Chrono Cross – The radical dreamers edition, ou le retour d’un jeu culte ?
Vous ne rêvez pas non, ce n’est pas un Gaming Memories qui vous est proposé mais bien un article à part entière, et cela même si Chrono Cross – The radical dreamers edition fait bien partie des jeux des classiques. Sorti initialement en 1999 sur Playstation 1, le jeu est sorti à nouveau le 7 avril dernier dans nos contrées, en version remasterisée et en démat’. Square Enix a en effet décidé d’offrir une nouvelle jeunesse à ce titre de J-RPG ayant fait partie de l’âge d’or de la Playstation, en couplant notamment le jeu et le visual novel inédit sorti à l’époque. Mais que vaut donc ce dernier à l’heure moderne ? Journal du Japon a pu faire le test pour vous.
Une aventure (in)temporelle avec un grand A
L’histoire de ce jeu vous narre le quotidien d’un jeune homme, Serge, qui vit dans un village de pêcheur au sein d’un archipel composé de huit îles. Alors que durant une après-midi, il rejoint une amie d’enfance (voire plus si affinité) Lena, au bord d’une plage non loin de leur village pour échanger de choses et d’autres et se souvenir du passé. Jusqu’au moment où une sensation bizarre prend possession de son esprit, ainsi que des images, comme des flashs. Le jeune homme s’évanouit alors, comme happé par une force mystérieuse avant de se réveiller sur la plage, seul, sans son amie d’enfance à ses côtés.
Désarçonné par ce qu’il vient de se passer, vous retournez à votre village où comble de l’horreur, on vous apprend que Serge est en réalité mort il y a une dizaine d’années maintenant. Pour s’en convaincre, ses pas le mènent à une falaise où il voit bel et bien une tombe en son nom, lui signalant que ce qu’on lui dit est la vérité. N’y comprenant rien, puisque Serge c’est vous, le joueur, vous vous demandez bien ce qui a pu se passer. Une seule et unique chose est certaine : vous n’êtes plus dans votre monde mais dans un monde semble-t-il parallèle au vôtre. C’est à ce moment-là que le voyage de Serge débute afin de comprendre sa situation et découvrir si un avenir l’attend. Il fait alors la rencontre sur sa route d’une jeune fille, Kid, une voleuse appartenant au groupe des célèbres Radical Dreamers qui sèment un peu la panique sur l’archipel, qui le sauve alors qu’il se fait attaquer par un chevalier Devas, l’un des plus forts chevaliers de l’île, et du général Vipère. À ses côtés, les voilà parti pour élucider un mystère qui semble avoir davantage d’importance qu’il n’y parait, en commençant par rejoindre le fameux manoir du Général Vipère afin de comprendre pourquoi on l’a attaqué. Mais qui a dit que seule Kid rejoindrait Serge ? Accompagnée de compagnon de fortune, ils se retrouvent alors confronter à un homme-animal, Lynx, qui semble connaître Serge et le qualifie alors d’assassin du temps. À la suite d’un âpre combat et à une fuite fortuite, le destin de Serge semble sceller : il faut arrêter Lynx et le Général Vipère afin d’empêcher une catastrophe et stabiliser la situation du jeune homme. Une flopée de compagnons vous rejoindra ainsi au fur et à mesure de votre périple au sein de ces mondes parallèles, apportant avec eux leurs histoires et leurs forces.
The Chrono Cross – The Radical Dreamers edition est l’un des derniers jeux sortis à la fin de l’âge d’or de la Playstation 1, mais contrairement à ce que son nom laisse paraitre, il n’est pas une suite au célèbre jeu Chrono Trigger sorti quant à lui en 1995, mais bien un jeu parallèle. Chrono Cross se positionne ainsi dans la lignée de son prédécesseur par l’utilisation particulière du temps, puisqu’au cours de son périple, Serge et ses camarades doivent faire des allers-retours entre le Monde Natal, et l’Autre Monde, celui où Serge est censé être mort, ce que de nombreux PNJ ne cessent de lui répéter à maintes reprises. Serge est ainsi vu comme une anomalie, voire une clé, aux yeux d’un homme, Lynx. Une chose est certaine : El Nido où vit Serge, est bien le même archipel, que ce soit dans le Monde Natal ou l’Autre Monde, mais avec une histoire géopolitique et des événements différents qui sont justement là pour vous aider à avancer dans votre quête.
L’un des exemples les plus pertinents du jeu se trouve au moment où Kid se fait empoisonner par une dague. Le seul moyen de la sauver est de récupérer de l’essence d’une hydre des marais. Or dans l’Autre Monde, le marais de l’hydre ne possède plus aucune hydre vivante, ayant été décimé par le passé. Pourtant dans le monde de Serge rien n’est perdu car une hydre existerait toujours. Avec l’aide d’une pierre astrale, Serge réussit à retourner dans son monde, retourne dans le marais de son époque, avant de retourner dans le monde où se trouve Kid afin de la sauver.
Et ce n’est pas la seule interaction du genre qui vous sera suggérée tout au long du jeu car Chrono Cross partage réellement le jeu en deux dimensions parallèles, faisant s’imbriquer subtilement chaque histoire : un même univers donc, mais avec des approches différentes et des ambiances également singulières d’un monde à l’autre. Le jeu porte ainsi son nom à la perfection et vous voilà à vivre une aventure par excellence, où l’action seule ne sera pas suffisante, vous faisant parfois cogiter pour avancer et vous demandant d’être attentif pour aller plus loin.
Une remasterisation bienvenue mais un peu légère
On ne va pas le cacher : le jeu a été bel et bien remasterisé mais possède encore des faiblesses au vu de ce qu’on trouve aujourd’hui. Pour rappel, le jeu est sorti à l’origine à la fin des années 1990 au Japon, et en 2000 aux États-Unis mais n’a jamais eu l’occasion de sortir en Europe, et encore moins en France. Encore était-il possible de le trouver via un émulateur à une époque, donc le voir sortir à nouveau vingt-trois ans après sur une console de salon, le plaisir est là, qui plus est à la fois sur Nintendo Switch et sur Playstation, la console d’origine.
Pour ce test, le jeu a tourné sur Playstation 4, et Square Enix a réalisé de jolies choses sur le jeu : la 3D a été fortement améliorée, avec un côté HD bien sympathique, la qualité du son a été refaite, offrant une immersion sonore supplémentaire, les illustrations des personnages ont été revues et améliorées, des options nouvelles ont vu le jour comme la désactivation des combats aléatoire par exemple ou encore le choix de la résolution de l’écran, permettant de jouer sur l’écran de base des années 90’s (du type 4/3) ou sur un écran d’aujourd’hui, entièrement ajusté. La gestion des combats est un peu fluide aussi même si souvent lente, surtout quand de nombreux ennemis vous attaquent en même temps.
C’est l’une des faiblesses de cette remasterisation : la fluidité apportée est également ce qui crée une lenteur par instant. Il suffit également d’avoir fait le choix de gérer d’une certaine façon l’angle de la caméra, ou de jouer en version accélérée ou lente, et le jeu se met à laguer doucement, mettant quelque peu vos nerfs à rude épreuve, encore davantage si c’est un combat important qui se joue. À vous de doser vos options, et vos réglages afin d’éviter la moindre lenteur inopportune.
Autre faiblesse, bien que cela varie sûrement du ressenti d’une personne à l’autre, c’est la gestion des couleurs dans le jeu. Comme il s’agit d’un jeu vieux de vingt ans, il possède, au-delà de l’aperçu 2D et de l’aspect pixelisé, une palette de couleurs très criardes voire un chouille pétante, et c’est d’autant plus percutant si vous possédez l’un des derniers téléviseurs avec écran full HD ou LED. L’aspect très coloré du jeu, voir trop à certains endroits, peut déstabiliser et gêner la compréhension du jeu au fil des heures de jeu. Les détails même du décor peuvent se mélanger et vous perdre, ce qui n’aide pas à avancer dans l’histoire, ne comprenant alors pas par où passer, ou quel mécanisme activer. Et cela, malheureusement, la remasterisation ne permet pas de le compenser.
La remasterisation de Chrono Cross – The Radical dreamers edition met également en avant l’aspect parfois très pixel ou carré de certains personnages, mais force est de constater que les décors ont été revus, plus affinés à certains endroits, offrant une nouvelle palette agréable à découvrir. Les PNJ eux-mêmes ont subit une nouvelle jeunesse, tout comme les héros principaux et leurs illustrations quand on fait face à des scénettes ou tout autre illustration. Quant au système de jeu lui-même, à part certaines options ajoutées comme de pouvoir désactiver les combats aléatoires ou le combat automatique, rien n’a changé et le jeu reste fidèle à lui-même et son époque. Un jeu au tour par tour, avec un pourcentage de réussite suivant les frappes, ses attaques magiques possible, ses armes, ses armures… Un bon vieux J-RPG comme on les aime après tout.
Les petits bonus : le visual novel et la bande-son !
Vous l’aurez compris, niveau gameplay ou apparence globale du jeu, Chrono Cross – The Radical Dreamers edition n’offre rien de bien nouveau au jeu du genre. C’est un J-RPG avec des combats au tour par tour, où vous utilisez à la fois vos armes ou des attaques magiques, enchaînant différents combats les uns après les autres dans certaines zones, avec une carte principale sur laquelle se déplacer pour aller d’un point A à un point B.
L’utilisation pour la magie des différentes affinités en fonction des éléments, n’est pas une innovation en tant que telle non plus, à part que les 40 personnages jouables possèdent simplement leur affinité qui leur est propre. La remasterisation permet de profiter autrement et différemment du jeu, mais sans retirer l’âme de l’époque.
Néanmoins, ce qui fait le bonus du jeu n’est autre que la présence du visual novel Radical Dreamers – Le trésor interdit, qui est plus ou moins le préquel, et ce qui a servi de base à la réalisation du jeu Chrono Cross puisqu’on y découvre déjà Serge, Kid et un compagnon énigmatique, ainsi que la présence de Lynx et compagnie. On peut donc faire deux jeux en un avec cette version du jeu : soit la cartouche principale, soit le visual novel dans lequel c’est vous qui choisissez le chemin à prendre via des choix précis du type « prendre le couloir de gauche », « faire demi-tour », « longer le couloir de droite et entrer dans le patio » etc. C’est réellement une histoire en immersion, avec très peu d’image, et surtout du bruitage et du son pour accompagner votre avancée. Mais attention à vos choix, car la mort n’est pas si loin.
Autre bon point du jeu, et qui n’est pas négligeable pour la personne qui teste ce jeu : la bande son. On l’a dit précédemment, elle a fait partie de la remasterisation, et quel plaisir ! Le compositeur derrière la musique n’est autre que celui ayant réalisé celle de Chrono Trigger : Yasunori MITSUDA. Ce dernier a fait ses armes au sein de Squaresoft sur certains jeux de Final Fantasy aux côtés de Nobuo Uematsu, et cela s’en ressent tout en offrant sa patte. Résultat, les musiques sont poétiques, entraînantes, captivantes, et on les laisse. Certains jeux ne sont pas aussi travaillés au niveau de l’ambiance sonore, ici c’est bien le cas : entre les oiseaux qui chantent à certains endroits, que les envolées épiques de la musique. C’est bien l’une des forces du jeu qu’il faut souligner tant Yasunori MITSUDA a été un précurseur de ce genre de musique de jeux vidéo et que trop souvent, la musique est coupée alors qu’ici on peut la laisser tant elle ne lasse pas.
Voici un avant-goût des musiques retravaillées pour cette édition :
Captures d’écran réalisées par Charlene HUGONIN pour Journal du Japon © 2022 Square Enix
Jeu testé sur une version dématérialisée fournie par LU6.1
En définitif, le jeu subit un petit ravalement de façade ainsi que quelques améliorations au niveau des options de jeu, même si le tutoriel reste toujours aussi compliqué. L’apparition du visual novel dans la cartouche, et le travail réalisé sur la bande-son permettent néanmoins de découvrir un bon vieux J-RPG d’époque qui pourrait ravir les fan ou les amateurs du genre. Mais vingt après, on sent qu’il n’a pas si bien vieillit qu’il n’y parait, tant les lenteurs sont présentes. Dernier point, le jeu ne se trouve qu’en version dématérialisée et n’aura donc pas de version physique à offrir aux joueurs.