Expatriée et créatrice au Japon #2 : Juliette, ses daruma et ses vitrines japonaises
Journal du Japon poursuit ses portraits de femmes installées au Japon qui y ont puisé l’inspiration pour des créations originales. Dans ce deuxième épisode, Juliette, fondatrice de From Juju with love, nous explique son amour du Japon et les créations que son pays d’adoption lui inspire.
De Paris à Tokyo, toujours dans la création !
Voici donc Juliette Fortuit Innocenti. Parisienne d’origine, elle arrive à Tokyo en 2013 pour retrouver son mari qui était déjà là depuis un an. Elle travaillait alors à Paris depuis huit ans pour Chanel, d’abord dans l’événementiel pour la haute joaillerie. Après avoir travaillé avec beaucoup de créatifs autour d’elle, elle a voulu, elle aussi, le devenir et s’est donc reconvertie au sein de sa société : elle est devenue visuel merchandiser à la mode. Elle s’occupait plus particulièrement des grands magasins parisiens et faisait les intérieurs et les vitrines des boutiques parisiennes.
« Je pensais en arrivant au Japon retrouver un travail dans le même domaine, mais la réalité était plus compliquée. Je ne parlais pas japonais. J’ai donc décidé de me réinventer, comme le font beaucoup de femmes étrangères au Japon. J’ai commencé à faire des objets décoratifs pour mon intérieur et des amis venus de France m’ont demandé où je les avais achetés. Je leur ai dit que je les avais faits et ils m’ont vivement encouragée à me lancer et à créer ma marque. C’est ainsi que From Juju with love a commencé ! »
Pourquoi le Japon ?
« Je suis de la génération Club Dorothée et j’ai un grand frère … j’ai donc baigné dans les dessins animés japonais … Dragon Ball, Astro Boy, les Power Rangers, Sailor Moon (j’ai également une petite sœur !). Je jouais aussi à tous les jeux vidéo avec Mario, Kirby, Donkey Kong. »
Depuis toute petite, Juliette a également l’âme d’une collectionneuse. Au lycée, le stade où elle faisait du sport tous les samedi était juste en face de la Maison de la Culture du Japon à Paris. Après chaque effort, elle allait acheter là-bas plein de produits Sanrio !
Par ailleurs, ses parents avaient un hôtel où séjournaient beaucoup de clients japonais. Elle en a d’ailleurs revus plusieurs à son arrivée à Tokyo !
Le Japon était donc toujours présent et cette installation au Japon était donc la suite logique de toutes ces années japonisantes.
Daruma
Parmi les créations de Juliette, il y a ces énormes daruma recouverts de papier washi (choisi par ses soins dans les nombreuses boutiques dédiées de Tokyo qu’elle fréquente assidument, parfois avec son amie Audrey – voir le portrait d’Audrey dans cet article).
Le papier est découpé en fines bandes qu’elle vient coller sur un daruma vierge en papier mâché. Elle lui ajoute ensuite souvent une paire de longs cils pour remplacer les yeux blancs qu’il faut colorer lorsqu’on fait un vœu. Le résultat est bluffant, un gros daruma coloré et paisible, une déco originale qui fait de l’effet !
« Dès que je suis arrivée à Tokyo, j’ai immédiatement aimé cet objet, sa signification. Au-delà de sa signification spirituelle, je trouve que c’est également un très bel objet de décoration.
Cependant je l’ai toujours trouvé un peu dur, sévère. J’ai donc décidé de le revisiter à ma façon, un peu plus féminin, mais en gardant ce côté méditatif avec les yeux fermés. »
Des vitrines hommage à la culture japonaise
Juliette crée également de belles vitrines lumineuses avec un fond généralement recouvert de papier, une lampe qui s’allume (façon Pixar) et un petit personnage qui est ainsi mis en lumière.
De la culture traditionnelle à la culture pop, les inspirations de Juliette peuvent venir de tout ce qu’elle croise et elle n’a pas de limite ! De la grue en origami à Totoro en passant par une vending machine ou un bol de ramen, avec un fond en papier washi fleuri ou à motif géométrique traditionnel, une gotochi card, un extrait de manga ou un plan du métro de Tokyo … les possibilités sont infinies, comme Juliette l’explique très bien elle-même :
« Du papier washi à la récup de magazines … du petit daruma au dernier personnage de manga !
Tous les objets sont chinés dans des brocantes, magasins de « geek », lors de mes différents voyages au Japon … je n’ai pas d’endroits précis !
Mes sources comme mes inspirations sont infinies, et c’est d’ailleurs ce que j’adore ! »
Naoshima
Parmi ses sources d’inspiration, il y a Naoshima dont elle parle avec passion :
« Il y a 5-6 ans, je suis allée à Naoshima pour la première fois, et ça a été un coup de foudre pour cette île ! J’ai eu mon petit Oscar peu de temps après, et le temps a passé sans que j’y retourne. Avec cette pandémie, nous n’avons pas pu rentrer en France pour l’été 2020, nous avons donc décidé de retourner sur cette île et avons eu cette chance incroyable d’y acheter une maison !
J’aime tout sur cette île ! La gentillesse des gens, les maisons traditionnelles mêlées à l’art moderne. Il n’y a pas deux endroits comme ça dans le monde. J’ai une fascination pour les pumpkins de Yayoi Kusama évidemment, mais j’aime aussi les œuvres de James Turell, Tadao Ando, Lee Ufan, Sugimoto etc. Cet endroit est unique et je m’y sens tellement bien et inspirée ! »
Plein d’idées pour la suite …
« Je veux continuer de m’émerveiller avec ce que je fais déjà, mais j’ai aussi envie d’apprendre de nouvelles techniques. J’ai envie d’apprendre la sérigraphie, et poursuivre mon apprentissage de la céramique. »
Continuer également son activité d’organisatrice d’événements à Tokyo : faire découvrir de nouveaux créateurs et artistes grâce à des expos, des conférences … et bien sûr rénover sa maison à Naoshima !
De quoi être bien occupée pour les années qui viennent !
Merci à Juliette pour ces échanges et sa disponibilité. Découvrez ses créations sur son compte instagram ! Des créations très originales pour donner une touche japonaise à votre intérieur, que vous soyez fan de manga, de Japon traditionnel, de Yayoi Kusama etc.
Juliette fait surtout des ventes lors des expositions qu’elle organise à Tokyo, mais elle peut livrer vers la France (les frais de port commencent à partir de 12 euros pour les boîtes lumineuses et pour les darumas, c’est sur devis … n’hésitez pas à lui envoyer un message – mail sur son profil instagram).