Le hanko, impossible de s’en tamponner !
Voilà une pratique qui semble archaïque vu d’ici et qui pourtant dit beaucoup du fonctionnement des institutions japonaises au quotidien. Cette pratique c’est l’utilisation du sceau personnel, hanko en japonais, qui a notamment fait parler de lui durant l’épidémie du nouveau coronavirus. Journal du Japon vous propose de découvrir l’usage de ce petit tampon japonais, objet emblématique du quotidien des Japonais.
Au plus fort de l’épidémie de coronavirus, plusieurs pays ont décidé un confinement des populations conduisant une majeure partie des actifs à travers le monde à opter pour le télétravail durant cette période particulière. En dehors des considérations culturelles qui font que le Japon n’est pas le pays le plus friand de cette pratique (le présentéisme reste globalement la norme), l’usage limité du télétravail au pays du Soleil Levant a permis à un grand nombre d’occidentaux de découvrir l’usage du hanko dans les pratiques professionnelles nippones.
Un sceau ancestral qui résiste dans un monde 2.0
Dans un monde hyper digitalisé où les signatures électroniques ont pris le pas sur un classique autographe en bas de feuille, le tampon personnel japonais, gravé au nom de la personne ou organisme l’utilisant, fait office de signature validant les documents et formulaires officiels. L’utilisation du « hanko » apparaît pour la première fois en Mésopotamie plus de 5 000 ans avant notre ère ! Autant dire qu’il n’avait rien de nippon originellement. En forme de cylindre, ces sceaux en argile puis en cire rouge, vont parcourir les siècles et permettre à leurs usagers de marquer une empreinte de leur sceau.
Il faut attendre l’an 57 de notre ère pour voir le hanko être introduit au Japon grâce à un sceau en or offert par le souverain de la dynastie Han à un émissaire japonais envoyé en Chine. Bien que les temples et gouvernement successifs nippons en aient fait largement usage, c’est une loi entérinée au début de l’ère Meiji, soit plusieurs siècles plus tard (1868-1912), qui officialise l’utilisation du hanko pour l’enregistrement et la certification des documents officiels. Une loi qui étend donc l’utilisation de ce petit tampon à toutes les franges de la société.
Vérifier, contrôler et valider
Traditionnellement de forme ronde ou cylindrique, le hanko est appliqué dans un encreur constitué d’une pâte à pigment rouge, le shuniku puis apposé sur le document à valider, officialiser, signer. Bien que l’usage de la signature manuscrite tende à se répandre, le natsuin (apposition du hanko sur un document) reste cependant la norme. L’inkan (empreinte laissée par le hanko) apparaît très largement sur de nombreux documents officiels. A la banque, à la mairie, à l’immigration, dans le monde du travail, l’usage du hanko est largement répandu.
Pour revenir au faible recours au télétravail dans le milieu professionnel, il faut savoir que le recours massif au hanko est notamment un moyen de savoir si les employés ont consulté, validé, vérifié les documents de l’entreprise. Il peut également servir de pointeuse visant à vérifier la présence ou encore de moyen de pression des managers sur leurs équipes (validations des propositions commerciales, contrats, congés…).
Véritable emblème de la bureaucratie nippone, le hanko varie selon les usages. En dehors de celui servant au quotidien ou dans la sphère professionnelle, les Japonais ont un hanko officiel réalisé sur commande, le jitsuin, qui revêt la plus haute importance juridique. Il sert en effet à valider les achats immobiliers, rédiger un testament, établir des titres de propriété, prêts bancaires. Cet hanko est rigoureusement enregistré à la mairie de votre domicile et il est accessible aux étrangers établis au Japon et aux Japonais à partir de 15 ans. Du coté des banques, ces dernières exigent souvent de leur futur client de fournir un hanko, le ginkôin, pour entériner l’ouverture d’un compte bancaire. S’agissant du hanko utilisé au quotidien, vous pouvez en faire l’acquisition dans de nombreux magasins (Daiso, 100 Yen Shop, Tokyu Hands…). En tant qu’étranger, vous pouvez demander la gravure de votre nom en katakana.
Signatures manuscrites ou électroniques et validations biométriques pénètrent tout doucement dans le quotidien des Japonais mais on imagine mal ces usages supplanter définitivement l’utilisation du tampon. Sauf si le dernier épisode de Covid-19 arrive à faire prendre conscience de la nécessaire digitalisation de certaines pratiques au Japon, ce qui permettrait de mettre réellement à l’abri les populations en ayant enfin recours au télétravail…
1 réponse
[…] Vous pouvez en apprendre davantage sur les hanko dans notre papier dédié : Le Hanko, impossible de s’en tamponner ! […]