’Arbre des Origines », le protecteur d’Hakaze, qu’ils sont censés servir. Lorsque cette dernière leur révèle que le crime est peut-être lié à ce rituel de résurrection, Mahiro et Yoshino partent à la recherche de « l’Arbre de la Destruction » afin de sauver le monde, dans le seul but de découvrir l’identité du meurtrier d’Aika.
Si l’on parle de manga marquant, il est impossible de passer à côté de The Civilization Blaster, un shônen aux éditions Kurokawa qui aura su s’imposer face à la concurrence. Et c’est bien normal puisqu’il mêle des personnages intéressants et une enquête à résoudre sur plusieurs tomes, très bien ficelée qui plus est, ce qui donne d’autant plus envie de poursuivre la lecture. On y suit des jeunes hommes plutôt du style anti-héro qui ont tout deux des motivations loin d’être altruistes mais qui vont, par un concours de circonstance, se retrouver mêlés à des affaires qui dépassent l’entendement. Outre les deux adolescents, les deux autres personnages centraux féminins rendent l’intrigue encore plus étonnante, voire fantastique. Mais au-delà de ces deux aspects, ce sont les références répétées à la littérature anglaise de Shakespeare, y compris à son œuvre La Tempête qui a inspiré le titre japonais Zetsuen no Tempest, qui rendent The Civilization Blaster assez atypique.
Sur base de shônen, Kyo SHIRODAIRA, Ren SAIZAKI et Arihide SANO cherche à développer un récit plus complexe qu’aux premiers abords, plutôt philosophique et c’est ces points qui combinés ensembles m’ont charmé et marqué une grande partie de mes premières années mangas. Je le recommande chaudement pour les fans de shônen, de théâtre anglais et de philosophie. Pour les plus réticents, il est aussi possible de se tourner vers son adaptation en animé : Zetsuen no Tempest. En ce qui me concerne c’est un classique ! (Andres)
Hammer Session ! de Tanahashi NAMOSHIRO & Koganemaru YAMATO – Editions Pika
J’aimerais profiter de cette chronique collective pour mettre la lumière sur une œuvre encore trop méconnue : Hammer Session ! Les auteurs (Tanahashi NAMOSHIRO au dessin et Koganemaru YAMATO au scénario) sont d’ailleurs tout autant inconnus chez nous, aucune autre de leurs œuvres n’a été traduite à ma connaissance.
Ce slice of life nous emmène dans le quotidien de Goro Hachisuka, ancien arnaqueur professionnel en cavale qui se retrouve à jouer les profs de maths sous couverture ; mais le réel enseignement qu’il souhaite dispenser aux élèves, ce sont ses célèbres : « Hammer Sessions », des sessions coups de poings censées réveiller les élèves et les remettre sur le droit chemin.
On ne peut s’empêcher de faire immédiatement le parallèle avec GTO, à la différence que les deux professeurs ne vont pas jouer avec les mêmes armes. Onizuka est un ancien Bosozoku aux méthodes parfois musclées, et un peu pervers sur les bords ; alors qu’ici, on a plus affaire au dandy escroc qui va se servir de techniques de manipulation et de biais cognitifs afin d’amener ses élèves à se rendre compte par eux même de leur mauvais choix de vie et les faire réintégrer le droit chemin. Je me souviens de « tours » assez bluffant un peu comme lorsque vous lisez Arsène Lupin ou regardez un film de la saga Insaisissables, à mi-chemin entre illusion et prouesses oratoires. Tout cela servi en seulement 11 tomes, avec des personnages attachants et des passages « school-life/romcom » pour relâcher la pression entre des histoires de yakuza et de harcèlement ! Malheureusement, le tirage relativement confidentiel de l’époque, rend la recherche de certains tomes parfois assez complexe… En tout cas si vous tombez dessus en bibliothèque (ou pas trop cher en occasion), foncez ! (Quentin)
Le Sablier de Hinako ASHIHARA – Éditions Kana
Quand on m’a demandé quel était LE manga qui avait pu me marquer, ou par lequel tout avait commencé, j’ai fortement hésité avant de me décider. Plutôt que : quel est ton premier manga ? J’ai préféré répondre à « celui qui m’avait marqué » et deux titres sortaient du lot. Après réflexion, j’ai fini par trancher et j’ai choisi un shôjo sorti en 2008 pour le premier tome : Le Sablier par Hinako ASHIHARA édité aux éditions Kana. Par ailleurs, son second titre aussi sorti chez nous rejoint totalement le premier en terme de classement. En somme, je dirai juste que cette mangaka mérite d’être davantage connue.
Le sablier nous raconte l’histoire, sur plusieurs années, de An UEKUSA, une jeune fille de 12 ans qui subit de plein fouet le divorce de ses parents. C’est à la suite de ce dernier, que sa mère et elle-même partent vivre, loin de la ville de Tokyo, à la campagne chez ses grands-parents maternels. En chemin, elles passent par un musée où An achète un petit sablier, un porte-bonheur, l’accompagnant au fil des années. On va donc suivre l’évolution de cette jeune fille qui va aller de bouleversement en bouleversement avant de trouver son équilibre. Elle perd en effet sa mère très tôt, d’un suicide, et par la suite ne cessera de se questionner, et d’errer émotionnellement alors même qu’une idylle voit le jour avec un camarade et voisin, et qu’elle apprend à vivre et à apprécier les personnes vivant à la campagne.
Cette série, en dix volumes seulement, est une véritable ode à l’acceptation de soi-même. Chaque moment important d’une vie et y est représentée à commencer par la puberté, mais pas seulement. On suit réellement An dans ses changements, jusqu’à ses 26 ans où elle semble enfin libérée du poids du passé. Un récit doux-amer car assez difficile par moments, mais porté par un dessin très expressif qui fait mouche et transcende, bouleverse. Malgré nous, on s’identifie à différents passages à ce que vit An et on n’en est que plus touché. Pour moi, c’est une série complète qui ouvre les yeux et qui fait toujours écho aujourd’hui encore. Un récit qu’il faut lire et apprécier pour son côté un peu rédempteur mais non moralisateur : comme un baume que l’on attendait depuis longtemps. (Charlène)
Fruits Basket de Natsuki TAKAYA – Editions Akata / Delcourt
Difficile pour moi de choisir LE manga qui m’a le plus marqué, car il y en a plusieurs : Fullmetal Alchemist qui est mon œuvre préférée de tous les temps, Parmi Eux qui est très cher à mon cœur, et celui dont je vais parler dans cet article, Fruits Basket. Alors pourquoi lui davantage que les autres ? Pourquoi un cliché des mangas shôjo ? Tout simplement parce qu’il a marqué un tournant décisif dans mon rapport au Japon et dans ma vie en général.
Fruits Basket est un manga qu’on ne présente plus : c’est l’histoire de Tohru Honda, jeune lycéenne qui, suite à la mort de sa mère, se retrouve à vivre seule dans une tente de camping. Ce qu’elle ne sait pas, c’est qu’elle a planté sa maison de fortune sur le territoire de la riche famille Sôma. L’un de ses membres, Yuki, fréquente d’ailleurs le même lycée qu’elle. Elle découvre très rapidement le secret de la ctte maison : certains de ses membres sont frappés d’une malédiction et se transforment en l’un des 12 animaux du zodiaque ! Tohru va se retrouver à vivre en colocation avec Yuki, Kyo et Shigure, et en apprendre de plus en plus sur l’histoire de cette drôle de famille.
Déjà, Fruits Basket est le premier manga dont j’ai acquis la collection complète. J’attendais toujours impatiemment que ma mère m’offre la suite ou que j’aie assez d’argent de poche pour me payer les tomes moi-même. Dès que j’en tenais un entre mes mains, je le lisais d’une traite, voire même le relisais. Je les emmenais partout avec moi à l’époque. Pourtant, ce n’était pas mon tout premier manga, car j’avais débuté avec Mirumo et Love Hina. Mais j’ai été immédiatement séduite par l’histoire atypique de Fruits Basket, son rapport à l’astrologie et le côté un peu mystique. Et au fond, l’histoire des personnages est relativement sombre pour un manga classé shôjo.
Suite à ma lecture, mon intérêt pour la culture japonaise et ses traditions et son folklore s’est davantage accru. J’ai commencé à m’intéresser à la musique, à la langue, et tout s’est enchaîné. Lorsque mon oncle m’a annoncé partir en mission au Japon, je lui ai demandé s’il pouvait me ramener le tome le plus récent de Fruits Basket en japonais, la série étant toujours en cours de publication. Je l’ai toujours, même si j’ai dû revendre le reste de ma collection. Enfin, c’est aussi grâce à Fruits Basket que j’ai rencontré ma meilleure amie, à travers un jeu de rôles textuels basé sur l’histoire du manga. 18 ans plus tard nous sommes toujours aussi proches. Bref, ce manga a vraiment marqué mon adolescence et posé les bases de ma passion pour la culture nippone. Et sa version animée de 2019 a redonné un coup de jeune à l’histoire et m’a vraiment replongée dans cette série que j’affectionne tant ! (Marine)
X de CLAMP – Tonkam
Beaucoup de mangas m’ont marqué et ceux tout au long de ma vie. J’ai commencé à en lire avec les tous premiers qui sont sortis dans les années 90. Akira, Video girl ai, Dragon Ball tous ces titres m’ont marqués, mais sans doute pas autant que les œuvres des CLAMP. L’adolescente que j’étais était fascinée par les dessins grandioses, ces personnages charismatiques, ses histoires ésotériques et ces destins tragiques. X est un shôjo sanglant, tortueux et complexe.
Kamui Shiro était encore très jeune lorsque sa mère périt dans un grand incendie. Lorsqu’il revient à Tokyo six ans plus tard, Kamui ne veut rendre de comptes à personne et n’accepte aucune aide. Pourtant, dès son retour dans la capitale, il est abordé par différentes personnes vraiment étranges. Une ultime bataille approche pour décider du destin de la Terre et Kamui doit y jouer un rôle décisif. En choisissant son camp, il scellera l’avenir de l’humanité. Qui des Dragons de la Terre ou des Dragons du Ciel l’emportera ? L’humanité mérite-t-elle d’être sauvée ou faut-il la sacrifier pour sauver la planète ?
Œuvre qui restera sans doute inachevée, elle m’a servie de modèle tant pour ses qualités artistiques indéniables que par sa noirceur. Kamui et les autres personnages ne semblent pas pouvoir éviter un destin qui leur échappe. L’homoromance en sous-texte de certains personnages me parlait tout autant que celles des couples hétéros.
X m’a aussi plongé dans le rock japonais. J’écoutais déjà les génériques et les BO d’anime, mais l’OAV X² utilisait des chansons de X-JAPAN. X chanté par X-JAPAN pour le manga X ?! Cela m’a permis de découvrir ce qui allait chambouler ma vie et m’amener à créer mon propre fanzine : le visual kei.
Si je ne lis plus les mangas des CLAMP, ni n’écoute de visual kei, X a tout de même une place importante car ma vie aurait été sans doute différente sans lui. (Tatiana)
Nana de Ai YAZAWA – Éditions Akata / Delcourt
Résumé : Ces deux jeunes filles s’appellent Nana. Elles ont le même âge, éprouvent toutes deux une grande attirance pour Tokyo, et font très attention à leur look. La première est une étudiante rêveuse et tête en l’air, à la recherche désespérée du prince charmant. Quant à l’autre, plus déterminée et solitaire, c’est grâce à son premier amour qu’elle est devenue chanteuse dans un groupe de rock amateur. Toutes deux ont pour objectif d’aller s’installer à Tokyo…
Ma première rencontre avec ce manga remonte à plus de dix ans. Jeune fille curieuse et déjà intéressée par ce média, je n’ai pourtant pas accroché à cette histoire si particulière. Ce n’est que bien des années après que Nana m’a véritablement interpellée.
Alors étudiante en édition de la bande-dessinée, je me suis lancée à corps perdu dans toutes les œuvres d’autrices à ma disposition. J’étais alors à la recherche d’histoires écrites par des femmes et dont les discours éveilleraient en moi une lueur d’intérêt. C’est alors que Ai YAZAWA est véritablement apparue dans ma vie.
Prudente, je me procure les trois premiers tomes. Je me rappelais parfaitement de ces personnages longs et élancés, ces visages anguleux qui m’avaient laissé sceptique lorsque j’étais enfant. Cette fois, c’est une tout autre sensation qui s’empare de moi. Je suis subjuguée par la beauté des détails dans les tenues des personnages. La mangaka se forge un univers inspiré des courants rock et punk. À travers le personnage de Nana Osaki ainsi que les musiciens de Trapnest et Blast, on retrouve certains éléments tels que porte-jarretelles, pantalons troués, collants en résilles et effilés, ou encore un maquillage lourd et sombre, sans oublier des éléments venant directement s’inspirer des collections créée par Vivienne Westwood pour qui la mangaka a un grand intérêt.
Les expressions sont également mises à l’honneur. Le reflet des émotions est en effet privilégié au réalisme des corps. On peut facilement se rendre compte qu’un personnage est heureux, notamment car sa bouche est exagérément ouverte. Lorsqu’un personnage est triste, nous pouvons également le voir grâce à la courbure de ses yeux dont le trait est exagéré pour l’occasion.
Tout naturellement, je me suis procurée la suite de la série et l’ai dévoré en quelques jours. L’histoire me parlait. Nous étions loin d’un récit romancé de deux filles qui se retrouvent à Tokyo. Au contraire, nous faisions face à des problématiques graves et réelles. J’ai été profondément touchée par la tristesse et les épreuves des personnages. Je me suis identifiée à eux, j’ai pleuré avec eux, j’ai ri aussi lorsque la scène s’y prêtait.
Nana fut un réel coup de cœur pour moi. Encore aujourd’hui, les œuvres de Ai YAZAWA me passionnent profondément, à tel point que j’en suis venue à écrire un mémoire de recherche à ce sujet. (Tessa)