Quand la Pop Culture japonaise s’invite dans les jeux de société ! Partie 1/2
L’univers des jeux de société ne cesse de bouger, et c’est avec grand plaisir que l’on constate des thématiques inspirées du Japon de plus en plus novatrices. Le mois dernier, ce sont deux titres particulièrement intéressants qui ont attiré l’attention de Journal du Japon : Death Note – Le jeu d’enquête et Gyojin Fighter Sushido. L’occasion de tester ces nouvelles perles que nous vous présentons dans cette première partie, et de vous présenter par la même occasion deux jeux que nous apprécions beaucoup à la rédaction dans une seconde partie, mettant au cœur de leur thématique la pop culture japonaise : King of Tokyo et Saint-Seiya, le jeu de deckbuilding.
Death Note – Le jeu d’enquête
Si Death Note est l’un des grands classiques qui n’a pas la chance de revenir sur le devant de la scène de manière répétée, comme peuvent l’être d’autres titres qui jouissent de nombreuses actualités chaque année, il n’en reste pas moins un manga qui ne s’oublie pas. Tout ceux qui ont connu Light, Ryuk, le célèbre L et leur bataille acharnée se rappellent de l’ambiance sombre et pesante que le carnet de la mort avait installée dans la ville de Tokyo. Et c’est justement ce que Death Note – Le jeu d’enquête cherche à faire revivre à ses joueurs : qui est donc celui qui se prend pour le justicier des temps modernes en planifiant la mort des criminels ?
Vous l’aurez compris, Death Note – Le jeu d’enquête est un jeu à rôle caché. Chaque joueur obtient un rôle qu’il doit garder secret. Il est soit un enquêteur (parmi les 5 possibles), soit un Kira (parmi les 3 possibles, à savoir Light et ses deux coéquipiers), soit L. Seul ce dernier joueur pourra révéler son rôle. Et à chaque partie un joueur incarne Light et un autre L. Chaque personnage possède ses propres objectifs. Par exemple, l’objectif principal de L est bien évidemment de retrouver Light quand celui de Light est ne pas se faire attraper. Les différents personnages possèdent ainsi 2 à 3 objectifs qui leur permettent de récupérer des points de victoire lorsqu’ils sont atteints.
Alors si l’on peut penser de prime abord que Death Note – Le jeu d’enquête se joue de manière coopérative, cela n’est finalement qu’à moitié vrai, puisque les joueurs ne partagent pas les mêmes objectifs, selon de quel côté de la justice ils se positionnent. Les Kira cherchent à ne pas se faire attraper tandis que les enquêteurs font le nécessaire pour aider L dans sa quête. Et à la fin de la partie, il n’y a bien qu’un gagnant : celui qui a réalisé le plus de points en remplissant ses objectifs personnels. Finalement, ceux qui connaissent le célèbre jeu des Loups Garous de Thiercelieux vont vite retrouver une similitude dans le thème du jeu, mais Death Note – Le jeu d’enquête réussit à se démarquer avec une mécanique bien différente basée sur un système de cartes actions et de cartes évènements qui viennent animer et influencer la partie.
La partie est terminée dès que Light est révélé ou tué (le meurtre est l’une des actions possibles grâce aux cartes actions), lorsque 3 personnes sont tuées, ou à la fin de la 5e manche si les 2 premières conditions n’ont pas été remplies. Chaque joueur révèle alors son identité et on comptabilise les points de chacun en fonction de ses objectifs personnels. Le joueur qui a le plus de points remporte la partie !
L’avis de Roxane
Les règles de Death Note – Le jeu d’enquête sont particulièrement simples à assimiler. On comprend rapidement ce que l’on doit faire, ce qui facilite grandement le lancement d’une partie avec des joueurs non initiés. Les parties sont plutôt rapides : environ 30 minutes si l’on va jusqu’à la fin des 5 manches, mais potentiellement beaucoup moins si l’identité de L est révélée plus tôt. Le choix du thème est très cohérent avec la mécanique du jeu puisque la tension est clairement palpable autour de la table !
Le rôle de L est assez particulier car c’est lui qui va distribuer les cartes actions et les jetons suspicions aux différents joueurs. Il a donc le pouvoir d’avantager certains et par conséquent, d’en désavantager d’autres en fonction de ses croyances. C’est aussi lui qui permettra de révéler l’identité d’un joueur, puisqu’au bout d’un certain nombre de jetons suspicions, celui-ci doit révéler son identité. Quant aux Kira, ils doivent réussir à s’identifier mutuellement pour ne pas se tirer dans les pattes, et surtout pour ne pas être un poids pour le grand maître Light. Ensuite s’ajoute des contraires individuelles selon les objectifs de chaque personnage, ce qui permet une grande rejouabilité.
Le seul défaut de Death Note – Le jeu d’enquête est sûrement le même que celui des Loups Garous de Thiercelieux : il faut trouver des joueurs ! Le jeu réussit à montrer tout son intérêt même avec le minimum requis de 4 joueurs. On préférera tout de même des parties à 8 joueurs, le maximum, qui sont plus compétitives. Néanmoins, que cela soit à 4 ou 8 joueurs, le jeu remplit sa promesse et l’on y rejoue facilement pour essayer d’incarner les différents rôles possibles et surtout, pour gagner !
Gyojin Fighter Sushido
On est parfois surpris par ce qu’un jeu de société est capable d’adapter. La mode actuelle des escape games nous a déjà démontré l’inventivité de certains éditeurs à proposer des concepts divers, mais Gyojin Fighter Sushido réussit un autre exploit, celui d’adapter un jeu de baston. Oui, vous avez bien lu, Gyojin Fighter est la transposition plateau d’un Fighting Game type Street Fighter ! Et comme le jeu ne fait pas les choses à moitié, cela inclut aussi les Combos, Jauge de Super et Combo Breaker.
Mais avant d’aller plus en détail dans le jeu, voici un peu de contexte : « La brume d’une matinée de printemps, des pétales de fleurs de cerisier emportés par le vent, une rivière qui gronde et soudain, les oiseaux se taisent. Deux silhouettes se font face : leurs regards se croisent. Elles bondissent pour faire chanter leurs lames au rythme des tambours de guerre. Un combat s’engage dans l’Arène : la victoire se fera par K-O. »
Le jeu commence par le choix du combattant, suite à quoi les cartes correspondantes sont positionnées face à face sur le centre du plateau. Les jauges de vies et de Super sont réglées selon les conditions de la partie, et des cartes sont tirées depuis la pioche. Parmi les 5 cartes de leurs mains, les joueurs en posent 2 au-dessus de leur plateau combo (le carton de personnage qui liste toutes ses actions ainsi que leurs conditions d’activation) faces cachées. Lors de la phase d’action, les joueurs pourront choisir de n’en utiliser 1, 2 ou aucune. Les cartes non utilisées passent sous le plateau combo, toujours face cachée, et vont en s’accumulant, servir à faire des Combos ou des Kata.
Chaque carte, en plus de sa nature (Hit, Block, Move ou Super), possède un symbole. Ce sont ces symboles qu’il va falloir utiliser pour lancer un Combo, mais surtout mémoriser. Car les cartes que vous placez en réserve restent toujours face cachée pour votre adversaire, comme pour vous. Il est donc possible de rater son Combo en oubliant les symboles des cartes, ce qui correspond à une autre réalité des jeux de baston vidéoludique : rater un Combo ou une technique en faisant mal la manipulation à la manette. Même sur ce point Gyojin Fighter réussit à trouver une correspondance entre jeu vidéo et jeu plateau, chapeau !
Un Combo raté n’est pas raté pour autant : cela devient un Kata, l’effet du Combo n’est pas appliqué, mais celui des cartes oui. Comme dans un jeu vidéo, même si la technique ne marche pas, l’appui des touches fera quand même faire des coups au personnage. À cela s’ajoute le Super Combo, utilisable à tout moment, tant que la Jaune Combo est pleine, et une capacité passive à ne pas oublier (par exemple : Ayu peut jouer ses cartes Hit comme des cartes Block, ou Shogi dépenser 1 PV pour compléter un Combo). C’est l’ensemble de ces techniques, ainsi que du fonctionnement général du jeu, qui donne une dimension stratégique ainsi qu’une nécessité de réaction, faisant de Gyojin Fighter un jeu à la mécanique bien huilée et dynamique.
L’avis d’Olivier
Un jeu de combat ne serait rien sans sa charte graphique, et Gyojin Fighter Sushido en a une bien à lui ! Comme son nom l’indique, les combattants sont tous inspirés de poissons. Les illustrations d’Adrien Bloch sont parfaitement cohérentes sur l’ensemble des visuels et très inventives sur les personnages. Il y a un mélange de Fantasy, de Bushidô et d’espèces marines qui fonctionne très bien.
Il est vivement conseillé, en plus de bien assimiler l’ensemble des règles, de lire toutes les techniques de son combattant pour comprendre comment il agit. Beaucoup de techniques ont des rapports entre elles, qu’il est essentiel d’avoir en tête pour établir une stratégie. Par exemple, Dogu le maître des explosifs peut avec son combo le plus court (2 cartes), placer une carte Hit sur le terrain qui fera office de bombe si un combattant marche dessus, et avec son combo le plus long (4 cartes) faire exploser toutes les bombes déjà placées.
Le seul défaut du jeu viendrait du fait qu’il peut être compliqué de se lancer dans une partie sans avoir bien compris son fonctionnement. Contrairement à un jeu de baston où des novices peuvent facilement s’amuser en appuyant au feeling sur les touches et sans connaître les mécaniques précises des personnages ou les super-ultra-combos, Gyojin Fighter nécessite d’avoir la main sur tous ces aspects. Beaucoup de techniques sont interdépendantes (ce qui est une bonne chose quand on maîtrise le jeu). Ne pas comprendre le fonctionnement des enchaînements et du move set du personnage reviendrait à passer à côté de 80% du jeu. La notice du jeu indique : « Après votre première partie, les étapes se succéderont très rapidement, et donneront une sensation de simultanéité ». Il faudra quand même assimiler très vite toutes les mécaniques du jeu, ou alors faire plus d’une partie, pour arriver à ce résultat assez optimiste.
Les éléments du jeu sont de bonne facture (même si les cartes accrochent un peu entre elles). Le design général est très beau. Les parties peuvent être enflammées une fois maitrisées. Il faudra juste assimiler parfaitement toutes les facettes du gameplay pour en profiter pleinement.
Death Note – Le jeu d’enquête et Gyojin Fighter Sushido sont deux belles nouveautés dans le monde des jeux de société qui s’appuient sur des thématiques propres à la pop culture japonaise. Nous espérons vous avoir donné envie de les tester par vous-même ! Rendez-vous demain pour la 2ème partie de cette sélection de jeu, dans laquelle nous vous présenterons 2 incontournables de cette thématique : King of Tokyo et Saint-Seiya, le jeu de deckbuilding !