Manga : des lectures pour s’évader !
A quelques jours de la fin du confinement officiel et avec un soleil qui aime nous narguer, il devient nécessaire de s’évader… et pour une fois sans avoir besoin d’attestation ! Voici 5 titres, 5 mangas qui mettent le quotidien entre parenthèse, qui vous emmène ailleurs chacun à leur façon.
Parce qu’on en a besoin. Parce que ça fait du bien.
Au grand air : rien que le titre, déjà !
Le résumé : Quoi de mieux que de camper en bord de lac face au mont Fuji, un bol de nouilles instantanées à la main ? Découvrez le monde du camping en compagnie de Rin, l’amatrice des sorties en solitaire, Nadeshiko, la novice pleine d’enthousiasme, et ses deux amies du club de camping, Chiaki et Aoi.
L’avis : Aussi connu sous le nom de Yuru Camp, ce titre signé par Afro et publié chez nobi nobi ! nous parle, depuis 8 tomes déjà, de grandes balades et de spécialités locales au Japon, en faisant du camping ! Rin, Nadeshiko, Chiaki et Aoki, les quatre membres du club de camping nous ont emmené pendant tout un hiver faire le tour des meilleurs spots autour du mont Fuji : des vues imprenables, des onsen irrésistibles, des plats nippons pour lesquels on pourrait se damner… Onsen Tamago attends moiiiii !
On prend un grand bol d’air frais à chaque volume avec de bonnes odeurs et de chouettes sensations à la lecture : le froid vivifiant d’un matin sans nuage, la chaleur revigorante d’un bon petit plat, la douceur d’un bain chaud…. Cette série s’inscrit totalement dans la veine du feel good manga, au pied de la lettre même, car on s’y sent vraiment bien. Ceci est valable que vous aimiez le camping ou non d’ailleurs – votre serviteur qui est plutôt gite, et vous ? – et vous vous projetterez facilement dans les aventures de cette bande : les ambiances de jour comme de nuit sont très réalistes (très intéressant travail des trames pour les amateurs !), les angles de vues sont pensés avec des perspectives innovantes et efficaces (Au grand air, c’est LE cas d’école du fish eye manga), les dialogues sont pleins d’humour et de bonne humeur, modernes aussi, et surtout ils ne se prennent jamais au sérieux tout en enseignant trucs et astuces sur les clés d’un camping réussi. Enfin, et ce n’est pas pour nous déplaire, le printemps arrive progressivement dans les deux derniers tomes, et on a hâte de savoir ce qu’il nous réserve !
Ainsi, même si vous aurez faim et encore plus envie de voyager à la fin de la lecture, il suffira d’enchaîner sur un autre tome (ou sur un autre titre de notre sélection) car après tout, des belles vues, des virées entre ami(e)s ou des balades solitaires, avec le Japon en toile de fond, ça ne se refuse pas !
L’extrait :
Les informations complémentaires et où se le procurer : via le site de l’éditeur.
Emanon : Souvenirs, Errances, Mirages…
Le résumé : 1967, dans le sud du Japon. Loin des événements qui agitent le monde, un étudiant prend le chemin du retour après un voyage d’errance. Une longue nuit en ferry s’annonce. Alors qu’il cherche à oublier une énième déception amoureuse en se plongeant dans ses romans de SF, une intrigante jeune femme s’installe à ses côtés. Fumant cigarette sur cigarette, elle a pour unique bagage un sac à dos marqué des initiales “E. N.” Son nom ? Emanon, ou “no name” lu à l’envers… Elle aussi voyage seule et sans but apparent. D’abord peu bavarde, les yeux dans le vague, elle se rapproche du jeune homme, car il lui rappelle un ancien amour… datant de plusieurs siècles !
Au fil de la conversation, elle lui dévoile son secret : sous ses airs d’étudiante, elle cache une âme vieille de trois milliards d’années ! Ses souvenirs remontent au plus profond des âges, avant même l’apparition de l’humanité. Son récit dépasse toutes les histoires de SF. Cette nuit en compagnie d’Emanon va bouleverser à jamais la vision du monde du jeune voyageur…
L’avis : Si vous aimez la science fiction, nous avons une première sélection de manga ici, mais si nous vous parlons aujourd’hui du personnage d’Emanon, né de l’imaginaire de l’écrivain Shinji KAIJO dans les années 80, c’est bien pour sa capacité à nous emmener dans un voyage fascinant entre SF, donc, et un fantastique contemplatif. Cette incarnation féminine du passé, du présent et du futur de l’humanité, comme la présente son éditeur français, Ki-oon, propulse son lecteur hors du temps, bien loin de nos repères, un écho du chamboulement de nos marques temporelles actuelles. Mais, s’il se dégage une certaine mélancolie dans nos vies comme dans cette ouvrage, lire Emanon est un voyage beaucoup immersif et envoûtant.
L’oeuvre elle même se découpage en 3 one-shot, Souvenirs, Errances et Mirages d’Emanon, publiés en 2008, 2010 puis 2013 au Japon, qui ont tous eu le temps d’arriver à maturité avant d’être publié, pour nous raconter 3 histoires différentes autour du mythe de cette immortelle, dont l’âme voyage de mère en fille, de cellule en cellule même, depuis les origines du monde, en se souvenant de tout. Après la présentation de ce vertigineux concept dans le premier titre, Souvenirs, le second s’attarde sur les Errances et nous entraîne dans son actuelle vie humaine, qui ne dure guère plus d’un seconde à l’échelle de son existence : que représente une journée, une année ou une décennie quand on a déjà vécu depuis quelques milliards d’années… Et d’ailleurs, quel est le but de cet existence ? Bref, cette question reste sans réponse mais d’autres mystères se dévoilent, tandis que cette énième vie d’Emanon nous apparaît finalement plus animée, plus vivante que son immortalité pourrait le penser. Dans Mirages on comprend comment la fille finit par devenir mère, et transmet alors cette âme séculaire à la prochaine génération, comment une mémoire s’en va et une autre apparaît, traçant un chemin incroyable, interminable… et très solitaire. La mort, la mémoire, le voyage… impossible d’oublier Emanon qui est là quelque part parmi nous, que vous avez peut-être rencontré un jour, à la terrasse d’un café. Et elle non plus, ne vous oubliera jamais…
L’extrait :
Les informations complémentaires et où se le procurer : via le site de l’éditeur.
Dans le sens du vent : l’Islande fantastique
Le résumé : Kei Miyama, un détective indépendant de 17 ans, vit avec son grand-père français en Islande. Comme les autres hommes de sa famille, il dispose d’un pouvoir atypique. Le sien consiste à pouvoir communiquer avec les appareils électriques et les automobiles. Mais sa vie bascule soudainement lorsqu’un détective japonais en congés sur l’île lui annonce l’assassinat de son oncle et sa tante par le propre frère de Kei. Qui croire ? Convaincu de l’innocence de ce dernier, le jeune détective va mener l’enquête.
L’avis : S’il y a bien quelque chose qui nous fait envie c’est la liberté et la plénitude des grands espaces. A ce titre, l’Islande n’est pas le dernier des pays quand il s’agit de paysage à couper le souffle. Au milieu de Fjords et des longues routes solitaires qui longent montagnes et pleines arides, notre attention va très vite être captée par un jeune homme, le fameux Kei. Un personnage taciturne au premier abord mais en fait assez mature pour son âge, sans doute en raison de son background personnel et fantastique peu commun : être élevé dans ce pays singulier, par son grand-père, loin de son pays natal, et être capable de parler au machine, ça ne fait pas vraiment de vous monsieur tout le monde. Mais l’intrigant décor devient aussi une meurtrière intrigue lorsque le détective japonais évoque un assassinat familial des mains de son propre frère, que Kei aime pourtant plus que tout.
Vous l’aurez compris, pour un premier tome, on nous propose dès le départ une histoire d’une grande richesse. Mais cela n’a rien d’étonnant de la part de la talentueuse Aki IRIE (L’école Bleue, le Monde de Ran) et du foisonnant et passionnant magazine Harta (Bride Stories, Reine d’Égypte, Gloutons et Dragons, Minuscule, etc.) où a été publié Dans le sens du vent – Nord, Nord Ouest, son titre complet. Au scénario immersif qui nous emmène – puisque c’est le thème de cet article – loin de notre contrée, de notre monde cartésien et des mangas qu’on a l’habitude de lire, la mangaka signe des personnages d’une classe folle : notre adolescent solitaire et rêveur, ce grand père français, facétieux et magnétique, une comédienne au charme irrésistible, un inspecteur enragé, une demoiselle glaciale mais perspicace… Et le fameux frère, aux deux supposés visages. Leur charisme doit aussi beaucoup au trait de l’artiste et son chara-design féérique, entre la volupté d’un Stravaganza et l’éclat d’un Bride Stories ainsi qu’à sa gestion de la lumière et des volumes. On regrette d’ailleurs de ne pas en profiter davantage avec une édition de plus grande taille (comme le Monde de Ran, la précédente oeuvre la mangaka), même si celle des éditions Soleil reste de bonne qualité. Mais ne boudons pas notre plaisir et profitons déjà de cette série pour notre plaisir de lecteur puis celui de faire connaître Aki IRIE au plus grand nombre !
L’extrait :
Aria the Masterpiece : dans ma gondole à (néo) veniiiiise ♫
Le résumé : Au XXIVe siècle, la planète Mars a été terraformée sur le modèle de Venise. Elle abrite maintenant une magnifique cité bâtie sur les eaux, où les canaux jouent le rôle de routes et les bateliers celui de guides incontournables pour naviguer dans les méandres de cette ville au charme légendaire… Akari, terrienne d’origine, réalise un rêve d’enfance quand elle débarque à Néo-Venise afin de commencer son apprentissage du métier d’ondine, qui fera d’elle une professionnelle de la gondole. Pour cela, elle entre chez ARIA, une société tenue par… un chat doué d’intelligence ! L’unique employée, la belle et douce Alicia, sera son mentor et sa protectrice dans ce monde dont Akari a tout à apprendre…
L’avis : Aaaaah, Venise… Pendant le confinement la ville a regagné des eaux de toute beauté, difficile de ne pas être tenté ! A défaut d’un voyage en Italie, c’est donc un voyage sur Mars qui s’annonce, pour un concept signé Kozue AMANO, l’un des maîtres du manga contemplatif et feel good, que certains connaissent sans doute déjà avec Amanchu, un titre sur la plongée disponible comme Aria aux éditions Ki-oon. Le mangaka n’a pas simplement transposé Venise sur une autre planète ni choisi Mars par hasard : la rotation de la planète autour du soleil prend deux fois plus de temps et étire donc délicieusement les saisons. La saisonnalité étant très marquée au Japon, AMANO utilise donc cette astuce pour que Printemps, Été, Automne et Hiver deviennent de véritables personnages de son oeuvre et il en profite pour ralentir, en quelque sorte, le temps qui passe. Ajoutez à ceci l’eau omniprésence de l’eau et les gondoles qui se baladent paisiblement, et on obtient un manga d’une sérénité bienfaitrice, qui prend son temps et qui nous invite à profiter des petits riens de la vie dont AMANO sait tirer tout le sel.
Pour autant impossible de dire que rien ne se passe : la société qui emploie Aria est dirigée par un chat, visiblement membre d’une assemblée féline très secrète et quasi mystique, qui dirige Néo-Venise en secret. La thématique extra-terrestre est d’ailleurs complétée par quelques personnages et machines, discrètes mais présentes pour donner une touche de modernité, en termes de scénarios mais aussi d’esthétique, qui singularise Néo-Venise et la détache un peu de son modèle de notre Vieux Continent. Au delà de ses mystères et de ces originalités qui sont développés par petites touches, le lecteur se nourrira surtout du quotidien d’Akari qui cherche à devenir une Ondine professionnelle, sur les traces de l’envoûtante Alicia, une sorte de grande sœur que l’on admire, et aux côtés d’Aika, Ondine en formation depuis déjà quelques temps et un peu chipie sur les bords. Le tout avec beaucoup d’humour, de simplicité et de bonne humeur… Dans de magnifiques pavés de plus de 300-400 pages en grand format, pour profiter pleinement du voyage…
L’extrait :
Les informations complémentaires et où se le procurer : via le site de l’éditeur.
Le vieil homme et son chat : la vie paisible et en couleur
Le résumé : Daikichi, instituteur à la retraite et veuf, vit avec Tama, un chat de 10 ans. Ou bien est-ce Tama qui veille sur son vieux maître pour honorer une promesse faite à son épouse disparue ?
Au fil des saisons et d’un quotidien fait de promenades paisibles, de repas partagés entre voisins de toujours et d’évocations des années passées, Daikichi et son chat s’entraident, se chamaillent, et s’adorent.
L’avis : aussi singulier que cela puisse paraître, on peut parfois s’échapper de notre quotidien trop banal avec un autre quotidien qui, a première vue, l’est tout autant. Un homme, un vieil homme et son chat, un vieux chat. Drôle de tandem sur une petite île japonaise un peu coupée du monde et éloignée de la vie trépidante des mégalopoles. Sur cette île, les félins pullulent et se font dorloter par le 3e et 4e âge dont ils sont les compagnons oisif et taquins. Et ainsi passent les jours et les semaines, et une année s’écoule à chaque ouvrage.
La pêche, les siestes, l’entretien du jardin, les petits plats mijotés, les discussions autour de la pluie, du beau temps et du jeune médecin qui vient se débarquer sur l’île… La retraite tranquille. On se croise et on s’échange des légumes ou des poissons cultivés ou péchés en trop grande quantité, on prend des nouvelles du voisinage des amis d’enfance bien souvent, et on se raconte ces souvenirs recolorés sous la patine nostalgique du bon vieux temps…
Parfois le dos fait mal, la fatigue se fait sentir face aux milles et une marches de cette île côtière tout en dénivelé, les enfants qui s’inquiètent appellent sans avoir beaucoup de tact… La vieillesse un peu vache. Mais notre vieil homme a son chat, dont sa femme était totalement accroc, et les deux mâles profitent ensemble des journées qui se succèdent, tranquillement, sous les magnifiques coup de pinceaux et couleurs aquarelles de Nekomaki, deux grands amoureux des chiens et des chats à qui ils consacrent d’ailleurs tous leurs travaux, avec humour et tendresse… Ici dans une édition d’une séduisante qualité du label Sakka de la maison Casterman, belle et agréable à feuilleter, à lire.
L’extrait :
Les informations complémentaires et où se le procurer : via le site de l’éditeur.
Ainsi se termine cette petite sélection… lisez, évadez-vous en attendant le d confinement et, un jour, des vacances meilleures… et venez nous raconter votre voyage en commentaire 😉