Gaming Memories #24 : Zero Wing
Bienvenue dans ce nouveau numéro de Gaming Memories ! Cette fois-ci, nous reviendrons sur un jeu issu d’un genre, d’un éditeur et d’une machine encore non-évoqués (en dehors de références et exemples) : un shoot’em-up signé Toaplan, sorti sur arcade en septembre 1989 ! Alors si vous êtes prêts à affronter une tempête de boulettes, c’est parti ! Allons défendre la Terre… en 2101 (on fait un retour vers le futur ?).
Des salles embrumées jusqu’à l’espace étoilé
Dans les années 1980 jusqu’à mi-90 environ, les salles d’arcade sont très à la mode, proposant des jeux techniquement plus impressionnants que sur consoles de salon. L’intérêt de l’arcade était de proposer des jeux rapides et potentiellement remplis de challenge. Et à cette époque, s’il y avait bien un genre maître à coté des beat’em-ups, ce sont bien les shoot’em–ups. Toaplan, le studio de développement qui nous intéresse ce mois-ci, est l’un des maîtres dans le genre. La course à la qualité et à l’originalité était de mise, avec des concurrents sérieux comme R-Type (Irem) et Gradius (Konami).
Les éditeurs devaient donc faire en sorte de trouver ce petit quelque chose qui ferait que leur nouveau shoot serait plus original et donnerait envie. Après plusieurs jeux du genre, il y en a bien un, qui finalement a pu marquer les joueurs, d’une façon ou d’une autre : Zero Wing. Seizième jeu de la société créée en 1984, il est sorti en septembre 1989 en arcade dans le monde entier puis en 1991 sur Mega Drive en 1991 et PC-Engine l’année suivante. Le pire, c’est que vous le connaissez peut-être sans même le savoir…
Sauver le monde ? Ok, mets une pièce et j’y vais !
En 2101, alors qu’un traité de paix vient de s’instaurer entre les Nations Unies et CATS, une sorte de cyborg alien malfaisant, ce dernier s’en prend à une colonie spatiale japonaise. Le vaisseau-mère a été détruit par CATS, et il ne reste plus qu’un seul espoir pour la vengeance : le joueur, qui s’est échappé à temps à bord d’un ZIG (un vaisseau de combat léger). Chassez CATS et ses légions de créatures ! Retrouvez-le et faites-lui payer pour son affront !
… et c’est tout. Mais ce n’est sans doute déjà pas mal pour un jeu de ce genre, à cette époque. Il y en a bien d’autres dont le scénario se résumait à « chasser les vilains E.T et tous les tuer ». Et en somme, cela résume bien le but du jeu… shooter tout ce qui vient en face et survivre jusqu’au boss final !
Trois p’tits tirs et puis c’est bon
Zero Wing est un « shmup » à défilement horizontal automatique. On peut se déplacer dans toutes les directions dans l’écran et bien entendu, tirer. On dispose de trois types de tirs différents selon l’upgrade que l’on récupère (on peut en trouver assez régulièrement au fil des niveaux) et parfois récupérer un objet qui paralyse les ennemis à proximité pendant un court instant.
L’un des tirs est tout simplement un tir « matraquage » de bouton, qui va tout droit aussi. Le deuxième est un laser du même genre, mais tout comme le troisième, on peut laisser son doigt appuyé pour un tir automatique. Enfin, le dernier est un mélange des deux car ce sont aussi des boulettes automatiques, mais à tête chercheuse. On peut renforcer son attaque en récupérant un bonus de la même couleur que le précédent mais chaque tir reçu est fatal, et une vie perdue remet l’arme à zéro (wing).
L’originalité de ce jeu par rapport aux autres, c’est son rayon tracteur. En maintenant l’autre bouton d’action, on peut l’activer, ce qui permet d’attirer et stocker un ennemi. Cela ne fonctionne qu’avec les petits, mais en le gardant devant soi, on peut soit le renvoyer à la figure d’un autre ennemi comme un projectile, soit s’en servir comme bouclier. Un tir reçu, dans ces conditions, évite une mort directe.
Comme un air de System-16
On ne sait pas grand-chose de la création de ZW, mais ce qui est sûr, c’est qu’il ne serait pas étonnant qu’il ait été développé sous System-16, la carte arcade de SEGA. Cela se voit assez vite dans les graphismes qu’il propose : plutôt jolis pour l’époque, ils montrent de gros boss qui sont parfois en plusieurs parties. Si le jeu avance à vitesse un peu lente, les tirs ennemis sont plutôt rapides et demandent des réflexes pour être évités. Les couleurs, en revanche, sont presque un peu ternes… non pas que dans le genre on n’ait besoin de couleurs chatoyantes dans l’espace en guerre, mais plutôt que c’est la palette graphique du système qui le veut, c’est tout.
Cela n’empêche pas, comme dit plus haut, d’avoir des boss de bonne taille à l’écran. Les décors ne sont pas forcément tous très fouillés mais se diversifient de niveau en niveau, proposant aussi bien des environnements intérieurs, métalliques ou organiques, et d’autres en extérieur, comme le deuxième niveau pleinement dans l’espace, entouré d’astéroïdes (malheureusement fixes). Il en va de même pour les boss, plutôt étranges voire très légèrement malsains et que l’on pourrait presque croiser dans un R-Type. Sans être exceptionnels, ils remplissent leur fonction de menace pour le joueur. Le nombre de boulettes à l’écran n’est pas très élevé la plupart du temps, mais certains envoient tout ce qu’ils ont, sans que le jeu ne ralentisse. On regrettera peut-être que, si la chute en flammes des boss après les avoir détruits est« cool », leur explosion n’est absolument pas spectaculaire…
Chacun des huit niveaux est conclus par un boss et certains ont aussi un Mid-boss. Ceux-ci offrent forcément plus de résistance qu’un ennemi normal, mais ne sont pas spécialement difficiles, si ce n’est qu’ils envoient plus de « boulettes » à éviter. Le jeu est surtout difficile du fait qu’il est « à l’ancienne » (trois vies et c’est game over à moins de remettre une pièce) mais en soi, il suffit d’une demi-heure pour en voir le bout. La chose frustrante (et c’est la raison pour laquelle on ne sait pas grand-chose sur le jeu), c’est qu’en guise de fin, on a juste le droit à une petite animation et quelques lignes de texte qui disent en gros « la paix est revenue, toutes les bases de CATS ont été détruites, mais il est toujours vivant quelque part ! Il faut repartir le chasser et en finir, bonne chance ! ». Et ainsi le jeu repart de zéro…
Si l’on parlait du System-16 pour les graphismes, on ne peut pas nier que cela se ressent un peu au niveau du son, aussi. La bande-son est plutôt dynamique, colle bien à l’action et reste toujours dans le même ton, sans être jamais désagréable. Les thèmes se ressemblent tous un peu mais se suivent bien. Le son est juste un peu criard, à tel point que le bruit des tirs en devient assez agaçant. Ce son strident qui donne envie de couper les haut-parleurs, vous savez… ?
Au niveau des regrets, ajoutons aussi que les boss n’ont pas de thème propre, ce qui fait qu’on ne sait vraiment où l’on se trouve dans un niveau que… lorsqu’on en change !
Au final, bien qu’il ne propose qu’une maigre idée pour se démarquer, ZW reste un jeu dans la norme, jouable et maniable, qui peut facilement être oublié pour ce qu’il est, et malgré ses qualités. Pourtant, dans les années 2000, il a fait son retour d’une manière assez surprenante…
La bataille continue
En 1991, Zero Wing arrive sur Mega Drive dans une version remasterisée (en quelques sortes). Les graphismes sont un peu plus fins et retouchés, les tirs sont plus grands à l’écran, et le son est retaillé pour la machine, ce qui le rend plus agréable à l’oreille. Le jeu commence d’ailleurs par une petite scène cinématique expliquant le scénario (donc c’est de là qu’elles viennent, ces créatures !), et sa difficulté augmente forcément puisqu’il n’y a que trois vies avant le Game Over et pas de pièces pour continuer…
L’année suivante, le jeu atterrit sur PC-Engine CD-Rom², une machine bien connue pour ses shoots aussi. Dans cette version, on perd la cinématique d’intro et la bande-son passe en qualité CD, ce qui la rend assez différente (et donc qui ne peut pas plaire à tout le monde). Le jeu rajoute deux niveaux supplémentaires au passage. La cut-scene de la MD laisse sa place à une autre en animation avec voix.
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L’intro sur Mega Drive.
Ce pourquoi le jeu est si « mémorable », c’est sa version MD, et plus particulièrement son intro… qui comme vous pouvez le voir est traduite dans un magnifique « engrish » bien raté. « How are you gentlemen !! », « You have no chance to survive make your time » et surtout, « All your base are belong to us »… on peut dire que SEGA of Europe qui a adapté ces dialogues a fait très fort. Internet aimant les « memes », on a vu ces phrases devenir cultes… à tel point qu’ils ont été repris, par exemple, par le groupe de metal brésilien MegaDriver, et d’une très belle façon !
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La version Megadriver.
Zero Wing, shoot plutôt méconnu de la majorité des joueurs hors de son meme cultissime, reste un jeu correct, jouable, sans vraiment de défauts dans ce qu’il propose et, noyé dans la tempête de boulettes qui s’est abattue sur le monde du jeu vidéo à son époque, est vite tombé dans l’oubli. Être réveillé pour devenir une blague d’Internet n’est pas forcément le destin le plus glorieux que l’on puisse souhaiter, mais grâce à Gaming Memories, la justice a été rendue, dans l’espoir de faire triompher les bons jeux oubliés et leur redonner une seconde vie ! Qu’attendez-vous pour aller l’essayer à votre tour et faire des concours de scoring dessus ? … non, ça ne vous tente pas ? Allez quoi, for great justice !
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Toaplan
J’ai poutré ce jeu des milliers de fois. Même si R-type est plus populaire il n’a rien à envier à celui-ci. Les deux jeux ont leurs spécificités, après c’est une question de coup de coeur <3 Merci de faire ressortir mes premières amours des tiroirs