Kawasaki Warehouse : quand une salle d’arcade se prend pour une citadelle
Le Japon regorge de lieux atypiques à voir. Certains sortent juste de l’imagination du propriétaire, mais parfois d’autres cachent une véritable histoire derrière. Dans la ville de Kawasaki (préfecture de Kanagawa) se trouve une salle d’arcade reproduisant l’ambiance de l’ancienne citadelle de Kowloon à Hong Kong, lieu de tous les délits. Journal du Japon vous emmène au cœur de ce lieu mystérieux, qui suscite encore beaucoup d’interrogations.
Une salle d’arcade sur-réaliste
Située à 25 minutes en train JR de Tokyo, la ville de Kawasaki constitue une attraction touristique intéressante. La Kawasaki Warehouse, salle d’arcade réputée en fait partie. Ici, le propriétaire vous plonge dans un décor extrêmement réaliste de l’ancienne citadelle de Kowloon à Hong Kong. Et pour cause : Hichiro YOSHIDA, le propriétaire des lieux, a vraiment vécu dans la citadelle de Kowloon !
Lieu délabré, peu de lumière, le visiteur déambule en touriste ou joue dans un univers de film d’horreur. Interdite au moins de 18 ans, l’ambiance est assurée dès l’entrée du bâtiment, puis le noir et la salubrité font place.
Les détails sont impressionnants et les photographies nombreuses. La salle propose beaucoup de rétrogaming du type Street Fighter ou encore Mario. On retrouve aussi à l’étage une salle pour jouer au billard et un café Internet ouvert 24h/24 (si l’envie d’y passer la nuit est envisageable !).
La question demeure pour celui qui n’a jamais entendu parlé de Kowloon : pourquoi reprendre ce décors ? Et surtout quelle est l’histoire de ce lieu si peu accueillant ?
La citadelle : un lieu sans loi
Connu pour être le lieu le plus densément peuplé au monde, la citadelle n’était pourtant pas un eldorado où vivre. Construite au XIXe siècle la citadelle a tout d’abord servi de forteresse chinoise. Lorsque l’île de Hong Kong a été cédé aux Britanniques en 1842, les Chinois ont gardé cette forteresse pour avoir un contrôle modéré de la région, en accord entre les deux pays. Un accord brisé en 1899 lorsque finalement la Grande Bretagne décide de reprendre le lieu, sans définir qui en était le propriétaire. La citadelle s’est alors construite au fur et à mesure, se remplissant d’une population dense, sans loi bien définie.
Lors de la Seconde Guerre Mondiale les Japonais détruisent les murs de la forteresse afin d’utiliser les matériaux pour l’aéroport. La nouvelle figure de la citadelle se dessine.
N’appartenant à personne, la police de Hong Kong n’a pas le droit d’y pénétrer et la Chine ne souhaite pas intervenir. Les dealers, proxénètes, escrocs s’installent et font la loi, jusqu’à ce que les triades soient délogées dans les années 70, laissant les habitants gérer seuls les lieux.
La population se compose aussi de réfugiés chinois, fuyant la République Populaire de Chine établi en 1949.
Des bâtiments sont construits de façon anarchique, collés les uns aux autres, laissant peu de lumière pénétrer. La citadelle entière est éclairée par des néons, des passerelles aériennes en guise de rues sont construites.
On y vient pour y manger du chien, consulter un dentiste peu cher (« boucher sans licence ») sans regarder l’hygiène, consommer de la drogue, s’offrir une prostituée, jouer à des jeux d’argent, faire affaire avec des usines clandestines…
Des associations rendent le quotidien des habitants plus vivable en leur apportant de l’eau, en scolarisant les enfants ou en proposant des soins médicaux appropriés.
Et à côté, la ville de Hong Kong s’agrandit et s’enrichit.
La fin du calvaire
Finalement, très agacés par cette image peu souhaitable à Hong Kong et par cette incroyable densité (50 000 habitants sur 0,26 km carrés en 1987), les deux gouvernements Chinois et Britanniques se mettent d’accord pour détruire ce lieu en relogeant les habitants. Ce projet réalisé sur trois années, et a pris fin en 1993 lors de la démolition totale de la citadelle.
En 1994 a été construit un magnifique jardin asiatique, un lieu paisible qui contraste avec le passé.
Comment s’y rendre ?
Kowloon Warehouse : Depuis la gare de Tokyo prendre le JR KEIHIN TOHOKU/NEGISHI LINE LOCAL direction Ofuna, comptez 25 minutes de trajet pour 310 yens. Prendre la sortie Est de la gare de Kawasaki, la salle d’arcade se trouve à quelques minutes à pied.
Un aller retour dans la journée depuis Tokyo est largement possible et sur place comptez une demie journée si vous jouez, sinon, une heure.
Ancienne citadelle de Kowloon à Hong Kong : Arrêt de métro Lok Fu, sortie B.
À vous de découvrir ce petit bout de Hong Kong ramené au Japon et de voyager dans deux endroits en même temps !