Les éditions Imho : « Mangas, cinéma, essais, littérature, art de vivre »
Voici un nouveau portrait d’éditeur. Cette fois-ci, honneur aux éditions IMHO qui publient aussi bien des livres sur le cinéma que des essais, de la littérature et des mangas originaux. Rencontrez un éditeur éclectique et découvrez quelques titres de la belle collection japonaise qu’il propose aux lecteurs !
Benoît Maurer et ses passions …
Journal du Japon : Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du Japon ?
J’ai aujourd’hui 44 ans, et donc ma première découverte avec la culture japonaise a été la diffusion des dessins animés sur les chaines nationales comme dans le club Dorothée. J’habitais à la campagne, nous n’avions pas accès à de bibliothèque, j’ai donc vraiment découvert le Japon à travers tous les dessins animés qui étaient diffusés à l’époque : Cobra, Saint Seiya, Hokuto No Ken, etc. Je suis ensuite venu à Paris pour poursuivre des études de lettres et commencer l’école du Louvre. J’ai pu découvrir le milieu du journalisme en devenant pigiste jeu vidéo pour le site chronicart.com. J’ai ensuite travaillé pour Euro Services Internet en tant que rédacteur en chef de différents magazines informatique. Puis, on m’a demandé de créer ex nihilo un magazine consacré à la culture populaire japonaise sous toutes ses formes : Japan Mania. Cela a été le second contact et l’élément vraiment déclencheur. Si j’avais un intérêt pour le Japon, j’étais à l’époque surtout attiré par son cinéma, aussi bien classique que contemporain. La découverte de séries comme Lain, Evangelion, ou de jeux vidéo ont vraiment déclenché une envie d’en savoir plus. Le magazine Japan Mania a aussi été à l’origine de mes premiers contacts avec des auteurs japonais de manga, une première rencontre du monde de l’édition et de son fonctionnement.
Quelques beaux livres autour du Japon
Nori, une bande-dessinée tendre et poétique
Rumi HARA est illustratrice et autrice de « comics » (elle vit à New York depuis quelques années). Les éditions Imho permettent au lecteur français de découvrir un livre de toute beauté, à la couverture colorée pleine de nostalgie, et aux pages d’une étonnante bichromie qui change au fil des chapitres, le tout dans un sens de lecture occidental. Car Nori est un recueil de six histoires tendres, de tranches de vie de la petite Noriko (que tout le monde appelle Nori), âgée d’un peu plus de trois ans.
Elle est élevée au quotidien par sa grand-mère car ses deux parents travaillent beaucoup. Ses aventures se passent dans les années quatre-vingt, dans la banlieue d’Osaka (avec un merveilleux voyage à Hawaï). La fillette est très remuante, déborde d’énergie et échappe souvent à la surveillance de sa grand-mère pourtant toujours attentive et attentionnée. Celle-ci déborde d’amour pour sa petite-fille et lui apprend des chansons, lui raconte des histoires, des légendes japonaises (le lapin de la lune, la présence bienfaitrice des chauve-souris dans les maisons, une grenouille dorée lors de la fête d’Obon …). Les histoires mêlent réalité de petite fille (qui va à l’école, a des amis, veut suivre les grands, fait parfois des colères vite oubliées grâce à grand-mère qui fait tout pour chasser les petits soucis) et univers fantastique issu de son imagination (elle danse avec des lapins, des têtards de la rivière, des tortues marines d’Hawaï et même des pingouins).
Graphiquement, c’est d’une richesse pleine de vie. Les décors sont dessinés dans les moindres détails, de l’intérieur de la maison avec ses tatamis, ses gros futons, la cuisine qui déborde d’ustensiles, la salle de bain où l’on joue et met de l’eau partout à l’extérieur qui grouille de personnages, d’échoppes pleines à craquer, de véhicules, mais aussi de palissades, de verdure (le lecteur sera émerveillé par la beauté des paysages d’Hawaï !). Et la bichromie apporte de la profondeur, du volume, presque une dimension supplémentaire, plus de vie, de chaleur, de douceur et de poésie. On peut rester de longues minutes dans une page, à admirer chaque détail, à scruter la composition d’un bento sur la table de la cuisine, le fouillis dans les casiers de l’école, les beaux motifs d’un kimono ou les différentes plantes de la jungle hawaïenne. Et observer comme si on y était le combat entre un scarabée et une écrevisse. Un vrai régal pour les yeux ! On entendrait presque les marchands nous appeler, les enfants rire et le feuillage vibrer dans le vent.
Plongez dans cet univers poétique et nostalgique, dans lequel transparaît tout l’amour que Rumi Hara porte à ses grand-mères auxquelles elle dédie ce superbe livre sur une enfance japonaise !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Le monde de Miyazaki de Susan Napier : pour découvrir ou redécouvrir l’homme et ses œuvres
C’est une Américaine spécialiste de l’animation japonaise (et qui donne des cours sur Miyazaki) qui a écrit ce gros livre retraçant la vie de ce grand maître qu’est Hayao MIYAZAKI, en plongeant aux sources de son inspiration (son enfance, les traces laissées par la guerre, le jardin familial, les lectures) et en retraçant sa carrière au fil de ses créations (une chronologie, film après film, permettant de voir l’évolution de l’artiste).
Un ouvrage passionnant qui regorge de témoignages, d’anecdotes et qui permet de découvrir toutes les facettes de l’homme et de ses films.
Après avoir évoqué son enfance, sa famille, ses lectures – tout ce qui a laissé des traces – le livre plonge le lecteur dans les couloirs de Tôei Animation où Miyazaki restera huit ans et fera des rencontres décisives.
Puis, film après film, c’est toute la pensée, la philosophie de vie du maître qui est expliquée, détaillée, de témoignages en interviews, d’interprétation des scènes en regard perçant sur les personnages. Chaque chapitre est consacré à un film, qui est décortiqué, raconté, de telle sorte que le lecteur a l’impression de revivre les scènes qu’il a vues et adorées avec un plaisir certain.
Un livre très agréable à lire pour les fans qui seront ravis de redécouvrir tous ces grands films sous le regard d’une spécialiste qui transmet sa passion avec énergie et émerveillement.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
D’autres nouveautés sont à découvrir en ce printemps.
Une plongée dans l’univers merveilleux de Shin’ya KOMATSU (qu’on avait nous aussi adoré dans Souvenirs de la mer assoupie) est à nouveau possible avec Un été à Tsurumaki dans lequel un jeune garçon a le pouvoir de parler aux plantes. On retrouve la même poésie teintée de surréalisme et de nostalgie. Une véritable bouffée d’oxygène, un voyage précieux en ces temps compliqués.
Et un très beau roman graphique, Devenir Japonaise, par une Américano-japonaise, Mari Naomi, qui raconte ses expériences dans des bars à hôtesses de San Jose et Tokyo, et sa reconnexion avec la culture japonaise qu’elle avait oubliée depuis l’enfance. Une approche originale de la redécouverte de ses racines, de la culture japonaise, une réflexion sur l’identité, les pays d’où l’on vient et où l’on vit.
Un choix très vaste pour que tout le monde puisse trouver son bonheur… à découvrir sur le site de l’éditeur et en librairie !