Folklore japonais : et si vous adoptiez un kappa ?
Des terrifiants baku (tapirs qui se nourrissent des rêves et des cauchemars) aux inoffensifs akaname (gobelins qui habitent les maisons et les bains publics les plus sales et qui se nourrissent de la saleté des baignoires), les contes et légendes du Japon regorgent de créatures en tout genre. Néanmoins, si l’on ne devait n’en présenter qu’une, ce serait sûrement le kappa. Ce yōkai associé à l’eau est l’un des monstres les plus connus est représentés du folklore japonais. Journal du Japon vous présente aujourd’hui le kappa et vous propose de partir à sa rencontre.
L’apparence physique : reconnaître votre kappa
Si l’apparence et le nom du kappa change selon les contes et les régions, certaines caractéristiques physiques sont communes dans la majorité des cas. On retrouve le dos couvert d’écailles, généralement sous forme d’une carapace comme une tortue, et un récipient de la forme d’une assiette sur la tête, celle-ci étant remplie d’un liquide. Le kappa possède également des pieds palmés et une bouche ressemblant à un bec. Il est décrit comme étant de petite taille, on lui attribue généralement la taille d’un jeune enfant, entre 3 et 10 ans. D’ailleurs, kappa écrit avec ces deux kanji 河童 peut être traduit par « enfant de la rivière ».
Méchant ou gentil : comprendre l’évolution de votre kappa
Historiquement, le kappa est une créature pernicieuse et dangereuse qui attire les enfants et les chevaux dans l’eau. Des histoires parlent de viols de femmes et de morts violentes, les organes extirpés avec une préférence pour le foie. Plus vraiment envie de rencontrer un kappa ? Rassurez-vous, ceux-ci ne sont pas tous nécessairement malveillants. Des contes les décrivent sous un meilleur jour. Le yōkai peut par exemple offrir du poisson à des villageois en guise de remerciement pour l’aide apportée. Ces « esprits-tortues » peuvent même être considérés comme des signes de bonne fortune.
De plus, les kappa se sont intégrés à la société et leur réputation s’est grandement améliorée avec le temps. De nombreuses œuvres, telles que la bande dessinée Kappa tengoku de Kon Shimizu (popularisée dans le Asahi weekly en 1953) racontant l’histoire d’un kappa salaryman, ont participé à améliorer l’image du kappa dans l’imagerie collective japonaise.
Si les kappa étaient initialement décrits comme mâles, l’artiste Kojima Kō en avait une vision plus nuancée, dessinant aussi des kappa femelles dans leur plus simple appareil. Ces différentes œuvres artistiques apparues au court de cette période ont fortement participé à la démocratisation de l’image d’un kappa nettement plus sympathique. Nous pouvons aujourd’hui retrouver cette image dans différents médias et animés comme le personnage de Chibi dans kakuriyo no yadomeshi.
Gastronomie : Nourrir votre kappa
Le kappa est un gastronome averti ! Invitez-le à manger et proposez-lui une calebasse accompagnée de pain au sésame et vous ne le verrez jamais plus accepter votre invitation. En effet, le kappa a ces ingrédients en horreur. À l’inverse, le yōkai aquatique adore par-dessus tout les concombres. Privilégiez donc une bonne salade de concombres. À défaut, des recettes à base de nasu (aubergine japonaise) ou de citrouilles feront l’affaire.
Le kappa est très attaché à ses goûts culinaires et son aversion pour certains aliments lui porte parfois préjudice, comme dans le conte kappa muko. Dans cette histoire, un kappa devait se marier à la fille d’un fermier. Le mariage n’eut pas lieu suite à son incapacité à relever le défi de la jeune femme qui lui demandait de jeter des calebasses dans la rivière.
Forces et faiblesses : domptez votre kappa
Si on prête au kappa une grande force, une agilité toute particulière dans l’eau, et une intelligence certaine, celui-ci n’est néanmoins pas dépourvu de faiblesses. Le liquide contenu dans le récipient au sommet de sa tête représente sa puissance. Celui-ci s’affaiblit à mesure que le niveau de ce liquide, généralement décrit comme étant de l’eau, diminue. Dans certains contes, il est même arrivé que, une fois tout le liquide hors de son récipient, le kappa meurt. De plus, malgré ses racines maléfiques, le kappa reste une créature extrêmement polie. Ainsi, s’il se montre agressif, n’hésitez pas à le saluer à la japonaise en vous inclinant bien bas. Celui-ci se sentira alors obligé de vous rendre votre salutation, faisant couler par terre son eau vitale, l’affaiblissant grandement au passage.
Une autre caractéristique du kappa est la fragilité de ses bras, n’étant formés que d’un seul tenant, liés à travers le corps du kappa. Celui-ci peut néanmoins rattacher ses bras. Il est dit que les kappa ont de très bonnes connaissances en médecine et qu’ils sont spécifiquement doués dans la reconstruction osseuse. Talents en médecine qu’ils transmettront aux humains dans divers contes en échange du retour du bras arraché. De nombreuses histoires tournent autour de la promesse faite par un kappa en échange du retour de son bras arraché, celui-ci pouvant être remis en place si l’opération est faite dans un délai raisonnable.
Localisation : où trouver votre kappa ?
Si les kappa sont apparus dans différentes régions du Japon, et ce sous divers noms différents (kawappa, gawappa, mizushi…), la ville de Tonō dans la préfecture d’Iwate a la réputation de « ville du folklore japonais » et recense de nombreux contes relatifs au kappa. Là-bas, vous aurez la possibilité de croiser des kappa plus ou moins cachés dans la ville et ses alentours.
Vous pourrez pêcher votre kappa dans la kappabuchi pool. Nous vous conseillons de ne pas oublier de remplacer le classique ver de terre par un concombre si vous voulez réussir à en pêcher un !
Sur place, si les activités restent néanmoins limitées, vous pourrez toutefois visiter la maison du kappa ou encore Furosato village, la reproduction d’un village de montagne traditionnel de Tonō avec de magnifiques maisons reconstruites dans le style de l’époque Edo.
Maintenant que vous en savez plus sur les kappa, il ne reste plus qu’à adopter le vôtre ! Si néanmoins, ceux-ci ne sont pas à votre goût, le folklore japonais est riche en créatures en tout genre. Extrêmement présents dans la campagne japonaise, n’hésitez pas les chercher lors de vos visites, ceux-ci ne seront jamais bien loin ! Si vous souhaitez en savoir plus sur les légendes de la région de Tonō, nous vous invitons à lire Les légendes de Tonō de Kunio Yanagita.
Photo de Une d’après une image du film Un été avec Coo de Keiichi Hara ©Shin-Ei Animation
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