Elles nous racontent leur Japon #13 – Aline Faucheur
Aline Faucheur est une pionnière du kobido, un massage facial japonais qu’elle a contribué à diffuser en France.
Rendez-vous pris en fin de journée, dans le nouveau salon familial caché au fond d’une cour, en plein cœur du Paris. Elle me raconte son aventure avec le kobido et me partage sa fascination pour cette approche du visage aux vertus magiques.
Une rencontre intime, dans la lumière et la douceur, sous le regard complice de sa fille Othilie, désormais maître à bord avec sa sœur.
Sophie Lavaur : Bonjour Aline, qu’auriez-vous envie de nous dire sur vous ?
Aline Faucheur : J’aime bien être pionnière, découvrir des choses, aller chercher là où les gens ne vont pas. Ainsi, il y a quinze ans, j’ai découvert le kobido. J’ai déposé la marque parce que je trouvais le mot magique, je ne savais pas si les gens allaient y adhérer. Et j’ai eu un succès fou.
Aujourd’hui, le kobido est à la mode, il est partout. Plus en France, en Espagne et en Italie qu’au Japon, où on ne le trouve que dans certaines provinces.
J’ai transmis mon savoir à mes deux filles, tout en restant très attachée au monde de la beauté et en continuant à donner des formations. J’aimerais maintenant aller visiter d’autres contrées liées au massage. J’aimerais me former à la gemmologie, j’ai une vraie passion pour les pierres même si la lithothérapie (nda : une pseudo-science qui dit soigner par le biais des cristaux) me parle moins. Alors j’explore, je cherche ma prochaine découverte.
Pouvez-vous nous parler du kobido ?
Le kobido, c’est littéralement la « voie ancienne de la beauté ».
C’est pour moi une nouvelle approche du visage, une façon d’aller chercher la beauté par un massage profond. Comme un lapidaire qui facette la pierre jusqu’à ce que la lumière passe au travers. Avec mes mains, je modèle, je sculpte le visage de mes clientes, jusqu’à ce que la lumière sorte.
Je remets de l’harmonie dans le visage et lui donne un nouvel équilibre pour qu’il mature en beauté. Je mets du tonus là où il n’y en a pas assez, et je décrispe là où c’est crispé.
Le kobido, c’est une histoire de réconciliation avec soi. A notre époque, on se vérifie dans le miroir plus qu’on ne se regarde. Alors j’aide mes clientes à se regarder différemment et à se re sentir belles.
Ce massage facial a une énorme résonance dans le corps. Il vient de Chine, il est passé par le Japon. Un peu comme la réflexologie plantaire où l’on travaille sur les zones réflexes des organes. Là, il y a aussi de la réflexologie faciale qui agit à la fois sur le système nerveux, les muscles et sur le squelette, avec une action sur le corps dans sa globalité. Certaines clientes s’endorment très profondément, et en peu de temps.
Pourquoi le Japon ?
C’était le seul endroit où j’ai trouvé il y a quinze ans, un massage facial qui avait une histoire et un véritable enseignement.
Je faisais déjà des massages corporels et je cherchais un massage du visage complet pour des clientes qui ne souhaitaient pas d’injections. Je voulais une alternative naturelle à ces pratiques même si je n’avais rien contre. Je m’étais formée en Inde, à Bali, en Thaïlande, j’avais reçu des massages faciaux extraordinaires mais ils duraient quelques minutes, cela me frustrait.
J’ai fouillé, j’ai cherché, j’ai vu cette formation sur le kobido par l’élève d’un maître japonais, je me suis inscrite sans trop savoir ce que j’allais y trouver. Et cela a été une révélation, j’ai été habitée par ce massage.
Quand je suis rentrée à Paris, je me suis inspirée de ce massage pour créer mon propre protocole, avec une connotation plus française. Je pratiquais déjà le massage corporel, j’avais une main déjà aguerrie.
Et j’ai démarré. J’ai eu la chance très vite de rencontrer beaucoup de journalistes qui ont trouvé l’approche inspirante. Et de fil en aiguille, grâce à leurs reportages et articles, le salon a vite été rempli.
Pouvez-vous nous raconter la genèse du livre ?
C’est Hachette Pratique qui m’a sollicitée. Il y avait probablement dans l’équipe quelqu’un qui connaissait le kobido, ils ont pensé que j’étais la bonne personne pour en parler.
C’était contre toute attente car je ne suis pas écrivain. Mais, je me suis dit que c’était une opportunité incroyable.
Heureusement depuis mes débuts, je prends des notes, je note tout ce que j’apprends, ce que je découvre. J’ai d’abord fait la trame, puis j’ai travaillé avec l’éditeur qui a repris, corrigé.
J’ai écrit sur mon approche de tout ce monde de la beauté que je côtoie, sur la façon dont j’ai transmis le kobido à mes filles. Je parle également de l’histoire de la beauté dans le temps et de l’auto-massage car j’y tiens beaucoup. Et j’invite les lecteurs à venir essayer le kobido. C’est une vraie expérience, au-delà d’un soin ou d’un massage du visage.
Quand j’ai eu fini, j’avais encore mille choses à dire, mais il fallait bien que cela s’arrête. Cela a été un gros boulot, environ dix mois pour écrire ce petit livre, paru en 2019.
Un secret à partager sur le livre ?
Même si je ne suis pas écrivain, j’ai mis tout mon cœur à écrire ce livre. Ceci dit, je prends des notes en permanence, j’ai dû être scribe dans une vie antérieure.
Le secret du livre est de le lire entre les lignes. A chaque fois, je raconte mon histoire à un journaliste, et quand les gens lisent les articles, ils ont des grilles de lecture différentes, comme s’il y avait des messages subliminaux.
J’ai les mêmes retours de mes lecteurs. Ce que j’adore, c’est quand une personne lit le livre, et que cela répond exactement à ce qu’elle cherchait depuis longtemps. C’est comme si je parlais au-delà de l’intellect, plus profondément, au corps, au cœur et à l’esprit. Il y a de ça dans le livre.
Qu’avez-vous appris durant cette aventure littéraire ?
J’ai appris à écrire un livre. Même si c’est un livre sur mon expérience, c’était dur. Écrire est un vrai métier, c’est ma conclusion.
Le prochain livre ne sera pas pour tout de suite. Je crois que j’ai dit ce que j’avais à dire sur le kobido. Peut-être que j’en écrirai un autre dans quelques années quand je me serai enrichie de nouvelles expériences. Ou peut-être un ouvrage sur ce que je fais aujourd’hui avec les bébés.
Votre livre ou auteur préféré sur le Japon ?
Je n’en ai pas car je ne suis pas attirée par le Japon de notre époque.
J’ai un à priori, comme si j’avais une réminiscence d’un Japon merveilleux qui n’a rien à voir avec ce qu’est le Japon aujourd’hui. J’ai une vraie affinité pour le Japon d’avant, pour cette culture incroyable autour des cérémonies. Les Japonais sont des esthètes, ils ont un art de vivre qui est magnifique mais que je connais mal.
Le Japon est là dans ma vie, comme une imprégnation. Un jour, je croise par hasard ce massage japonais qu’est le kobido.
J’ai un très beau kimono que nous allons mettre au mur ici au salon, j’ai même retrouvé une photo de moi petite, habillée en kimono. J’ai même voulu à une époque m’initier à la voie du sabre, c’est d’une grande beauté avec des gestes lents et une connexion à l’autre qui me rappelle mes massages.
C’est comme avec l’Egypte, je rêve d’y aller mais j’ai tellement peur d’être déçue. Il y a une affinité que je ne veux pas abîmer, je préfère rester sur ma sensation.
Du coup, je n’ai été ni au Japon, ni en Egypte. Mais il faudrait quand même que j’aille au Japon visiter ces merveilleux jardins.
Et maintenant ?
J’ai transmis mon savoir-faire à mes filles, mais cela reste une affaire en famille. Nous avons un nouveau lieu ici dans le seizième arrondissement, plus intime.
J’ai déménagé, j’habite maintenant en Normandie, je viens à Paris pour recevoir mes clientes chéries et parce que je donne des formations à l’Ecole du Bien Naître. Je forme des puéricultrices à un protocole de massage kobido que j’ai adapté, cela m’amène sur la voie des bébés. Quand j’étais jeune, je voulais être esthéticienne ou sage femme. Comme quoi…
Mon nouveau projet est en gestation, je n’ai pas assez d’éléments pour constituer le puzzle. Comme je le disais au début, les pierres me passionnent. Alors en 2022, je vais aller fouiner au Salon International Mineral & Gem à Sainte Marie aux Mines, j’ai besoin de toucher, de m’immerger. Je tourne autour du pot, mais je suis confiante.
J’ai envie de vous laisser le mot de la fin, avez-vous une chose à rajouter ?
Être bien dans son visage comme on est bien dans son corps. Au fil des années, j’ai appris l’importance de revenir à soi. Comme un rendez-vous que l’on se donne avec soi-même.
Et je suis fascinée de voir à quel point le kobido est partout aujourd’hui. C’était une vraie aventure il y a quinze ans, j’étais tellement passionnée que les gens m’ont suivie. Voilà, j’ai fait le job, maintenant ce sont mes filles qui assurent le relais.
Merci Aline Faucheur, je vous souhaite une heureuse continuation dans vos explorations.
Découvrez le livre d’Aline Faucheur Kobido, le lifting naturel japonais aux Éditions Hachette Pratique.
Kobido, c’est avant tout une maison et lignée ancestrale japonaise dont le nom est également protégé. Aline Faucheur, un bel exemple de pillage industriel et culturel.
Merci de nous avoir lu. Aline a certes déposé la marque en France, mais elle explique très humblement que sa méthode est inspirée du kobido. Elle a le mérite d’avoir contribué à faire connaître le kobido en France et dans d’autres pays, alors qu’au Japon, la pratique reste confidentielle.
Non, quand on dépose le nom d’une marque déjà existante on va au-delà du fait de s’en inspirer, c’est bien du vol.