La Lame et le Sang – Le Seigneur Maudit de Julien Schneider : entre hommage au cinéma et au théâtre nô
Le premier tome Le Seigneur Maudit de la trilogie La Lame et le Sang aura connu pas mal de rebondissements, entre retard de publication et épidémie de coronavirus, mais il est enfin disponible. Journal du Japon vous propose d’en savoir plus sur cette nouvelle saga fantasy dans le Japon féodal de Julien Schneider à paraître dans la collection Kabuto des éditions Ogmios. Entre hommage au cinéma japonais et au théâtre nô, nous reviendrons sur la genèse du roman avec l’auteur et l’éditeur.
Un hommage au cinéma japonais et à Akira Kurosawa
Un prologue qui annonce la couleur : rouge sang !
L’histoire commence fort et débute avec une scène de combat très cinématographique qui ravira les cinéphiles et les fans de films de samouraïs. Directement dans l’action, le lecteur plonge dans le Japon médiéval. A cette époque, les samouraïs, rōnin, brigands et mercenaires font couler le sang et imposent leurs lois. Le prologue permet ainsi sans tarder de présenter le héros Takeshi et ses qualités de bretteur…
« Takeshi appuya sur le bouton que lui seul pouvait voir. Une lame jaillit du manche, transformant le bout de bois en faucille. D’un puissant revers, il enfonça la lame dans le torse de Morihei. La douleur lui fit cracher le saké qu’il avait en bouche vers le feu, faisant crépiter les flammes. Par pur réflexe, le brigand saisit le morceau de bois. Dans un bruit écœurant, Takeshi tenta de retirer sa kama du corps, mais comprit vite qu’entre la poigne du mercenaire mourant et la lame coincée dans le sternum, cela lui prendrait trop de temps. En face de lui, le rônin s’était déjà relevé et Atsuji se dirigeait vers ses affaires. Takeshi se jeta sur sa droite et dégaina tout en se relevant en face du mercenaire. Celui-ci venant de se retourner et tenait son arc de ses deux mains, la première arme qu’il avait trouvée. L’arc fut coupé en deux et une gigantesque gerbe de sang gicla de la poitrine du voleur. Celui-ci eut à peine le temps de tomber à genoux que Takeshi se tenait déjà en garde pour affronter le troisième homme. »
… mais aussi sa lame démoniaque qui aime s’abreuver du sang des victimes du guerrier.
« La mort était une fin un peu trop facile pour ces nuisibles. Pourtant, ce n’était pas du goût de sa lame. Elle était encore assoiffée de sang et la présence si proche d’une personne si facile à tuer la rendait folle de rage. Takeshi luttait pour lui résister. Il avait accepté la requête du village malgré le prix dérisoire qui avait été offert, en espérant étancher la soif de son arme. Son sabre voulait du sang. Récemment, la tache rouge s’était agrandie et cela inquiétait Takeshi. Les pulsions de l’arme devenaient de plus en plus fortes et la marque avait maintenant atteint la moitié de la lame? Quand son maître la lui avait légué, elle ne s’étendait que jusqu’à son quart. »
Ce sanglant prologue en guise d’introduction pose le cadre et annonce déjà les aventures et les combats à venir… Il y aura du sang, beaucoup d’hémoglobine ! Et la série ne fait que commencer. La lame est comme un aimant à danger : les situations pour que Takeshi dégaine son arme ne manqueront pas.
Yojimbo ou le garde du corps d’une noble pour une quête de réponses…
A peine arrivé au village après avoir effectué sa mission, le mercenaire se retrouve à nouveau face à des ennuis. Le destin l’amène dans le seul izakaya du coin, repère de yakuzas. Dans cette auberge, il y fait la rencontre de son ancien frère d’armes, Akira qui est devenu le garde du corps (yojimbo) de Mariko. Cette mystérieuse jeune noble, dépossédée de ses terres par son oncle, cherche à les récupérer et propose d’engager Takeshi en échange d’informations sur son arme maudite qui se trouvent dans la bibliothèque du château de l’usurpateur de son trône.
Takeshi accepte d’escorter la noble à la condition d’intégrer à leur groupe Murazaki en expliquant : « Si je dois combattre un ou plusieurs mages, moines ou autres sorciers, je tiens à en avoir une de notre côté. Elle vit à Edo, c’est sur notre route. Ça me désole de le dire, mais elle a plus qu’un héritage mystique. Elle est peut-être plus douée que vous. De plus, c’est une excellente archère. » Plus qu’une simple mission de garde du corps, la bande aura la lourde tâche de sauver le Japon. Le seigneur maudit menace en effet de créer une armée grâce à son orbe magique pour renverser le Shōgun et monter sur le trône du chrysanthème.
« L’Empereur… commença le seigneur Hino d’une voix maitrisée, l’Empereur est devenu une marionnette. Le descendant d’Amaterasu ? L’héritier de la lignée de la déesse de la lumière est devenu un pantin fragile dont le Shogun tire les ficelles. Où est le dieu vivant qui protégeait l’Empire ? Il n’est plus. Qu’est devenu l’héritage divin du trône du Japon ? Une honte, un déshonneur et cela depuis des siècles. Des daimyos des seigneurs sans gloire se sont fait domestiquer par l’argent, les terres, les danseuses du shogunat et aujourd’hui, notre terre ne porte plus que des lâches. Mais ici, dans cette salle, avec moi, avec vous, nous mettrons fin à tout cela. […] Demain, un véritable dieu sera sur le trône du Japon […] Et vous, vous serez l’armée divine impériale nippone. »
Peu nombreux, l’histoire se resserre autour de 5 protagonistes : Takeshi, Akira, Murazaki, Mariko et le sorcier maudit. L’auteur maîtrise ainsi bien son récit : l’enchaînement des actions est fluide et il y a un bon équilibre entre les descriptions et les dialogues. Certes, le schéma narratif est classique mais cela a l’avantage d’être efficace au moins ! Les nombreux retours en arrière tombent aux bons moments à chaque fois pour mieux comprendre les liens entre les personnages : les relations maître et élèves ; entre les deux anciens frères d’armes ; les sentiments et le drame qui unissent Takeshi et Murazaki ; ainsi que l’histoire du clan de sorciers de Mariko.
L’art d’allier les traditions japonaises et la mythologie dans un récit de samouraïs
Les arts et les traditions ont toujours eu leurs places dans les films de samouraïs. Citons les scènes de théâtre nô dans les films de Akira KUROSAWA : Kagemusha et Le Château de l’araignée. N’oublions pas les danseuses accompagnées des percussions et des shamisen dans Yojimbo que l’on doit encore au même grand réalisateur japonais. Les films japonais du genre, en plus des combats de sabre explosifs et percutants, contrairement aux apparences, sont riches et offrent aussi des décors dépaysants qui appellent à la sérénité et des scènes de nihon buyō (danse traditionnelle japonaise) notamment. Tambours battants, claquements des chaussures en bois et joie communicative… Ce sont aussi des scènes inoubliables où des villageois partagent des danses comme la fête du feu dans La Forteresse cachée d’Akira Kurosawa ou la danse finale dans le film Zatoichi de 2003 de Takeshi KITANO.
En passionné par le Japon, ses arts et son histoire, Julien Schneider enrichit son récit guerrier avec des éléments de la culture japonaise. Ses études sur le théâtre, nô inclus, alliées à sa connaissance des arts martiaux permettent de s’immerger dans un Japon féodal riche en détails et plus vrai que nature. L’auteur réussit à démontrer que la pratique martiale et l’expression scénique ne sont pas si différentes et qu’elles partagent beaucoup. On pourra regretter que la dimension religieuse est peu développée : le bouddhisme et le shintō sont assez peu présents dans le premier tome. Durant son voyage, Takeshi rencontre une divinité qui se présente à lui sous cette énigme : « Je suis celui qui aime tout le monde, car tout le monde n’a pas toujours été un adulte ». Cette rencontre divine pourra manquer de panache pour certains : cette partie fantastique est peut-être la moins bien écrite. Sans dévoiler les explications sur l’arme maudite de Takeshi, le lecteur appréciera toutefois la partie mythologique empruntée au Kojiki. On vous conseille d’ailleurs de lire notre dossier « Kojiki, chronique des faits anciens ».
Julien Schneider et ses multiples influences : de l’horreur de Stephen King à la fantasy de David Gemmell en passant par les films d’Akira Kurosawa
Journal du Japon : Bonjour et merci d’avoir accepté l’interview pour nous en dire plus sur vous et l’écriture de votre première trilogie publiée aux éditions Ogmios.
Dans la quatrième de couverture, on vous décrit comme étant un “passionné par le Japon, ses arts et son histoire”. D’où vous vient cette passion et à quand remonte-t-elle ?
Julien Schneider : Elle remonte à loin maintenant. Il y a eu une première approche à mes 6 ans, avec le judo, pendant 5 ans. Il paraît que je ne parlais pas de grand-chose d’autre… En même temps, j’avais un grand-père qui me parlait souvent de Maître Mikinosuke Kawaishi, le judoka à qui l’on devait la si forte présence de la discipline en France. Après, j’ai repris le ju-jitsu à mes 16 ans et c’est vite devenu quelque chose qui a influencé d’autres paramètres dans ma vie : la lecture, le cinéma, les hobbies…
Depuis l’âge de 15 ans, il est aussi dit que vous écrivez. Qu’est-ce qui vous a donné envie de commencer si jeune ? A l’époque, de quel genre d’écrit s’agissait-il ?
Je venais d’arriver au lycée, je découvrais un atelier théâtre qui me faisait voir que j’étais capable de certaines choses, une sorte d’émulation créative. À côté de ça, c’était ma période Stephen King. Je me suis lancé une sorte de défi personnel en écrivant ma propre histoire d’horreur, inspirée d’une vieille légende de mon village. Je me suis pris au jeu, ça ne m’a jamais quitté. Et j’ai vite trouvé du soutien avec des amis bêta-lecteurs, ma prof de lettres qui corrigeait mes écrits et m’encourageait.
Après Seppuku de Romain d’Huissier, c’est une trilogie inédite qui paraît dans la collection Kabuto qui regroupe des récits de fantasy dans le folklore du Japon médiéval. Comment s’est déroulée votre première aventure avec les éditions Ogmios ? S’agit-il d’un appel à texte ? Est-ce votre première expérience dans l’édition ?
J’avais proposé mon tome 1 à quelques maisons d’édition, mais je n’avais pas eu de retour. En même temps, je ne trouvais pas vraiment de maisons qui avaient ce genre d’ouvrages dans leur collection, ou bien elles étaient trop grandes pour s’intéresser à mon histoire. Un ami m’a conseillé Ogmios et j’ai tenté ma chance. Après une première rencontre avec le directeur, Raphaël Crouzat, on s’est lancé dans l’aventure. Comme c’est effectivement ma première expérience dans cet univers, j’ai beaucoup appris avec eux et je sais que ça va continuer.
Beaucoup d’histoires ont lieu dans le Japon médiéval. Pourquoi avez-vous choisi cette période précise de l’histoire japonaise ? A votre avis, pourquoi fait-elle couler autant d’encre et inspire-t-elle autant les auteurs ?
Je sortais de Troie, de David Gemmell et je me disais qu’il manquait une histoire avec ce ton réaliste dans un univers de samouraïs. Les ninjas du Clan des Otori ne m’avaient pas autant convaincu. Comme je vous le disais, je faisais encore beaucoup de liens entre ce qui m’entourait et le Japon, ça s’imposait à moi. Et je pense que je ne suis pas le seul à trouver dans cette époque et ce pays ce qui me manque : le zen, une autre poésie, les mythes encore vivants, la sobriété, cet humour décalé, mais aussi des valeurs dans lesquelles on se retrouve. Les chevaliers de la Table ronde nous font les mêmes effets, mais notre Moyen Âge est loin. Le Japon des samouraïs et de l’ère Tokugawa est presque à portée de main. On en a même des photos ! Tout ceci représente une fabrique à histoires, un imaginaire qui est encore, somme toute, peu présent dans la littérature française. Ceux qui s’y attellent comblent une espèce de vide.
Comment avez-vous abordé l’écriture pour éviter de tomber dans les clichés ou le déjà-vu ?
Je voulais me baser sur des aspects peu exploités dans ce que j’avais lu. Je voulais des combats réalistes, pas les échanges à rallonge qu’on voit dans les films modernes, mais les duels fugaces et sanglants que Kurosawa nous faisait entrevoir. Le chambara ne donnait pas de place à la magie. Pourquoi ne pas allier les deux ? Le nô, que je venais d’étudier pour mes deux mémoires de fac, permettait aussi un angle original, en liant la danse et le combat, en mettant en évidence l’omniprésence d’une dimension artistique depuis la scène jusqu’aux arts du sabre.
Une partie du premier tome semble décrire des évènements de votre vie comme le drame de la perte d’un enfant… mais aussi vos passions comme les arts martiaux et le théâtre nô. Est-ce que l’écriture de ce premier tome a une visée cathartique, un besoin de mettre “des mots sur les maux” ?
La perte de ma fille a été l’élément déclencheur. Takeshi devait être un test, une nouvelle sanglante pour me défouler, donner un peu de sens à ce que je vivais en mettant en scène des morts violentes, mais motivées par une espèce de karma. L’inverse de ce que je vivais. Le Seigneur maudit, en tant que roman, n’était pas encore un projet, je voulais juste écrire une petite histoire, voir si j’étais capable de décrire ces duels aux sabres réalistes que Gemmell me donnait envie d’écrire. Il ne devait pas y avoir de magie, juste cette histoire qui me sert aujourd’hui de prologue. Mais ça ne m’a pas suffi. J’avais encore besoin d’écrire et l’histoire s’est mise en place petit à petit, suivie des squelettes des deux tomes suivants. Forcément, j’ai décrit ce Japon par ce que je connaissais : les mythes, le nô, le go, les arts martiaux. C’était une évidence, des outils pour m’aider à aller mieux. Passer le tome 1, c’est devenu moins cathartique justement. J’allais mieux, je me suis laissé porter par l’histoire, mais ma fille était toujours en toile de fond.
Dans Le Seigneur Maudit, quelles sont vos sources d’inspiration ? Pour la création des personnages, vous êtes-vous servi de modèles historiques ? Quelles recherches avez-vous effectué ?
Au fil de mes années d’étude et de loisirs, j’avais engrangé des lectures de romans, des essais, des articles, mais aussi des films, des bandes dessinées diverses… Pour le nô, j’avais beaucoup en tête un mélange de l’essai de René Sieffert La tradition secrète du nô et du roman historique Le Démon du nô de Nobuko Albéry. Pour les arts martiaux, j’étais décidé à faire un mélange entre l’aïkido que je pratiquais pour les techniques de sabre et le ju-jitsu pour les combats à mains nues. J’avais souvent en tête la sévérité d’un Tôshirô Mifune pour Takeshi, mon personnage principal, ou l’ironie d’un Takeshi Kitano pour son maître. Les films de Kurosawa étaient évidemment des références.
Quel personnage a été le plus difficile à créer et quel est celui que vous préférez ? Pour quelles raisons ?
Le personnage qui m’a donné le plus de mal était justement le seigneur maudit. Je ne voulais pas d’un méchant simplement méchant. Je voulais des nuances, des faiblesses et une détermination qui était motivée par des évènements personnels. Ce personnage devait être un samouraï, lui aussi. Il devait s’agir d’un homme prêt à mourir pour respecter sa voie, une voie qu’il pense juste, mais dont le poids est plus lourd parce qu’il est un seigneur, pas simplement un bras armé.
Quelle est, selon vous, votre plus belle réussite dans le premier tome et ce qui vous rend le plus fier ?
Je dirais que c’est le dosage. Je devais présenter les personnages tout en me laissant des choses à dire par la suite. Je devais donner des éléments de narration sur lesquels je pouvais rebondir dans les tomes suivants. Il fallait que je raconte une histoire sans pouvoir donner tous les éléments, car les personnages principaux les ignoraient aussi. Et au milieu de tout ça, il me fallait une histoire qui tienne debout, qui donne envie de tourner les pages, qui livre des réponses, qui pose des questions en donnant envie d’aller plus loin… Il me fallait ce mélange de découvertes et de mystères qui fasse que le lecteur veuille en savoir plus. Pour l’instant, les retours me font dire que l’alchimie tient la route.
Vous avez pratiqué différents sports de combat et vous avez étudié le théâtre (nô notamment) et on retrouve cette pratique et cette expertise dans les descriptions des duels et des représentations de théâtre. Qu’en est-il pour les éléments fantastiques, dont les kami ?
Je crois que ce qui m’a fait mieux comprendre les croyances shintoïstes reste le film d’animation Princesse Mononoke de Miyazaki. Tout ce que j’y ai vu a été confirmé par ce que j’ai lu ensuite, même dans Le Dit du Genji, ce roman millénaire qui a servi de base à de nombreux nô. Le nô, d’ailleurs, est une excellente source d’inspiration quand on aborde des histoires de kami, de magie, de fantômes, de yokaï, d’oni… Et dès que vous grattez le vernis du fantastique au Japon, qui fait partie intégrante de cette société, vous découvrez un bestiaire, un panthéon, une généalogie… Quand vous pratiquez les arts martiaux, vous pouvez aussi très vite y mettre un pied. Il suffit de lire un texte de Morihei Ueshiba, le fondateur de l’aïkido, pour le voir [NDLR : plus d’information sur la vie d’O-sensei dans notre article « Shintô & Aïkidô : Sur la Voie de la Paix »]. Si vous pratiquez le kendo, vous allez tomber sur l’histoire de la lame de l’empereur du Japon. Tout est lié.
Dans la campagne de financement participatif, il est précisé que les 3 romans sont inspirés par les films d’Akira Kurosawa, mais aussi la fantasy de David Gemmell. Pouvez-vous nous en dire plus sur l’ambiance cinématographique très présente et cet auteur anglais pas forcément connu de tous nos lecteurs ?
On ne peut pas vraiment dire que l’on connaît bien le Japon sans avoir vu un film de Kurosawa. Prenez-en un au hasard, vous apprendrez quelque chose, sur le Japon comme sur le cinéma. Je l’ai surtout étudié à travers Le Château de l’araignée. Voilà un film qui mélange complot de cour et fantastique ! Si vous voulez en savoir plus sur les guerriers japonais, Les 7 samouraïs est un indispensable. Mais Sanjurô a été une véritable claque pour moi. Tôshiro Mifune m’a montré ce qu’était un samouraï capable d’échafauder des plans précis, qui ne perd jamais son sang froid, mais qui sait quand il doit massacrer tous les occupants d’un château si c’est indispensable. David Gemmell, lui, c’est l’auteur qui m’a montré qu’un roman de fantasy pouvait être réaliste, concret et sans fioriture. Son Druss est une autre sorte de samouraï, Waylander sait mieux que quiconque ce qu’est de vivre avec la mort… Il apporte une crédibilité à ses histoires comme s’il en avait vécu les péripéties lui-même.
Sans en dire trop, quels liens unissent les 3 tomes ? Chaque tome aura-t-il son thème avec des personnages en commun, dont le héros Takeshi et sa lame démoniaque ?
La trilogie raconte l’histoire d’un sabre maudit et de son porteur, héritier d’une école sans nom qui se transmet ce fardeau de maître à élève. Une montée en puissance lie les trois tomes avec ses personnages qui évoluent, ceux qui apparaissent, ceux qui quittent l’histoire… En revanche, j’ai voulu donner un ton particulier à chaque volume. Le premier parle de magie et d’arts martiaux ; le second lie le nô, le sabre et le jeu de go ; le troisième est plus porté sur la dimension mythologique, que ce soit celle autour du sabre maudit ou celle du Japon qui est juste envoûtante.
Avez-vous fini l’écriture des 3 tomes ? Avec l’épidémie de coronavirus, du retard est-il à prévoir par rapport à votre planning de sorties initial ? Une date ou un horizon à annoncer pour la sortie du deuxième tome Les Masques de Chairs ?
Le planning initial de la campagne Ulule a malheureusement pris du retard pour diverses raisons, mais les contributeurs sont régulièrement informés des avancées. Ils savent que les trois tomes sont déjà écrits. Nous sommes sur une relecture finale du tome 2 avec, en parallèle, un travail sur le tome 3, Le Loup des dieux, pour nous assurer qu’aucune incohérence ne se serait glissée dans l’histoire. On peut espérer une sortie du deuxième volume Les Masques de chairs pour octobre prochain.
Interview de Raphael Crouzat pour La Lame et le Sang – Tome 1 : Le Seigneur Maudit
Journal du Japon : L’épidémie de Covid-19 a-t-elle eu un impact ? Aviez-vous prévu des dédicaces, des salons du livre ou des conventions comme Japan Expo par exemple ?
Raphael Crouzat : Malheureusement et comme beaucoup de confrères, nous avons été lourdement impactés par l’épidémie. Même si nous sommes peu présents en librairie pour le moment, la fermeture de ces dernières a été difficile. Mais le plus dur reste l’annulation (ou le report lointain) de nombreux salons ou conventions. C’est pour notre maison encore jeune une véritable opportunité de rencontrer les lecteurs et lectrices et de se faire connaître, mais aussi d’y vendre nos ouvrages. Alors fatalement oui cela nous a impacté, même si nous vendons aussi nos ouvrages via notre boutique en ligne.
Mais c’est le cas pour absolument toute la chaîne du livre qui connait des temps difficiles. Je n’ose imaginer l’impact pour justement les organisateurs de ces salons et conventions ou sur les nombreuses librairies… Alors malgré tout cela, nous avons décidé de continuer d’avancer sur notre planning de publication. Bien sûr, tout n’a pas forcément avancé au rythme que l’on aurait souhaité mais nous avons continué d’avancer.
Avec La Lame et le Sang, les éditions Ogmios prennent des galons. Pour une maison d’édition de votre taille, cela doit mobiliser toute l’équipe. Le travail est-il différent par rapport aux nouvelles ou livres de plus petite taille parus auparavant ?
Pour Ogmios, la Lame et le Sang est un gros morceau et il faut bien avouer qu’au départ nous avions sous-estimé cette masse de travail. Mais nous avons tiré les leçons qui s’imposaient et pris des décisions pour avancer au mieux dans le travail, notamment en renforçant l’équipe sur la période nécessaire pour traiter cette trilogie. D’autant plus que nous avons d’autres projets en parallèle qui doivent eux aussi avancer.
Le travail en lui-même n’est pas tellement différent mais juste plus long car finalement on approche du million de signes à traiter, à corriger et à commenter. Pour autant, le travail se fait de façon classique. Nous commentons de notre côté les textes reçus de Julien ; on suggère des modifications ; on met en évidence des passages à reprendre ; on rationnalise le style. Cela se fait en plusieurs passages et échanges avec Julien. Une fois cette étape finalisée, le texte part en correction pour l’orthographe et la grammaire, puis nous passons à l’étape de la mise en page et enfin à la fabrication avec l’imprimeur.
Après Seppuku de Romain d’Huissier, la collection Kabuto s’enrichit d’une trilogie. Avez-vous des informations sur les prochaines sorties ?
On en a peu à communiquer pour le moment. Mais dans nos prochaines sorties, il devrait y avoir un premier roman d’une jeune autrice. Nous avons beaucoup aimé ce qu’elle nous a proposé. Il y a une véritable richesse dans l’univers et les personnages, le tout porté par un style agréable. Le texte est plus fantasy que les précédents, mais l’autrice y apporte une touche personnelle pleine de fraîcheur et le lien avec le Japon reste extrêmement fort.
Nous prévoyons aussi de lancer un appel à texte d’ici les prochains mois (enfin plutôt le prochain mois) pour continuer à agrandir la collection. Nous voulons installer durablement cette collection dans notre maison.
Journal du Japon tient à remercier les éditions Ogmios, et tout particulièrement Raphael Crouzat ainsi que Julien Schneider qui se sont rendus disponibles pour répondre à nos questions.