Histoires de fantômes du Japon : Lafcadio Hearn raconte, Benjamin Lacombe illustre.
Journal du Japon vous invite à un beau voyage au pays des fantômes et autres yokai grâce à un superbe livre qui ravira petits et grands, amoureux d’histoires fantastiques et d’illustrations de toute beauté. Venez découvrir ou redécouvrir les contes traditionnels du Japon sous la plume de Lafcadio Hearn et les pinceaux de Benjamin Lacombe.
Journal du Japon aime mettre en avant les beaux livres. Et nous sommes tombés sous le charme de ce grand livre à la couverture de brocart qui brille de mille reflets chatoyants. L’intérieur est tout aussi splendide : de grandes illustrations sur doubles pages, des petits personnages qui se promènent au fil des textes, chaque conte annoncé par une page noir à gauche et un titre en français et japonais à droite, serti dans un écrin de motifs traditionnels japonais dans lesquels sont intégrés des yokai ! Comme une boîte à bijoux mystérieuse et précieuse, qu’on ouvrirait avec délicatesse, de peur que les trésors qu’elle renferme s’en échappe …
Le livre rassemble plusieurs contes célèbres que Lafacadio Hearn a passé une partie de sa vie à recueillir. D’ailleurs, si vous voulez savoir qui est ce passeur d’histoires, nous lui avons consacré un portrait (avec d’autres livres à découvrir) dans cet article.
Des contes traditionnels du Japon
On retrouve dans ce recueil Urashima Tarô, mais également Baku, le mangeur de rêves, Yuki-onna, la femme de la neige, le fantôme sans visage et même les célèbres fantômes à la tête coupée.
Comme la préface l’explique très bien,
« Dans un pays où les costumes et coutumes, l’art et les traditions, le décor et les fleurs composent à chaque instant et à chaque pas une fête des couleurs et une atmosphère magique, le fantastique est depuis toujours dans la place, dispensé de ces irruptions et ruptures qui mettent en désarroi la raison dans les sociétés occidentales. Quand le fantastique imprègne aussi profondément la vie japonaise, le surnaturel dont il émane n’est que l’une des surprises réservées à l’homme par la nature. »
On retrouve donc bien des contes, avec des créatures étranges qui peuvent rappeler aux lecteurs occidentaux les ogres et sorcières de leur enfance, mais la sensation est totalement différente.
Les spectres lugubres en Occident peuvent être au Japon aimables et avenants. Les métamorphoses, phénomène courant dans les contes, s’avèrent ici très créatives (matérialisation d’un sentiment en fantôme harceleur, dessins de chats qui prennent vie pour dévorer un rat géant). La mort est présente, mais sa perception est tout autre car la réincarnation est possible. Ainsi, deux êtres qui se sont connus à une époque peuvent se retrouver bien plus tard dans une autre vie. Et une servante peut se réincarner en mouche pour venir réclamer un service funéraire à ses maîtres. Le sentiment de tragique est ainsi fortement lié à l’espoir.
Notre esprit occidental peut en être perturbé, mais il y trouve au final une grande fraîcheur et un regard neuf sur le monde des hommes et des yokai, des êtres qui cohabitent avec un naturel troublant. La lecture est passionnante grâce à la plongée dans des univers variés (ville, campagne, montagne), à des histoires captivantes (amour, haine, courage, combat) autour de yokai de toutes sortes. La plume de Lafcadio Hearn est celle d’un grand conteur, mêlant quotidien banal et apparitions fantastiques, sans oublier son propre ressenti, ses propres pérégrinations. Dès que la lecture d’un conte s’achève, le lecteur a tout de suite envie de se lancer dans la lecture du suivant. Et au final, il rêve d’autres volumes pour continuer l’expérience !
Des illustrations envoûtantes
Les illustrations de Benjamin Lacombe permettent au lecteur de ressentir à la fois la part sombre de l’histoire mais également son côté lumineux. Elles mêlent frayeur et émerveillement devant la beauté, angoisse et respect face à des êtres surnaturels. Il s’en dégage une puissance impressionnante, qui amplifie celle des textes.
Les personnages féminins sont d’une extrême finesse, la pâleur de leur visage et leur regard triste accentuent leur côté spectral. Cheveux et longue robe flottent dans les airs. Leur beauté invite cependant les jeunes hommes à les suivre.
Benjamin Lacombe s’est également imprégné des estampes des grands maîtres japonais (Katsushika Hokusai, Utagawa Hiroshige, Kitagawa Utamaro, Utagawa Kuniyoshi). On trouve ainsi au fil des pages des paysages en double page et des portraits féminins dignes des grands maîtres.
Les vagues qui font face à Urashima Tarô évoquent celles d’Hokusai, et la princesse semble être l’une d’elles, accompagnée d’une multitude d’animaux marins.
Lorsqu’un ancien samurai devenu prêtre monte rejoindre la demeure du bûcheron dans Le fantôme à la tête coupée, il arrive près d’une cascade qui rappelle fortement celle d’Hokusai.
Les estampes de Kuniyoshi sont également très « présentes » : le squelette géant du mangeur de rêves qui se penche sur l’homme qui semble minuscule, la scène des chats qui ont mangé le rat géant dans Le gamin qui dessinait des chats (habillés et se comportant comme des humains, exactement comme dans l’estampe de Kuniyoshi).
Les portraits de femmes, spécialité de Kitagawa Utamaro, sont nombreux au fil des pages, avec le même sens du détail dans les plis, les couleurs et les motifs des vêtements, pour la chevelure coiffée ou les longs cheveux s’étalant sur le kimono (de la joueuse de koto).
Utagawa Hiroshige quant à lui est une source d’inspiration pour l’univers végétal (branches fleuries, étang au lotus) et animal (aquatique).
Des illustrations vers lesquelles le lecteur revient encore et encore, envoûtantes comme des yokai qui l’attirent par on ne sait quelle magie !
En bonus, le lecteur pourra profiter en fin d’ouvrages de jeux de yokai. Trouver les différents yokai qui se cachent dans le portrait d’une femme. Jouer aux jeux d’estampes et de yokai (qui se sont développés à la fin de l’époque Edo et sont ici revisités) : deux plateaux joliment décorés, avec les règles expliquées … il suffit alors de se munir de pions et de dés pour plonger dans cet univers fascinant.
Plus d’informations sur le site de l’éditeur.
Un voyage au pays des yokai dont vous reviendrez transformé !
1 réponse
[…] les auteurs chers à mon cœur, il y a Lafcadio Hearn. J’ai une profonde tendresse pour lui, ses histoires de fantômes japonais sont parmi les premières histoires littéraires à avoir été écrites sur le sujet au […]