Samouraïs, guerriers légendaires du Japon par Julien Revol
Profitons de la sortie récente du jeu Ghost of Tsushima sur PS4 pour reparler du samouraï, ce guerrier nippon qui fascine tant les Japonais mais aussi les Occidentaux et qui véhicule pas mal de clichés… Que cela soit au cinéma, dans les jeux vidéo ou dans les mangas, l’image du samouraï est assez déformée de la réalité historique. À travers sa collection en 5 tomes SAMOURAÏS, Julien REVOL compte bien tordre le cou à ces nombreuses idées reçues que l’on a (presque) tous.
Après la présentation de la collection SAMOURAÏS et du premier tome Guerriers légendaires du Japon, riche en informations, l’auteur a répondu à nos questions sur sa passion des samouraïs et de l’écriture, sur son choix de l’auto-édition mais aussi ses lectures qu’il conseille sur le Japon féodal… Une magnifique découverte pour un voyage instructif dans le Japon du Moyen-Âge !
Armures de samouraïs exposées au musée Guimet lors de l’exposition « Daimyo – Seigneurs de la guerre au Japon » ©Photos de Aude Boyer pour Journal du Japon
Une compilation complète en 5 tomes pour tout connaître sur les samouraïs
La compilation est divisée en 5 tomes de taille raisonnable d’un peu moins de 300 pages chacun pour permettre un plan de lecture intelligent où chaque volume explore une thématique.
Tome 1 : Samouraïs – Guerriers légendaires du Japon (déjà paru)
Tome 2 : Samouraïs, Pirates Moines-guerriers et Ninjas (à paraître)
Après avoir exploré l’histoire et les caractéristiques des samouraïs dans le premier tome, ce 2e volume aura pour sujets de singuliers samouraïs : des femmes ; des rōnin ; des miliciens ; des pèlerins ; les pirates wakō ; les moines-guerriers sōhei ; les ascètes des montagnes, yamabushi ; et les shinobi. Seront aussi au programme les redoutables ligues ikki, les arts du Japon féodal et les religions et croyances.
Tome 3 : Histoire des Samouraïs – Le cycle des Minamoto (à paraître)
Tome 4 : Histoire des Samouraïs – Le cycle des Ashikaga (à paraître)
Tome 5 : Histoire des Samouraïs – Le cycle des Tokugawa (à paraître)
L’histoire, des Minamoto aux Tokugawa en passant par les Ashikaga, permettra d’approfondir plus encore le Japon féodal. Grâce à ces 3 cycles sur les différents shogunats, c’est toute l’histoire militaire des samouraïs qui sera ainsi retracée : de leur apparition, leur âge d’or, jusqu’à leur déclin. Les 5 tomes balayeront ainsi l’essentiel à savoir sur le Moyen-Âge nippon et les guerriers légendaires du Japon. La saga constitue donc une belle collection de livres à posséder pour tout japonophile et féru d’histoire en général.
Tome 1 : du bushi au samouraï, l’évolution du guerrier légendaire à travers les âges
Pour commencer, avec le premier tome intitulé Guerriers légendaires du Japon, Julien Revol pose les bases en décrivant l’évolution des bushi (« guerrier gentilhomme« ) à travers les époques de manière synthétique, en présentant l’organisation et l’équipement (armes et armure) des guerriers (bushi puis samouraïs). Pour les néophytes de l’histoire du Japon, cette première partie est très bien écrite et d’une grande clarté, avec ses nombreuses illustrations facilitant ainsi la lecture et la compréhension.
Le deuxième chapitre fait l’inventaire des différentes armes du samouraï : des plus connues comme l’arc, le katana ou l’arquebuse teppō mais aussi beaucoup moins comme la hache masakari, la masse ōtsuchi ou la massue kanabō. Chaque arme a droit à sa présentation assez détaillée et toujours synthétique, avec diverses illustrations (photographies, estampes, schémas). L’arc yumi a droit à une attention toute particulière dans un paragraphe vraiment très intéressant qui déconstruit le mythe du samouraï avec son katana comme arme principale. Dans le paragraphe réservé aux sabres, la partie sur la forge des lames pourra en laisser certains sur le carreau (l’espace de 5 pages seulement) à cause de la terminologie complexe, là où des définitions et explications supplémentaires auraient été appréciables. Sur le sujet, nous vous conseillons d’ailleurs l’excellent documentaire diffusé par Arte « Le katana, sabre de samurai ».
Armures de samouraïs exposées au musée Guimet lors de l’exposition « Daimyo – Seigneurs de la guerre au Japon » ©Photos de Aude Boyer pour Journal du Japon
Pour revenir sur le livre et finir sur les armures et les armes : le chapitre suivant, assez court, est dédié à la mise en place de l’armure moderne tosei gusoku, fréquente à l’époque Sengoku. On ne quitte plus cette période dite « des provinces en guerre », importante du Moyen-Âge japonais qui, après un siècle d’affrontements entre grands seigneurs (daimyō), a permis l’unification du pays sous la bannière des Tokugawa et la pacification du pays sur une longue période de plus de 250 ans, l’époque d’Edo (1603-1868).
Dans le chapitre « Armées et guerres à l’époque Sengoku » d’une trentaine de pages, l’auteur explore et détaille l’organisation et la structure d’une armée typique du Sengoku jidai. En prenant l’exemple des Shimazu qui comptaient 3 000 hommes en 1411, 5 000 en 1484 et près de 100 000 guerriers en 1576, on comprend aisément que la guerre s’intensifie, en ces temps troubles de luttes quasi perpétuelles entre seigneurs, et se professionnalise. Au gré des conquêtes d’un daimyō et des rapports de force, les alliances se font et se défont. Il existe ainsi différents liens de vassalité dans le kashindan, « l’organisation des serviteurs de la maison ». Par ordre d’importance, il y a les membres de la famille du seigneur (ichimon) ; suivis des fudai, c’est-à-dire les vassaux de la première heure ou les membre de la famille éloignée ; et enfin, les tozama, les « seigneurs extérieurs », ceux qui ont rallié tardivement le suzerain ou suite à une défaite.
L’armée d’un seigneur n’est pas homogène et s’avère en fait l’amalgame de l’armée du suzerain (daimyō) et de celles de ses vassaux (kashin). Selon le niveau de confiance, le seigneur organise la structure et la chaîne de commandement. Le daimyō est épaulé par des bugyō, des surintendants pour administrer la province, et des taishō, des généraux pour diriger les corps d’armée. Julien Revol donne des anecdotes intéressantes démontrant l’importance du suzerain sur le champ de bataille (même s’il est à l’abri et protégé par sa garde de soldats d’élite, les hatamoto). Sa présence galvanise les troupes : c’est ainsi que des daimyō ont recours à des sosies… Le kagemusha, « guerrier de l’ombre » au visage masqué par un menpō avec la bannière personnelle du seigneur prend donc sa place au milieu de ses hommes pour les motiver et aussi tromper l’ennemi. L’histoire de Shingen TAKEDA et sa mort cachée – son sosie prenant sa place le temps de réorganiser le clan – a inspiré le réalisateur japonais, Akira KUROSAWA pour son film Kagemusha.
Après le paragraphe sur la vassalité et le commandement, et avant de parler des batailles de l’époque Sengoku, l’auteur détaille les préparatifs avec l’enrôlement des troupes puis la marche de l’armée. À cette période, contrairement à l’époque Edo, les soldats ne sont pas regroupés dans les villes et sont ainsi disséminés un peu partout sur le territoire. À l’appel aux armes du suzerain, chaque petit seigneur ou jizamurai doit se mobiliser et fournir selon son statut et ses richesses un nombre déterminé de cavaliers, de fantassins et de troupes auxiliaires. Beaucoup de paysans sont recrutés – de gré ou de force – pour grossir les rangs des ashigaru, infanterie à pied faiblement protégé qui combat avec des naginata, des lances (yari) puis les armes à feu avec l’arquebuse teppō. L’auteur décrit ensuite la mise en marche de l’armée avec les éclaireurs, l’avant-garde, le corps principal avec le daimyō et ses hatamoto et l’arrière-garde avec le train d’approvisionnement. Des shinobi sont envoyés prendre des renseignements et les communications se font par des signaux sonores ou des messagers tsukai-ban. L’intendance et la logistique sont très importantes : 30 à 70% des effectifs sont des non-combattants ! Manquer de ressources revient inévitablement à une défaite et le général en charge de l’approvisionnement n’est pas choisi au hasard et doit avoir toute la confiance du daimyō.
L’ouvrage passe en revue les unités de combat en commençant par les unités spéciales avec les hatamoto puis les unités de samouraïs à pieds (kahizamurai) ou montés (kibamusha) et les unités d’ashigaru constituées par spécialité (corps de lanciers, d’arquebusiers et d’archers). Puis vient le déroulement des batailles. Le Japon étant une terre de superstitions populaires et de religions aux influences shintō, bouddhistes et taoïstes, les généraux n’oublient d’adresser leurs prières aux kami et aux bouddhas avant de partir à la guerre. Citons en exemple : Hachiman, kami de la guerre ; le kami de leurs ancêtres ; Fudō Myōō, divinité associée au feu et à la colère qui est l’un des cinq rois du savoir et gardiens de la loi bouddhique. Des astrologues et maîtres du ki (ou chi) d’inspiration taoïste conseillent et indiquent aux seigneurs les jours fastes ou néfastes pour partir à la guerre. L’époque Heian et de la guerre de Genpei est loin, finies les armées dépassant rarement le millier d’hommes. Tout au long de la période Sengoku, les batailles passent de petites escarmouches entre voisins à de grandes campagnes d’unification du pays sous Nobunaga ODA puis Hideyoshi TOYOTOMI à la mort de son défunt maître. Nous vous conseillons d’ailleurs notre article en deux parties sur les trois unificateurs du Japon et cette période célèbre et passionnante du Japon : de la guerre d’Ōnin à la période Sengoku et de la bataille de Sekigahara à la Pax Tokugawa.
Les guerres sont souvent longues car les cibles sont généralement des châteaux situés à des endroits stratégiques, sur des carrefours de communication importants. Dans le paragraphe sur les forts et les sièges pendant la période Sengoku, on peut apprendre que les assiégés ont peu de chance de s’en sortir. Même si les forts peuvent avoir accès à une source d’eau, la nourriture finit toujours par manquer… Le seul moyen de lever le siège est qu’une armée de libération attaque les arrières des assiégeants. En tant que lecteur, on apprécie les exemples donnés par l’auteur avec les différentes options dont disposent les assaillants, mais aussi les moyens de défense mis en œuvre pour résister. On constate et s’étonne aussi du très faible usage des canons, peu mobiles lors des sièges. Les Japonais ont utilisé quelques trébuchets et le plus courant reste l’arquebuse de très gros calibre : on trouve un modèle de 135 kg et de 3 mètres de long à Osaka ! Après la bataille, lors de la cérémonie appelée gokumon, les samouraïs présentent à leur seigneur la tête des ennemis vaincus. Plus que le nombre, c’est surtout l’importance de la victime qui donne gloire et récompenses. Des investigations et interrogatoires sont menés pour confirmer l’identité des têtes.
Après les sièges et les forts, vient très logiquement le chapitre sur les châteaux qui revient sur leur évolution (des forts saku aux châteaux shiro / jō) ; leur structure avec les différentes parties (les fondations en pierre, les enceintes, les donjons) ; et présente les plus grands châteaux japonais avec notamment Azuchi et Himeji (pour en savoir plus, retrouvez notre article consacré aux châteaux japonais).
Le premier tome sur les guerriers légendaires du Japon se termine sur un chapitre consacré à leur vie de samouraï. L’auteur revient ainsi sur les points suivants : leur enfance et leur éducation ; leur entraînement au sabre, au tir à l’arc et aux arts martiaux notamment ; leurs loisirs comme le jeu de go, le shôgi, les jeux de cartes mais aussi la musique avec le biwa ou de la flûte et des combats de sumo ; leurs vêtements (kimono, hakama, haori, kataginu). À la toute fin, on retrouve les utilisations singulières du sabre comme : les tameshi giri, les « tests de coupe » réalisés notamment sur des cadavres voire des condamnés à mort ; les exécutions avec le kirisute gomen (« tuer et s’en aller »), droit de mort sur un inférieur social qui manquerait de respect, la vendetta légale avec le katakiuchi ; sans oublier, le seppuku ou suicide rituel qui consiste à s’ouvrir le ventre. Et enfin, l’honneur et l’idéal du bushidō…
Julien Revol : rencontre avec un passionné et un curieux touche-à-tout
Journal du Japon : Pour commencer, d’où vous est venu votre goût du Japon médiéval et plus particulièrement des samouraïs ?
Julien Revol : Pour être honnête, par un pur hasard. J’avais vers les 15 ans quand mes parents m’ont demandé quel livre je voudrais en cadeau. Un peu à court d’idées et aimant l’histoire, je leur ai demandé un livre sur les chevaliers et j’ai reçu un livre sur les chevaliers… du Soleil Levant. Il s’agissait de Les Samouraïs – Le code du guerrier de Thomas Louis et Tommy Ito.
Quels sont vos formation et parcours ? Une formation plutôt littéraire ou historique ?
Aucune des deux ! Je me suis intéressé à beaucoup de choses, spécialement les sciences naturelles et l’histoire puis je me suis orienté vers les sciences techniques pour faire une classe préparatoire puis une école d’ingénierie en mécanique. Je me retrouve aujourd’hui à concevoir des avions chez Airbus mais avec toujours autant d’intérêt pour la nature et l’histoire.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire et de partager vos connaissances ?
Le projet est venu de ma compagne qui, voyant la quantité de livres que je dévorais sur le sujet, dont nombre importés des pays anglo-saxons, m’a dit qu’avec tout ce que je devais connaître je devrais écrire le livre que je ne trouvais pas… Il ne m’en fallait pas plus car j’aime me lancer dans des projets et apprendre à faire par moi-même en découvrant toutes les étapes, outils et processus, que cela soit pour du bricolage ou de l’édition.
Avant de publier votre série de livres en 5 tomes sur les samouraïs, vous avez traduit les contes japonais de Terasa Peirce Williston (Japanese Fairy Tales, first and second series). Pourquoi vous êtes-vous lancé dans la traduction et plus précisément ce recueil de contes ? Pour les raconter à vos deux « samouraïs » à vous, vos enfants, à qui vous avez dédié le premier tome Guerriers légendaires du Japon ?
C’était à la fois pour faire découvrir le folklore japonais à mes enfants et aussi un moyen de tester l’auto-édition. J’ai donc cherché un livre original, présentant une grande variété de contes et de taille contenue car je ne voulais pas que ce projet-test me prenne trop de temps, temps qui me manque cruellement pour tous ces projets que je fais entre mon travail et ma vie de famille.
Quelle expérience en avez-vous retiré ?
Ce projet-test m’a donné envie de renouveler l’expérience pour faire découvrir d’autres contes. J’aborde le sujet des religions et des croyances dans le second tome sur les samouraïs car il s’agit d’un élément important pour comprendre leur culture mais je ne parle pas des contes populaires. Cela m’a aussi permis de découvrir et maîtriser les différents outils d’édition, les obligations administratives, etc. Bref, savoir où j’allais pour mon véritable projet.
Vous avez choisi l’auto-édition. Quels en sont, selon vous, les atouts et les contraintes ?
La contrainte de l’auto-édition est qu’il faut tout faire par soi-même, mais vous l’aurez compris, c’était plutôt une chance pour moi : écrire, mettre en page, créer la couverture, les cartes et schémas, faire les enregistrements à la BnF (NDLR : dépôt légal à la Bibliothèque nationale de France)… Le seul problème pour moi, c’est de trouver le temps et les moyens de faire la promotion. L’atout principal est la totale maîtrise de son projet qui ne se voit pas dénaturer par le choix d’autres personnes : le livre édité est à 100% notre création !
Pour revenir à votre série Samouraïs, combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire les 5 tomes ?
Longtemps ! Trop à mon goût, mais on n’a rien sans rien. J’ai commencé d’écrire courant de l’été 2016 et le premier tome est sorti l’automne dernier, en 2019. Le second est très avancé et j’aimerais pouvoir le publier cette année. Les trois derniers qui retracent l’histoire ont déjà leur matière mais il reste un gros travail d’écriture.
Quel est votre lectorat cible ? Des passionnés du Japon néophytes sur le sujet des samouraïs et/ou des personnes qui souhaiteraient approfondir leurs connaissances sur les guerriers japonais ?
Les deux. Ce premier tome décrit les samouraïs pour faire découvrir ces guerriers et donner envie d’en connaître plus et bien sûr de lire les tomes suivants. Le néophyte pourra éventuellement passer un ou deux chapitres un peu techniques. En même temps, j’ai essayé d’ajouter un maximum d’informations pour que même les connaisseurs y trouvent un intérêt. Surtout, sans doute à cause de ma (dé)formation scientifique, j’ai essayé de structurer clairement les faits et relations pour rendre compréhensible ce qui m’apparaissait toujours obscur après avoir lu parfois plusieurs livres traitant du sujet : je pense notamment au panthéon bouddhiste ou à certains éléments de l’armure.
Quels échos et retours avez-vous eu de vos lecteurs ?
Pour l’instant surtout ceux de connaissances, n’ayant pas pu faire de dédicaces ou de salons. Les retours sont donc bons mais je ne sais pas si ce sont les plus objectifs qui soient.
La première partie du livre retrace l’histoire des bushi / samurai, de l’époque de Nara (710-794) jusqu’à l’époque Edo (1600-1867), en passant par les époques Muromachi (1333-1573) et Azuchi-Momoyama (1573-1600). Le guerrier nippon traverse les âges et son équipement évolue avec les siècles. Quelle époque préférez-vous et pour quelles raisons ?
Ma préférence se porte sur l’époque Azuchi-Momoyama et le Sengoku jidai (époque dite « des provinces en guerre ») où tout est possible : des hommes émergent de l’obscurité, parfois de simples paysans ou marchands, et deviennent de grands seigneurs de guerre. Leur gloire est souvent éphémère. C’est une époque d’innombrables héros, de fidélité confucéenne jusqu’à la mort, mais aussi d’opportunisme, d’alliances de circonstances et d’ignobles trahisons.
Dans le premier tome, vous décrivez les armures, les armes et la vie des samouraïs (l’éducation à l’enfance, l’entraînement, leurs loisirs et leurs valeurs) de manière générale. Les passionnés d’histoire ont souvent des personnages historiques préférés. Quel est votre (vos) samouraï(s) ou clan favori et pourquoi ?
Le clan Shimazu pour son aspect indomptable. L’île du Kyūshū en général et la province de Satsuma en particulier ont toujours été en marge. Le puissant clan Shimazu est relativement indépendant du pouvoir en place. Il sera souvent un support aux oppositions et par exemple, l’artisan de premier ordre de la chute du shogunat Tokugawa. À la fois conservateur et martial, telle la Sparte antique, mais aussi, par la force des choses, il s’agit de l’un des premiers clans à s’ouvrir aux technologies occidentales. C’est également un de ses bushi, Saïgo Takamori, qui mènera le baroud d’honneur des samouraïs « traditionnels » lors de la rébellion de Satsuma en 1877, événement qui marquera la fin de ces guerriers légendaires.
Dans un chapitre, vous expliquez l’évolution des châteaux japonais puis décrivez ses différentes parties avec à la fin, les plus grands jō. Les avez-vous tous visité ? Lequel conseilleriez-vous de visiter en priorité ?
Malheureusement, je n’ai pu en visiter que quelques-uns, n’ayant pu faire pour l’instant qu’un seul séjour au Japon. Je ne serai sans doute pas très original dans ma réponse mais le château d’Himeji ne vole pas sa réputation et vaut vraiment le détour, de part sa beauté mais également du fait que l’intégralité du jō est préservé : les différentes cours, les tours, bâtiments périphériques et le donjon.
En lisant la biographie, on imagine la grande place dans votre bibliothèque qu’occupent les ouvrages sur le Japon féodal et les guerriers nippons. Parmi ceux en anglais, on retrouve les classiques écrits par Stephen R. Turnbull. Quel autre auteur conseilleriez-vous et quel livre en particulier vous a le plus aidé dans l’écriture ?
Sans hésitation, Romulus Hillsborough dont l’anglais est limpide et agréable à lire. Il traite de la période du bakumatsu (la chute du shogunat Tokugawa), au demeurant assez peu couverte. Je conseillerais un livre très complet et qui m’a beaucoup apporté : Samurai Revolution.
Dans vos sources françaises, on retrouve Pierre-François Souyri et René Sieffert qui font autorité en France. Outre les classiques japonais traduits (Traité des Cinq Roues et Hagakure), quel livre pas forcément connu mériterait d’être davantage lu selon vous et pourquoi ?
Je dirai Ikki – Coalitions, ligues et révoltes dans le Japon d’autrefois de Shizuo Katsumata et traduit par Pierre-François Souyri. Il s’agit d’une brillante étude sur toutes ces organisations égalitaires et parfois puissantes regroupant des samouraïs du terroir, paysans ou parfois un mélange hétéroclite des deux qui s’opposent aux seigneurs pour limiter les taxes, s’auto-gérer et parfois entretenir de petites « républiques » pendant un temps.
L’épidémie de covid19 a-t-elle eu un impact sur vos plans ? Aviez-vous prévu des dédicaces, des salons du livre ou des conventions comme Japan Expo par exemple ?
En effet, le confinement lié au Covid19 m’a empêché de faire des dédicaces dans ma région et a également mis mon ouvrage en rupture de disponibilité pendant quelques semaines.
A quel rythme pensez-vous publier les autres tomes ?
Je vise l’année 2020 pour le second tome et j’aimerais ensuite me tenir à en sortir un par an pour les trois derniers.
Avez-vous déjà en tête d’autres projets ?
Oui, trop ! J’ai toujours beaucoup de projets en tête mais pas seulement sur le Japon ou dans l’écriture… et c’est bien le problème, je dois choisir. Mais j’ai en effet envie de traduire d’autres livres de contes ou d’écrire une histoire de Satsuma.
Un dernier mot à nos lecteurs qui découvriront vos livres ?
J’écris mes livres dans le but de rendre accessibles de nombreuses informations, de les structurer clairement pour que le lecteur ait une image nette de ce qu’étaient les samouraïs et autres guerriers du Japon ainsi que de leur histoire. Je voudrais que le lecteur néophyte puisse découvrir ce passionnant Japon et qu’il soit séduit à son tour, et que l’amateur de samouraïs apprenne de nouvelles choses ou obtienne des éclaircissements sur ce qui pouvait encore lui demeurer obscur. Je souhaite surtout que le lecteur, quel qu’il soit, prenne autant de plaisir à lire ces livres que j’ai pu en prendre à dévorer certains ouvrages dont nous avons parlé.
Journal du Japon tient à remercier Julien Revol qui s’est rendu disponible pour répondre à nos questions. Suivez l’auteur et son actualité sur la page Facebook Livres sur les samouraïs.
Quand on parle du Japon, les Occidentaux ont de nombreuses images d’Épinal à l’esprit, les samouraïs et les geisha en bonnes positions. « Le Japon entre modernité et traditions » des magazines et de certains reportages véhiculent de nombreux clichés. Avec sa collection SAMOURAÏS et en compilant de nombreuses sources (japonaises, anglo-saxonnes et françaises), Julien Revol s’emploie à corriger nos idées reçues et à déconstruire notre image des samouraïs du cinéma et de la culture populaire pour dresser un portrait de ces guerriers légendaires qui ont évolué et traversé les âges. Pour la rédaction, ce passionné et curieux touche-à-tout réussit sa mission amplement avec un plan clair et bien organisé, de nombreuses illustrations (110 estampes, photographies, schémas et cartes) et des explications, exemples et anecdotes intéressants qui raviront les néophytes comme les japonophiles !
Image de Une réalisée avec la photographie de l’armure de samouraï présentée au musée Guimet et acquise lors d’une campagne de financement participatif et la couverture du livre Samouraïs – Guerriers légendaires du Japon de Julien Revol.
Bonjour, où pourrais je trouver le premier te des livres de Julien Revol svp
Bonjour,
Le livre est disponible à l’achat sur Amazon : https://www.amazon.fr/Samoura%C3%AFs-Guerriers-l%C3%A9gendaires-du-Japon/dp/2956008633/
Bonne lecture !