Et si on cuisinait à la façon Ghibli ?
Sorti le 18 novembre, le livre Les Recettes des films du studio Ghibli ne semble pas être passé inaperçu et avoir plu au plus grand nombre. La preuve ? La rupture de stock chez l’éditeur, Ynnis Éditions, rien que ça ! Journal du Japon s’est donc penché à son tour sur le titre et vous propose un retour sur cet ouvrage à mettre entre toutes les mains. Si vous recherchez un titre simple, parlant cuisine dans l’univers du studio Ghibli, alors ce livre de cuisine devrait vous intéresser. On vous offre une petite présentation, suivi de deux recettes tirées de celles mises à disposition, ainsi qu’une interview explicative du concept.
Bonne lecture et bonne dégustation !
Un livre de recettes familiales inspiré des films du studio Ghibli
Ce livre de recettes met à l’honneur les films du Studio Ghibli en se positionnant sur une recette, inspirée fortement de l’un d’entre eux. Cela veut dire qu’on essaie de reproduire de la plus simple des manières, mais pour autant gourmande, une recette aperçue dans les films. Par exemple, dans Princesse Mononoké, il se trouve qu’Ashitaka, lors de son périple, rencontre le fameux prêtre qui rejoint Dame Eboshi. Il décide de lui offrir un repas très frugal, ressemblant à de la bouillie de riz. Eh bien vous pourrez reproduire votre propre version car elle se retrouve représentée dans cet ouvrage.
Ainsi, à chaque film sa recette sucrée et/ou salée. Chacune possède également sa propre recontextualisation, afin que tout un chacun puisse comprendre le pourquoi d’une telle recette. On explique ainsi au lecteur certaines spécificités japonaises ou même anglosaxonnes, comme le Studio Ghibli a réalisé de nombreuses adaptations ayant un univers proche de l’Angleterre. Si vous vous intéressez aux onigiri, vous pourrez en apprendre un peu plus et obtenir la recette; si vous souhaitez vous renseigner sur les ramen, là aussi vous aurez la version proposée dans Ponyo sur la Falaise. Il y en a pour tous les goûts ! Vous l’aurez donc compris, l’ouvrage est intelligemment pensé pour permettre un lien entre un film, une recette, et son contexte. N’est-il en effet pas plus intéressant de replacer dans son histoire un bon repas, qu’il soit salé ou sucré ? Car au final, le maître-mot du livre reste le même : cuisiner en se faisant plaisir, et déguster le tout en bonne compagnie. La nourriture ayant souvent une place importante dans la filmographie afin de réchauffer le cœur et l’esprit.
Vous retrouverez donc 15 recettes salées, certaines typiquement japonaises, d’autres moins, et 8 recettes sucrées, là aussi japonaises ou non, car rappelons-le, l’univers des studios n’était pas forcément tourné exclusivement sur les traditions japonaises, bien au contraire. La diversité est le mot d’ordre des films du studio, qu’ils soient réalisés par TAKAHATA ou MIYAZAKI. La maquette est donc suffisamment claire pour vous faire passer un bon moment en famille, en amoureux, ou en solitaire. Il vous suffit juste d’avoir quelques ingrédients, certains ustensiles et un bon coup de fourchette !
Quant à l’équipe de Journal du Japon, on vous propose de découvrir deux films via leurs recettes dédiées : Le conte de la princesse Kaguya avec le plat salé, et Nausicaa de la vallée du vent pour la recette sucrée. À vos fourneaux !
Deux recettes chaleureuses à reproduire en bonne compagnie
Poêlée de champignons et sa volaille (Le conte de la princesse Kaguya)
Ingrédients (pour 3 personnes)
250 g de poulet (ou autre volaille)
3 gousses d’ail
1 cuillère à soupe d’huile de sésame
1 cuillère à soupe de sauce soja
1 œuf
Sel et poivre
175 g de riz
250 g de champignons (de Paris, ou un mélange)
25 g de beurre
1 cuillère à soupe d’huile d’olive
Déroulé de la recette :
En premier lieu, il vous faut préparer la marinade du poulet. Pour cela, coupez le poulet en petits morceaux, hachez l’ail pour le séparer en deux portions distinctes. Dans un saladier, vous glisserez les morceaux de poulet préalablement coupés, une portion d’ail, l’huile de sésame, la sauce soja, l’œuf entier, le sel et le poivre. À partir de ce moment, mélangez le tout avant de réserver au frais une dizaine de minutes afin que la marinade prenne.
Dans une poêle, pendant ce temps-là, faites brunir l’autre portion d’ail dans le beurre et l’huile d’olive. Une fois ce dernier légèrement coloré, ajoutez les champignons que vous aurez coupés en deux (ici ils étaient déjà prédécoupés). Remuez bien les champignons dans un sens puis dans un autre, et terminez par ajouter la viande. Laissez cuire pendant quelques minutes. En parallèle, faites cuire du riz. Une fois la cuisson achevée, servez dans une assiette, il est temps de vous régaler !
Gâteau aux noix (Nausicaä de la vallée du vent)
250 g de noix mélangées
(cajou, amandes, cacahuètes, etc.)
4 œufs
250 g de sucre en poudre
125 g de beurre
150 ml de lait
1 sachet de levure chimique
180 g de farine
Déroulé de la recette :
Ici, rien de bien compliqué à part peut-être deux étapes : la préparation du mélange de noix et les blancs en neige.
Commencez par préparer votre mélange de noix : pour cela mettez dans un sachet congélation (par exemple) le mélange désiré, puis concassé-le en poudre. Pour cette recette, le mélange a été réalisé avec des cacahuètes, des amandes, des noix, des noix de cajou (non salées et non grillées bien sûr !). Une fois ce mélange prêt, attelez-vous au reste de la recette. Prenez deux saladiers : séparez les blancs des jaunes d’œufs afin d’avoir les jaunes d’un côté, les blancs de l’autre. Réservez les blancs et préoccupez-vous des jaunes d’œuf.
Dans le saladier comprenant les jaunes, ajoutez le beurre ramolli et le sucre, mélangez. Ajoutez ensuite le lait, le mélange de noix, la farine et la levure. Bien mélanger pour obtenir une pâte un peu épaisse. Ensuite, il est temps de s’occuper des blancs en neige ! Utilisez un batteur pour obtenir des blancs qui se tiennent (pour des blancs bien ferment, fouettez-les avec quelques goutes de jus du citron) et incorporez-les en deux fois à la préparation initiale à l’aide d’une spatule. Une fois la préparation prête, enfournez pour 40min à 180° (après avoir préalablement préchauffer le four).
Sortez le gâteau du four, et attendez qu’il refroidisse avant de le démouler et le déguster. C’est prêt !
Retour sur le concept de l’ouvrage avec ses protagonistes
Journal du Japon : Bonjour à tous, et merci d’avoir pris de votre temps pour répondre à nos questions. Pourriez-vous vous présenter un peu tous les quatre à nos lecteurs ?
Minh-Tri Vo : Je suis étudiant en design graphique à l’école Estienne. Passionné de cuisine, j’aime partager avec les autres les différentes saveurs de la bonne cuisine. Ce projet m’a donc permis d’exprimer pleinement ma créativité en joignant ces deux aspects de mon parcours.
Apolline Cartier : J’ai 29 ans, je suis graphiste-maquettiste chez Ynnis Éditions et Don’t Panic Games. J’ai suivi des études technologiques à la sortie du collège, orientées graphisme jusqu’à l’obtention de mon BTS communication visuelle (désormais BTS design graphique). Mais c’est mon père qui m’a fait découvrir la photographie, que je pratique depuis mes 16 ans.
Claire-France Thévenon : Après des études de cinéma à l’université Paris III et une carrière de scénariste assez chaotique, j’ai eu l’occasion de beaucoup voyager en tant qu’athlète de haut niveau dans les arts martiaux. Cela m’a permis de découvrir d’autres cultures et d’enrichir mes connaissances. En parallèle, j’ai continué à écrire pour des articles sur divers types de magazines qui n’avaient rien à voir avec le cinéma, pourtant ma première passion. J’ai récemment eu l’occasion d’écrire pour des projets d’Ynnis Éditions, dont ce livre de recettes qui n’est que le premier à paraître.
Philippe Vallotti : Je me présente aussi rapidement, même si je vais laisser Minh-Tri, Apolline et Claire-France prendre le relais. Je suis l’éditeur en charge du projet et je travaille chez Ynnis Éditions depuis presque deux ans maintenant, après un passage chez Huginn & Muninn/Fantask, 404 Éditions et Mana Books, ainsi qu’une collaboration avec Les Deux Royaumes, d’autres maisons dédiées aux cultures de l’imaginaire. Je m’y occupe notamment de la collection Romans Ynnis (Le Château de Hurle, Kiki la petite sorcière…).
Quel est votre rapport à l’œuvre des studios Ghibli ?
M.-T. V. : Je suis, moi-même, un grand fan du Studio Ghibli. Chaque œuvre a son propre univers, et développe une certaine réflexion sur la société. C’est impressionnant de voir comment MIYAZAKI met en évidence, avec intelligence et sensibilité, les différents aspects de la vie à travers ses films.
A. C. : Comme beaucoup de personnes de ma génération, j’ai découvert les films du Studio Ghibli au cinéma, ainsi qu’en cassette VHS ou en DVD. Ils font partie de mon paysage culturel au même titre qu’un petit nombre de références incontournables. Cependant, Ghibli s’est toujours démarqué par l’originalité de ses histoires, la diversité de ses personnages, et le charme exercé par la culture japonaise avec laquelle j’ai une véritable affinité depuis mes 10 ans. Une autre chose m’avait séduite : le dessin et l’animation… de la nourriture, chose qui me donnait toujours faim même si je n’identifiais alors pas tous les mets.
C.-F. T. : Adolescente, j’ai été complètement emportée dans la culture manga. Je lisais AnimeLand, Kaméha et Manga Player. C’est par ces magazines que j’ai entendu parler de Totoro et Porco Rosso. Avec mon frère, nous avions pu découvrir ces films sur Canal+ et nous avions apprécié au point d’enregistrer la séance diffusée en V.O. (même si nous adorions la version de Porco Rosso doublée par Jean Reno). De mémoire, ça passait tard un soir d’école, donc nous avions dû programmer l’enregistrement ! Ce qui nous a fait retenir le nom du studio d’animation, c’est sans aucun doute Totoro. Nous ne savions pas ce que nous regardions avant cette scène avec le Chat-bus. Ce lyrisme nous a vraiment emmenés. C’est comme ça que nous avons découvert Miyazaki. Pour Takahata, nous étions tombés par hasard, peu de temps après sur Canal+, sur Le Tombeau des lucioles. Nous avions fini en pleurs, mais le film était magnifique. En les regardant de nouveau pour écrire ce livre, j’ai ressenti la même chose qu’à l’époque : la magie ne s’était pas échappée.
Pourquoi avoir voulu faire ce livre de recettes et comment a fonctionné votre collaboration à tous les trois ?
M.-T. V. : Nous avons voulu apporter, chacun, notre savoir-faire pour réaliser quelque chose d’unique. Ce livre est le fruit de tous nos efforts, le résultat d’un travail en équipe.
A. C. : Au vu de ma réponse à la question précédente, vous vous doutez bien que je n’ai pas hésité lorsqu’on m’a demandé de m’occuper de la photo d’un livre de recettes axé sur les œuvres du Studio Ghibli. Arrivée récemment chez Ynnis, je commençais à peine à faire connaissance avec mes collègues de travail et les intervenants du livre. Se retrouver à trois autour de la gestion et de la réalisation de ce projet nous a autant éprouvés qu’amusés. Mais cela a aussi été une occasion de faire connaissance d’une façon originale et de partager de bons repas avant de les partager avec vous dans ce livre.
C.-F. T. : Les repas ont un rôle important dans les films du Studio Ghibli, ce sont des moments signifiants et j’ai été chargée, à partir d’une liste de films et de recettes, de remettre en contexte ces dernières. Je me suis documentée sur la vision des plats dans la culture japonaise (encore plus lorsque ce sont des plats occidentaux), mais aussi leur rôle dans la narration du film. La nourriture est sujette à beaucoup d’interprétations psychanalytiques. Dans un long métrage d’animation, elle n’est jamais le fruit d’un hasard, mais un choix de réalisation. J’ai donc eu à me demander : pourquoi ce repas est-il servi ? Que veut dire l’auteur en nous montrant ce plat et pas un autre ?
P. V. : Notre perspective était avant tout cinéphile : nous ne voulions pas éditer un simple livre de recettes, mais un ouvrage qui contextualisait ces scènes de cuisine au sein des films, ainsi que dans l’histoire, la culture et le folklore japonais. Les réalisateurs du Studio Ghibli s’assurent toujours d’insérer ces scènes au sein de la narration, de leur donner une vraie utilité dans le récit. Il était donc important de refléter cela, ce qui a ensuite structuré notre recherche et, par extension, l’ouvrage final. À nous ensuite de trouver trois personnes passionnées de cuisine et d’animation et de les réunir autour de ce projet singulier…
Comment avez-vous pioché dans l’univers Ghibli les recettes à reproduire (on sait à quel point cela foisonne dans les films côté nourriture !) ?
P. V. : Sur les premiers mois du projet, j’ai eu l’occasion de revoir tous les films du Studio Ghibli pour préparer le livre. J’ai alors pris note des différents plats, recettes et citations sur la nourriture présents dans la vingtaine de longs métrages. Pour faire ma sélection, je me suis posé plusieurs questions : quels sont les plats importants pour la narration de l’histoire ? Quels sont les plus intéressants ? les plus accessibles ? À partir de là, j’ai choisi un plat pour chaque film en essayant de maintenir un équilibre entre les recettes (sucré/salé, facile/difficile, japonais/européen…). Il était prévu depuis le début que nous apportions une contextualisation de ces recettes, comme je l’indiquais plus tôt, et il me semblait donc indispensable de faire une sélection qui serve le propos des films. Pour certains plats, j’ai aussi bénéficié de l’aide de Minh-Tri et Claire-France.
Avez-vous une recette en particulier dans l’ouvrage dont vous raffolez (aussi bien sucrée que salée) ?
M.-T. V. : Mon plat préféré dans l’ouvrage est l’assiette de fruits de mer et son riz. Le Tombeau des lucioles est mon film préféré. Contrairement à la plupart des autres films du Studio Ghibli, il ne met pas en scène un univers fantastique, mais retrace plutôt l’histoire du Japon tout en sublimant l’innocence de l’enfance par l’horreur de la guerre et la logique froide de la survie. Que ce soit du point de vue émotionnel ou culturel, ce film est vraiment incroyable. J’ai pu revivre mon enfance en cuisinant ce plat. Ce ne sont, certes, pas des ingrédients de luxe (comme on peut le voir dans le film), mais ils nous comblent de bonheur par leur convivialité et leur joie.
A. C. : Le bœuf Stroganov en catégorie salée : fondant et goûtu. Le moelleux à la vanille pour la partie sucrée, grâce à sa texture légère qui ponctue à merveille n’importe quel repas (oui, même les plus lourds !).
C.-F. T. : J’adore les tempuras de crevettes de La Colline aux coquelicots. La chapelure est beaucoup plus légère que celle d’un beignet comme nous les cuisinons souvent en France. Dans les recettes sucrées, j’aime les gâteaux au chocolat : celui de Kiki me donne envie d’enfourcher mon balai !
Quelle a été la recette la plus compliquée à réaliser pour vous ?
M.-T. V. : Personnellement, je ne trouve pas que les recettes soient compliquées à réaliser, mais si je devais en choisir une, je dirais plutôt le ragoût de bœuf du Château dans le ciel. Un ragoût est délicieux quand la viande est bien tendre et fondante et pour obtenir ce résultat, il ne faut pas la faire revenir trop longtemps et la laisser mijoter pendant des heures.
A. C. : Il y a eu quelques recettes avec une ou deux étape(s) un peu compliquée(s) : le glaçage et la confection des pièces en pâte d’amande du gâteau de Kiki, et le dessin et la découpe du poisson en pâte de la tourte aux harengs et au potiron, principalement. Il y a deux recettes qui nécessitent de la patience : les brioches aux haricots rouges de Chihiro et le castella siberia du Vent se lève. Je vous laisse la surprise ! (rires)
C.-F. T. : J’aime tellement manger, mais je suis souvent trop paresseuse pour me mettre derrière les fourneaux. Cependant, les recettes sont accessibles même sans avoir l’habitude de cuisiner. Personnellement, j’ai fait le choix d’offrir le livre à mes proches pour qu’ils me cuisinent ces recettes !
On remercie Ynnis Éditions et l’équipe de l’ouvrage d’avoir donné de leur temps pour répondre à nos questions, et on vous souhaite à tous de belles recettes !