Changez votre vision du Boys love
Un peu partout dans le monde, le Boys love est de plus en plus populaire. En France, on connaît souvent mieux le terme de “yaoi”. La plupart du temps quand on en parle, il est dénigré en le qualifiant de genre malsain avec des personnages et des relations toxiques, des viols. Et le problème de l’absence de consentement est aussi évoqué. Cela rebute beaucoup de lecteurs qui n’ont pas envie de ce genre de lecture. Pourtant, le Boys love, ce n’est pas que ça et nous allons tenter de vous faire changer d’avis avec cet article.
Boys love d’où viens-tu ?
Dans les mangas, les premières homo-romances sont publiées dans les magazines shōjo dès les années 70. Le premier à s’y consacrer intégralement est le JUNE dès 1978. C’est très populaire dans les fanzines. Beaucoup d’autrices imaginent leur personnage préféré en couple avec un autre personnage masculin. Les doujinshi n’ont souvent aucun but, mis à part de les mettre en scène de façon très explicite. Au format court d’une trentaine de pages, l’histoire est bien entendu pas ou peu développée. Et on va à l’essentiel, c’est-à-dire le sexe. L’engouement des jeunes femmes a très souvent été de paire avec la popularité et l’essor de certaines séries (Yuyu hakusho, Kuroko no basket, Slam dunk, Gundam, Tiger and bunny, Yuri on Ice, Conan, L’attaque des titans, etc. La liste est très longue).
C‘est au milieu des années 90 que le terme Boys love se popularise. Et petit à petit, il va remplacer les nombreux termes qui existaient jusque là. C’est une façon d’uniformiser, mais aussi de donner un nom purement marketing. Petit frère du shōjo, le boys love commence à gagner ses lettres de noblesse. Il faudra attendre encore quelques années pour que de nouvelles mangakas terminent d’en redorer le blason pas toujours très reluisant.
En occident, le terme yaoi est toujours beaucoup utilisé, alors qu’au Japon on va simplement le fêter une fois par an le 1er août (801 = ya o i)… Et encore il a tendance lui aussi à passer inaperçu et d’être complétement oublié par les auteurs et autrices. Le terme est tombé en désuétude avec le temps. Dans le reste de l’Asie, le terme Boys love -et son abréviation BL- sont devenus la norme. Le genre commence à déborder revenant de plus en plus souvent à sa source dans des magazines shōjo. La boucle est bouclée ! Anecdote amusante, les premiers gros succès yaoi en France sont des titres tirés de magazines shōjo et josei : Zetsuai et Le jeu du chat et de la souris.
Le boys love c’est quoi ?
Et bien, c’est plein de choses. C’est au départ une littérature érotique, pour adulte donc. Elle permet au départ de montrer des couples qui ne subissent pas les codes des couples hétérosexuels. Les relations hommes / femmes au Japon ne sont pas simples et très codifiées. Les couples d’hommes étaient pour les mangaka la possibilité de passer outre bien des conventions. C’est d’ailleurs pour cela que les histoires peuvent être dérangeantes. C’était souvent des hommes hétéros, mais pas bi ni gay, et qui étaient malgré tout amoureux d’un seul homme parce que c’est l’âme sœur. On sentait aussi que les autrices ne savaient absolument pas comment fonctionnait la pénétration annale. C’est bête, mais pour une lecture érotique ça quand même son importance. On a donc souvent accusé, à raison, le boys love de n’être qu’une version fantasmée par des femmes de relations gay.
Cependant, une histoire d’amour reste une histoire d’amour, et quelque soit votre sexe, il est probable que les problèmes de couple soient les mêmes. Bien entendu en excluant les problèmes d’homophobie.
Dans beaucoup de récits, il y a un dominant et un dominé (uke et seme) qui ont un relation toxique, brutale et non consentie. Bref, c’est le malaise ! Mais attention, toutes les publications n’étaient pas ainsi et beaucoup étaient sans sexe, sans violence et avec une belle histoire. Malheureusement, ce sont les récits les plus malsains qui ont le plus marqués les mémoires…
En France, beaucoup de ces titres ont débarqué et sont tombés dans les mains d’un public souvent jeune et sans expérience. Les récits problématiques ont pris le pas sur les autres dans l’esprit de beaucoup de personnes et ceux plus soft sont passés totalement à la trappe. Ainsi, le yaoi s’est traîné une réputation de lecture crade et malsaine. Le terme même de fujoshi / fudanshi (« fille pourrie / garçon pourri ») est certes porté fièrement pas les fans… mais au départ, il visait à les inférioriser.
Le renouveau
A l’aube des années 2000 alors que le monde s’ouvrait de plus en plus aux problématiques LGBTQ+, il était impensable de toujours rester dans cet univers malsain qui pouvait blesser les personnes concernées. Au Japon, depuis une quinzaine d’années, de nouvelles plumes et de nouveaux magazines ont émergé. Le BL propose désormais un nombre incroyable de récits très divers avec autant de sujets actuels comme l’homophobie, le coming-out, l’homoparentalité, etc. Signe des temps, les personnages ne sont pas toujours des hétéros, mais bien des hommes bi ou gay.
Des mangaka masculins commencent doucement à s’impliquer, mais cela reste des exceptions. Le manga gay est un autre sujet, plus connu sous le nom de bara en Europe. Il n’existe plus de publication pro, les auteurs se sont donc tournés vers d’autres possibilités. On note aussi que les lecteurs masculins sont de plus en plus présents en occident.
Aujourd’hui, nous avons peu d’éditeurs en France (Editions Hana, Taifu comics et quelques anciennes séries chez Kaze), mais petit à petit, ils ont apporté des titres plus qualitatifs avec des autrices qui même au Japon ont apporté un vent de fraîcheur à cette catégorie méprisée. Peut-être même avez-vous sans le savoir lu un boys love chez Komikku ou aux Editions Akata ?
Les Boys love étant très souvent des one shots ou des séries très courtes, la plupart des scénarios peuvent sembler trop rapide et un peu vide. C’est malheureusement un des effets pervers du format court. D’où l’utilisation fréquente du non consentement ou de situation peu probable dans énormément de récits pour faire débuter l’histoire rapidement… Même si l’utilisation de certains mauvais raccourcis existent toujours, beaucoup d’auteurs et autrices font désormais attention au contenu de leurs scénarios.
Mais c’est encore compliqué et il reste encore du chemin à faire pour faire oublier les errements du passé. Malheureusement, on lit encore que beaucoup de personnes continuent de penser que le Boys love ou yaoi ne se résume qu’à des viols et des protagonistes malsains. Il est vrai qu’il existe toujours des récits sales, malsains et il vaut mieux ne pas tomber dessus quand on débute. Le but de cet article est aussi de vous proposer des titres pour débuter quelque soit le genre que vous aimez. Cependant, et cela il ne faut jamais l’oublier, ce sont des lectures pour des adultes : certaines personnes commencent vers l’âge de 12 ou 13 ans avec des titres pas du tout approprié et c’est dommage ! Il y a un certain recul que l’on a étant adulte qu’il est impossible d’avoir aussi jeune.
Pour débuter, que lire ?
Pour savoir par quoi commencer, il faut savoir quel genre de récit vous aimez. Le boy’s love, c’est essentiellement de la romance, mais elle peut être abordée de différentes façons, d’une thématique à l’autre.
Les amis d’enfance, le lycée et l’université sont assez récurrents et de ce fait, on a beaucoup de titres dans cette thématique. L’un des plus intéressants à lire est sans doute Doukyusei (et ses suites) de Asumiko Nakamura. Depuis plus de 10 ans, elle nous raconte la vie de deux jeunes garçons qui se sont rencontrés au lycée et qui vivent une belle histoire d’amour. Aidé d’un trait particulier, la mangaka plonge le lecteur dans une romance pleine de questionnement et de vicissitudes. Une autre autrice à suivre de près est Sagan Sagan avec son incroyable Le temps des amours : Les saisons, Nacchan et moi… Des histoires d’une ou deux pages racontant l’amour naissant de deux amis d’enfance.
La musique et le sport sont deux thématiques chers au manga. Celui qui a le plus fait parler de lui ces dernières années est sans doute Given de Kizu Natsuki. Il s’est vu adapté en anime, en film et en drama. Given, c’est le destin croisé de plusieurs couples au sein de la scène rock de Tokyo. On y parle de deuil, de coming-out et de musique comme moyen de communication. Dans un autre genre, 10 dance de Satô Inoue est un titre étonnant qui a fait le transfuge entre un magazine boy’s love, avant de continuer sa publication dans un magazine seinen. On y suit deux danseurs qui veulent participer à la compétition 10 dance, mais pour cela ils doivent apprendre les danses de l’autre. Quoi de mieux que d’apprendre ensemble ! Vont alors naître des sentiments qu’ils ne pensaient jamais ressentir. Quant au manga Le théâtre des fleurs d’Isaku Nastume, il vous fera découvrir le kabuki, ce théâtre japonais uniquement composé d’acteurs masculins.
Le handicap est aussi abordé dans le boys love. La cécité, les prothèses orthopédiques ou la surdité sont aussi des thématiques explorées. En France, nous pouvons lire Hidamari ga Kikoeru de Fumino Yuki traitant d’un couple dont l’un des garçons est mal entendant. Elle aborde toujours les sujets avec finesse et une justesse rare.
Il existe aussi de bien belles histoires avec des adultes tous consentants et avec plus ou moins de scènes érotiques, voire pas du tout ou alors très pudiques. Ils vont aborder diverses thématiques, et souvent, ce seront juste de jolies romances. Il faut absolument essayer L’étranger de la plage et sa suite L’étranger du Zéphyr de Kii Kanna. Elle croque la vie d’un romancier et de son compagnon bosseur et plein de vie, mais avec toutes les vicissitudes de la vie de couple. L’adaptation en un très joli film d’animation est disponible sur Wakanim. A beautiful sunny day d’Aki Ueda est un bon exemple de récit court, mais accrocheur avec un message fort et bienveillant. Le héros récupère des objets cassés et leur redonnent vie. Pourra-t-il faire de même avec un jeune homme qu’il a ramassé sur le bord de la route ?
Le boy’s love sait aussi changer d’époque et c’est le cas pour My Rumspringa et son spin-off Dear Gene de Kaya Azuma. Elle explore l’Amérique des années 70 et le choc des cultures avec le monde Amish. Dans Ginza Neon Paradise, UNOHANA nous plonge cette fois dans l’après-guerre avec une histoire d’amour déchirante entre deux hommes.
Bien évidement les thématiques LGBTQ+ sont importantes dans le Boy’s love. A story of love de Kamome Hamada est tiré d’une histoire vraie d’un jeune gay tombé amoureux d’un homme hétéro et dont l’amour sera réciproque. Si c’est souvent décrit comme un « fantasme », la vie montre qu’il y a parfois un peu de vrai même dans ceux-ci. On pourrait penser que c’est impossible et pourtant… Love stories de Tohru Tagura raconte le cheminement compliqué de lycéens par rapport à l’amour et l’amitié. Plusieurs titres aborde l’homoparentalité. Sujet délicat car le mariage gay est toujours impossible et on ne parle pas de l’adoption. Il existe une sorte de pacte civil délivré dans certaines mairies où des couples gays peuvent se marier, mais sans que cela soit un véritable mariage reconnu comme tel. C’est donc par d’autres cheminements que cette thématique est abordée. Let’s be a family de Tomo Kurahashi est un récit très mignon et positif sur un couple gay qui se retrouve à élever la fille de leur meilleure amie toujours à l’étranger. Dans Every day is a good day, Noeko Nishi aborde le thème du deuil d’un enfant et de son oncle qui se reconstruisent chacun à leur manière. Life de Miya Tokokura raconte la vie d’un couple gay tout au long de leur vie. Sortez les mouchoirs ! Un drama est disponible sur Viki pour ceux qui voudraient voir plus loin que la version papier.
Le level au dessus…
Le fantastique s’invite aussi dans le boys love. Anges, démons, vampires, yōkai, fantômes, fury, isekai, fantasy, légendes urbaines, le boy’s love explore un peu toutes les possibilités. L’excellent ONE ROOM ANGEL de Harada se permet même de rayer la mention romance de son titre pour simplement disséquer l’humain dans ce qu’il a de plus torturé. Plus léger et accessible The Wize Wize Beasts of The Wizarding Wizdoms de Nagabe que tout le monde connaît pour L’enfant et le maudit. Le mangaka dessine depuis plusieurs années des boy’s love pour divers magazines. Pour les personnes qui ont le cœur bien accroché Heartless de Masumi Nishin, MADK de Ryo Suzuri et Boys of the dead de Douji Tomita seront parfaits. Démons, zombies, morts : ce sont des récits sombres à ne pas mettre entre toutes les mains. Ces trois titres sont pour un public averti habitué aux récits d’horreur.
Un autre genre qui est très bien exploité : les récits policiers ou de yakuza. Cette fois encore, les titres sont pour un public averti. L’un des plus appréciés est sans nul doute Twittering bird never fly de Kou Yoneda dont l’histoire de guerre des clans est tout aussi intéressante que l’histoire d’amour impossible des deux héros. Une lecture palpitante dans un univers où les drames sont légion. In these words du duo GuiltPleasure (Interview) est à la fois un thriller psychologique complexe et envoûtant. Nous avons affaire à un tueur en série face à un psychologue aguerri. Autre série au scénario poignant et mature, citons Acid town de KYÛGÔ. Aucune scène explicite, mais un récit dur dans un monde sans pitié.
Terminons avec un sous-genre qui a pris de l’ampleur : l’Omegaverse. Il est à la fois une avancée logique du boys love et en même temps une source de polémique. Né dans le fandom des fanfictions de Supernatural, les autrices de boys love japonais et coréen se sont emparées avec délectation des opportunités de l’omegaverse. Il s’agit d’une structure sociale dans un monde imaginaire proche du nôtre qui fait référence à celle du loup Alpha, Beta et Omega. Les phéromones ont donc une grande importance. Autre point intéressant : dans ce monde, les personnages masculins peuvent enfanter. Cela permet aux récits d’avoir des enfants légitimes. Revers de la médaille, l’instinct des alphas sur les omegas va donner lieu à de nombreux récits avec des viols, de la maltraitance et des personnages malsains.
On peut rapprocher l’univers Omegaverse à celui des vampires. Il y a bien une source, des codes, des clichés, mais un auteur peut rajouter, enlever ce qu’il a envie pour faire évoluer son histoire. Il y a encore beaucoup de titres à ne pas mettre entre toutes les mains et il y a encore peu de titres disponibles, mais l’un des plus intéressants pour débuter est sans doute Laisse-moi te détester d’Hijiki qui parle de viol et de reconstruction sans romantiser la relation avec le violeur…
Le boys love (BL) est une catégorie de lecture avec des tonnes de genres et de thématiques différents. Nous avons la chance en France de pouvoir bénéficier de lectures diverses et variées. Ne soyez pas timide, et n’hésitez pas à plonger dans l’univers du BL. Débarrassez vous des clichés du genre pour découvrir des auteurs et des autrices de talent. Si vous entrer par la bonne porte, vous n’aurez sans doute pas cette réaction de rejet qu’ont souvent les personnes qui tombent sur des récits problématiques.
C’est bien, mais la seul chose qui manque depuis trés longtems ce sont les Anime/Oav. Comme je le dit la dernière fois que leurs version Animé/Oav sont pourrie qu’ont vois ni Bite, ni cul et ni les scénes de cul parce qu’il sont été censuré stupidement part des trouduc sans cervelles de studios qui sont encore accros aux hentai. Franchement ça fait des années que le japon ne font toujour qu’à leur tête. C’est plutôt les lolicon, shota, zoophilie, l’inceste, nécrophile, scato, urolagnie, ondinisme, népiophilie, maïeusophilie, lactophilie, émétophilie et vorarephilie qui sont vraiment malsains. Je me demande comment la Société peut elle laisser ses pervers dégoûtant assouvir leur cochonneris librement ? Il saurai pu censuré ses horreur plutôt les Yaoi et les Bara.
Un article intéressant sur le BL, son évolution et les titres accessibles aujourd’hui. Je me rappelle d’avoir vu une évolution du BL autour de 2011. J’ai retenu cette date en raison de la sortie de l’anthologie Dame BL au Japon, qui abordait des thèmes diversifiés pour l’époque. Je trouve que le BL s’est enrichi à cette période, qu’il a effectivement abordé plus souvent d’autres thématiques. J’ai trouvé dommage que certaines autrices suivant ce courant, comme Est Em, ne parviennent pas à émerger en France par la suite, mais bon… Un jour peut-être ?
En revanche, je dirais que le fait qu’on publie régulièrement du BL depuis 2008 a plus joué dans l’acceptation de ces mangas que l’évolution des thématiques (même si je pense que les deux ont joué). Les pires critiques que j’ai pu lire venaient de gens qui ne lisaient pas de BL, ou qui s’y forçaient parce qu’il fallait bien donner son avis sur un type de manga semblant à la mode à l’époque. Bref, la situation a bien changé heureusement. Aujourd’hui, sa publication en manga s’est banalisée et c’est une très bonne chose, d’autant plus qu’il y a effectivement de plus en plus de titres réalistes et accessibles au plus grand nombre.