Interview avec JD World, le maître des cartes…Dragon Ball !
Si vous avez grandi dans les années 90, vous avez certainement dû voir passer dans les cours de récréation des cartes Dragon Ball, la série star du Club Dorothée. Évoquer les cartes DBZ à un trentenaire, c’est réveiller en lui des souvenirs et une quête de cartes rares. Nous avons rencontré le fondateur de Japan Deal World, un site spécialisé sur les cartes Dragon Ball vintage, pour qu’il nous parle d’un secteur, certes de niche, mais qui parle à beaucoup de gens.
Back to school
Pour vous faire une présentation globale des cartes, nous prendrons pour exemple les collections de trading card Super Battle et Carddass Hondan, et omettrons quelques exceptions. Généralement, une série de cartes (un set ou une part dans le jargon des collectionneurs) est composée d’une majorité de cartes regulars, et de quelques cartes prisms (comprendre brillante) plus rares. Le principal éditeur de carte est Bandai, célèbre fabricant de jouets et autres goodies, qui domine également ce domaine. Le gashapon étant une institution au Japon, c’est donc par ces Vending Machine blanches, que les cartes pouvaient être achetées contre 20 yens (soit ~0.17€, oui, ça fait mal quand on voit le prix de certaines aujourd’hui…). Une fois la monnaie insérée, il suffisait de tourner la molette pour voir sortir une carte au hasard parmi les 500 stockées, et croiser les doigts pour tomber sur une prism (1 chance sur 20). La France a connu sa propre édition de Super Battle et Hondan, que l’on pouvait retrouver chez le marchand de journaux, mais des cartes japonaises parvenaient aussi jusqu’à nous. À une époque où internet n’existait pas dans les foyers, c’est vers les boutiques d’import qu’il fallait se tourner.
Aujourd’hui, la cote d’une carte varie avant tout en fonction de son état. Comme pour tout objet de collection ancien, la cote la plus forte est donnée pour un état Mint, c’est-à-dire qui a gardé sa fraîcheur (comme la menthe). Mais ne vous voilez pas la face, à moins d’un miracle, il y a de très fortes chances que les vielles cartes de votre enfance, ou celles que vous trouverez sur les marchés et brocante soit dans un mauvais état. À cela, il faut ajouter la possibilité que la carte soit une « fausse ». Fléau des cours de récré, souvent détectées trop tard une fois que l’échange contre un autre objet de valeur était acté, les fakes avaient plusieurs niveaux de finition. De la copie mal cadrée, au simili presque parfait, il fallait en dernier recours vérifier les mentions telles que l’année de parution ou les copyrights pour vérifier de son authenticité.
Une série, mais de multiples collections
Les collections les plus connues sont donc les Super Battle (aussi appelées Power Level) et les Hondan (dont le vrai nom est Carddass) car elles ont connu des versions françaises. Les Super Battle, renommées Le Grand Combat chez nous, ont vraiment fait fureur, notamment grâce à leurs différents types de cartes brillantes : les prism simples, les doubles prisms et les hidden prism (une carte brillante cachée sous une face A de type regular). La France et l’Italie ont aussi connu des collections qui n’existaient pas au Japon. C’est le cas des cartes Panini, et par exemple ses 5 séries DBZ et 2 séries DB GT parues entre 1995 à 1999.
Si l’on se tourne vers les cartes uniquement japonaises, il faut rajouter à la précédente liste les Visual Adventure, qui mettent en avant des illustrations d’Akira Toriyama. Cette particularité leur donne un cachet à part dans l’univers des cartes DBZ, puisque habituellement ce sont des images issues de l’animé, ou des illustrations faites pour la promotion de la série qui sont utilisées, mais jamais faites des mains de l’auteur d’origine. Enfin, nous pourrions également citer les Rami Cards, qui sont des images plastifiées également populaires durant nos tendres années, et les PP card. Il existe cependant beaucoup d’autres collections au Japon parmi lesquelles les Super Barcode Wars, les Characters Collection, les Gumica, les Morinaga et les Teribi Denwa (constituées uniquement de prisms). Plus récemment, les Wafers Unlimited et les cartes Dragon Ball Heroes sont venues constituer la nouvelle génération de cartes. Parmi les anciennes séries, seules les Carddass Hondan ont repris leurs cours avec l’arrivée de Dragon Ball Super.
Voilà pour la présentation du l’univers des cartes Dragon Ball. Pour approfondir le sujet, nous avons interviewé le fondateur de site Japan Deal World, qui se spécialise dans la vente de carte Dragon Ball (mais pas que) en directe du Japon, afin qu’il nous apporte son expertise sur le sujet.
Japan Deal World, le sanctuaire des cartes !
Parle-nous de toi, comment es-tu arrivé au Japon et depuis quand ? Qu’est-ce qui t’a fait tomber dans l’univers des cartes ?
Japan Deal World : Bonjour, je m’appelle Sam, je viens de Paris et je me suis installé au Japon depuis janvier 2016. Avant ça, j’y ai vécu pendant 1 an et demi et cela faisait plus de 10 ans que j’y allais chaque année, 2 a 3 fois par an. Comme tout le monde étant enfant, je collectionnais avec mon grand frère les cartes Dragon Ball et faisais des échanges dans la cour de récréation. Même si je n’avais pas continué ma collection avec le temps, j’y ai repris goût en arrivant au Japon tout d’abord grâce à Dragon Ball Heroes.
Cette activité te permet-elle d’en vivre, ou as-tu besoin de travailler à côté ?
Pour tout te dire, je vis de mon activité depuis très récemment et nous fêterons bientôt le premier anniversaire de JDWorld (le 31 août) ! Avant cela, je travaillais au Japon dans le secteur du jeu vidéo en tant que recruteur pour des boîtes comme Square Enix, SEGA ou encore Bandai Namco (j’y garde encore plein de très bon contacts).
Quelles sont les collections les plus populaires auprès des collectionneurs ?
Je pense que les collections les plus appréciées sont les Carddass (communément appelés Hondan) et les Super Battle. Bien-sûr, il y a d’autres séries recherchées telles que les Visual Adventure ou encore les PP Card, mais dans une autre mesure. Ce que je vois le plus souvent, ce sont des gens qui collectionnent d’abord les Hondan et Super battle, puis une fois complètes, se tournent vers les Visual Adventure, PP etc.. Récemment, de plus en plus de gens se laissent tenter par les cartes Dragon Ball Heroes, sûrement grâce au retour de la série avec Dragon Ball Super, mais aussi l’anime promotionnel Super Dragon Ball Heroes.
Alors que plus aucune carte dite « vintage » n’est produite depuis des décennies, on pourrait penser que c’est un marché voué à disparaître. Qu’en est-il réellement, quel avenir donnes-tu à ce secteur ?
C’est un marché de niche. La plupart de ces cartes dites »vintage », ou »old gen’,’ ne sont pas si difficile à dénicher que ça, car produites en très grande quantité à l’époque (sauf les cartes limited et quelques exceptions). Ce qui est difficile, c’est de se les procurer en excellent état et à un très bon prix. Certaines cartes ont plus de 30 ans, c’est donc très difficile de les trouver conservées de manière impeccable.
Je pense que ce secteur a encore un bel avenir, mais n’est pas destiné à tout le monde. Je parle du côté business, car pour être compétitif niveau tarif et pouvoir proposer un grand choix de cartes, il faut absolument être au Japon ou à Hong Kong.
Étant enfant, on se rendait bien compte qu’il y avait des cartes plus rares que d’autres. Désormais, cette rareté a donné une cote aux cartes qui peuvent atteindre des sommes très élevées. Comment évolue la cote d’une carte ? Quels sont les facteurs majeurs qui font monter leurs prix ?
Question très intéressante et qui me permettra de compléter la précédente. La cote d’une carte est évaluée sur plusieurs critères comme le nombre d’impressions, l’état de la carte, et surtout la demande du marché. Nous subissons depuis quelques temps une grosse difficulté à trouver certaines cartes qui n’étaient pas si rares que ça avant, mais qui deviennent désormais un vrai calvaire à dénicher. Ou il faut alors y mettre minimum 2 fois le prix pour les obtenir. La raison à cela vient des collectionneurs hongkongais qui achètent le plus de fois possible la même carte. La valeur d’une carte qui coûte au départ 10 euros augmente au fur et à mesure, pour trouver par exemple une moyenne de 40 euros. Une fois que ces collectionneurs ont finit de récolter 20 fois la même carte, comme ils sont beaucoup à le faire, ils ont le monopole sur le marché et se permettent de les revendre à des prix parfois hallucinants…
Quel est le prix le plus fou que tu aies vu pour une vente de carte ?
Alors pour une vente réussie, je dirais 6000 euros au Japon par un Hongkongais. Sinon pour des tarifs exorbitants, il suffit de regarder un peu ce qui se passe parfois sur Ebay.
Dragon Ball n’a pas le monopole des cartes dites « carddass » à collectionner, et d’autres animes comme One Piece ont aussi des cartes à leurs effigies. Quelles sont les séries les plus populaires ?
Les séries prisées sont One Piece, Pokemon, Sailor Moon et Gundam pour les plus courantes. Cela peut être étonnant, mais les cartes Dragon Ball old gen ne sont pas si populaires que ça au Japon.
L’engouement auprès des cartes Dragon Ball en France est-il comparable à celui au Japon ?
Comme dit précédemment, les cartes Dragon Ball old gen ne sont pas tant recherchées au Japon. Le marché français est plus important pour ces cartes, d’ailleurs la plupart des gens qui achètent du old gen au Japon sont étrangers. Ce qui marche vraiment ici, au Japon, ce sont les cartes Super Dragon Ball Heroes, car elles sont utilisables sur les bornes d’arcade pour se faire son équipe personnalisée. Pour te donner un peu plus de détails, la borne de jeu Super Dragon Ball Heroes existe en 2 versions, la petite sans chaise à la taille des enfants, et une plus grande avec un siège pour les adultes. Je suppose que la version enfant n’inclut pas de siège pour que ces derniers ne restent pas trop longtemps devant les bornes, et ainsi »rassurer » les parents.
Les enfants collectionneurs des cours de récré sont aujourd’hui des adultes. Y a-t-il une communauté autour des cartes DBZ en France ?
Oui, une très grande communauté de cartes DBZ en France. Après, je trouve qu’elle est scindée en 2 parties, les collectionneurs de cartes old gen et Dragon Ball Heroes, et celle des collectionneurs des cardgame qui sont plus faites pour jouer en irl que de la collection pure. Certains collectionneurs old gen organisent des rencontres par département pour se poser toute une après-midi afin d’échanger, discuter, et de passer un bon moment réunis sous la même passion.
Quand on repense aux cartes de notre enfance, on repense également aux « fausses ». De la simple photocopie abusive, à la reproduction presque fidèle, comment expliquer cette économie parallèle. Qui les produisait et pourquoi ?
À l’époque, nos connaissances sur les cartes n’étaient pas assez approfondies pour se rendre compte à 100% que l’on possédait de fausses cartes. Elles viennent à la base de Chine, et pour les connaisseurs de l’époque, il suffisait de se rendre à Paris 13 pour y trouver des milliers de cartes fake à petit prix. Il y avait aussi des cartes faites »maison » comme les rami card où il suffisait d’imprimer un visuel sur du papier glace et de plastifier la carte.
En parallèle, il existe également des cartes non officielles. Qu’est-ce qui les différencient des simples fake ?
Malheureusement, je ne suis pas bien placé pour parler des cartes non officielles, car je ne m’y connais pas assez. Certains les considèrent comme »non officielles », d’autres semblables à des »fausses ». Mais pour éviter d’ouvrir un débat auprès des passionnés je ne vais pas me prononcer sur ce sujet.
Les collections actuelles de cartes connaissent-elles des faussaires, ou est-ce un phénomène uniquement porté sur les anciennes générations ?
Maintenant, il y a ce que l’on appelle les »Fan Card » qui sont tout simplement l’équivalent des fausses, de l’époque. On reprend la maquette d’une collection type Super Battle, Hondan etc.. et on y met soit un artwork officiel, soit une création d’artiste. Malgré ça, il m’est déjà arrivé de voir de superbes Fan Cards.
Des gens collectionnent aussi les fake, ce sont devenu des collections à part entière ?
Pas mal de personnes collectionnent les fake. Certaines ne sont pas répertoriées, il est donc très difficile de savoir où se trouve la fin d’une série. On peut dire qu’en France, ce sont des collections à part entière vu l’engouement pour ces dernières.
Comme vous pouvez le constater, les cartes de notre enfance font toujours autant fureur même 20 ans après. À l’instar des mangas, la France se trouve également être un marché prédominant dans ce domaine, démontrant une fois de plus la symbiose culturelle entre nos deux pays. Si vous pensez vous laisser tenter par l’achat de quelques cartes, ou simplement par curiosité, nous ne saurions que trop vous conseiller de passer par le site Japan Deal World qui vous offre -10% jusqu’au 7 septembre 2019 avec le code « jdworldanniversaire1 « . Outre des cartes, vous pourrez y trouver divers goodies ainsi que des figurines issues du catalogue du Shônen Jump. Enfin, pour des infos sur l’histoire des carte françaises, direction DBZ Museum Collection et sa mine d’information.
Nos remerciements à Sam, pour son temps et sa gentillesse.
Super article !! Bien détaillé.
Sympa l’interview du copain Sam. Et merci pour le clin d’oeil à notre site DBZ Museum Collection 😉