Gaming Memories #29 – Ristar
Bienvenue dans ce nouveau numéro de Gaming Memories. Cette fois-ci, nous reviendrons comme promis sur un challenger de taille à Sonic the Hedgehog nettement moins connu… et pourtant tout autant valeureux ! À une époque où les héros anthropomorphes sont encore courants, sur une console en fin de vie… allez, arrêtons-là le teasing et partons directement à la découverte de… Ristar, sorti sur Mega Drive en février 1995 !
Comme à la Sonic Team
L’origine de Ristar remonte loin, avant même la création de Sonic. Ce dernier, avant d’être un hérisson, est passé par plus d’un character-design avant de devenir ce qu’il est finalement. Parmi les idées autour de sa création, il y avait un lapin, qui aurait utilisé ses oreilles pour attraper des objets ou ennemis… mais comme le jeu devenait de plus en plus rapide au fil de sa création, et que l’équipe créative voulait un personnage capable de se « changer en balle », l’idée du hérisson collait mieux. Quelques années plus tard, Ristar est revenu, mais il a quand même été modifié plus d’une fois avant de devenir cette étoile.
Bien que l’on puisse le croire, qu’il en donne l’impression et y soit souvent associé (notamment dans les compilations), ce titre n’est pas signé par la Sonic Team. On ne retrouve donc pas des noms connus de cette équipe comme Yuji NAKA ou Hayao NAKAYAMA entre autres. Pour autant, à la production, on peut citer Hiroshi ASÔ (Guardian Heroes, House of the Dead… et plusieurs titres Sonic entre d’autres sans aucun rapport), Takeshi NIIMURA (NiGHTS into Dreams, Tōzoku to 1000-biki no Pokémon… un jeu jamais sorti chez nous) et Akira NISHINO (Thunder Force VI, Vanquish et quelques jeux déjà vus sur le site… les Hatsune Miku Project DIVA F, F2nd et X, Resonance of Fate…). Le character-design a été confié à Yuji UEKAWA (qui lui est un membre de la Sonic Team et a travaillé sur nombre de jeux Sonic et le très rythmé Samba de Amigo). Avec toutes ces similitudes, notre jeu du mois a fini par être considéré comme un titre Sonic Team à part entière.
Ristar a pendant un temps été voué à être un successeur à Sonic, mais sa « confidentialité » certaine a rendu l’idée inutile. Il est sorti le 16 février 1995 aux Etats-Unis, le 17 au Japon, le 18 en Europe et 19 en Australie, et finalement la proximité totale de sa commercialisation avec celle de la Sega Saturn (novembre 1994) succédant à la Mega Drive déjà « morte » (d’autres jeux y sont sortis par la suite, notamment produits par Treasure) ont vite éclipsé ce titre… pourtant, il avait fait l’effort d’un grand soin. Et pas que techniquement !
En effet, certaines références typiquement nippones – ou non – ont été supprimées des versions hors Japon, comme vous pourrez le constater dans la partie histoire juste après. Le boss du quatrième monde, qui est un chat géant, devait être vaincu en lui jetant des plats brûlants. Une référence directe à la culture japonaise, dans laquelle il est connu que les langues des chats détestent la nourriture chaude… ce boss devient un monstre de glace en dehors du territoire nippon, car la référence n’a aucun sens pour les habitants hors Japon. Certains personnages ont été également un peu modifiés pour quitter cet air typique « kawaii », et ainsi devenir plus « badass », moins souriants (un peu comme on a déjà pu le voir avec les jaquettes des différences versions de Rocket Knight Adventures). Et, étrangement, la version JP souffre de l’absence d’une scène d’intro du niveau de neige, qui ressemble beaucoup à celle de Sonic 3 par la même occasion !
Deux histoires pour le prix d’une…. ?
Mais Ristar, de quoi ça parle ? Le récit prend place dans le système solaire imaginaire Valdi. Le vil pirate de l’espace Kaiser Greedy menace le monde en prenant le contrôle des leaders des planètes grâce à du contrôle mental. Les Anciens, comme le reste des populations, prient pour l’arrivée d’un héros qui pourra neutraliser ce fléau…
Ça, c’est la base commune toutes les versions. Au Japon, les prières parviennent jusqu’à la déesse Oruto, qui envoie l’un de ses valeureux fils, Ristar, pour restaurer la paix, l’harmonie, l’amour… bon, s’il se contente de se débarrasser du vilain et de restaurer la paix, c’est déjà bien ! Aux USA, à coté, la déesse n’existe pas. Le père de Ristar, le Héros Légendaire qui défend tout le système solaire, a été enlevé par le pirate. C’est au fiston d’aller le secourir (très original, pour une fois ce n’est pas une jeune fille en danger…) !
Le but reste le même, de toute façon : travers tous les niveaux, éliminer les ennemis et boss jusqu’à atteindre le tout dernier d’entre eux et sortir victorieux de cette calamité !
Après Sonic the Hedgehog, donc, Ristar the… shooting star.
Ristar étant un side-scrolling plateformer – ou jeu de plate-forme, pour faire plus court –, où l’on dirige notre personnage de gauche à droite, de l’entrée d’un niveau jusqu’à sa sortie. Comme l’aîné Sonic, chaque « monde » (littéralement, cette fois) est composé de deux stages puis d’un troisième dans lequel on affronte le boss. Ristar va donc voyager sur sept planètes dont le système Valdi est composé.
L’originalité de ce jeu, c’est justement la façon de se défendre du personnage. Au lieu de sauter sur la tête de ses ennemis, Ristar utilise ses bras extensibles pour attraper les objets (bonus ou importants pour progresser dans un niveau, comme par exemple le monde musical dans lequel il faut transporter des métronomes que les bestioles peuvent tenter de vos subtiliser),ou les pour se jeter sur eux et leur asséner un coup de tête. Cette fonction est doublement importante, car elle permet aussi de s’accrocher à des plateformes. Utiliser les rebonds avec permet de monter aussi haut que possible, et ainsi atteindre des lieux impossibles à avoir autrement. Il peut étendre ses bras dans huit directions.
La petite étoile filante ne meurt pas au bout d’un coup ou deux mais plutôt cinq. Les checkpoints sont réguliers dans les niveaux, ce qui permet de ne pas repartir de trop loin si l’on perd une vie – que l’on peut parfois retrouver à force de gagner des points en éliminant des ennemis. En dehors des boss, vos adversaires sont généralement que de « la petite friture » car une attaque suffit à les battre. Cela dit Ristar risque d’en être surchargé dans certains niveaux, il faut donc quand même faire attention.
Shining in the dark
Ristar montre tout de suite ses ambitions, et surtout ses qualités. Dès le départ, on tombe sur un décor bourré de couleurs, lumineux, avec un personnage aux graphismes fins et quelques distorsions d’écran vraiment réussies. L’animation est fluide et finement détaillée peu importe ce que l’on fait. Malgré des ennemis un peu plus « simples » voire quelconques (hormis les boss qui sont tous uniques), le jeu déploie aussi de jolis décors avec des ambiances bien différentes, et plusieurs niveaux de scrolling. A la rigueur, les arrière-plans sont un peu moins fournis, mais le jeu se permet de différencier les deux stages d’un « monde », en les faisant évoluer pour ne pas avoir le même stage en double.
Grâce à cette qualité graphique globale, ce jeu ressemble presque à un dessin animé interactif. Chaque tableau dispose la plupart du temps de plusieurs niveaux pour l’explorer, et finalement du fait qu’ils ne soient pas si longs que cela en ligne droite, on ne se prend pas trop la tête. L’animation n’est pas en reste non plus car le jeu ne souffre d’aucun ralentissement. Bien qu’il ne soit pas aussi rapide qu’un Sonic, on y retrouve les mêmes rebonds absurdes (le moteur de jeu est peut-être le même pour les deux) lorsqu’on secoue un boss comme un prunier. Ils sont jetés dans tous les sens et à toute vitesse sans aucun problème.
La palette de mouvements de Ristar est assez simple. Au sol, il peut marcher, sauter ou utiliser ses bras, dans huit directions différentes comme dit plus haut. Les mêmes actions sont disponibles sous l’eau, si ce n’est qu’au contraire de la terre ferme, Ristar peut effectuer un « dash » pour aller plus vite. En soi, le diriger est assez aisé, gérer les rebonds lorsque l’on s’agrippe à des parois pour monter toujours plus haut le long d’un mur est facile (bien qu’il vaille mieux rester concentré pour ne pas retomber jusqu’en bas). C’est plutôt avec les ennemis qu’il vaut mieux être attentif, car on se les prendra parfois de plein fouet alors qu’on pensait pouvoir les attraper (la zone active sont les mains du personnage, pas ses bras). Le constat est le même quand on se retourne sur une plateforme étroite, et il vaut mieux parfois passer son chemin plutôt que tenter d’éliminer un monstre. Cela n’empêche pas le personnage d’être réactif et rapide, sans doute moins qu’un Sonic mais ce n’est sans doute pas le but non plus.
Les qualités du jeu ne s’arrêtent pas à ses graphismes : le coté sonore avait lui aussi de quoi marquer les esprits. Les mélodies des niveaux sont agréables, dynamiques avec une touche de futurisme quand il le faut et, parfois, réactivent même ce coté rêveur typiquement Sonic Team, comme par exemple dans l’écran de résultat après avoir complété un monde. Cela n’est pas si étonnant lorsque l’on sait que la compositrice, Tomoko SASAKI, faisait partie de ladite équipe (les bandes-sons de Burning Rangers et NiGHTS Into Dreams, c’est elle…). Techniquement, celles-ci sont de bonne qualité également, avec des bonnes lignes de basses. Et le thème de la deuxième section d’un monde est légèrement différente – un luxe que tous ne se sont pas payés. Le jeu comporte quelques voix (dont une qui provient directement de Streets of Rage 2…). Celles-ci sont un peu moins bonnes, crachotant légèrement..
Ensuite, si Ristar tient dans une durée de vie dans la moyenne en ligne droite (soit un peu plus d’une heure et demi), on peut toujours explorer un peu les niveaux si on le souhaite (il n’y a pas de temps limité). Les Mid-boss sont originaux et demandent un brin d’astuce et réflexion. Les combats de boss n’étant pas des simples « je saute sur la tête trois fois et c’est bon », il faut parfois plusieurs tentatives pour comprendre la manipulation à suivre pour s’en débarrasser. Au Japon, il y avait des mots de passe débloquant différentes options, dont un Time attack, le niveau de son choix ou même… une invincibilité totale. Certains, cependant, ne sont disponibles nulle part ailleurs.
Finalement, s’il est un jeu de plateforme « parmi tant d’autres » et surtout sur une console dont tous les regards s’étaient détournés à sa sortie, Ristar reste un très bon soft, plaisant, intéressant, astucieux dans les situations qu’il propose et impressionnant pour son support (avec une pincée de défauts aussi..). Pour peu, on pourrait le considérer comme le Rayman (Ubisoft, 1995, PlayStation) de la MD qui était lui-même superbe techniquement. Le coté très « dessin animé jouable » de Ristar aurait pu séduire, donner des idées de suites, mais finalement…
La petite étoile déchue
Ristar reçut des critiques relativement positives dans la presse de l’époque. Si l’on devait donner une moyenne de ces notes, elle serait dans les 8/10. D’autres ont cependant jugé le jeu un peu plus bas. Les noms de Sonic, Dynamite Headdy et Earthworm Jim sont parfois revenus en tant que comparaison pour certains éléments, et c’est loin d’être un défaut ! Il est à noter que, malgré tout, une version Game Gear (la console portable de SEGA) a également vu le jour en 1995, reprenant des éléments du jeu de base mais avec des mécaniques et niveaux différents dans l’ensemble.
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Voué à succéder à Sonic, il n’aura pas réussi puisque le hérisson est resté au premier plan chez SEGA. Son compère étoilé, quant à lui, aura tout de même fait partie de nombre de compilations (notamment toutes celles sur la Mega Drive) depuis la première sur PS2 jusqu’aux plus récentes. De même, la compilation Sonic Collection de la génération 128 bits l’a accueilli, aux cotés titres comme Comix Zone. Le service en ligne japonais Sega Forever propose forcément le soft.
Oublié assez vite, Ristar est et restera un jeu brillant et réussi pour sa console d’origine, qui a su marquer ceux qui s’y sont essayé, même à contre-coup longtemps après, grâce aux compilations par exemple. SEGA a continué de faire apparaître le personnage dans quelques autres productions en tant que référence (Shenmue et sa suite en tant que gashapon, Sonic & SEGA All-Star Racing et sa suite comme niveau), mais c’est principalement grâce aux joueurs qui l’ont beaucoup demandé. Une suite, un jour ? Un remake ? C’est assez peu probable… heureusement, les compilations sont toujours là pour jouer au jeu originel, et c’est déjà ça… Ristar pourra tout de même continuer à briller dans le cœur de ses fans cette façon !
Le mois prochain ? Ne ratez pas notre retour sur l’un des tout premiers Tactical-RPG à être arrivés jusqu’en Europe. A bientôt !
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