C’est la rentrée ! Des livres jeunesse pour découvrir et rêver.
Comme tous les ans à la rentrée, Journal du Japon vous propose une sélection de livres pour les enfants. Découvrir le Japon, retrouver ses héros préférés… Bref, tout pour rêver et s’émerveiller !
Le livre 2 des Chroniques de l’érable et du cerisier de Camille Monceaux : le bonheur de retrouver Ichirô et Shin qui ont fui Edo !
On l’attendait avec impatience, et c’est pour la rentrée que le volume 2 des Chroniques de l’érable et du cerisier paraît.
On retrouve enfin Ichirô, son ami Shin et le cheval Nodo qui cheminent au début du livre sur la route du Tôkaidô. L’hiver est glacial et l’avancée difficile dans la neige épaisse. Ichirô souffre toujours de sa blessure au genou, des hommes sont à leur recherche, une mystérieuse femme semble vouloir les aider… Et le souvenir de la mort de Hiinahime ne quitte pas le jeune héros.
Très vite le lecteur est emporté, de rencontres amicales ou terrifiantes en pauses bienvenues dans un temple ou au château d’Osaka. Anciennes et nouvelles connaissances se mêlent au fil des pages. Ichirô doit faire face à ses souvenirs, ses angoisses, ses démons.
Le lecteur retrouve avec bonheur plusieurs personnages du premier livre, mais également de nouveaux personnages surprenants, brillants, attachants. Moines, samouraïs, ninjas… Des amis chers mais aussi des ennemis glaçants.
Ichirô apprend à vivre avec son handicap voire à en faire une force. Il peut compter sur le soutien sans faille de son cher ami Shin, mais il doit également faire ses preuves pour trouver sa place au sein d’une communauté unie à Osaka, en lutte contre le shogun d’Edo.
Une nouvelle vie, de nouveaux maîtres et compagnons, une nouvelle ville entre paix précaire et guerre à venir.
Une fois encore Camille Monceaux réussit l’exploit de nous plonger au cœur d’un Japon tiraillé entre les Tokugawa et les Toyotomi.
On retrouve dès les premières lignes et tout au long du livre la poésie de Camille Monceaux, son écriture ciselée, ses descriptions minutieuses, ses ambiances teintées de nostalgie, ses paysages grandioses et même une scène de bataille hallucinante ! Une écriture qui transporte immédiatement le lecteur dans un Japon d’estampes dont les personnages prennent vie sous sa plume !
« Du soleil qui se couchait à l’ouest, nous n’apercevions que le rougeoiement discret. Ailleurs, le gris du ciel rappelait les teintes argentées qui couraient sur l’encolure de Nodo. Il ferait bientôt nuit. Bien à l’abri dans un renfoncement au pied de la falaise, notre campement nous protégeait du vent glacial et de l’humidité qui nous pénétrait jusqu’à la moelle. Ce n’était pourtant rien en comparaison des tempêtes de neige que nous avions affrontées. Même Shin ne redoutait plus autant la perspective de dormir à la belle étoile.
Seiren s’occupait du feu tandis que j’ouvrais des huîtres trouvées plus tôt dans les rochers. Toute la journée, nous avions longé la côte, avant d’élire domicile pour la nuit sur une plage abritée. Plus qu’une journée, et nous serions à Ôsaka. Poussant Nodo et le cheval au poitrail d’ivoire, nous avions voyagé vite à travers les rizières et les champs de coton, évitant autant que possible la route. Chaque fois que nous en approchions, nous pouvions constater que les voyageurs y étaient plus nombreux. La guerre avait pris fin, et la vie reprenait son cours.
À humer doucement les senteurs de feu, de bois et d’iode qui nous enveloppaient, à sentir la morsure du vent contre mes joues et la pierre rousse de la falaise contre mon dos, je sentais que j’étais de nouveau dans mon élément et que ces longues journées passées au Jison-in n’avaient été qu’un rêve. »
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
La grande imagerie Le Japon : plein de photos pour découvrir le Japon sous toutes ses facettes.
Voici un livre grand format rempli de dizaines de photos pour que le jeune lecteur, dès 7 ans, puisse découvrir ce pays fascinant. Il y a même en ouverture du livre une double page composée uniquement de photos sur papier glacé (comme l’ensemble du livre) que le lecteur pourra découper et coller dans des cahiers ou accrocher au mur de sa chambre (un petit plus très sympa pour garder à portée de regard les photos qu’on a aimées pendant la lecture).
Chaque double page a une couleur différente et aborde un thème spécifique. Les textes et les photos s’emboîtent harmonieusement et les paragraphes ne sont pas trop longs, pour faciliter la lecture des plus jeunes.
Les différents sujets abordés son : Histoire du Japon, Géographie et territoire, Économie et société, Tokyo, Culture et arts traditionnels, Religions, croyances et traditions, Mode et culture pop, Vie quotidienne, Gastronomie, et aussi 5 expériences japonaises typiques et 10 lieux remarquables (idéal pour préparer un voyage au Japon !).
Shinkansen, sumo, yôkai, manga, umami, ekiben, ryokan, shintoïsme et izakaya sont quelques uns des mots que le lecteur pourra y découvrir. L’occasion de découvrir et ensuite d’aller en poussant les recherches sur internet ou dans d’autres ouvrages en fonction des thèmes qui plaisent … Une belle première approche de ce pays pour les plus jeunes. Et de très belles photographies aux couleurs vives des sanctuaires, des kimonos, de Tokyo illuminée…
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Chenille Poilue de Marie Sellier, illustré par Aurélia Fronty : la princesse qui aimait les insectes …
Les éditions Picquier proposent en cette rentrée un superbe album de princesse … mais une princesse atypique : elle adore les insectes et les laissent se promener partout, y compris dans sa belle chevelure.
Contrairement aux autres princesses qui vivent comme elle à Kyoto (à une époque où il y a beaucoup de princesses dans cette ville), Chenille poilue (comme l’ont surnommée les autres princesses qui passent leur temps à se faire des chignons et à collectionner les papillons qu’elles posent dessus) adore toutes les bestioles : limaces, cafards, araignées, chenilles et autres bêtes que les autres trouvent repoussantes.
Aya (le vrai nom de chenille poilue, qui veut dire beauté sauvage en japonais) donne aux insectes des noms mignons, les admire à longueur de journée, les pose dans des terrariums ou dans le jardin. Les enfants de la ville lui apportent toutes sortes de spécimens, ce qui la ravit.
Mais alors qu’elle rêve de vivre toujours ainsi, juste entourée de ses insectes, voilà que les prétendants se manifestent pour l’épouser. Elle éconduit ces trois prétendants qui ne lui plaisent pas du tout (elle répond à chacun avec beaucoup d’esprit) … Mais lorsqu’un inconnu lui fait parvenir des insectes très rares, elle décide de le rencontrer.
La suite, vous la découvrirez en lisant ce très bel album !
Côté illustration, c’est un plaisir pour les yeux !
Dans un univers bleu et féérique, les princesses ont de superbes kimonos à plusieurs couches et aux motifs variés, aux chignons en camaïeux de bleu ou de rouge, parsemés de papillons multicolores aux motifs géométriques fascinants.
L’univers dans lequel évolue Chenille poilue est plus coloré : d’abord avec du vert se mêlant au bleu, puis avec un décor jaune et une robe rouge, avec le rose du ciel et du sol sur lequel évoluent les insectes, ou le rouge sur lequel arrivent les enfants apportant leurs découvertes à la princesse.
Sur des collines vertes plantées d’arbres multicolores, la chevelure bleu-noir d’Aya s’étale et les insectes s’y installent.
La rondeur des collines, la géométrie des motifs… C’est magnifique et dépaysant. On pense à l’Asie. Au Japon certes, mais aussi à la Perse, à l’Inde.
Un exotisme qui emmène le jeune lecteur au pays des insectes et des étoiles. Un pays qu’il pourra retrouver juste au fond de son jardin, par une belle nuit étoilée !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Kiki la petite sorcière, L’étrange pays : le quatrième volume de ce roman passionnant d’Eiko Kadono
Nous poursuivons la lecture des aventures de Kiki, la petite sorcière qui a inspiré Miyazaki pour son dessin animé éponyme. Voici le quatrième volume d’une série qui en comportera six.
Kiki a dix-sept ans et elle se prépare à passer un merveilleux été avec son très cher Tombo. Mais celui-ci lui annonce par courrier qu’il va passer l’été à explorer la montagne Parapluie. Kiki, elle, va devoir garder le petit frère Yaa de son amie Mori. L’été s’annonce compliqué !
Mais comme d’habitude, rien ne se passe comme prévu avec Kiki. Elle va découvrir que le petit garçon arrive à disparaître avec d’autres enfants pour se rendre dans l’étrange pays. Elle va également beaucoup apprendre sur elle, sur ses angoisses, ses sentiments. Danser avec des amis, accompagner des enfants dans une promenoirade (promenade dans le noir), se perdre dans une forêt dense, découvrir une belle maison au bout de la route du crépuscule…
S’énerver, douter, puis plonger au plus profond de soi-même pour retrouver des sensations de l’enfance, plonger dans les profondeurs de la nature pour sentir son cœur battre. La nature toujours merveilleuse dans les récits d’Eiko Kadono prend dans ce volume une place encore plus importante. Elle absorbe les humains pour les guider sur le chemin de la vie, elle donne tout ce qu’elle peut pour le bien-être de chacun. Du tronc d’un arbre qu’on entoure de ses bras aux bienfaits des plantes médicinales, des racines qui s’écartent pour former un lit aux légumes dont on savoure une délicieuse soupe, tout est là pour accompagner ceux qui ont peur, mal, ceux qui sont tristes ou perdus.
Le tout avec une bonne touche de magie et de poésie ! Un plaisir renouvelé à chaque volume, une lecture doudou qui fait du bien et dans laquelle on replonge avec plaisir tout au long de l’année ! Comme ce voile du bonheur que Kiki doit livrer à une future mariée.
Et le bonheur de retrouver au fil des volumes les personnages auxquels on s’est attaché (Tombo, mais aussi la boulangère et ses deux enfants qui grandissent à vue d’œil, les parents de Kiki toujours présents dans ses pensées et à qui elle rend visite en fin de livre), mais également de nouveaux personnages tout aussi attachants (une ancienne actrice veuve qui parle de son mari avec les yeux qui brillent, une femme qui vit dans le désert, très loin et revient dans la maison de ses souvenirs, etc.).
Des textes toujours tendres et émouvants comme lorsque Yaa parle de la mort de ses deux geckos… et de sa grand-mère :
« — On va où quand on meurt ?
— Encore plus loin que l’étrange pays. Ma mamie me l’a dit un jour. Quand on meurt, on emporte des crayons de couleur. Parce que quand on dessine, on ne s’ennuie jamais. C’est ce qu’elle m’a dit. Quand on meurt, on se retrouve tout seul, alors il faut pouvoir s’amuser.
— C’est vrai ? Et on peut en prendre combien ? Une boîte de 24 couleurs ?
— Il paraît qu’on ne peut en prendre qu’un seul.
— Les geckos aussi ont pris un crayon avec eux ?
— Bien sûr. Ils sont partis avec un crayon de leur couleur préférée. Dans cet endroit encore plus loin que l’étrange pays, ils ne dessinent que ce qu’ils aiment. Pi a choisi la couleur mandarine. Et tous les jours, tous les jours, il dessine l’électricité. Parce qu’il aime quand c’est éclairé.
— Et Po ?
— Lui, il a pris un crayon couleur chocolat. Et il dessine des escaliers. Il dessine des escaliers qui grimpent très, très, très haut.
— Il aime bien les escaliers ?
— Oui, parce qu’il adorait rester au plafond. Il m’observait d’en haut. Ma mamie était incroyable. Elle, elle a pris un crayon doré et elle dessine la Lune. Avant de mourir, elle m’a dit de toujours bien regarder la Lune, quand elle pointe le bout de son nez. Parce qu’elle allait dessiner des lunes bien brillantes, juste pour moi. »
Et les superbes pages de Tombo sur la vie dans la montagne :
« On a tendance à croire que le calme règne à la montagne, mais pendant la journée, on entend tout un tas de bruits. Le bruit du vent qui souffle haut dans le ciel, de la brise qui se faufile entre les feuilles. Celui des branches qui se cassent, des feuilles qui tombent. Certains jours, j’arrive même à entendre le son des fleurs qui éclosent. Et il y a bien sûr les bruits divers et variés que font les êtres vivants. Celui de la mastication, ou celui, adorable, de leurs bâillements. Mais il n’y a pas que ça. Dans cette montagne, toutes les choses respirent. Elles inspirent, elles expirent. Même les rochers immobiles ou la terre… On en vient à percevoir des sons qui n’en sont pas. Quand je suis seul, je les sens déferler sur mon corps. Penser que moi aussi je fais partie de ce tout, que ma respiration se mêle à celle des autres… je ne saurais pas expliquer pourquoi, mais je trouve cette idée grisante. »
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
De beaux livres et une rentrée japonaise pour petits et grands !