Gaming Memories X6 – Quand les licences américaines s’invitent dans le jeu vidéo japonais (partie 2)
Bienvenue dans ce sixième Gaming Memories X, épisode spécial de notre rubrique dédiée au jeu vidéo rétro. Cette fois-ci il directement écho au précédent, lui-même consacré aux titres Disney sur Mega Drive ; en effet, nous allons revenir sur quelques autres productions japonaises adaptant des licences américaines. Nous vous invitons donc à (re)découvrir) The Punisher, Alien versus Predator et Cadilacs and Dinosaurs (tous trois sur arcade).
Vous ne saviez pas que ces jeux existaient ? Alors cela tombe plutôt bien. En avant !
Cross universe
Depuis bien longtemps, le jeu vidéo est un média qui en a accueilli d’autres, de façon plus ou moins réussie (souvenez-vous, par exemple, du premier jeu Disney datant de 1979). La plupart du temps, une licence est adaptée dans son propre pays puis exportée ensuite, mais ce n’est pas toujours le cas. Les Japonais, par exemple, sont friands des créations west side depuis un bon moment. On a pu ainsi voir les acteurs Mel GIBSON (écran titre de Metal Gear 2, Policenauts de KONAMI), Danny GLOVER (Policenauts également), Michael BIEHN (façon Kyle REESE sur la jaquette du premier Metal Gear) ou encore Arnold SCHWARZENEGGER et Silvester STALLONE (Contra) se retrouver dans au milieu de jeux japonais… on peut aussi voir l’acteur phare de la série Terminator apparaitre en clin d’œil dans un chapitre de City Hunter (Tsukasa HÔJÔ). Et ce ne sont sans doute que quelques exemples…
Si les jeux cités plus hauts sont des productions Konami, celles qui nous intéressent cette fois-ci sont signées Capcom. Nous sommes à une époque où les consoles de salon commencent à prendre le dessus sur l’arcade qui, pourtant, résiste toujours. À la maison, c’est probablement SEGA et leur série Streets of Rage qui a le dessus sur tout ce qui se fait, en termes d’innovations et de qualité dans le domaine. Mais en Arcade, comme nous avons déjà pu le démontrer dans de nombreux numéros de la rubrique, c’est la société mère de Mega Man qui domine. Nous allons donc, comme dit plus tôt, nous consacrer maintenant à quelques-uns de jeux Capcom dérivés de médias étrangers au Japon.
Pour vous les présenter rapidement avant de plonger dans de rentrer dans le détail, sachez que Cadillacs and DInosaurs est issu de comics américains, les Chroniques de l’ère Xenozoïque. Ceux-ci, publiés entre 1988 et 1993, suivent les aventures de Jack Tenrec et Hannah Dundee dans un monde post-apocalyptique. Dans cette série, la Terre est ravagée par la pollution, obligeant la population à vivre sous terre pendant plusieurs décennies. A leur sortie, elle a été colonisée par des espèces disparues depuis des siècles… dont des dinosaures ! Vous commencez à voir dans quel pétrin vous allez devoir vous battre ?
Le second soft dont nous allons parler est The Punisher, lui-même sorti sur CPS et en 1993. C’est un titre important pour Capcom en quelques sorte, puisqu’il est le premier d’une longue collaboration avec l’éditeur de comics américain Marvel, dont découlera une flopée de jeux par la suite (Marvel vs Capcom, Marvel vs Street Fighter, Marvel Super Heroes, …).
Notre dernier titre est Alien versus Predator. Ce dernier passe un cap, puisqu’il a été produit sur CPS-2, et permet de jouer à trois simultanément. C’est un mélange de plusieurs choses dans l’univers des films Alien et Predator. C’est donc la rencontre des créatures terrifiantes créées par Ridley SCOTT en 1979, des chasseurs de John et Jim THOMAS, d’un SCHWARZY (protagoniste principal du premier film) robotisée et de certains éléments dérivés des comics.
Cela vous semble être du gros n’importe quoi ? Attendez d’en savoir plus avant de fuir, ça vaut le coup d’œil !
Des Cadillacs et des dinosaures… ?
Nous sommes à désormais dans le futur, plus précisément dans cinq siècles. Cette époque étonnante a vu renaître de nombreuses espèces disparues, dont les dinosaures. Les Humains, sortis de leurs abris souterrains, doivent vivre avec et tenter de se faire une place. Mais, bien entendu, certains sont mal intentionnés et tentent de les approprier pour faire des expérimentations dessus… Jack et Hannahi sont rejoints par Mustapha et Mess dans leur lutte.
Bien qu’il y ait quatre personnages, le jeu est jouable à trois. Tous les mouvements classiques sont là (avancer et courir dans toutes les directions, frapper, sauter, utiliser une arme, attraper un ennemi et le cogner ou le jeter…) et les personnages ont également un deuxième type de saut qui traverse l’écran d’un trait. Chaque Continue correspond à deux vies.
L’originalité de ce jeu se situe, en dehors de sa Cadillac bien trop absente de la progression, dans la présence des dinosaures. Car oui, si Regina de Dino Crisis (de Capcom aussi, tient…) combat ces bestioles avec des armes, nos quatre héros le font avec leurs poings ! Certains sont agressifs, d’autres ignoreront juste les protagonistes… mais au final, les humains restent bel et bien les principaux ennemis.
Des univers parallèles ?
Bien animé, avec des graphismes typiques du CPS, Cadillacs and Dinosaurs est dans la norme des productions sorties sur ce support. Il réagit bien (bien que l’on ait souvent l’impression de passer « après » ce que le jeu a décidé, donc de se prendre des coups qui n’auraient pas dû nous toucher), et constitue un bon défouloir. Les ennemis sont souvent là pour être de la chair à pâté à dégommer à la pelle. Le jeu ne ralentit pas et ce, même s’il y a une dizaine de protagonistes à l’écran.
Y jouer seul est plaisant et pas spécialement difficile, mais le fait de pouvoir s’y mettre à trois – malgré que cela ne crée un certain chaos à l’écran – lui donne tout son sens. Il devient un festival de mandales et de bruit incessant, rejoint par quelques dinosaures trop rares mais bien présents pour augmenter le challenge (encore une fois, certains sont inoffensifs, tant qu’ils ne sont pas attaqués). C’est vraiment le fait d’être à plusieurs qui rend ce « gros n’importe quoi » exutoire, avec toutes ces onomatopées de bande-dessinée et sa bande-son dynamique et entrainante (qui devait être du plus bel effet dans une salle d’arcade) !
Oui, nous mettons l’accent sur le fait que Cadillacs and Dinosaurs soit jouable à trois ici car, soyons honnêtes : c’est un bon BTU, dans la norme, amusant, mais qui n’a finalement de vrai grand intérêt que le nombre de joueurs pouvant s’y adonner ensemble, surtout si l’on a déjà ou que l’on vient de jouer à The Punisher. C’est la fonction qui le rend unique par rapport aux autres, et l’on regrette d’ailleurs que la Cadillac, qui fait pourtant même partie du titre de la série, ne soit présente que lors d’une seule phase (là encore du gros « nawak » bien fun). Cadillacs and Dinosaurs est composé de huit niveaux, qui lui donnent une durée de vie d’une heure environ.
Tu ne le sais pas encore… mais tu es déjà mort
The Punisher reprend comme base une partie désormais classique de l’histoire du personnage. Un jour que le capitaine dans la Marine Frank CASTLE apprécie un picnic des plus joyeux avec sa famille à Central Park… ils sont témoins de meurtres dans les environs. Les criminels, bien entendu, ne veulent pas de témoins et s’attaquent à eux, assassinant toute sa famille. Seul Frank s’en sort mais… ce nom, à ce jour bien précis, n’existe plus. The Punisher vient de s’élever d’entre les morts et est prêt à tout pour traquer les criminels, et venger sa famille.
On va donc traverser différents endroits de la ville pour trouver des noms et des adresses, remonter jusqu’au responsable, celui qui a commandité ce massacre. En soi, cela revient bien entendu à avancer dans les niveaux à scrolling horizontal en cassant du truand. De façon plus que classique, on a deux vies par Continue, chaque niveau se termine par un boss, et il est possible de jouer à deux – le deuxième combattant incarnera Nick FURY (qui pour une raison plus ou moins évidente ne peut pas être joué en tant que personnage principal).
Le Punisher distribue des mandales sur terre ou en sautant, peut se déplacer dans toutes les directions, attraper un ennemi et le marteler de coups ou le jeter brutalement sur d’autres, rouler sur une certaine distance pour esquiver ou enchainer avec une charge puissante, et utiliser une attaque qui consomme de l’énergie mais envoie tous les opposants à proximité valser. Dans le cas où cette attaque est utilisée en plein saut, il jettera une poignée de grenades pour un effet encore plus large et efficace. Cette technique dépend de l’équipement que l’on a récupéré au cours de la progression.
En effet, Beat’em-up oblige, on ramasse des tonnes d’objets au cours de son périple – des points principalement mais aussi quelques armes, et un peu de soin par-ci par-là. Les grenades servent spécifiquement pour cette attaque spéciale puissante. Il est également possible de ne pas casser un container immédiatement mais plutôt l’attraper et l’envoyer en plein dans la figure d’un ennemi. Et surtout, si tout cela donne une certaine brutalité bien méritée et vive, le clou du spectacle va à ces nombreuses phases où le vengeur sort son arme et mitraille tout ce qui passe. Dans celles-ci, il n’y a plus qu’à matraquer sa touche d’attaque et tirer à toute berzingue. Défoulant pour sûr, et divertissant pour un jeu de castagne uniquement !
Du CPS dans toute sa splendeur
Dès que l’on arrive dans le premier niveau de The Punisher, on sent que l’on est sur CPS – il n’y a pas d’énormes améliorations graphiques par rapport aux précédentes productions du support, mais la qualité est là. Les sprites sont de bonne taille et l’animation est fluide. Comme il sera possible de le voir dans plus d’un titre sorti sur cette carte arcade, peu importe le nombre de sprites à l’écran, il ne ralentira pas.
La palette de mouvements est satisfaisante, certes classique avec quelques originalités bien trouvées et dignes du personnage que l’on incarne. Il ne faut bien entendu pas s’étonner de combattre une armée de clones – c’est la norme dans le domaine. On apprécie les quelques petites scènes de transition entre les niveaux, expliquant la progression du vengeur dans sa quête.
Celui-ci réagit d’ailleurs très bien et enchaine les mandales sans problème. Oui, bien sûr, on associe bien plus Castle à des armes à feu qu’à des arts martiaux, mais le jeu est défoulant à souhait. Pas forcément des plus difficiles dans la majorité, il faut quand même s’accrocher face à certains boss… qui méritent bien plus leur nom. Mais le Punisher n’a aucune pitié, et cela se sent dans certaines de ses attaques. Les fusillades sont l’un de ces moments que l’on finit par attendre avec impatience pour trouer du truand par paquets de dix, en particulier quand on joue à deux !
Le jeu dispose d’une bande-son rythmée tout en gardant un petit coté mystérieux lors des scènes de transitions. On sent parfois que l’on est dans les débuts des années 1990 avec quelques thèmes presque dignes d’un Streets of Rage. Tout cela contribue à donner un ensemble dynamique, surtout lorsque l’on commence à bien cerner le gameplay et l’utilité de la roulade du personnage qui peut totalement changer la donne (il roule un peu comme un certain hérisson, par contre). Avec certes des voix un peu criardes, The Punisher n’en reste pas moins un jeu dynamique, plaisant et divertissant à parcourir. Dommage que le deuxième joueur soit juste identique à prendre en main, peut-être.
Time to hunt !
San Drad, Californie. La ville est attaquée et infestée par des Aliens. Sur place, le lieutenant Linn KUROSAWA et le major Dutch SCHAEFER luttent, mais sont vite acculés. Jusqu’à l’instant où une voix résonne : « Come with me if you want to survive ! » (quelle coïncidence, une version robotisée SCHWARZENEGGER et l’une des phrases cultes de TERMINATOR dans la même scène !). Des Predators viennent d’apparaître et proposent une union pour lutter contre leur ennemi : les Aliens !
Alien versus Predator propose donc au joueur d’incarner quatre personnages différents, et peut être joué jusqu’à trois. Chacun des protagonistes a ses avantages et faiblesses, avance de gauche à droite dans des niveaux infestés d’ennemis – non seulement les Aliens, mais des humains et autres Predators. Les actions de base sont bien entendues présentes, comme marcher, sauter, attaquer, et aussi, utiliser une arme à feu à munitions limitées (mais qui se rechargent vite). Ils peuvent aussi effectuer une glissade qui touchera ce qui se trouve en face d’eux.
En plus de cela, tous ont des actions qui leur sont propres : par exemple, Linn se sert d’un katana et peut attaquer ses ennemis de haut, et même rebondir sur eux en boucle avec un peu de pratique. Les Predators, eux, sont capables de traverser l’écran d’une traite en dégommant ce qui se trouve sur leur passage. S’ajoutent à cela attaques et choppes en cours de saut, walljumps, récupération d’un grand nombre d’armes au sol, quelques manipulations à la Street Fighter (haut, bas, attaque ; bas + attaque…). Les personnages perdront leur arme s’ils se font toucher mais peuvent continuer à attaquer avec un enchainement différent… ou la récupérer. Le classique « coup spécial qui dégage tout le monde mais consomme de l‘énergie » est bien entendu de la partie.
Festival de chair extraterrestre
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Disons-le tout de suite, cette production en met plein les yeux. Oui, c’est de la 2D mais elle est de très bonne qualité, détaillée et colorée (dans le sens où les couleurs ne sont pas ternes). Les sprites, aussi bien des héros que des vilains, sont de bonne taille et les illustrations qui ponctuent la progression sont très belles. Et finement animées, par ailleurs, tout comme l’ensemble du jeu. Il n’y a aucun ralentissement (hormis lorsque l’on attrape et jette un ennemi en vol, mais supposons qu’il s’agisse d’un effet de mise en scène plus qu’autre chose). Peu importe le nombre de bestioles à l’écran (qui peut aller quasiment une dizaine par moments), AVP ne fléchira jamais. Un regret ? Les personnages n’ont aucune animation lorsqu’ils sont immobiles, comme dans d’autres soft où ils respirent, remuent leurs poings, etc…
Le système de combat est un défouloir et d’une qualité presque jubilatoires. On enchaîne les mouvements sans difficulté, on dégomme tout… bien sûr, il faut apprendre à se servir de tout ce que l’on a à sa disposition pour y arriver, comme dans tout jeu, mais être capable de se jeter sur un ennemi, tout taillader sur son chemin, tirer un laser, puis glisser vers les quelques survivants pour les achever, est très plaisant. Chaque personnage à sa propre façon de se battre (les deux Predators sont cependant un peu similaires) et pouvoir sortir des manipulations à la Street Fighter, voir que cela fonctionne, rebondir sur les ennemis en plein combo… Battle Circuit possédait ce genre d’idées, mais AVP, sorti bien avant, est pourtant bien plus excitant à prendre en main.
Une partie ne prend qu’un peu moins d’une heure (ce qui est dans la moyenne des jeux du genre), et n’est pas forcément des plus difficiles, en fonction des personnages (« Robot Arnold » semble être le plus compliqué à prendre en main, par exemple). Bien sûr, c’est un jeu d’arcade, le but est donc de faire mettre le plus de pièces possible dedans… ! Mais la progression n’est jamais ennuyeuse, et se diversifie même en cours de route en changeant, puis en mélangeant le bestiaire qui nous fait face.
Tout cela est accompagné d’une bande-son, à vrai dire, quelque peu anecdotique. Elle est dynamique et souligne le danger permanent que les protagonistes traversent, mais il est très peu probable qu’elle reste en tête bien longtemps après avoir terminé une partie. Elle n’est pas mauvaise, mais juste oubliable et assez peu diversifiée. On peut aussi trouver cela discutable que les humains et Predators s’allient sans raison particulière – il faut connaître les comics dérivés pour comprendre pourquoi… chose amusante, l’un des combats de boss est quasiment un copier-coller de l’un de ceux de Final Fight. Même genre d’endroit, même comportement… c’est assez surprenant.
Restés sur Arcade uniquement, ces trois titres sont une nouvelle preuve de belle entente entre Japon et USA. Ils font chacun honneur à leur support et à la série dont ils sont issus, en remplissant parfaitement leur office d’exutoire. Pour plus d’un fan, aussi bien de Beat’em-up, de jeux Capcom ou des licences dont ils sont tirés, c’est une perte qu’ils n’aient jamais été réédités… à part AVP, qui fait partie d’une machine spéciale arcade fabriquée par Capcom lui-même. C’est déjà ça, et on espère qu’au vu de toutes les compilations que l’éditeur a réalisées ces derniers temps, il sera possible de rejouer à ces trois adaptations un jour sur nos consoles de salon !
Pour toujours plus de Beat’em-ups, retrouvez aussi nos tests Gaming Memories :
Streets of Rage : https://www.journaldujapon.com/2018/08/30/gaming-memories-12-bare-knuckle/
Warriors of Fate/King of Dragons : https://www.journaldujapon.com/2021/05/29/gaming-memories-x4-special-duo-de-beatem-ups/
Knights of the Round : https://www.journaldujapon.com/2019/11/23/gaming-memories-26-knights-of-the-round/
Battle Circuit : https://www.journaldujapon.com/2019/03/11/gaming-memories-19-battle-circuit/
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Capcom
Très bon article. Pas joué mais lu des Cadillacs and Dinosaurs dans Métal Heavy .. Et comme d’habitude ça donne envie de jouer.