Drifting Dragons : genèse d’une aventure, par Taku KUWABARA

Parmi les nouveautés à ne pas rater en ce début 2020, un titre est peut-être passé sous votre radar : Drifting Dragons, aux éditions Pika, un titre d’aventure et de fantasy qui vous emmène pour une périlleuse mission, chasser des dragons, animaux légendaires et dangereux, dans des machines volantes aux cotés de coéquipiers uniques en leur genre… Le premier tome vient tout juste de sortir, le mois dernier, et Journal du Japon en a profité pour poser quelques questions à son auteur, Taku KUWABARA. En route pour une interview découverte, d’un titre à ne pas rater !

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Un manga, une aventure et un voyage… entre ciel et terre

Résumé officiel : Autrefois, nombreux furent les aventuriers à se mettre en quête des dragons colossaux qui se dissimulaient dans les cieux… Aujourd’hui, le Quin Zaza est l’un des rares dirigeables dragonniers encore en activité.Chacun a ses raisons d’embarquer et de poursuivre les dragons qui sillonnent les mers de nuages : pour l’argent, pour fuir la vie terrestre ou pour les denrées que ces créatures offrent ! Mais à chaque voyage,c’est la vie de tout l’équipage qui est en danger,entre tempêtes effroyables, attaques de pirates de l’air ou traques de dragons hostiles…

Ce seinen est prépublié depuis juillet 2016 dans la magazine Good Afternoon (Ajin, Witchcraft Works, Occultic Nine, …) de Kodansha. Il compte actuellement 8 tomes au Japon, et son adaptation en animé, en exclusivité sur Netflix, est prévue pour cette année (fin avril au Japon en tout cas !). Pour finir les présentations, en voici un large extrait de plus de 60 pages : 

 
Kutei Dragons © TAKU KUWABARA / Kodansha Ltd.

 

Le monde de Taku KUWABARA

Avatar KUWABARA

Avatar Twitter de Taku KUWABARA

Journal du Japon : Bonjour M. KUWABARA, et merci beaucoup pour votre temps. Pour commencer nous savons assez peu de choses de vous. Alors, comment-êtes vu devenu mangaka et pourquoi avez-vous décidé d’en faire votre métier ?

Taku KUWABARA : Depuis mon enfance j’aime beaucoup dessiner, je dessinais des mangas et des illustrations seul dans mon coin. Je suis par la suite entré en section de design de l’université des beaux-arts. J’ai étudié principalement le design graphique et typographique, en ayant l’intention d’obtenir un emploi en tant que designer, mais je ne pouvais me résoudre à arrêter de dessiner des mangas. J’ai ainsi achevé une œuvre pour la première fois durant les vacances de ma dernière année d’études que j’ai soumise à un concours de mangas.

Cependant, je ne l’ai pas fait par espoir de faire mes débuts en tant que mangaka, mais plutôt dans l’idée d’abandonner si je me prenais un refus. C’était un peu comme un rite de passage personnel vers la vie d’adulte.

Contre toute attente, cette œuvre que je m’attendais à voir refusée a été sélectionnée, et c’est là que j’ai décidé sérieusement de faire ce métier.

Des mangakas et des œuvres vous ont-ils particulièrement marqué, et pourquoi ?

Oui, Mobile Police Patlabor, de MASAMI Yûki. Les œuvres de Yûki ne sont pas  des “récits de héros”, mais plutôt des histoires de “monde où des individus se rassemblent”, et cet angle-là m’a beaucoup influencé.

Passons désormais à Drifting Dragons… Comment le projet est né, a été inspiré ? 

Cette histoire a commencé par un croquis. L’image d’une grande créature échafaudée et démantelée par un grand nombre de personnes m’est apparue, et je l’ai couchée sur papier. J’ai malheureusement égaré ce croquis, mais je l’ai développé par la suite pour en faire une histoire.

Ce ne sont pas des inspirations directes, mais comme j’ai toujours aimé depuis l’enfance les films de monstres tels que Godzilla, je pense que j’en ai tiré pas mal de choses.

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Pourquoi avoir choisi les dragons, et avoir fait de vos héros des chasseurs de Dragons ? 

Je voulais dessiner à la fois un monstre et une grande créature mystérieuse surpassant l’intelligence humaine. C’est pour cela que j’ai décidé de traiter des dragons ailés.

L’idée de dessiner une histoire à héros ne m’intéressait pas vraiment, je n’avais donc pas l’intention d’en faire un récit où les dragons seraient exterminés. Comme nous vivons au cœur d’un système social complexe de nos jours, j’aspirais à créer une histoire basée sur le simple fait de chasser des proies et les manger pour vivre.

C’est pour cette raison que j’ai fait du héros un chasseur.

Toujours sur les Dragons : le design des vôtres est assez unique, on dirait des mélanges avec des grands animaux marins, avec un petit côté Ghibliesque par moment… Comment façonnez-vous ces créatures ?

La plupart ont en effet des motifs semblables aux organismes marins et aux micro-organismes. Je dessine en réfléchissant à l’apparition de ce genre de dragon et à l’action du personnage, mais la plupart du temps, je me base surtout sur les créatures qui me plaisent à ce moment-là.

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Votre vision sur le monde, en particulier les vaisseaux à chasser semble être influencée par l’esthétique du steampunk, qui rappelle l’Europe à la fin du 19e siècle pendant la révolution industrielle. Pouvez-vous parler des influences historiques et esthétiques que vous avez eu ?

Quel garçon n’est pas emballé par l’univers steampunk ? (rires)  

Si l’histoire se déroulait dans une ère trop développée technologiquement parlant, elle aurait fini par ne traiter que de la chasse de dragons en soi, et j’avais l’intuition que ce ne serait pas ce que je voulais dessiner.

Pour que les dragons et les humains puissent se battre comme des égaux, l’avancée technologique a été fixée à la fin du 19e siècle.

EXTRAIT_DRIFTING_DRAGONS_65La cuisine joue aussi un rôle dans l’histoire… Vous êtes un gourmand ? Un plat favori ?

J’aime beaucoup manger. Pour moi, manger est l’un des sens de la vie.

J’aime beaucoup de cuisines différentes, venant d’un peu partout dans le monde.

Particulièrement l’anguille, les nouilles soba, les lasagnes, le poulet frit, les kebabs, les hamburgers, les pâtes, etc… la liste est longue.

Et ça a quel goût le dragon selon vous ?

Tout comme les poissons ont un goût différent entre le thon et le saumon, je pense que les dragons ont également des saveurs différentes selon leur type.

Comment mettez vous en place les recettes ?

Je les mets en place en tenant compte de la situation où ce plat apparaît et des ingrédients disponibles à ce moment-là.

Je me réfère à plusieurs recettes dans des livres ou sur internet, etc., et si possible, je les expérimente une fois avant de les adopter.

Enfin parlons de vos personnages… Chacun semble avoir choisi la voie de chasseurs de dragons pour différentes raisons mais comment devient-on un bon chasseur de dragons selon-vous ?

La première chose, c’est de ne pas perdre sa nature curieuse. Et puis, il ne faut pas oublier de témoigner du respect aux dragons, au ciel et à la nature.

Trois personnages ressortent assez nettement de ce premier volume : Akita, Mika et Annabelle. Comment sont-ils nés ?

À vrai dire, seule leur apparence avait été fixée au départ, et leur caractère a été complété en dessinant au fur et à mesure.

Même pour moi, l’auteur, c’est comme si je les découvrais en dessinant.

Pour finir, avec une question classique : qu’est-ce que vous aimeriez que le lecteur retienne, après avoir refermé son tome de Drifting Dragons ?

Je pense que chacun est libre de tirer ce qu’il veut de cette histoire. Je la dessine avec l’espoir qu’elle devienne un véritable trésor pour quelqu’un. Je serais heureux que cette œuvre puisse devenir un soutien dans la vie des lecteurs, et s’ils se prennent à la relire de temps à autre.

Encore merci pour votre temps !

Retrouvez le premier tome de Drifting Dragons, disponible depuis le 04 mars aux éditions Pika. En attendant le second en juin, l’anime débarque en streaming sur Netflix le 30 avril (au Japon tout du moins) et vous pouvez suivre l’auteur sur son compte Twitter.

Mika de Drifting Dragons

Mika de Drifting Dragons – Kutei Dragons © TAKU KUWABARA / Kodansha Ltd.

 

Remerciements à Taku KUWABARA pour son temps et à Pika édition pour la mise en place de cette interview.

Paul OZOUF

Rédacteur en chef de Journal du Japon depuis fin 2012 et fondateur de Paoru.fr, je m'intéresse au Japon depuis toujours et en plus de deux décennies je suis très loin d'en avoir fait le tour, bien au contraire. Avec la passion pour ce pays, sa culture mais aussi pour l'exercice journalistique en bandoulière, je continue mon chemin... Qui est aussi une aventure humaine avec la plus chouette des équipes !

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