L’Amie en bois d’érable : le nouvel album jeunesse de Delphine Roux et Pascale Moteki
Journal du Japon aime vous présenter de beaux albums poétiques et colorés. Ceux du duo Delphine Roux et Pascale Moteki sont tendres et lumineux. Et leur nouvelle collaboration parle de famille, de lien, de transmission, mais également de créativité, d’artisanat. Rencontre avec un duo bienveillant qui accompagne les enfants !
L’Amie en bois d’érable, un livre qui fait du bien
Après nous avoir enchantés avec Bonne nuit Tsuki-san ! , Les petits sentiers d’Obaasan et La ballade d’Asami (en cliquant sur chacun de ces titres, vous arriverez sur les articles dans lesquels ils apparaissent), le duo Delphine Roux et Pascale Moteki revient en ce printemps avec un très beau livre autour d’une kokeshi, cette poupée en bois japonaise dont nous vous avons déjà parlé ici.
La petite Tomoko habite dans une maison à l’ombre d’un grand pin dans un petit village. Curieuse et rêveuse, elle déborde de joie lorsque sa tante Nami lui offre une kokeshi au sourire tendre, peinte de fleurs d’iris.
Cette petite poupée en bois d’érable l’accompagne dans son quotidien. Et lorsqu’elle disparaît lors d’un violent orage, Tomoko est inconsolable. Mais sa tante lui dit « Je suis sûre qu’une bonne âme a trouvé ta poupée et qu’elle en prendra soin« .
Un jour, un céramiste vient initier les enfants de l’école à la manipulation de l’argile. Tomoko ne sait quoi faire de ce bloc. Mais la bienveillance et les mots rassurants de l’artisan la mettent en confiance, et c’est une kokeshi qui prend forme sous ses doigts. De cette rencontre naîtra la vocation de Tomoko, qui, devenue adulte, créera de magnifiques objets dans son atelier.
En flânant dans les rues après une livraison de céramiques, elle découvre dans la vitrine d’une pâtisserie sa chère kokeshi. Elle était donc bien installée chez le pâtissier et sa femme maintenant décédée qui en avait pris grand soin. Cela fait naître en elle un immense bonheur !
Un livre doux qui parle de transmission, de création, de passion, de la vie faite de rencontres qui nous guident, nous construisent, nous rassurent, nous font du bien.
Un livre pour prendre conscience des petits bonheurs du quotidien : observer un insecte sur une feuille, offrir ou recevoir un bel objet, toucher une tasse tiède, humer un thé fumant, fabriquer des années plus tard des tasses pour que d’autres personnes les tiennent dans leurs mains, croquer dans une pâtisserie et bien d’autres petits moments à savourer au fil des pages.
Comme à chaque livre de ce duo, les illustrations délicates et colorées de Pascale Moteki se mêlent au texte pour donner un livre beau et apaisant, comme on mordrait dans un gâteau marbré.
Chaque page montre sur les visages la gentillesse, un sourire, des joues roses, une bouche rouge qui dit des choses rassurantes … et un univers cocon, aussi bien celui d’un salon de thé que d’un atelier de céramiste ou d’une pâtisserie dans laquelle tout met l’eau à la bouche. Les illustrations sont dans des tons harmonieux et chauds, comme l’ocre d’une motte d’argile ou d’une pâtisserie sortie du four !
Une lecture à partager au plus vite avec ceux qu’on aime !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Rencontre de deux artistes qui goûtent la vie avec tous leurs sens
Journal du Japon : Bonjour à vous deux… Vous avez déjà écrit plusieurs livres ensemble. Comment naissent les idées de livres ? Les mots d’abord et les illustrations après ? Des thèmes évoqués ensemble ?
Delphine Roux : Nos albums commencent toujours par une histoire que j’ai écrite, dans un premier temps, et que je propose ensuite à Pascale si je ressens qu’elle peut lui parler. Si tel est le cas, nous discutons beaucoup de la narration (atmosphère, paysages, attitudes des personnages…) puis Pascale imagine des crayonnés. C’est une joie de cheminer avec elle, d’échanger dans l’amitié et, le temps venu, de découvrir ses illustrations toujours singulières et généreuses.
Concernant les idées des livres, elles font souvent écho à des rencontres ou des centres d’intérêt qui me touchent particulièrement. Dans la plupart des textes que j’ai écrits, il est souvent question d’histoire de vie, de nature, de nourriture, de liens intergénérationnels, d’artisanat, d’attention à l’infime…
La famille est une fois de plus au centre du livre. Tomoko reçoit une kokeshi de sa tante, mais également beaucoup d’affection et de paroles rassurantes. Avez-vous des souvenirs de vos tantes lorsque vous étiez enfants, d’objets, de phrases qui vous ont accompagnées ? Quelle tata êtes-vous (si vous l’êtes) ?
Delphine : J’ai eu des « tantes / marraines de cœur » qui m’ont apporté beaucoup d’affection, notamment dans des moments de vie douloureux. J’ai toujours dans ma bibliothèque un petit livre de Beatrix Potter offert par l’une d’entre elle et que j’ai lu des centaines de fois lorsque j‘étais enfant. En outre, je garde de doux souvenirs de moments partagés dans la cuisine et le jardin de ces femmes. Des cadeaux !
J’espère être une tata attentive, bienveillante, à l’écoute. J’ai offert et je continue d’offrir beaucoup de livres à mes nièces et neveux ! Et je suis souvent très émue de les voir grandir, affirmer leurs choix, leurs passions…
Ce livre résonne fortement après la période de confinement à laquelle les familles ont été confrontées. Un objet offert par un être cher peut-il aider à passer les moments difficiles ? On connaît le doudou pour les petits, mais finalement même les adultes ont des objets « émotionnels » …
Delphine : Oui, certains objets sont investis de la présence de l’autre, qui plus est quand cet autre n’est pas là, plus là.
Je suis très sensible au « yūgen », ce concept japonais qui dit la beauté et le mystère profond des choses…
Dans cette histoire, la kokeshi est un objet transitionnel, un support de projection, de médiation… un objet qui relie, par-delà le temps qui passe.
Je suis très reconnaissante à Chun et Loïc, nos deux adorables éditeurs de chez Hongfei, qui ont cru à cette histoire et nous ont accompagnées formidablement pour qu’elle devienne « album ».
On découvre aussi le travail de l’argile. Je sais que Pascale le pratique avec talent pour créer bols et statuettes. Et Delphine, avez-vous déjà pratiqué cette activité ?
Delphine : Oui, il y a quelques années, j’ai fait deux stages : l’un en modelage, l’autre en tournage. J’ai ressenti beaucoup de plaisir à découvrir l’argile, la magie des formes naissantes, l’ambiance d’un atelier, la passion et la patience des potiers.
Pascale, t’es-tu inspirée de ton atelier pour dessiner celui de Tomoko (tous ces outils, peintures etc.) ? As-tu eu un « sensei » en céramique ?
Autre sujet qui m’a fait saliver, le thé et les pâtisseries ! Êtes-vous gourmandes ? Pouvez-vous nous parler de votre thé japonais préféré, de votre pâtisserie japonaise préférée ?
Delphine : Gourmande, ça oui alors ! On en rit souvent avec Pascale. Nous n’hésitons pas à échanger des recettes ou à nous envoyer des paquets gourmands !
Mon thé japonais préféré ? Un genmaicha dégusté sous le petit pommier de mon jardin en compagnie de ceux que j’aime. Pour la pâtisserie, un dorayaki, sans hésiter ! J’ai des souvenirs de régalade, à Kobe, avec notre amie Akiko qui connaît les meilleures adresses pour en déguster. C’est doux, c’est rond, ça fond, ça réjouit le cœur et les papilles : OISHII DESU ! Et puis ce gâteau me rappelle Kiki Kirin, une comédienne merveilleuse !
Pascale Moteki : absolument gourmande !!!!!!! J’adore les pâtes de haricots rouges yokan avec de petits morceaux de châtaignes confites et aussi les Ice cream daïfuku et aussi les manju à la chataîgne et aussi les glaces au matcha et aussi les tayaki et aussi ……..j’aimerais bien goûter le cake au matcha de Delphine, mais le temps que j’arrive à Amiens depuis Toulouse, il n’en resterait plus une miette !!!
Avez-vous un objet japonais fétiche ?
Delphine : Un petit jizô, haut comme un pouce, adopté chez un artisan céramiste de Kyoto. Il est dans notre cuisine, installé sur une feuille d’érable ramassée dans un parc de Kanazawa. La bonté qu’il dégage est un baume au quotidien…
Pascale : la cuisine du restaurant Motchiya @motchiya, notamment les avocat maki, mais c’est pas un objet !!!!!
Merci à Delphine et Pascale pour leur gentillesse et leur disponibilité ! Et à bientôt pour un nouveau livre à quatre mains !