Au menu du Yatai : quand les yôkai graillent
Aujourd’hui, nous vous parlons d’une campagne de financement participatif qui est en cours sur Ulule avec pour thème la cuisine et les yôkai. Au menu du Yatai propose en effet de réaliser des recettes de plats japonais, en compagnie de ces esprits folkloriques du Japon. Pour découvrir plus en profondeur ce projet, nous avons interviewé les deux créatrices : Aki et Justine.
Bonjour Aki et Justine, et merci pour cette entrevue. Tout d’abord, parlez-nous de vous : quels sont vos parcours respectifs et votre rapport à la culture japonaise ?
Aki : Bonjour, je me suis intéressée au Japon en 2001, grâce à l’anime Fruits Basket. Ce qui m’a vraiment plongé dans la culture japonaise et sa gastronomie, a été la façon dont Amélie Nothomb la décrite dans ses livres Stupeurs et Tremblements et Ni d’Ève ni d’Adam. Concernant la cuisine, j’aime partager avec mes enfants cette passion et transmettre mes recettes sur ma page internet, pour le plaisir des plus petits comme des plus grands. J’adore pâtisser et créer un pont entre la France et le Japon dans mes créations.
Justine : Je suis graphiste, illustratrice et conseillère marketing. J’illustre dans le domaine de l’édition, la communication visuelle ainsi que la décoration intérieure (illustrations encadrées) dans un univers inspiré du Japon. J’ai été baignée très tôt dans la culture japonaise grâce à des parents ouverts aux films d’animation. Pour l’illustration, cela a toujours été une vocation. Je souhaitais être roughman (maîtrise des feutres à alcool), ce métier n’était plus disponible dans l’école que je souhaitais, j’ai donc passé un CAP dessinateur d’exécution en communication graphique à la Joliverie pour devenir graphiste-infographiste. J’ai poursuivi mes études à l’école Supérieure Brassart (Campus Nantes) en obtenant mon diplôme d’infographiste multimédia. C’est en 2019, que j’ai décidé d’ouvrir mon entreprise sur Saint-Nazaire et de développer mon univers autour du Japon.
Qu’est-ce qui a amené à votre rencontre sur ce projet ?
Aki : Nous nous sommes rencontrés lorsque Justine a partagé un dessin sur un groupe Facebook sur internet. Cela a été un coup de cœur mutuel. Au départ, nous avons travaillé ensemble sur le concept d’un salon de thé sur les yôkai. Justine a développé l’univers graphique et le logo. C’est à la suite d’une période difficile et après la réception de son livre “Les Popotes de Saison” que j’ai proposé à Justine que l’on travaille ensemble. Nous avons décidé de passer la barrière commande client pour créer un projet ensemble où chacune valorise le travail de l’autre. Cela fait plus de 2 ans que nous travaillons ensemble.
D’où vous vient cette passion pour les yôkai ?
Aki : Pour les yôkai, je les ai découverts et apprécié grâce aux œuvres de Shigeru Mizuki dont l’anime Gegege no Kitarō et ses nombreux ouvrages sur le sujet : Le dictionnaire des yôkai, A l’intérieur des yôkai. J’ai toujours été férue de mythologie et de légendes anciennes. C’est tout naturellement que le folklore japonais m’a conquise.
Ce livre de cuisine est un peu conceptuel : en plus des recettes, le lecteur gourmet collecte des points de vie en faisant les plats. Comment est conçu le cheminement du livre ?
Aki : Nous avons décidé avec Justine de créer un livre où le lecteur est impliqué dans l’histoire de celui-ci. Au menu du yatai est un voyage où les lecteurs devront affronter les yôkai afin de gagner une expérience en cuisine. C’est une façon ludique d’inciter la personne à réaliser les recettes du livre et donc de relever un défi. À la fin de notre livre, il est récompensé par un bestiaire d’histoires et d’anecdotes pour découvrir les yôkai.
Certains paliers sont dédiés à l’association À la poursuite des étoiles, comme le pack Yosei (2€ récoltés pour le livre, 10 € pour l’association), et une partie du financement ira en don à cette association. Parlez-nous de cette association.
Aki : Située dans le 31 (Ponlat-Taillebourg), cette association a pour but d’apporter un peu de douceur, de bonheur aux enfants malades et hospitalisés. En relation avec le CHU de Purpan, le CH de Tarbes et l’IGR de Villejuif, elle apporte régulièrement des peluches, jeux de société, livres, matériels scolaires et de loisirs créatifs.
L’association aide ponctuellement des familles pour l’achat de matériels spécifiques à un handicap, à une altération de l’état de santé, ou pour réaliser des rêves de petits guerriers. Elle envoie également des colis de jouets un peu partout en France, à des enfants qui se battent contre différentes maladies infantiles graves. Par le biais de manifestations, l’association récolte de l’argent pour la recherche contre les cancers pédiatriques.
Justine, avec le livre Popotes de saisons, vous réalisiez des illustrations de plats et avec Au menu du Yatai vous passez à des illustrations pleines pages de personnages avec décors. Cela a-t-il été un challenge de livrer autant de dessins en changeant de registre pour ce projet ?
Justine : Il m’a été moins compliqué de réaliser des yôkai même si cela sortait de ma zone de confort, que de faire les plats du livre Les Popotes de Saison qui demandait d’imaginer les plats du chef cuisinier. Dans le livre Au menu du Yatai ce sont mes propres créations graphiques, que ce soit du choix de la couleur du yôkai au design des créatures. Valérie souhaitait que je me développe pleinement et que je garde une liberté sur mes créations, car elle aime mon travail. Ce qui fait qu’elle avait la surprise des designs définitifs de certains yôkai.
Vous faites également la charte graphique du livre ?
Justine : En tant que conceptrice du livre, je me charge de la composition totale du livre. La mise en page, les éléments graphiques, la cohérence dans la charte graphique, le choix des photos et les retouches. De par mon métier, Valérie me fait confiance pour mettre notre travail en valeur et que le livre soit cohérent dans son ensemble. C’est un vrai plaisir pour moi, que de faire la maquette et le choix des couleurs/composition.
Le folklore japonais vous passionnait déjà avant ce projet ? Vous avez peut-être une œuvre liée à l’imaginaire japonais qui vous tient à cœur en tant qu’artiste ?
Justine : Le Folklore japonais m’intéressait déjà à travers la culture japonaise (kitsune). J’ai commencé à encore plus m’y pencher quand je suis allée faire un périple solo d’un mois au Japon en 2020. C’est à la vue des sanctuaires d’Inari et des récits donnés aux touristes, que j’ai apprécié en apprendre plus. J’ai beaucoup aimé les films de Miyazaki comme Princesse Mononoké, Le voyage de Chihiro, Mon voisin Totoro, Pompoko. Je trouve cet univers inspirant.
Comment s’est passée la sélection des plats présents dans le livre ?
Aki : En France, nous avons l’habitude de connaître les sushis, maki, yakitori et okonomiyaki. Je souhaitais faire découvrir des plats que nous avions moins l’habitude de connaître. J’ai effectué beaucoup de recherches pour sortir des sentiers battus et proposer des recettes faciles d’accès à tous. Que la personne soit débutante ou confirmée.
On peut s’attendre à de la cuisine fusion, ou des plats plutôt traditionnels ?
Aki : Au menu du Yatai est inspiré de la street food japonaise avec une touche française. Nous retrouvons certains plats qui peuvent provenir d’un izakaya comme celui d’un yatai ou encore d’un restaurant de rue. Par exemple pour le Nikuman, vous retrouverez un mélange avec le rougail-saucisses, typique de l’île de la Réunion. En plats plus traditionnels, il y a notre ramen du kappa, qui est composé d’un onsen tamago et de pickles de concombres.
Que pourra-t-on lire dans la partie dédiée au bestiaire des Yôkai ?
Aki : Dans le bestiaire, vous découvrirez des légendes revisitées, il y a parfois de la romance comme la légende du Kitsune et de l’Oiran ou des leçons de vie données par les yôkai. Pour la partie anecdote, vous découvrirez la face cachée des yôkai, c’est un contenu amusant qui les rend presque humains et attachants. On peut considérer le bestiaire comme une halte au comptoir de notre Yatai, où tout en mangeant, on se laisse conter des histoires…
Beaucoup de goodies très variés viennent émailler les paliers et contreparties. Entre les sponsors des lots de la tombola, les artisans concevant certains goodies ou les illustratrices invitées, on sent qu’il y a un groupe cohérent autour du projet. Ce sont des artistes que vous connaissiez déjà ?
Aki : Nous avons cherché des artistes autour de nous pour consolider le projet. Chaque personne avait un lien direct avec nos contreparties pour que ce soit dans la cohérence qu’avait travaillée Justine sur notre Ulule. Nous connaissions déjà Lady Litchi et Hell’O Kawaii (qui avait travaillé aussi pour les Popotes de Saison) ainsi que les imprimeurs Graphicom et Goubault. Nous avons été chanceuses d’attirer des artistes qui ont souhaité nous suivre dans notre projet.
Vous l’aurez compris, si le projet de ce livre vous intéresse et que vous souhaitez le lire il ne vous reste plus qu’une solution : participer à sa création et le rendre réel. La campagne de financement se termine le le 7 mai 2022, alors n’attendez pas !