Carnets de voyage au Japon : haïkus illustrés
Il y a de multiples façons de partager un voyage au Japon : chaînes Youtube, comptes Instagram … mais également carnets de voyage. Journal du Japon vous présente aujourd’hui des carnets de voyage originaux faisant appel au haïku, ce court poème qui permet de saisir l’instant, idéal pour partager ses impressions de voyageur !
Haïkus et dessins minimalistes pour découvrir le Japon des villes et des champs
Édith Silva est partie en 2016 avec son compagnon pour la deuxième fois au Japon, grâce à un PVT (permis vacances travail). Pendant cinq mois, ils ont parcouru le Japon entre Honshu (Alpes japonaises, mer intérieure de Seto, Tokyo, Yokohama, Osaka, Kyoto …) et Kyushu (où ils ont vécu en woofing – travail en échange du gîte et du couvert – dans une ferme).
Pendant ces séjours riches en échanges et en découvertes, elle faisait des petits dessins, qui servaient souvent à engager la conversation et à partager des moments de convivialité, des éclats de rire. Elle lisait également Oreiller d’herbe de Soseki. Une lecture inspirante qui l’a poussée à écrire des haïkus pour accompagner ses dessins.
Le tout prit la forme d’un carnet de voyage qui rencontra un franc succès au salon du carnet de voyage de Clermont-Ferrand. En 2018, les éditions Sully le publient sous la forme d’un beau livre carré mêlant dessins et haïkus en noir et blanc, avec quelques petites touches de rouge.
Embarquez pour un voyage merveilleux fait de petits instants magiques retranscrits en dessins et haïkus ! De Beppu à Miyajima, de Kagoshima à Tokyo, de Yakushima à Nagano, 21 destinations ont été croquées en 100 instants posés sur le papier. La carte en début de livre permet au lecteur de repérer les différents lieux (qui apparaissent en haut de chaque page en français et en japonais).
Il y a l’arrivée au Japon : buildings, château d’Osaka, verdure, nuages …
Arrivés au Japon
Ici les nuages
Sont les mêmes que chez nous
Puis l’immersion commence : le métro, les lumières de la ville, le konbini (supérette où l’on peut faire ses courses de jour comme de nuit … et s’offrir une brioche toute chaude !). Un émerveillement devant ce pays si différent. D’un village de potiers au volcan Sakurajima, d’un aquarium à une statue de Kannon, de la Tour de Tokyo aux îles de la Mer intérieure, le lecteur s’émerveille devant tant paysages variés.
Mais le voyage est surtout fait de rencontres : travail à la ferme, récoltes, repas partagés, moments de communion sous un cerisier en fleurs ou autour d’une bouilloire qui siffle.
La nature est propice à l’écriture de haïkus. Tout un bestiaire défile : des œufs de faisan au milieu des blés, un mille-pattes qui court, deux chèvres, un héron, une biche, des carpes, des singes, des chats, des chiens, des anguilles. La flore japonaise est également présente : camélia, sakura, bambou et arbres majestueux sur l’île Yakushima (qui a inspiré Miyazaki pour les forêts du film d’animation Princesse Mononoké).
Et au fil des pages, des versions minimalistes d’Édith (avec ses cheveux bouclés montés en chignon gribouillis) et son compagnon (cheveux ébouriffés) se promènent et s’arrêtent devant un torii, à côté d’un sumo ou de Totoro, sur le ponton d’un bateau, ou face au dôme de Hiroshima.
Un tour du Japon surprenant, touchant, terriblement vivant. Il s’en dégage beaucoup de chaleur humaine et d’émerveillement enfantin. Et c’est avec une larme au coin de l’œil que le lecteur referme ce carnet fabuleux. Le voyage était tellement beau qu’on voudrait qu’il dure encore !
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Le pèlerinage de Shikoku : marcher, écrire, photographier …
Journal du Japon vous a déjà présenté des ouvrages sur le pèlerinage de Shikoku, un circuit de 88 temples et de 1200 km que le pèlerin effectue à pied entre mer, villes et montagne (article à lire ici). C’est une approche différente qui est proposée dans le livre de Sophie Lavaur. Car si elle a également effectué ce pèlerinage à pied à l’automne 2017, c’est avec des photographies et des haïkus qu’elle a voulu le restituer au lecteur.
« Sous le soleil, sous la pluie, dans la brume et dans le vent, j’ai marché vaillamment, mon sac sur le dos, reliant les 88 temples qui dessinent le tracé du fameux pèlerinage de Shikoku.
Cinquante jours durant, je suis allée à la rencontre des pèlerins et des habitants, cheminant tantôt sur le goudron, sur des chemins de montagne, en forêt, en bord de mer ou en ville. Dépassant la fatigue, les caprices climatiques, et parfois la peur, j’ai été touchée par la gentillesse et la sollicitude dont faisait preuve tout un chacun sur cette île. Pas à pas, portée par cette authenticité, je me suis abandonnée, pour mieux vivre le moment présent et m’émerveiller de ce qui s’offrait à moi. »
Ce sont tous ces instants vécus, ces impressions très personnelles qui forment ce livre témoignage.
Après un bref descriptif du pèlerinage, accompagné d’une carte de l’île où figurent les petits points indiquant les 88 temples, le livre se lit comme on suit un itinéraire : les quatre chemins qui forment le pèlerinage se succèdent (chemin de l’Éveil, chemin de l’Ascèse, chemin de l’Illumination et enfin chemin du Nirvana). Ce découpage spirituel et géographique permet de se repérer dans l’espace et le temps (chaque chemin est présenté sur une page introductive).
Mais c’est le cheminement intérieur que le lecteur découvre et partage. D’abord avec une immersion dans les photos des quatre premiers temples. Puis une découverte du ressenti de Sophie : musique des cœurs aux portes du temple, montée en zigzag dans les bambous et la forêt sombre, et surtout la lumière à laquelle elle est particulièrement sensible.
Derrière mes verres fumés
Jeu d’ombre –
À la japonaise.
Le corps rompu
Le pèlerin –
Avance vers la lumière.
La nature n’est jamais très loin. Elle est un écrin pour la méditation, en dégradé de vert (des mousses aux rizières en passant par les fougères et les arbres) et bleus (rivière, étang et mer tout au long de la marche). Elle est aussi rencontre : une vache, une araignée, un crabe, un papillon … et un chaton.
Le chaton pétillant
D’un coup de patte –
Suspend la course du temps.
Et quand on marche ainsi pendant cinquante jours, on sent lentement le passage du temps. On se sent vivant sous le regard immuable des statues de pierre. Les pieds s’échauffent, le cœur se gonfle et l’esprit s’apaise.
Marche en solo
Pas après pas, hardiment –
Sourire au vent.
Indéfiniment livre
Le marcheur –
Poursuit le train de la vie.
Les photos s’accordent à merveille avec les poèmes. Un ensemble qui crée une harmonie douce pour le lecteur, qui l’incite à méditer, à respirer, à contempler. Les photographies saisissent l’instant autant que le haïku. Et le lecteur se perd dans le regard d’un jizo, d’un pèlerin ou d’une jeune écolière. Il s’émerveille autant devant la beauté d’un épis de riz que face à la simplicité de la nourriture offerte par une passante (jus de pomme et petits pains). Et si les temples sont parfois photographiés, ce sont tous les objets qui font partie des rituels que Sophie a aimé partager : ema (plaque de bois où le visiteur peut noter son souhait), omamori (porte-bonheur), encens, bracelet de prière, et calligraphies faites dans les temples, qu’elle a précieusement collectées dans un carnet dédié (goshuin qui veut dire sceau rouge car les calligraphies à l’encre noire sont accompagnées du sceau rouge du temple) – on trouve ainsi plusieurs photographies des pinceaux et des feutres utilisés dans les différents temples.
Prenez le temps d’ouvrir ce livre pour faire un voyage régénérant, apaisant, inspirant ! Et peut-être ensuite prendrez-vous vos chaussures de marche et un billet d’avion pour faire ce pèlerinage !
Plus d’information sur le site de l’éditeur.
Deux carnets de voyage originaux qui vous feront cheminer entre poésie, photographies et dessins au cœur d’un Japon authentique fait de nature, de rencontres et de spiritualité.