Gaming Memories #39 – Galerians
Bienvenue dans ce trente-neuvième numéro de Gaming Memories. En ce mois d’août 2021, nous avons décidé de vous emmener vingt-deux ans dans le passé, à la rencontre de l’un des nombreux enfants illégitimes de Resident Evil : le très moyennement connu Galerians ! Entre mystère, souvenirs perdus et autres joyeusetés un peu glauques, nous sommes partis pour un voyage sur PlayStation orchestré par Polygon Magic, une société dont vous n’avez probablement jamais entendu parler… Mais qui a pourtant quelques grandes choses à son actif !
Ce jeu a été déconseillé aux moins de douze ans à sa sortie.
Les années 90, la course à la survie… horrifique
Si l’on crédite Resident Evil comme étant le plus connu des Survival Horror des années 1990 et même plus tard après, il est loin d’être le seul jeu du genre à avoir été créé sur console 32Bits, et principalement PlayStation. Tous les grands acteurs ayant agi sur cette machine y sont allés de leur « petit » soft – Parasite Eve pour Square (mars 1998), Konami avec Silent Hill (janvier 1999), Capcom et Dino Crisis (juillet de la même année)… on peut même remonter encore plus loin, plus proche de RE, avec des titres comme Alone in the Dark 2 (Infogrammes, 1996), Clock Tower (Human Entertainment, juillet 1997), Nightmare Creatures (Activision, septembre 1997) … Polygon Magic fait partie de ceux-là.
La firme de grande envergure dans l’archipel derrière ce nouveau Survival Horror a été fondée en 1996 et est implantée à Akihabara. Elle a développé plusieurs dizaines de jeux pour plusieurs consoles, majoritairement Nintendo, et se place surtout dans le Social Game sur mobiles japonais. En dehors du jeu qui nous intéresse ce mois-ci, on compte par exemple le très « wtf » Incredible Crisis, ou encore Silent Hill : The Arcade (un rail shooter) et OutRun 2 SP SDX.
Le jeu sur lequel nous revenons pour ce numéro 39 de Gaming Memories, Galerians, est sorti en août 1999 au Japon, puis mars et juin de l’année suivante respectivement aux USA puis en Europe. Cette attente valait le coup, puisque le soft a été traduit et doublé en plusieurs langues, dont la nôtre.
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Trailer du jeu. Ne vous étonnez pas de voir le nom de « Crave » à
la fin, ce sont eux qui ont diffusé le jeu hors du Japon (et comme
souvent dans ce cas, le nom de la société créatrice disparaît tout simplement…).
I want to be free
Dans Galerians, le joueur incarne Rion, un jeune homme qui ne se souvient que de son prénom. Il se trouve dans un complexe scientifique, attaché, et lorsqu’il reprend connaissance, il se rend bien vite compte qu’il dispose de pouvoirs psychokinétiques : il peut voir des choses par la force de sa pensée, et aussi se servir de capacités mentales pour se défendre.
Bien vite libéré de son entrave grâce à cela, il n’a d’autre choix que d’explorer l’endroit pour essayer de comprendre ce qui lui est arrivé, pourquoi il est là, et comment cela a-t-il pu se produire. Il n’a que des bribes de son passé en tête, lui revenant par flashs à certains moments, sans les comprendre…
Se battre par la force de son mental
Galerians est un jeu qui reprend le sempiternel « Tank control » d’Alone in the Dark : on avance avec la flèche « haut », on recule avec « bas » et les directions gauche et droite sont fixes peu importe comment le personnage est tourné. On doit analyser tout ce qui se trouve dans les décors pour glaner des objets, ou informations permettant de continuer et là aussi, on avance dans des couloirs où des ennemis peuvent occasionnellement nous tomber dessus. On a parfois même des boss qui nous attendent …
Rion n’est pas dépourvu d’armes pour s’en débarrasser. A défaut de se servir de pistolets, il pourra utiliser ses pouvoirs psychiques (il commence avec deux genres différents). Tout comme dans Resident Evil, on maintient une gâchette pour se mettre en joue puis on presse un bouton (ici « croix ») pour le lancer. En fonction de la distance avec un ennemi, il sera plus ou moins avisé de lancer sa force directement ou de la charger quelques secondes pour faire plus de dégâts. Cependant, notre jeune homme n’est pas à l’abri d’un retour de flammes avec ses propres pouvoirs…
En effet, il sera peut-être parfois plus intelligent de s’éloigner d’un opposant et de l’ignorer, quitte à « jouer à chat », car aux côtés de la jauge de vie et de celle des pouvoirs, une troisième se remplit en permanence : à force d’utiliser des capacités, Rion risque de faire griller son cerveau, et d’être obligé d’avaler un calmant régulièrement pour ne pas en subir les conséquences. Lorsque cette jauge est pleine, il est soudainement pris d’intenses douleurs à la tête, radiant des ondes psychiques puissantes. Il est alors impossible de courir, et les ennemis qui passent à sa portée pourront dire adieu à la vie… celle de Rion baissera également peu à peu, et s’il n’a pas de calmants à portée, c’est le game over qui vous attend. Il pourra aussi prendre plusieurs drogues aux effets différents et ses pouvoirs pourront devenir plus puissants sous certaines conditions.
Ce jeu a des défauts, mais il est loin d’être une galère(ians… bref.)
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Nggg… Gnggghuuu… guuuaaaaaaah ! Nggggghuaaaa !!
Bon d’accord, ne nous arrêtons pas à cet aspect de l’intro !
Le jeu étant donc de type tank control, il dispose d’une maniabilité classique au genre mais toujours efficace. Il réagit très bien, les menus le mettent en pause lorsqu’ils sont ouverts pour ne pas trop risquer sa vie. On croise un certain nombre d’objets dissimulés un peu partout, et on doit donc tâtonner pour bien tout trouver. Cela dit, leur trouvaille n’est pas non plus au millimètre près, tout comme la détection de collision avec les attaques que l’on porte – pas besoin d’être totalement en face, notamment grâce à l’un des pouvoirs qui touche tous les ennemis à proximité.
Bien qu’il soit taillé dans une 3D très honnête et sans défauts particuliers, on y retrouve également ces éternelles caméras fixes ou qui suivent le personnage sans pour autant pouvoir être changées. On a donc régulièrement des ennemis non visibles à l’écran, cachés par les caméras peu coopératives…
Si la plus grande partie du jeu est plutôt agréable à l’œil, et qu’on en appréciera certains détails simples (comme les ennemis qui reculent de panique, trébuchent devant un Rion en plein mode surchauffe, ou encore le changement de main régulier qu’il porte à sa tête dans ses phases), on remarque bien vite que les visages, ainsi que certaines illustrations d’analyse, manquent cruellement de détails – problème typique des productions qui manquent de budget.
Galerians n’est pas un jeu des plus difficiles en général, mais impose quelques séquences plutôt violentes tout de même – on est parfois opposé à plusieurs adversaires à la fois, qu’on préfèrera sans doute laisser mourir d’ennui dans une salle dans laquelle on ne reviendra peut-être pas. Un bon nombre d’ennemis de base peut être esquivé à coups d’ « attrape-moi si tu peux », ce qui permet quand même de garder de la ressource. Bien entendu, étant un Survival Horror, il faut néanmoins s’attendre à faire des allers-retours réguliers… avec parfois quelques surprises et adversaires qui n’étaient pas là la fois précédente… il n’est pas rare de tenir la gâchette pour se mettre « en joue » et être paré lorsque l’on sort d’une nouvelle salle pour ne pas se faire surprendre.
Macabre, mystérieux, et parfois un peu gore, Galerians ne cesse de donner envie de connaître la vérité sur ce qui est arrivé à Rion, et parvient à garder un sentiment de méfiance régulier au cours de la progression. Il maintient une légère pression avec une ambiance un peu pesante, grâce à des mystères bien distillés au cours de l’exploration et qui contribuent à le rendre passionnant. Ce n’est clairement pas un jeu où l’on va craindre de se faire déchiqueter par un zombie sorti de nulle part, mais rarement on ira se promener d’un pas léger dans ces couloirs silencieux.
D’ailleurs, on dispose d’une carte affichable à tout moment, permettant de savoir dans quelle salle on se trouve par rapport à une autre, et aussi lesquelles ont été visitées ou non. On peut sauvegarder à des points précis, mais cette fois, pas de coffre magique pour téléporter des items. Ceux-ci, d’ailleurs, sont en nombre limité dans l’inventaire et le jeu ne sera pas amical au point d’indiquer si utiliser un médicament sera utile ou non (on peut donc en gâcher en allant trop vite dans les menus). On récupère également des tonnes de documents et objets nécessaires à la progression, mais ces items-clés ne prennent pas de place dans les poches de Rion.
Les ennemis ne sont pas toujours très malins et bien qu’ils soient assez agressifs pour ne pas avoir à rester immobiles le temps qu’ils se lassent, ils peuvent parfois se coincer dans un décor (une table, par exemple), laissant largement le temps au joueur de les éliminer sans souci… Dix, douze heures suffisent sans doute pour le compléter, en comptant les quelques moments qui augmentent la difficulté d’un cran le temps d’une phase. Une fois qu’on le connaît un peu plus, cinq ou six heures seront suffisantes et les speedruns ne dépassent pas l’heure pour le finir… Ce qui en fait une quête relativement courte, mais suffisamment plaisante et mystérieuse pour tenir en haleine.
L’aventure est plutôt saupoudrée de silence, un silence pesant seulement brisé par les pas du personnage et ses adversaires ou leurs attaques. La bande-son qui l’accompagne, à vrai dire, est plus une musique d’ambiance qui véhicule un sentiment de méfiance, d’inquiétude. Le jeu est doublé dans plusieurs langues, dont le français… pas forcément de la meilleure qualité, tout comme la version anglaise, mais pour son époque, c’est une rareté à souligner.
Rion n’a pas dit son dernier mot
Galerians, à sa sortie, a reçu des avis plutôt positifs, sinon au minimum un peu meilleurs que la moyenne – certains scores plafonnent même à du 8/10 (pour globaliser). Le magazine Joypad lui a attribué la note de 7/10 et le jeu a même fini trente-quatrième (sur soixante) d’un top des « meilleurs jeux sous-estimés ». Le testeur Marcus, à l’époque, a donné un avis plutôt positif, soulignant les temps de chargement un peu tristes comme défaut, la ressemblance bien évidente avec un jeu de type Resident Evil, et qualifiant le reste de bon.
Ce jeu passé plutôt inaperçu, malheureusement pour lui, a tout de même eu son succès, ce qui lui a valu quelques sorties supplémentaires. D’une part, un film en CGI (Galerians Rion), qui est au final un remontage des scènes cinématiques du jeu ; une suite, nommée Galerians : Ash a suivi sur PS2 en 2002, et des light novels basés sur le premier opus, ainsi qu’un artbook ont vu le jour dans la même période. Ash était un épisode plus orienté action et encore moins sur l’inquiétude que le premier, ce qui en fit au final un jeu encore plus vite oublié que son aîné. Et c’est bien dommage…
Galerians, challenger de ténors tels que Resident Evil ou Silent Hill, n’est certes pas dénué de quelques défauts, mais par l’originalité qu’il propose au travers de son classicisme pour son type, il est devenu un soft oublié de la PlayStation qui mériterait amplement un remaster, au moins. Gaming Memories est là pour dépoussiérer des perles oubliées de l’histoire du jeu vidéo : si jamais vous croisez celle-ci à un prix correct, n’hésitez pas : c’est une aventure intéressante et assez originale dans son genre qui vous attend.
Et la prochaine fois, nous reviendrons sur un Run’n’gun cultissime de la Mega Drive. A bientôt !
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Polygon Magic.
L’intérêt de cet article (comme souvent) est de me faire constater que je suis passé à côté de petites perles qui auraient mérité mon attention. Merci en tout cas pour envie suscité.
Merci d’avoir lu et commenté !
Je pense qu’il mérite l’essai, sinon au pire des cas l’émission de Marcus dont il est question à la fin est toujours trouvable quelque part sur YouTube et peut donner un petit aperçu assez intéressant.
Je jouais à la demo de ce jeu il y a 21 ans de cela, priant pour obtenir le jeu complet, ce ne fut jamais le cas .
Merci en tout cas d’avoir mis un peu de lumière sur ce jeu qui le mérite amplement.
Merci !
A vrai dire, j’avais des tas de disques de démos à l’époque mais je n’ai jamais vu passer ce jeu à l’époque. Le trailer dans l’article vient apparemment d’un magazine anglophone…