Sakura Taisen : une série qui ne brille pas qu’en jeu vidéo ?
S’il existe bien un média plus proche du jeu vidéo que les manga, ce sont bien les animes. C’est pourquoi nous vous proposons, en lien avec le Gaming Memories de septembre, un retour sur les séries dérivées de Sakura Taisen – ou plutôt Sakura Wars chez nous. Et puisque la plus récente d’entre elles s’est terminée il y a peu (juin 2020), nous allons en profiter pour dresser un bilan de ce qu’elle vaut !
Shingûji Era
Les jeux vidéo ont toujours été une source potentielle d’adaptations en tous genres, aussi bien pour le meilleur que pour le pire. Sakura Wars n’a pas échappé à cette règle : on dénombre deux séries animées, quatre autres d’OAVs et un film, sortis entre 1997 et 2020. La plus connue de toutes ces productions est sans doute l’anime de vingt-cinq épisodes sorti justement en 2000 et diffusé en France par Kazé trois ans plus tard.
https://www.youtube.com/watch?v=_F8AMZhYxhU.
Hashire ! Kôsoku no – teikoku kagekidan ♪
Cette série, globalement, est une adaptation du tout premier jeu sorti en 1996 sur Sega Saturn. On y retrouve donc toute la Troupe des Fleurs – Sakura Shingûji, Maria Tachibana, Sumire Kanzaki, Iris Chateaubriand, Kanna Kirishima et Kohran Ri – dans leur lutte contre les démons qui envahissent la capitale.
Une adaptation… un peu libre
Nous sommes à Tokyo en 1923, dans un Japon alternatif où les machines à vapeur sont à la pointe de la technologie actuelle. La jeune Sakura, naïve et maladroite, arrive tout droit de Sendai après avoir été invitée à rejoindre le Théâtre Impérial. Une fois sur place, la pauvre accumule les bourdes et se fait vite mal voir des autres. Mais elle fait partie de la troupe et va progressivement faire ses preuves… Et il vaudrait mieux, car les démons arrivent ! Avec son équipe de vilains, le démon Aoi Satan compte bien faire revenir Tenkai et ravager Tokyo !
Le scénario de cette série, grossièrement, suit celui du jeu vidéo, mais y change quelques éléments, comme le fait qu’il ne démarre pas exactement au même moment ni de la même manière, en rajoutant des éléments ou en retirant d’autres… Il se permet même, vu sa date de sortie, de présenter les deux personnages ajoutés dans Sakura Taisen 2 (Sega Saturn), par exemple.
Une série dans l’ère de son temps… et c’est déjà bien ?
Sakura Wars, disons-le même si vous vous en doutez, est une série à l’ancienne, sans 3D. De ce fait et malgré son âge, on se retrouve donc devant une production qui oscille entre le bien et le très bien, grâce à un trait restituant bien le character-design de Kôsuke FUJISHIMA. On sent le poids des années, mais cela n’empêche pas d’être devant une production plaisante, avec une bonne animation. On y regrettera surtout que les combats ne soient pas si intéressants que cela à tous les coups, car on n’échappe pas au cliché « personnage qui attaque > flash de lumière de la forme de l’attaque > monstre détruit ».
Si cette série ne suit pas vraiment un schéma typique d’anime à rallonge, elle ne se focalise pas totalement sur l’adaptation pure et dure et inclut quelques épisodes à thème (de remplissage ?) permettant de se pencher plus sur un personnage et de le mettre en avant. Cela fait parfois sens, d’autres fois un peu moins. On se retrouve également dans ce cadre assez peu reluisant de mise en scène de l’échec. Là où dans les jeux, la Troupe des Fleurs est forte et brillante, nous sommes ici en face d’une bande de débutants peu efficaces. Les héros se font botter le derrière par les méchants, travaillent leur technique, gagnent, se font botter le derrière par le méchant suivant et ainsi de suite. C’est vrai, on ne peut pas gagner à tous les coups, mais là aucune bataille n’est gagnée d’avance…
Dans la même veine, malheureusement, on regrette vite de voir à quel point le personnage principal masculin est inutile : quasiment transparent (voire idiot) la majorité du temps, notre Ôgami peine à se montrer aussi important que dans le jeu. Pire même, il pourrait ne pas être là que la série en deviendrait peut être plus intense…
La production reprend les doubleurs et doubleuses du jeu vidéo, ce qui lui confère une qualité immédiate. De même, elle reprend sa bande-son mais de façon réorchestrée, d’une bien belle façon, qui lui donne encore plus de puissance et d’impact lorsqu’elle se fait entendre. Ce qui n’arrive pas en permanence, précisons-le, car cet anime n’est pas du genre à laisser de la musique en fond en permanence. Il y a ainsi un certain nombre de scènes sans bruit en fond, et on finit par se dire qu’il manque d’un petit quelque chose. Ceux-ci sont toutefois bien choisis et collent à l’image, et c’est le principal.
Cela dit, on regrettera que cette BO fantastique ne parvienne pas à faire oublier la version française assez moyenne. Entre les dialogues et certains personnages qui tirent au niais, et la prononciation de certains noms qui hérisseront le poil des connaisseurs (« Asakuza » pour Asakusa, « Kadzoumi » pour Kasumi, « Shinozouké » pour Shinnosuke)… On y entend même deux personnages qui ont la même voix à plusieurs reprises, l’air de rien ! Oui, la VF date de 2003, mais cela n’est pas une excuse.
Mais finalement, ces vingt-cinq épisodes passent vite. C’est une adaptation et un anime honnête, qui se permet des divergences par rapport au scénario du jeu, mais cela s’avère au final bien mieux que si c’était un anime copié-collé sans travail derrière. Ses défauts sont pardonnables, grâce à ce character-design qui donne un cachet fort aux personnages, et finalement ses différences avec le jeu ne sont pas une mauvaise idée.
La guerre se poursuit
Outre cette série, plusieurs OAVs étaient sortis en 1997. Ils ne sont pas complètement une adaptation puisqu’ils modifiaient un peu, déjà, certains événements et en rajoutent d’autres qui n’existent nulle part ailleurs. Un film est également sorti fin 2001, et celui-ci présentait à nouveau une histoire originale, qui se déroulait même après les jeux sur Dreamcast. Il offrait des graphismes et une animation au top, et a eu un très bon succès au Japon (noté comme le septième film le plus rentable après seulement les quatre premiers jours au cinéma). Cependant celui-ci (et ce n’est pas son but non plus) n’était pas du tout destiné à un public novice de la série, ce qui le restreint finalement à un public bien ciblé.
Sakura Taisen célébra également le départ de la comédienne Michie TOMIZAWA en retraite (enfin, retraite… on sait ce que cela peut vouloir dire pour un japonais) dans un OAV d’une demi-heure nommé « Sumire quitte la scène ». Dans cet épisode spécial, cette dernière faisait ses adieux à la troupe et à son public, car d’après Oji HIROI (le créateur de la série), nul autre n’aurait pu incarner le personnage. Par la suite cependant, elle reprit tout de même son rôle dans quelques représentations sur scène, ainsi que dans le jeu sorti l’an dernier. Dans tous les cas, un bien beau geste d’amitié entre le créateur et la doubleuse.
Enfin tout comme les autres, les épisodes 3 à 5 de la série ont eu droit à leurs versions animées. On peut donc compter sur « Ecole de Paris », « Nouveau Paris » (Sakura Wars 3 et 4) et « New York » (ST V) pour les jeux sorti plus tard. Il s’agit d’OAVs de quelques épisodes, mais au final chaque production vidéo-ludique aura eu droit à son adaptation.
Amamiya Era
Dérivée du jeu vidéo Shin Sakura Taisen (tout simplement Sakura Wars chez nous), Sakura Wars The Animation est une série de douze épisodes de vingt-quatre minutes chacun, débutée en avril 2020 et terminée en juin – soit six mois après le jeu (décembre 2019). Elle prend place quelques temps après, alors que la paix est revenue. Enfin…
Une nuit sombre, en pleine tempête de neige, une femme masquée s’enfuit dans un train, puis finit par grimper sur son toit. Un combat entre elle et ce qui semble être un démon s’engage sur une formidable mélodie issue du jeu vidéo, jusqu’à ce que Lancelot (London Kagekidan), Elise (Berlin Kagekidan) et Kamiyama (Teikoku Kagekidan) n’arrivent. Un affrontement bourré de couleurs accueille le spectateur, et les deux premiers s’enfuient en sautant du train en marche, laissant les trois chefs de troupes seuls. Et puis…
https://www.youtube.com/watch?v=fEtFsUvgDMk.
L’opening
Kamiyama, qui était mission, avait pour ordre d’enquêter sur la troupe Russe, mystérieusement éradiquée par ce qu’on aurait dit être une puissante explosion. Seule la petite Klara s’en est sortie et accompagne le capitaine Kamiyama au Japon. La vie reprend son cours… Les autres membres de la troupe (Hatsuho, Claris, Azami, Anastasia) sont un peu suspicieuses, mais la jeune nouvelle semble s’être beaucoup attachée à Sakura.
Tout le monde retourne à sa petite vie, jusqu’au jour où Kaminsky, ainsi que le reste de la troupe russe, fait son apparition lors d’une attaque ! Mais ne sont-ils pas censés être morts ?! Kaminsky tient à récupérer Klara, qui fait pourtant désormais partie de la troupe des fleurs. Quel mystère se cache sous la réapparition des démons ? Que s’est-il vraiment passé en Russie ?…
Un portage parfait ?
Sakura Wars The Animation est une série dans laquelle Tite KUBO, le character-designer du jeu (et mangaka de Bleach), reprend son poste. Son travail, à l’accueil assez mitigé auprès des fans de l’ère précédente et du trait de Kôsuke FUJISHIMA, est donc toujours là. Cependant, quelque part, il semble être mieux adapté pour ce média que pour le JV. Les personnages gardent leurs défauts et qualités d’apparence, mais échappent du coup à une transcription 3D pas toujours très heureuse. Certains, comme Kamiyama, sont même plutôt similaires !
Les nouveaux protagonistes, eux aussi, sont assez réussis, bien que peut-être un peu cliché, tout du moins dans leur comportement. Klara, autour de laquelle tourne l’histoire, échappe toutefois aux tonnes de clichés possibles : ce n’est pas une tsundere, ni une introvertie totale, et encore moins quelqu’un de surexcité ou totalement craintif. Simplement, c’est une jeune fille calme et un peu timide, incarnée par Misaki WAKADA (qu’on peut entendre dans Kemono Friends ou encore Food Wars) qui lui donne un caractère appréciable. Les autres personnages, quant à eux, sont bien entendu repris par leur voix habituelles. Sakura est gentille et dynamique, Claris un peu timide mais volontaire, Hatsuho pète le feu en permanence, Anastasia est le calme même et Azami se démarque par son rôle de ninja.
Si graphiquement les personnages peuvent paraître plus attirants que dans le jeu (les modèles 2D et 3D étant un peu différents, cela dépend au final surtout du spectateur), le reste de la série est lui aussi plaisant, encore une fois pleine de couleurs et d’effets lumineux tels que le jeu d’origine savait le faire. On n’est vraiment pas dépaysé si l’on y a joué, et cela vaut aussi dans le rythme des épisodes, satisfaisant sans jamais être ennuyeux et déversant ses révélations à bon rythme, sans traîner en longueur. Avouons tout de même que si cet anime réserve une ou deux toutes petites surprises agrémentant l’univers de la série, celle-ci souffre du syndrome Sailor Moon : hop, je porte une autre tenue (en l’occurrence ici un masque sur les yeux) et je suis quelqu’un d’autre que personne ne va reconnaître. J’ai la même voix, la même coiffure, la même couleur de cheveux, la même carrure, mais aucune importance !
Dans le même registre, on regrettera quelque peu que certains personnages du jeu viennent faire une apparition, le temps de quelques scènes, sans aucune raison si ce n’est « faire acte de présence » (pur fanservice ?). Si la série peut – et doit – fonctionner sans rien y connaître, grâce à son histoire suffisamment bien résumée pour être compréhensible sans dire « hé ! Jouez au jeu sur PS4 hein ! », ces personnages qui ont leur rôle sur console sont totalement anecdotiques ici. C’est donc un gâchis aussi bien pour le joueur que le spectateur, qui ne pourra s’empêcher de se demander « mais c’est qui, celles-là ? »
Bien que la série soit de la pure animation 2D, elle comporte quelques scènes et éléments en 3D, comme par exemple les mechas (Mugen). Le rendu est parfois un peu surprenant, voire étrange, mais se marie bien avec les événements et reste même assez justifié car la 3D ne sert que pour ce qui est mécanique (hormis l’ending et son superbe plan progressif sur les héroïnes).
Du coté de la bande-son, c’est bien évidemment l’éternel Kohei TANAKA qui reprend son rôle, ou en tous cas sa bande-son du jeu d’origine. Celle-ci est parfaitement utilisée pour rythmer les événements, et la retrouver procure quelques frissons, pour peu qu’on l’ait appréciée dans le jeu. Pour les autres, c’est du grand TANAKA, avec son florilège de mélodies douces et touchantes mêlées à de grands orchestres aux sons plus guerriers. Un combo toujours aussi efficace.
Si elle fait un peu vieillotte, la première série Sakura Taisen est un point de départ idéal pour se lancer dans la licence. Avec ses épisodes qui introduisent bien les personnages tour à tour, tout en installant l’histoire convenablement, elle est un bon divertissement qu’il faut regarder avant même les OAVs (encore dans le cas où l’on est novice dans la série). La toute dernière en date, quant à elle, reprend très bien l’ambiance du jeu dont elle est tirée. Elle est malheureusement, sans doute, bien plus réservée à ceux qui ont joué avant, mais reste un divertissement pas prise de tête, agréable et compréhensible de tous dans ses grandes lignes. Si vous êtes prêts à pardonner les clichés vieillots qu’elle contient, c’est comme le jeu : à consommer sans modération et gratuitement sur Wakanim !
©SEGA ©Project Sakura Wars
Merci de rendre hommage à cette belle série !
Pour ma part je viens de terminer le jeu sur Ps4 juste une tuerie ( belle coïncidence d’ailleurs ) Et je me suis fais l’anime dans la foulée , je suis devenue fan de la licence instantanément, juste dommage qu’il y est si peu de produit dérivé , et que ce jeu ne soit pas très connus en Occident…
MERCI en tous cas !!!