GeGeGe no Kitaro : retour en force des yokai !
Vous aimez les histoires de fantômes ? Alors laissez moi vous racontez celle de Kitaro le Repoussant. Elle ne risque pas de vous faire peur (quoique), mais il y a tout de même de quoi passer toute une nuit à écouter ses aventures. Aujourd’hui, au travers de sa dernière adaptation animée, nous allons donc découvrir ce qu’il se cache derrière ce mystérieux petit garçon qui s’occupe des yokai, ces esprits du folklore japonais, qui viennent semer le trouble dans le monde des humains !
Une licence de soixante ans d’âge
Si la nouvelle adaptation de GeGeGe no Kitaro s’est pleinement intégré à notre époque moderne, ce n’était pas forcement évident pour cette série assez ancienne. Et pour cause, Kitaro a vu le jour à une époque où le manga à la mode s’appelait encore Astro Boy ! Né de la main de Shigeru MIZUKI en 1960, dans le tout jeune Weekly Shōnen Magazine, son manga comptera au final neuf volumes (il est disponible chez nous aux éditions Cornélius, en onze tomes). Et après le papier, le petit garçon passera au petit écran avec une première adaptation animée dès 1968, pendant 65 épisodes. À partir de là, chaque décennie aura droit à sa dose de péripéties autour des yokai. Ce qui fait de l’anime actuel, débuté en avril 2018, sa septième série.
Il y est toujours question des aventures de Kitaro, un yokai ayant l’apparence d’un petit garçon, se battant pour la paix entre les yokais et les humains. Pour cela, il peut utiliser différents pouvoirs dont notamment son fameux “doigt pistolet” pour vaincre ses adversaires. S’il doit souvent faire face à la malice de certains yokai (dont un qu’il connait assez bien), les humains seront par moments autrement plus problématiques.
Pour faire un point rapide sur le staff, la direction de la série est confiée à Kouji OGAWA qui avait déjà dirigé la seconde saison de World Trigger. L’écriture a été confiée à Hiroshi OHNOGI, ayant notamment travaillé sur FullMetal Alchemist Brotherhood. S’il n’est pas à l’écriture de tous les épisodes, c’est bien lui qui se charge des épisodes les plus importants. Pour l’animation, c’est Sorato SHIMIZU qui la dirige. Il s’occupe également du character design, que j’évoquerai plus tard. Enfin, c’est le célèbre studio Toei Animation (One Piece ainsi que toutes les précédentes productions animées de GeGeGe no Kitaro) qui produit la série.
La bande habituelle et une nouvelle venue
À chacune de ses itérations, Kitaro est accompagné de sa même bande d’amis esprits. Parmi les plus importants, on trouve Papa-Globule, père de Kitaro possédant de grandes connaissances sur les yokais, ce qui s’avèrera très utile à maintes reprises. Il est représenté par un corps humanoïde minuscule sur lequel se tient un œil énorme. Vient ensuite Misstigri, une fille yokai féline qui peut se battre avec des griffes acérées et parler aux chats (ce qui est adorable). Elle accompagne régulièrement Kitaro dans ses péripéties, ce qui s’explique principalement par une attirance moyennement dissimulée de cette dernière envers lui. Enfin, impossible de ne pas évoquer Ratichon, un demi-yokai à moitié humain. C’est le premier à se retrouver endetté jusqu’au cou, ce qui l’amène très souvent à monter de sales coups avec d’autres yokais pour se faire facilement beaucoup d’argent. Ça en fait à la fois le meilleur ami et ennemi de Kitaro, qui devra venir stopper ses machinations qui tournent souvent au vinaigre. À ceux-ci s’ajoutent quelques autres yokais qui apparaissent de temps à autres, comme la sorcière des sables, Fil de Lin ou encore Vieux Poupon.
Mais la principale nouveauté de cette version 2018 est l’apparition du personnage de Mana, une jeune fille qui va rapidement se lier d’amitié avec Kitaro et sa bande. Elle s’entendra même particulièrement bien avec Misstigri, qu’elle surnommera affectueusement « Minette », devenant de très bonnes copines. Ce personnage inédit a plusieurs intérêts, en plus d’être au centre du premier grand fil rouge de la série. De par sa nature humaine, elle facilite le lien entre le monde des yokais et le sien, étant souvent mêlée à ces affaires mystiques. Elle est également un des éléments modernisant la série pour notre époque, en facilitant l’identification à un personnage qui nous est familier.
Les yokais s’adaptent à l’ère du smartphone
C’est justement un des attraits de cette nouvelle itération de GeGeGe no Kitaro. La série ayant presque soixante ans, il était nécessaire d’en adapter certains éléments. Cela passe notamment par un cadre largement modernisé, se déroulant donc à notre époque actuelle. Un changement pas seulement esthétique car il se traduit également dans l’écriture. L’usage des smartphones y est naturellement intégré et des éléments contemporains seront mêmes au centre de plusieurs histoires, comme les réseaux sociaux, les idols ou même YouTube.
Un autre changement plutôt majeur est se situe au niveau du character design qui a lui aussi été mis au goût du jour. La tâche a donc été confiée à l’animateur Sorato SHIMIZU, pour qui c’est une première à ce poste. Si pour la plupart des personnages les changements sont assez légers, on remarquera tout de même la modification plutôt radicale de Minette Misstigri. Elle reprend ainsi des éléments de ses designs à partir de 2007, avec la même robe rouge et une coiffure similaire. Sa chevelure violette provient, quant à elle, de sa version de 1996 (quatrième série animée). Par contre, sa taille n’a plus rien à voir avec ses précédentes incarnations. Son apparence enfantine laisse place à une jeune femme faisant presque le double de Kitaro, donnant une impression bien plus mature qu’avant. Ce changement peut s’expliquer par l’envie de proposer un personnage principal plus “adulte” que Kitaro et qui servira de bonne copine à Mana, mais aussi d’une sorte de grande sœur à ses yeux.
Une maturité qui se retrouve d’ailleurs bien au-delà du personnage de Misstigri, à savoir dans les nombreuses histoires de la série. Chaque épisode met en vedette un yokai spécifique, sans nécessairement de suite logique entre les événements. L’anime possède bien un fil rouge général (le premier s’est achevé il y a quelques mois et un nouveau s’est lancé juste après qui est toujours en cours), mais les épisodes peuvent ainsi être vus indépendamment les uns des autres la plupart du temps.
Des histoires aussi variées que les yokais
L’avantage du folklore nippon autour des yokais est d’être extrêmement vaste et diversifié. Ces esprits peuvent ainsi avoir des apparences menaçantes comme celle d’un tigre, ou aussi simple qu’un petit garçon portant du tofu. Les histoires les concernant sont alors tout aussi variées, même si un certain schéma revient (à savoir Ratichon qui se mêle à un yokai pour gagner facilement de l’argent). Malgré tout, la série n’est jamais répétitive car même là elle sait se renouveler régulièrement. Que ce soit le ton utilisé ou les thèmes abordés, chaque épisode sait varier les plaisirs. L’un pourra ainsi avoir une histoire plutôt rigolote tandis que le suivant sera un récit bien plus dur. Le tout parvient à conserver une légèreté enfantine, les enfants restant le coeur de cible de la série qui avait succédé au créneau horaire de Dragon Ball Super sur les télévisions nippones. GeGeGe no Kitaro ne se prive donc pas de traiter de sujets sensibles comme le harcèlement ou le surmenage au travail, voire tabou avec la seconde Guerre Mondiale. Les épisodes 6 et 7 sont de ce point de vue d’assez bons exemples dès le début de la série.
Il est alors amusant de voir ce que vont raconter ces histoires de fantômes, puisque c’est ce dont il s’agit à la base. Certaines reprendront assez classiquement le folklore autour du yokai impliqué. Mais pour d’autres, particulièrement les yokais très spécifiques et pas toujours très puissants, leur récit sera davantage adapté au cadre moderne. Il n’y a qu’à voir l’épisode 44 avec le fantôme sans visage ou l’épisode 31 avec des yokais sur l’azuki (une variété japonaise de haricot rouge) pour constater la créativité de l’anime. Prenez garde tout de même, ici les fins assez amères ne sont jamais bien loins et peuvent parfois bien surprendre.
Une fantasque comédie à fantômes
Cette grande diversité dans l’écriture rend GeGeGe no Kitaro assez difficile à caractériser, ce qui constitue ici une grande qualité. Ce qui se ressent dans sa réalisation, qui mixe une ambiance légère et sympathique autour de la bande de Kitaro et une atmosphère plus sombre quand de mauvais yokais sont à l’œuvre. La série s’en amuse alors par moments, comme avec les apparitions de Kitaro aux humains, donnant l’impression de sortir de nulle part, tel un fantôme… À noter tout de même que la qualité de la réalisation et même de l’écriture est sujette à varier selon les épisodes, longue série oblige. Néanmoins, en 70 épisodes, on évolue entre le sympathique, souvent le très bons et régulièrement l’excellent. Par ailleurs, remarquons qu’en terme de technique, la série parvient à proposer une animation très correcte (voire plus !) sur une très grande majorité de ses épisodes. Si certains avaient peur de revoir les mêmes soucis qu’avec Dragon Ball Super (autre série de la Toei), soyez rassurés !
L’ancienneté de la série pourra peut-être en intimider certains, la licence n’étant pas des plus familières de nos jours, surtout en France. Ou bien est-ce plutôt par peur des nombreux esprits qu’elle met en scène ? Toujours est-il que GeGeGe no Kitaro s’avère être une série très sympathique, avec des personnages rapidement attachants et une ambiance bon enfant. La variété et la qualité de ses histoires en font un compagnon idéal pour vos dimanche pluvieux (et avec l’arrivée de l’automne, il risque d’en avoir !). Mon petit conseil à moi, c’est d’essayer de vous regarder un épisode le matin au petit déjeuner. L’ambiance de la série s’y accorde parfaitement ! Une expérience à tenter aux choix chez Crunchyroll ou Wakanim.
1 réponse
[…] Néanmoins j’ai beau parlé d’épisodes horrifiques, émouvants et de questionnements complexes, mais Gegege no Kitaro parvient à faire tout ça en restant très agréable et, mine de rien, plutôt “léger”. Je dis ça notamment parce que je me suis rapidement mis à voir les épisodes le matin au petit déjeuner. Et pourtant dieu sait que je ne suis pas du genre à prendre ce temps-là, c’est dire à quel point ça passait bien. Surtout, une fois à jour c’était un vrai régal de retrouver un nouvel épisode chaque dimanche matin. Ça peut sembler anodin, mais je pense que le moment où l’on regarde une série peut avoir son importance et là c’était clairement un mélange gagnant. Je pourrais étaler mon amour pour cette série pendant encore un long moment, si vous voulez en apprendre un peu plus je vous renvoie à l’article que je lui avais consacré sur Journal du Japon. […]