Tigarah : le retour de la Japanese queen

Après près de 3 ans sans nouveaux morceaux, Tigarah est de retour avec de nouveaux remix. Sa venue à La Magnifique Society est l’occasion de faire un point sur sa carrière, riche et diverse.

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Le Japon était une nouvelle fois à l’honneur cette année à Reims, lors de La Magnifique Society. Certes, pour cette troisième édition, l’archipel devait partager les scènes asiatiques avec la Corée du Sud, mais cela n’a pas empêcher les programmateurs de faire venir du bien beau monde. Trois ans que le festival accueille des artistes qui comptent déjà au Japon, souvent pour leurs premières performances en France.

Cependant, Tigarah n’est pas de ces artistes. Résidente par intermittence en France, cela n’est clairement pas son premier concert dans l’Hexagone. La rappeuse/animatrice/journaliste/DJ/mannequin… était donc de retour sur les planches après une absence de quelques années. Fascinée par le Brésil depuis son adolescence, elle s’était d’abord faite connaître avec des productions baile funk, grâce auxquelles elle entre en contact entre autres avec Diplo. Curieuse de tout, la rappeuse passe facilement d’un genre à l’autre. Surtout, polyglotte, elle parle aussi bien le japonais que l’anglais et le français. L’interview se déroule d’ailleurs dans la langue de Molière, qu’elle maîtrise parfaitement. A ce moment de la journée, elle vient de faire un premier mix dans l’Xcess CLUB, qu’une panne de courant interrompt un long moment. Aussi, pour détendre l’atmosphère et avant qu’elle n’attaque son concert sur scène, en plus d’aborder sa carrière et ses multiples casquettes, nous abordons sa passion pour Terrace House, autour d’une coupe de champagne.

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Journal du Japon : Bonjour Tigarah… Cela fait longtemps que tu vis en France ?

Tigarah : En fait, j’ai vécu en France pendant deux ans il y a environ 6 ans. J’étais venue à l’occasion de mon deuxième album, pour bosser avec des producteurs français. J’ai aussi essayé de faire des featurings, mais comme j’étais chez Universal à l’époque et que les rappeurs avec qui je voulais travailler n’était pas sur le même label, ça ne s’est pas fait.

Ces deux premières années en France se sont super bien passées, mais j’ai du rentrer au Japon poursuivre d’autres projets professionnels. Mais je reste super attachée à ce pays : j’adore la musique française et la culture en général. C’est vraiment inspirant. C’est pour ça qu’en 2019, je reviens vivre ici !

Justement, tes premiers albums sont clairement d’inspiration brésilienne, avec beaucoup de baile funk, alors qu’aujourd’hui, tu fais un hip-hop plus froid (son remix de Rêves Bizarres d’Orelsan featuring Damso est sorti deux jours avant l’interview). Comment est-ce que cette évolution s’est faite ?

Le baile funk, c’est vraiment ma première passion musicale. J’adore la culture brésilienne, et je voulais faire du baile funk à ma sauce, du baile Tigarah si tu veux. C’est mon premier EP, sur lequel il y a mes premiers succès comme Girlfight que l’on retrouve sur la bande son de FIFA 2007. Ça m’a aidé à gagner en reconnaissance. Mais rapidement, j’ai cherché à évoluer, pour toujours créer une musique fraîche et nouvelle. Mais au Japon, mes producteurs voulaient m’orienter vers quelque chose de plus J-pop. C’est bien la J-pop, hein, mais ça n’est pas vraiment pour moi. J’ai donc fait deux albums qui mélangeaient les genres, après quoi mon contrat avec le label a pris fin, ce qui m’a donné beaucoup plus de liberté !

C’est à ce moment que j’ai commencé à vraiment créer mon style. Le baile funk reste ma première inspiration, mais j’aime aussi le hip-hop underground, le jazz, la Miami bass et la grime britannique. Skepta, Dizzee Rascal… ils sont trop forts ces gars ! J’aime le hip-hop sur lequel on peut danser. Donc je veux mélanger un peu tout ça pour créer mon style.

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Et depuis la fin de ton contrat avec Universal, tu ne fais pas que de la musique…

Oui, j’ai commencé à faire un peu de mannequinat, et du journalisme. J’écris chaque mois dans Cosmopolitan Japan. Je suis une faiseuse de tendances ! Et je suis également présentatrice sur E News. Mais la musique reste ce qui me passionne.

Justement, la sortie de ce remix signifie qu’on peut s’attendre à un nouvel album ?

Oui ! Je suis en train de le préparer. En fait, Rêves Bizarres, c’est d’abord un cadeau pour la France, c’est pas sûr du tout que ça soit sur l’album ! J’avais rencontré Orelsan il y a un an au Japon, à l’occasion de sa venue pour La Magnifique Society Tokyo justement, et depuis on est devenus potes. Je l’appelle Orelkun ! Et donc je me suis dit que ça serait sympa de faire un truc avec lui vu qu’il adore le Japon.

Le plus dur sur Rêves Bizarres, ça a été tout le processus d’adaptation. Je voulais conserver l’univers d’Orelsan et Damso. Donc la traduction et le travail de rimes étaient une chose, mais il fallait conserver cette atmosphère sombre. J’ai surtout buté sur la partie de Damso, qui a un rap très technique. Ma seule crainte était que Damso déteste mon travail ! Donc j’ai beaucoup bossé dessus.

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Est-ce que tu penses avoir un rôle dans les connexions entre les scènes rap japonaises et françaises ?

Quand j’ai vécu en France il y a 6 ans, je me suis fait quelques contacts au sein de l’Entourage. Donc j’ai une base avec qui travailler. Et de la même façon que ce que j’ai fait avec Rêves Bizarres, j’ai envie de faire davantage de remix de morceaux de hip-hop français en japonais. Comme ça, je peux faire connaître plus facilement la scène rap française. Et ça pourrait aussi me permettre de faire venir des artistes français au Japon, et des artistes japonais en France. Comme je parle français et que j’aime cette culture, je suis une interlocutrice privilégiée pour ces contacts entre les deux pays.

Pour finir, tu as abordé ta carrière de mannequinat. Or, il y a quelques semaines, tu étais à Londres, en même temps de Seina Shimabukuro. Est-ce que tu regardes Terrace House ?

C’est super populaire au Japon ! Mais je m’y suis vraiment mise cette année, et je suis devenue accro à toutes les histoires qui s’y passe ! J’ai beaucoup aimé la saison à Karuizawa. Et Seina est vraiment super cool ! Et ce qui est drôle pour les Japonais, dans Terrace House, c’est pas vraiment l’histoire, mais ce sont vraiment les commentaires du panel ! J’adore Yamachan ! Il est très drôle ! Mais je pense que vous perdez une partie de ce qu’il dit à la traduction.

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Et c’est sur ces mots que l’interview se termine. Quelques heures et un changement de tenue plus tard, Tigarah montait sur scène devant un public nombreux. Son énergie a électrisé une foule déjà bien remontée par le concert précédent de Nekfeu. Et évidemment, tout le monde est devenu fou lorsqu’elle a commencé Rêves Bizarres, avant de conclure avec une apparition de Vladimir Cauchemar sur scène. A n’en pas douter, la Japanese Queen de Roppongi est bien de retour. Surtout, il se peut qu’elle nous réserve des surprises pour l’édition 2020 du festival. Affaire à suivre…

Merci aux équipes de La Magnifique Society pour leur disponibilité.

Photos Thomas Hajdukowicz pour ©journaldujapon.com

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