The God of High School : trop beau, trop fort… et trop vite ?
Après le succès de Tower of God, Crunchyroll réitérait en juillet dernier avec un second Crunchyroll Original tiré d’un webtoon coréen. Toujours adapté en 13 épisodes, The God Of High School a lui aussi fait forte impression durant la saison estivale de japanime. Avec des chorégraphies de combat de haute volée et une animation globalement très réussie, le studio MAPPA semble avoir réussi son pari de sublimer l’œuvre de Park Yong-Ye, lui même ravi du résultat. Mais au delà de ces qualités visuelles qui ont mis tout le monde d’accord, cette adaptation est-elle vraiment exempte de tout reproche ?
L’esprit shônen « over 9000 » !!
Si l’année 2020 restera synonyme de mauvaise année pour beaucoup, elle s’est malgré tout avérée être l’année d’un pari gagnant pour Crunchyroll qui s’est affirmé avec ses Crunchyroll Originals dans la production d’animés, avec succès. Après In/Spectre, et surtout Tower of God, The God Of High School confirme donc que Crunchyroll a eu du flair. Le webtoon de Park Yong-Ye est publié depuis le mois d’avril 2011 et traduit depuis l’année 2014. Son intrigue épouse un décor à la fois ultra classique mais adoré des fans de la première heure des shônens nekketsu : le fameux tournoi d’arts martiaux.
Jin Mori, un artiste martial de 17 ans qui vit à Séoul, est invité à participer à un tournoi d’arts martiaux appelé « The God Of High School ». Réunissant des participants venant de toute la Corée du Sud, celui-ci est divisé en deux parties : des phases régionales suivies d’un tournoi national. La récompense promise au vainqueur est de réaliser le vœu de son choix. Pendant la compétition, Jin rencontre Han Dae-Wi, un expert en karaté full-contact, ainsi que la bretteuse Yu Mi-Ra. Ils découvrent rapidement qu’une mystérieuse organisation semble manipuler le tournoi dans l’ombre…
Mis ce cadre n’est pas la seule chose qui inscrit The God of High School dans la plus pure tradition du shônen nekketsu. Ainsi un ou plusieurs protagonistes sont de jeunes garçons orphelins, aspirant à un objectif ou un rêve qu’ils veulent absolument réaliser malgré tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin. Jin Mori est en effet un jeune homme qui n’a jamais connu ses parents et a été abandonné étant petit par son grand-père qui l’avait recueilli. Son objectif est de le retrouver et le tournoi auquel il participe s’avère être une opportunité en or. Dès le début de l’histoire, on nous présente également Han Dae-Wi et Yu Mi-Ra, personnages dont on comprend rapidement l’importance qu’ils auront dans l’histoire. Le premier s’est inscrit au tournoi pour sauver l’un de ses proches tandis que la seconde désire préserver l’art du combat transmis dans sa famille depuis des générations. Que ce soit par ses schémas narratifs ou la construction de ses personnages, principaux comme secondaires, ont se situe donc en terrain connu, bien encadré par les codes posés par le manga shônen d’aventure depuis des dizaines d’années.
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GOH, l’antithèse de l’adaptation à la One Piece ?
Bien qu’il soit difficile de comparer un animé saisonnier à un animé diffusé depuis 20 ans, on peut souligner la différence de rythme que l’on trouve dans les deux œuvres, qui représentent deux philosophies d’adaptation diamétralement opposées. D’un côté, on trouve donc One Piece, digne représentant de ces adaptations de shônens fleuves diffusées de façon hebdomadaire, sans discontinuer, années après années. La diffusion se faisant en parallèle de la prépublication toujours en cours, le studio Toei Animation doit ralentir le rythme de l’animé car l’histoire du manga n’est pas beaucoup plus avancée. En résulte un rythme d’un épisode prenant largement son temps pour couvrir environ un chapitre. De l’autre, bien que le webtoon de GOH soit lui aussi toujours en cours de publication, l’équipe de production de l’animé disposait d’une réserve de plus 450 chapitres à adapter. Elle a cependant fait le choix d’en condenser pas moins de 112, soit les deux premiers arcs, en seulement 13 épisodes. De fait, comme on l’avait déjà évoqué pour Tower of God avant lui, l’animé de GOH va vite, très vite, ce qui se ressent inévitablement au niveau du scénario.
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Là où le bât blesse, c’est que l’animé met en scène toute une série de personnages secondaires qui ne sont pas ou peu développés, contrairement à l’œuvre originale. La conséquence directe du nombre de chapitres condensés dans chaque épisode, entre 3 et 4, tandis que d’autres ont été volontairement occultés. La narration nous donne aussi l’impression, par la façon dont ils sont présentés, que d’autres participants bénéficieront du même crédit que les héros. Las, un combat contre l’un des personnages principaux et puis s’en va. On pense notamment à Baek Seung-Cheol, combattant utilisant une batte de baseball, Kang Manseok présenté comme un monstre de puissance ou encore Ma Miseon, une catcheuse. Mais on se rend compte assez vite qu’ils sont au mieux des personnages secondaires car ils sont rapidement oubliés après avoir perdu leur combat.
Pourtant dans le webtoon, leur backstory est racontée en long et en large. On nous présente notamment les motivations qui les poussent à participer à la compétition, leur rapport avec certains autres personnages qu’ils ont rencontré dans le passé ou encore le rôle qu’ils continuent de jouer une fois leur match perdu. Autant d’éléments qui apportent plus de profondeur à ces personnages, mais aussi plus d’enjeux aux combats, et par la même une plus grande implication du lecteur du webtoon par rapport au spectateur de l’animé. L’histoire de ce dernier est donc concentrée principalement autour de Jin Mo-Ri, Han Dae-Wi et Yu Mir-Ra dont nous apprenons bel et bien les motivations et aspirations. Mais il est dommage de ne pas avoir exploité pleinement l’œuvre originale car la série laisse le sentiment que le scénario est superficiel, se contentant de trouver des prétextes pour nous montrer de la bagarre.
Des étoiles plein les yeux !
Si ce que nous venons d’expliquer vous a refroidi, rassurez-vous, The God Of High School reste un animé spectaculaire qui ravira à coup sûr tous les fans de bonne baston qui dépote. C’est assurément là sont plus gros point fort, et si ce n’est pas déjà fait, nous ne pouvons d’ailleurs que vous conseillons d’aller le voir avant de lire les lignes qui suivent, afin de conserver un maximum l’effet de surprise et la claque visuelle qui vous attend !
La série donne ainsi le ton dès les premières minutes avec la destruction d’une île par un pouvoir mystérieux. Et bien que le début laisse présager un « simple » tournoi d’arts martiaux opposant divers styles de combat, on apprend rapidement qu’il va falloir composer avec des pouvoirs issus des dieux. On ne dispose toutefois pas des raisons qui justifient leur utilisation dans l’animé et pour cela il faudra lire le webtoon. Mais les quatre derniers épisodes en particulier font office de feux d’artifice pour ce qui aura été une saison mémorable.
Concrètement, le sudio MAPPA, en charge de l’animation, a mis les petits plats dans les grands en ce qui concerne les combats, qu’il s’agisse de l’affrontement final ou de chaque combat le précédant. Les confrontations impliquant des attaques géantes sont aussi impressionnantes que parfois déconcertantes (étant donné que le background de certains personnages a été éludé). Le tout soutenu par la bande son épique collant parfaitement à l’action qui nous est présentée. Les dessins ainsi que les chorégraphies de combat sont si fluides et rapides que l’on ose à peine cligner des yeux de peur de manquer quelque chose d’important. On soulignera d’ailleurs à ce propos l’utilisation de la motion-capture qui a été très bien retranscrite dans l’animé. Il s’agit d’une technique permettant d’enregistrer les positions et les mouvements d’acteurs ou cascadeurs rééls et de les restituer sur un ordinateur, ce qui ajoute une véritable plus value dans la mise en scène de certains combats.
Pour beaucoup, The God Of High School se sera imposé comme étant l’animé de l’été malgré ses défauts. Avec son action débridée et ses combats à la mise en scène époustouflante, dans la plus pure tradition shônen, il parvient en effet à compenser son manque de profondeur, imputable à ses omissions scénaristiques. Cependant, comme pour Tower of God avant lui, on se retrouve face à un animé « incomplet », à mi chemin entre claque visuelle et vitrine de luxe pour le webtoon. Un format qui en satisfera certains, qui prendront plaisir à aller compléter leur expérience via le support d’origine, tandis que d’autres pourront rester sur leur faim. D’autant qu’à l’image de ToG, une deuxième saison ne semble pour l’instant pas à l’ordre du jour. On espère cependant que Crunchyroll choisira de récidiver, et que cela ne prendra pas trop de temps.