Art Shopping : une sélection d’artistes japonais au Carrousel du Louvre
La société Japan Promotion s’est donnée pour objectif de diffuser l’art japonais à travers le monde et en France. Journal du Japon s’est rendu sur leur stand à Art Shopping, le salon international d’art contemporain qui s’est tenu du 18 au 20 octobre dernier au Carrousel du Louvre, avec une large palette d’arts pour plaire au plus grand nombre. Parmi les 78 artistes représentés, voici 7 talents qui nous ont tapé dans l’œil.
Au programme : du dessin au stylo bille, de la broderie s’inspirant notamment des estampes de Hokusai, de la peinture de paysages japonais, des œuvres alliant photographie et calligraphie, de la peinture sur bois, des dragons réalisés au pastel ou bien des portraits de femmes du monde sous forme d’icônes bouddhistes.
Hanane AOI, illustrations de la nature au style bille
Originaire du département de Tottori connu pour ses dunes, Hanane AOI puise son imagination et son inspiration dans la nature que cela soit la montagne ou la mer proche de sa ville natale de Yonago. Elle aime s’y ressourcer, et apprécie le calme des forêts environnantes où elle peut observer de nombreux animaux. C’est en 2013 à l’âge de 34 ans qu’elle commence à dessiner au stylo bille. Et 3 mois plus tard, seulement, grâce à son talent et son style fin, elle organise une première exposition de ses œuvres à l’encre bleue, sur papier à dessin. Une véritable ode à la nature et un appel au respect et à la sauvegarde de notre environnement ! Hanane AOI est une bonne dessinatrice qui, même si cela n’est pas dans ses projets, évoque les illustrations des livres pour la jeunesse ou même des tatouages (pour peu que l’on réduise le nombre de détails, bien entendu).
Vous trouverez plus d’informations sur son site internet et sur ses réseaux sociaux : Instagram, Facebook et Twitter.
Create Senju, la broderie inspirée de Hokusai et de l’ukiyo-e
Chizuko MATSUKAWA vient du département de Nara et depuis toute petite, grâce à sa mère qui confectionnait toute sorte de vêtements, elle est passionnée de couture et d’arts manuels et créatifs. Après ses études de mode et un poste de parurerie, elle a changé de métier pour devenir employée de bureau… Ce n’est qu’après avoir quitté cet emploi, qu’elle se remet à la couture pour des commandes en couture d’amis. On lui demande ainsi de coudre le nobori, bannière servant à décorer le danjiri, sorte d’autel shintō de la région d’Osaka, qui est promené dans les rues lors des fêtes traditionnelles. Ce travail lui prend alors 6 mois car elle le coud minutieusement avec sa machine à coudre de ménagère. Forte de cette expérience et des nombreux compliments pour son travail, c’est ainsi qu’elle se lance dans la broderie.
Avec une nouvelle machine à broder et de magnifiques tissus (chirimen ou crêpe de soie japonais ; mōsen ou tapis de laine et kinran ou brocart japonais) qu’elle trouve dans sa région riche de siècles d’histoire et d’artisanat, elle a commencé à broder en s’inspirant de l’art japonais et notamment des ukiyo-e (estampes japonaises). Pour atteindre un niveau professionnel, il lui a fallu 5 années de travail, à force de pratique et de tâtonnement pour réaliser les grues, cerisiers et autres éléments de ses œuvres. Aujourd’hui, elle vend ses broderies sur son site internet Senju-create.com où se côtoient de nombreux trésors de l’art japonais avec, par exemple, le célèbre maître de l’estampe Hokusai : La Grande Vague de Kanagawa, Le Fuji Rouge ou encore Le Fuji vu de la province d’Owari, trois chefs-d’œuvre de la célèbre série des Trente-six vues du mont Fuji. Comptant au moins 300 000 points, chaque œuvre est le fruit de 4 ou 5 heures de broderie. De la conception à la vente en passant par le choix et l’achat des matériaux, elle tient à s’occuper de tout pour faire découvrir en dehors du Japon ces trésors nationaux de la période Edo.
Vous pouvez suivre son travail sur les réseaux sociaux : Facebook et Instagram.
Eisui, portraits de femmes du monde en icônes bouddhistes
Originaire de Gifu, Eisui s’est installée à Hayakawa, « la plus petite ville du Japon » dans le département de Yamanashi où elle mélange les enseignements de Bouddha avec des portraits de femmes du monde. La présence de ces femmes de différentes cultures et nationalités (Iran, Cuba et Mongolie mais aussi Inde et Ukraine) avec pour certains modèles les doigts en position de mudrā avec des décors et éléments propres au bouddhisme ou à des divinités invite à une réflexion sur la diversité : sur Terre, peu importe notre pays ou notre culture, nous sommes tous des êtres humains qui mourront un jour. Dans sa pensée universaliste, Eisui utilise pour les motifs d’arrière-plan une technique de teinture originaire d’Inde, le Sarasa (coton imprimé) qui s’est diffusé grâce à la Route de la soie, d’où est originaire le bouddhisme. Voici trois de ses œuvres qui étaient présentes au Carrousel du Louvre :
Chaque portrait met à l’honneur un pays et une culture et on retrouve des points communs dans cette série de tableaux intitulée « I wanna see you » : le disque doré pour signifier le caractère divin/sacré dans l’art religieux japonais (bouddhiste comme shintō avec la déesse solaire Amateratsu) et la même technique d’arrière plan de coton imprimé originaire d’Inde. Pour l’Iran, l’artiste a choisi de dessiner un dragon, divinité aquatique. Pour Cuba, c’est le phénix qui apparaît pour apporter la sérénité au monde. Habillé en kimono, la femme mongole est la déesse Shichimen-Tennyo et tient la clé de la sagesse (que l’on retrouve par exemple dans la gueule de statues de kitsune dans les temples d’Inari) ainsi que le trésor qui exauce les vœux.
En plus de ses tableaux, Eisui décore aussi des temples bouddhistes (plafond des espaces de prières notamment) et réalise des dessins pour des monuments mortuaires pour animaux (au temple Myohokke-in). On vous invite à observer le majestueux dragon de l’étang de lotus bleu du temple principal du Kodoku-in à Kai (Yamanashi) qui a représenté de nombreuses heures de travail [et qui apparaît à la 6e minute de la vidéo ci-dessous avec de nombreuses autres travaux de l’artiste].
Pour suivre le travail de Eisui, voici son site internet et ses réseaux sociaux : Facebook ; Twitter et Instagram.
Junpei HAGIHARA, l’alliance de la photographie et de la calligraphie
Né en 1992 et originaire d’Osaka, Junpei HAGIHARA beigne dans le monde de la calligraphie depuis son enfance, ses parents étant calligraphes professionnels. S’inspirant d’eux, il souhaite tout de même se démarquer et innover, l’art de la calligraphie ne se limitant pas pour lui à écrire sur une demi-feuille de papier blanche des caractères à l’encre noire. Depuis qu’il a 20 ans, il emprunte la voie de l’écriture (Shodō) à sa façon, en prenant des photos des paysages ou des actions du quotidien à travers tout le Japon où il ajoute ensuite les caractères japonais qu’il avait imaginé au moment d’immortaliser le moment.
Dans Koeru (« Pour vivre »), première œuvre exposée (tout en haut sur la photo ci-jointe), il a voulu montrer que la vie est une suite de souffrances et qu’il faut progresser pour la surmonter. Dans Shun (« La mort »), à travers l’image des bourgeons et du printemps, le jeune calligraphe et photographe cherche à rappeler que la mort est inéluctable, que cette impermanence de la vie doit être acceptée et qu’il convient donc de vivre intensément chaque instant. Dans la dernière photographie, les grues en origami sont des symboles de paix au Japon. Des messages universalistes qui pourront plaire au plus grand nombre et qui, grâce à la beauté des photos et de la calligraphie japonaise pourraient largement s’exporter en dehors du Japon sous forme d’affiches ou encore de cartes postales.
Retrouvez ses photographies sur ses réseaux sociaux : Instagram et Twitter.
Chie YAZAKI, l’art de se laisser guider par le dragon et vivre en harmonie
Originaire de Tokyo, Chie YAZAKI était heureuse mais ressentait pourtant un manque. Elle a cherché la réponse à l’extérieur et c’est finalement à l’intérieur d’elle que la solution se cachait. A travers le pastel, l’artiste cherche à révéler le potentiel caché en chacun et souhaite que les visiteurs ferment leurs yeux en se tenant bien droits, respirent 3 fois lentement pour rouvrir les yeux et apprécier ses œuvres.
On retrouve le dragon dans deux de ses œuvres présentées, dans Dieu Dragon Ryujin ainsi que Bénédiction où l’artiste indique que le dragon blanc qui relie le ciel à la terre voudrait que l’on vive ici-bas en harmonie avec nous-mêmes. Et dans I AM -% art-, le pastel apporte cette douceur. Cette « lumière », c’est nous, notre potentiel caché, « cette existence illimitée qui se perpétue à l’infini » comme nous explique Chie Yazaki.
Pour plus d’informations sur l’artiste, voici son site internet et ses réseaux sociaux : Facebook et Instagram.
Yoshiga Kenta, entre paysages et trompe-l’œil
Yoshiga Kenta a plusieurs cordes à son arc et est un artiste qui ne se contente pas simplement de peindre ses œuvres sur ses toiles, il réalise aussi de nombreux trompe-l’œil au résultat bluffant dans la rue et pour des magasins notamment. Nous vous invitons à les regarder sur son site internet : http://www.kukanpainter.com/ ou sa chaîne Youtube.
Au Salon Art Shopping, il présentait trois de ses toiles qui ont l’originalité d’être des cercles. L’artiste nous a révélé qu’il peignait ses œuvres sans réaliser au préalable de tracé au crayon et qu’il peignait couche de couleur après couche. Une belle performance et une impression de 3D réussie pour de beaux paysages (montagne et fleurs). Le tableau du bas représente les 4 saisons. Les 3 œuvres attirent notre curiosité et on aurait aimé en voir plus.
Pour le suivre, voici ses réseaux sociaux : Facebook et Instagram.
YUKIKO, le mariage du bois et de la peinture
Originaire du département de Shizuoka, YUKIKO aime tracer librement au pinceau en écoutant son cœur ; c’est ainsi qu’elle s’exprime et s’épanouit. Que cela soit sur le papier japonais ou sur du bois, elle peint toujours avec son kokoro (« cœur, âme ») en priant pour la paix dans le monde. Ses œuvres ont d’ailleurs en commun ce thème de la paix. Suivant l’enseignement des ancêtres et les bienfaits de la nature, l’artiste aime travailler avec des éléments naturels (le papier ou le bois, ce « cadeau des arbres ») pour représenter et remercier mère nature. Grâce à Masayoshi YAMANASHI, artisan du bois de Suruga, elle met à profit la beauté du bois et de ses nœuds. Sur le cèdre du Japon, elle représente Acala (Fudō Myōō), l’un des cinq « rois de lumière » défenseurs des cinq bouddhas de sagesse du bouddhisme vajrayāna. Sur la papier japonais washi, elle y représente le cercle ensō qui est le symbole de la vacuité et de l’achèvement dans le bouddhisme zen. Et sur le zelkova, les noeuds du bois apportent de la vie au Mont Fuji peint.
Avec 78 artistes japonais représentés et réunis sur le stand de Japan Promotion au Salon Art Shopping, on a pu voir et constater que l’art japonais est vaste. De jolies découvertes et du choix pour satisfaire aux goûts de tous les visiteurs. Nous remercions la société Japan Promotion pour son invitation et les traducteurs qui étaient à notre disposition pour échanger avec les artistes et pour parler de leurs œuvres. A l’année prochaine !
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