The Great Ace Attorney Chronicles : aventures et objections à l’époque victorienne
Si, comme moi, vous êtes fan de la licence Ace Attorney, vous avez, peut-être, comme ambition de jouer à tous les jeux, de lire tous les mangas et de visionner tous les épisodes de l’anime (côté avocat de la défense et côté procureur avec les Investigations). Vous avez, sans doute, donc été très déçus de constater que certains jeux n’étaient disponibles qu’au Japon, et qu’en japonais. Or, lors de la dernière édition de l’E3, Capcom a annoncé que ces fameux jeux: The Great Ace Attorney: Adventures et The Great Ace Attorney 2: Resolve, allaient sortir en Europe et aux USA sous la forme d’un bundle comprenant les deux jeux : The Great Ace Attorney Chronicles !
Ce jeu est-il dans la lignée des autres et fait-il honneur à la licence ? C’est la question à laquelle nous allons répondre dans cet article.
Présentation du jeu
Les avocats
Dans ces jeux, nous jouons toujours des avocats mais à l’époque victorienne.
Le premier est Ryunosuke Naruhodo, dont le nom vous semblera familier si vous avez déjà joué ou vu des épisodes de l’anime en japonais. En effet, il s’agit de l’ancêtre de Phoenix Wright (à qui il transmettra ses mimiques et à qui les développeurs du jeu ont fait un clin d’œil) ! Il est étudiant à l’université Yumei… mais pas en droit, en deuxième année d’anglais ! Comment arrivera-t-il donc à jouer les avocats me demanderez-vous ? Il s’y verra contraint, étant lui même accusé de meurtre et devant assurer sa défense face à la cour.
La deuxième est Susato Mikotoba, que nous pourrons incarner en tant qu’avocate dans le premier chapitre du second jeu. Elle est l’assistante judiciaire de Ryonosuke et la fille d’un professeur de médecine légale à l’université impériale japonaise Yumei. Lors des procès, elle l’aide donc à trouver des contradictions dans les témoignages et lui rappelle de bien examiner les objets liés à l’affaire afin de trouver de nouvelles preuves. Lors du premier chapitre du deuxième jeu, elle abandonnera ce rôle d’assistante pour prendre celui d’avocate afin de défendre une de ses amies.
Après un premier procès se déroulant dans l’empire japonais, nos deux protagonistes continueront leurs aventures chez la reine, à Londres.
Phases de procès
Nous aurons donc un aperçu du fonctionnement de deux cours : celle de l’empire japonais et celle de l’empire britannique.
Pour l’empire japonais, nous retrouvons le déroulement habituel des procès. Tout d’abord, nous avons des objets servant de preuves telles que les photographies de la scène de crime, armes du crime et plans des scènes de crime. Il faudra les utiliser lors des contre-interrogatoires des témoins, après leur avoir mis la pression afin d’obtenir des informations, pour contredire les témoins. Pourront, également, être utilisées pour déceler les contradictions et obtenir plus d’informations, les réactions des autres témoins. Cela débloquera soit de nouveaux témoignages, soit des détails sur un propos en particulier.
Pour l’empire britannique, en revanche, le changement est majeur, car il s’agira cette fois-ci de convaincre un groupe de jurés. Ces derniers vont décider si notre client est coupable ou non. S’ils le décident à la majorité, nous aurons à effectuer un examen de sommation afin de demander aux membres du jury de justifier leur décision, à charge pour nous de leur faire changer d’avis en les pressant, en leur présentant des preuves ou en démontrant qu’un juré est en contradiction avec un autre juré.
Phases de déduction
Outre les phases de procès, nous aurons, comme dans tous les jeux de la licence, des phases d’enquête. Ces dernières seront, cependant, un peu particulières.
Ici, point de médium ou d’analyse des témoignages en fonction des tics ou sentiments des témoins mais des déductions, un peu farfelues du célèbre détective Herlock Sholmes (qu’il faudra, d’ailleurs, corriger), un Sherlock Holmes habillé en mode steampunk, vantard mais, néanmoins, attachant.
Au final, cette phase se révèle un peu longue et rébarbative. Herlock va d’abord expliquer 2 allégations en indiquant quel cheminement l’a conduit jusqu’à sa déduction puis, la totalité des deux cheminements seront redits et stoppés afin que Ryunosuke les corrige. Ce qui a pour effet de casser la dynamique du jeu.
Techniques scientifiques
Dans le dernier chapitre du premier jeu, nous aurons, comme d’habitude avec les jeux de la licence, accès à deux techniques scientifiques : la technique de comparaison des traces de sang et le stéréoscope. La première technique, n’a bien sûr rien à voir avec l’ADN (découvert au vingtième siècle). Celle-ci permet de savoir à qui appartient le sang retrouvé sur des objets ou les scènes de crime au moyen de plusieurs couleurs (exemple : un individu A aura un sang de couleur verte, un individu B en aura de couleur jaune).
Elle nous est amenée grâce à l’associée du détective, que les amateurs de kawaï vont adorer : j’ai nommé Iris Wilson, une fillette de 10 ans (titulaire, dixit elle-même, d’un doctorat en médecine) qui, pour faire apparaître les couleurs, tirera avec son arme.
La seconde technique, le stéréoscope, consiste, à la base, à prendre 2 photos légèrement différentes afin de visualiser la scène en 3D. Elle nous permettra, par la suite, de comparer 2 photographies quasiment identiques afin d’en déceler les différences.
Personnages et graphismes
Personnages secondaires
Au niveau des autres personnages, nous retrouvons le procureur « tueur de nouveaux avocats » (en habits japonais bien sûr) qui a toujours un problème avec sa coiffure (dans le deuxième jeu, nous voyons les effets de son petit passage chez le « coiffeur » lors du premier procès du premier jeu).
Lors des procès se déroulant dans la mythique cour londonienne « Old Bailey », nous rencontrons le magistrat et le procureur qui nous feront face dont au long des jeux.
Ces personnages ressemblent fort à des caricatures de, Lord Dracula appelé « Lord Barok van Zieks », tenant un calice avec un liquide ressemblant à du sang (Bien que d’après l’étiquette sur la bouteille il s’agisse tout simplement de vin…en tout cas on espère!) et pour arbitrer, le Père Noël (avec une perruque poudrée et une très belle robe).
Attitudes des personnages
Ainsi, comme le laisse présager ces deux personnages, le jeu est composé de plusieurs personnages très drôles et caricaturaux. On trouve par exemple
- Herlock Sholmes, célèbre parodie de Sherlock Holmes, inventé par Maurice Leblanc (Arsène Lupin) pour des questions de droit à l’époque. Il semble un peu immature alors qu’Iris, a contrario, l’est beaucoup plus (ce qui est paradoxal vu leur âge respectif)
- Ryunosuke, lui, fait une drôle de tête lorsqu’il est stressé ou perdu à la barre (des yeux ronds comme des soucoupes)
- Susato quant à elle, est émerveillée quand elle rencontre Herlock Sholmes, son idole, pour la première fois
Le seul personnage qui garde son sérieux tout au long du jeu est le meilleur ami de Ryunosuke qui est lui, étudiant en droit, Kazuma Asogi.
Concernant les vêtements, nous pourrons, également, en avoir des alternatifs pour trois personnages principaux, Susato, Ryunosuke et Herlock Sholmes mais uniquement pour le deuxième jeu.
Graphismes
Pour les graphismes, nous retrouvons ceux du jeu Dual Destinies : ils sont doux et les couleurs ne sont pas agressives. Les « pétages de plomb » des témoins sont toujours aussi amusants.
Les polices d’écriture, elles, sont toutes les mêmes concernant les dialogues mais varient lors des « objections » et du verdict final. Pour les avocats de la défense, nous retrouvons celle de la licence avec le classique « objection ». Pour le procureur Van Zieks et pour l’énoncé du verdict final en revanche, elles ressemblent à du Gothic (police très travaillée).
Musiques
Concernant les musiques du jeu, elles sont, bien sûr, adaptées à l’époque ainsi qu’au pays et aux personnages. Par exemple, Kasuma Asogi aura une musique de samuraï car il porte un katana, Van Zieks aura une musique qui fait penser à un vampire, la cour de justice japonaise aura une musique teintée de japonisme….
Nous noterons ensuite un compositeur qui garde la même « âme » des musiques des autres jeux de la saga et ayant contribué à certains autres opus. En effet, il s’agit de Yasumasa Kitagawa, compositeur de certaines musiques du jeu Professeur Layton vs. Phoenix Wright: Ace Attorney qui a arrangé certaines musiques du tout premier jeu : Phoenix Wright: Ace Attorney.
Le deuxième compositeur, Yoshiya Terayama, n’a, pour sa part, pas composé de musiques de la saga mais d’autres jeux tels que Megaman Zero, Monster Hunter et Devil May Cry 5.
Contenus bonus
Via l’écran-titre, vous pouvez accéder a des scénettes bonus appelées « escapades ». Ces petites scènes sont des hors-séries d’évènements se produisant dans le jeu. Elles permettent de mieux connaître certains personnages, sont amusantes mais ne demandent aucune interaction. Vous disposez, également, d’une galerie d’images et de courtes vidéos, en japonais sous-titré.
Captures d’écran réalisées par Roxanne PAULIN pour ©Journal du Japon et assets fournis par ©CAPCOM CO., LTD. 2021.
Jeu testé sur une version dématérialisée fournie par l’Agence Warning Up pour CAPCOM.
En conclusion : un jeu sympathique et amusant, comme tous ceux de la licence, bien qu’à mon sens il ne soit pas le meilleur opus de la saga. En cause, les phases un peu longues de déductions d’Herlock Sholmes. Cependant, si, comme moi, vous êtes fan de la licence, je vous le conseille vivement.