Le Roi Cerf, l’épopée fantastique rafraîchissante de Masashi Ando et Masayuki Miyaji
Sorti le 4 février au Japon, Le Roi Cerf, adaptation du roman Shika no Ō (The Deer King à l’international) de Nahoko UEHASHI sort dans nos salles obscures le 4 mai. S’il s’agit du premier film de Masashi ANDO en tant que réalisateur, il ne s’agit pas d’un petit nouveau dans l’animation ! Ayant travaillé sur des films du Studio Ghibli (Princesse Mononoké et Le Voyage de Chihiro notamment), de Satoshi Kon (Paprika et Tokyo Godfathers) mais aussi auprès de Makoto SHINKAI pour Your Name, les attentes sont grandes et une chose est sûre, c’est que la mission est accomplie et qu’il a de grandes chances d’être le film d’animation de l’année ! Retour sur une épopée fantastique du studio Production I.G. qui souffle un vent de fraîcheur dans l’animation japonaise.
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Un monde fantastique et une mystérieuse « fièvre du loup noir »
Depuis plusieurs décennies, le royaume d’Aquafa est envahi par son puissant voisin, l’empire de Zol. Seul le domaine aquaféen des chevaux de feu a été épargné par les combats. En effet, une épidémie de mittsual, la « fièvre du loup noir » terrifia les Zolites au point qu’ils n’osèrent pas pénétrer dans la zone. Ce mystérieux mal qui tue uniquement les envahisseurs semblait s’être éteint… Alors que l’empereur et son armée sont en route vers le domaine préservé des chevaux de feu, la peste fait soudainement son grand retour pour semble-t-il sauver Aquafa…
Autrefois un valeureux guerrier du clan des Rameaux solitaires se battant pour le royaume d’Aquafa, Van a été défait et est depuis le prisonnier de Zol qui l’a réduit en esclavage. Une nuit, une marée violette avec une horde de loups enragés aux yeux rouges déferle sur la mine de sel où est réduit en esclavage le héros. Les humains sont massacrés et seuls le prisonnier Van et une fillette, Yuna, parviennent à survivre à la morsure et à la « fièvre du loup noir ». L’empire de Zol découvrant l’existence de ces rescapés se lance à leur recherche. Hohsalle, un prodige de la médecine est mandaté pour comprendre pourquoi ils ont survécu et trouver un remède. Dans cette chasse à l’homme, toute la vérité sera découverte sur l’origine de cette peste !
Paix – Pouvoir – Vérité : trois visions du monde
Si le début, avec l’attaque des loups aux yeux rouges déferlant dans une marée violette, peut laisser penser à une énième fable écologique. Très vite, on découvre une trame narrative plus complexe où les quêtes de pouvoir, de vérité et de paix des personnages s’entrechoquent pour donner un message politique et écologique rafraîchissant, le tout avec des passages mêlant action, contemplation et émotion. Dans le monde en plein chaos avec le retour de cette « peste noire », à travers trois personnages, on découvre ainsi trois visions du monde.
Van est en quête de paix et cherche à vivre en harmonie avec la nature. Avec Yuna, il fuit la guerre et tente de revivre une vie de famille, dans la simplicité en se réfugiant dans un petit village où des Aquaféens ont épousé des femmes zolites. L’ancien guerrier des Rameaux solitaires renoue avec sa culture en harmonie avec la faune et la flore. Van est en symbiose avec sa monture, un pyuika (sorte de cerf) que son clan savait élever et chevaucher.
Sans gâcher la surprise, la deuxième voie est illustrée par un mystérieux personnage qui instrumentalise la nature pour dominer le monde. Et enfin, la troisième et dernière vision du monde vise à unir science et nature dans le but de guérir l’humanité. C’est la démarche scientifique et innovante de Hohsalle. Cette recherche de la paix, du pouvoir et de la vérité n’empêche pas le film d’explorer d’autres thèmes comme la résistance d’un pays face à l’envahisseur mais aussi la vengeance incarnée par le personnage de Saé qui au gré des circonstances doit s’allier aux ennemis qu’elle devait traquer.
En 1h50, Masashi Ando et Masayuki Miyaji réussissent le tour de force de créer un long-métrage dans la lignée des plus grands films de l’animation japonaise en puisant dans les recettes qui fonctionnent dans les films Ghibli. Résultat : un voyage initiatique réussi avec un message politique et écologique sublimé par une animation rappelant les films Ghibli avec la netteté des traits d’aujourd’hui. Si Le Roi Cerf peut faire penser à Princesse Mononoké de prime abord, en visionnant le film, on se rend bien compte qu’il ne s’agit que de quelques ressemblances et que les directions prises par les deux films ne sont pas les mêmes. Rendez-vous dès le 4 mai dans votre salle de cinéma pour découvrir le premier travail d’un réalisateur très prometteur pour l’avenir de l’animation japonaise.
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[…] Voir la critique de David Maingot dans le journal du Japon. […]