[Attentes Mangas] Septembre, sur le sable fin
Eh oui, c’est la rentrée ! L’équipe reprend du service et décide de vous offrir une petite liste à suivre afin de la passer dans les meilleurs auspices. Comme tout le monde le sait, en cette rentrée littéraire, les sorties sont légion, à tel point qu’on s’y perd un peu. Les éditeurs ont en effet travaillé d’arrache-pied pour tout sortir dans les temps. Afin de vous remonter le moral à la fin de ces congés d’été qu’on espère avoir été bons, voici les attentes de l’équipe de Journal du Japon qui devraient vous plaire ! Parmi toutes les sorties, au programme, du choix avec quelques nouveautés et suites. Cette fin d’été (août et septembre) est bien remplie avec pas loin d’une quarantaine de nouvelles séries et de suites tant attendues…
Bonnes lectures et découvertes !
Les petits nouveaux
« Homme à tout faire » : « homme qui peut effectuer toutes sortes de travaux » d’après le dictionnaire. Les lecteurs ne s’attendront cependant pas aux types de travaux dans lesquels le héros, Soichiro, est spécialisé car il s’agit… d’un gigolo ! Il devra jouer les muses pour l’héroïne, Mizuho, qui est mangaka et… qui n’a jamais connu l’amour ! Sera-t-elle « naïve » et tombera-t-elle dans le piège tendu par la profession de Soichiro ? Saura-t-elle, au fil des pages, renverser les rôles de professeur et d’élève ?
Qu’adviendra-t-il d’eux lorsque l’amie de Mizuho ne voudra plus qu’elle garde son gigolo ? Étant classé comme « romance », le lectorat se doute que Soichiro va se faire prendre à son propre jeu, d’autant plus que la couverture laisse suggérer que l’apprentissage ne s’arrêtera sans doute pas aux portes de l’intimité et de la chambre à coucher. Un manga qui s’annonce donc intéressant et qu’on compte bien suivre avec intérêt. Ce sera chez Soleil Manga qu’il faudra se tourner dès le 11 septembre. (Roxane)
Le héros de ce manga Nishikata est un collégien plutôt réservé, peu habitué à jouer les premiers rôles à l’école. Takagi, sa camarade de classe, est par contre coutumière des coups d’éclat. Elle aime se faire remarquer, mais elle se plaît surtout à attirer la lumière sur Nishikata, malgré lui. En effet, Takagi ne ménage pas ses efforts pour taquiner Nishikata : l’embarrasser est un véritable passe-temps pour la jeune fille !
Comme dit le proverbe « qui aime bien châtie bien ». C’est tout l’art de Takagi avec Nishikata pour qui elle en pince. Et la seule façon qu’elle a de le montrer c’est de l’embêter. La réciproque est vrai, malheureusement pour Nishikata il est beaucoup moins doué que sa camarade et il se fait prendre à son propre jeu. Bonne pioche pour le lecteur qui se laisse prendre à leur jeu toujours amusant. La première saison de l’anime est déjà disponible sur Crunchyroll, c’est donc une bonne nouvelle de voir débarquer la version papier en France chez Nobi-Nobi. (Tatiana)
Je suis une grande fan du travail de Jirô Taniguchi. J’aime particulièrement ses petites scènes du quotidien qu’il croque avec finesse, délicatesse, tout en retenue mais avec une sensibilité qui me touche profondément. Mon livre de chevet est L’homme qui marche. Il ne se passe pas grand chose, mais un homme se promène avec son chien et on ressent le bonheur qu’il a à faire cette promenade quotidienne. Une autre fois, il s’allonge sous un superbe cerisier en fleurs, et ce dessin m’émeut à chaque fois : des pétales par milliers, un arbre et un humain … Ce rapport à la nature de Taniguchi est présent dans ses livres avec une force impressionnante. Que ce soit pour évoquer la flore, mais aussi la faune (on se souvient de la salamandre géante dans La montagne magique), il y a un amour profond et un respect sincère. J’ai donc hâte de découvrir cet Orme du Caucase qu’un homme ne se résout pas à faire couper bien que ses feuilles mortes tombent chez son voisin chaque automne… sa beauté ne peut disparaître !
Il est également beaucoup question des relations entre humains : couple, enfants et grands-parents … toujours décrits avec peu de mots mais beaucoup d’amour dans les gestes finement dessinés. Bref, j’attends avec impatience cette nouvelle édition pour découvrir un recueil qui m’est inconnu et me replonger dans la magie de cet artiste disparu bien trop tôt ! (Alice)
Publié en deux tomes chez Akata, l’histoire de Entre deux analyse l’évolution sur plus d’une décennie de la relation entre deux amis d’enfance, un garçon et une fille, du temps qu’ils passaient à jouer enfants à celui de la transformation des corps et des sentiments avec la puberté jusqu’à ce moment, fatidique dans les récits d’adolescence japonais, de la fin du lycée.
Ce manga semble décrire avec beaucoup de perspicacité et de subtilité la naissance des sentiments amoureux et du désir et la confusion qu’ils créent dans une relation jusque-là stable et aux rôles bien établis. Quand la complicité de l’amitié et l’innocence de l’enfance évoluent vers quelque chose d’autre et d’inconnu, que les liens se distendent et la distance s‘installe avec le temps et qu’on a l’impression de perdre le contrôle. Un récit doux-amer accompagné d’une esthétique claire et resserrée sur les deux protagonistes. (Emilie)
Les suites
Comme nous vous le disions il y a peu dans notre dossier furyô, le manga de voyous est méconnu en France alors que c’est une institution au Japon. Tokyo Revengers chez Glénat Manga, dont le tome 3 est sorti le 21 août dernier, est un excellent représentant de la famille furyô et combine les grandes gueules au grands cœurs et à la volonté inébranlable du genre avec une série de sauts dans le temps et des destins funestes que le jeune Takemichi fera tout pour modifier. En plus d’un graphisme sans défaut, Ken WAKUI maîtrise aussi bien son intrigue et son univers temporel que les codes du manga de voyou, avec des héros désabusés, meurtris souvent, mais qui sont capables d’accomplir de grandes choses.
Tout est donc là et a bien été mis en place dans les deux premiers volumes, très efficaces et prenants, donc on ne peut que vous conseiller de vous procurer les trois d’un coup et de vous faire un bon petit kiff de mangaphile avec Tokyo Revengers. (Paul)
S’il y a bien une série qui me plait vraiment cette année, c’est Beastars chez Ki-oon ! Le 6e volume sort en septembre pour mon plus grand plaisir et celui des autres lecteurs du titre j’en suis sûre ! On y suit le quotidien de Legoshi, un loup gris pas tout à fait comme les autres, étouffant sa propre nature et qui se prend d’affection pour une lapine. Tout ceci sur fond d’un meurtre d’un herbivore, qui relance les tensions existantes entre Carni et Herbi car oui Beastars c’est là sa réussite. Transcrire la société humaine via les animaux, et montrer ainsi les mœurs, les caractères, et les dessous d’une vie, grâce à cette dualité existant entre « les plus forts » (les carni) et les plus démunis (les herbi).
Pas simple de se construire dans un monde où en réalité, les faux semblants sont beaucoup plus présents qu’on ne le croit. On le voit dans le précédent volume quand on nous explique l’existence du marché noir et d’un certain gang de Lions… Bref je n’en dirai pas plus, juste qu’on a hâte de voir comment va réagir Legoshi face au désir qui semble s’emparer de lui. (Charlène)
Je pense que Ballad Opera fait partie de ces titres qui surprennent. Au début on peut se demander si cela va nous convenir tant l’histoire ou le dessin semblent plutôt anodin. Entendre par-là, moins original que d’autres mangas et donc plutôt classique. Mais en réalité, cette série offre beaucoup plus de profondeur que prime abord. L’histoire dans un premier temps avec un duo improbable : un ange et un démon, faisant front commun et cherchant à mettre la main sur un humain sur le point de mourir pour le transformer en Shinigami. Ce dernier, Haruto, ne sera autre qu’un accident de parcours et pourtant…
Au fil des pages, on se demande s’il n’a pas été choisi malgré tout autrement que par hasard. Sur fond de recherche active de personnages historiques, tout pêcheurs pour une raison précise, échappés des geôles du Paradis et vous obtenez un mix très intéressant du folklore japonais avec celui des anges et des démons. Enfin, le dessin de SAMAMIYA Akaza rehaussent vraiment le tout : offrant un aspect gothique en réalité bien plus subtil qu’il n’y paraît. D’ailleurs les pages couleurs des deux précédents volumes étaient chouettes ! Haruto était aux prises avec des pêcheurs bien violents… Va-t-il s’en sortir avec ses deux coéquipiers ? Un titre à suivre c’est indéniable ! (Charlène)
Les bonus
Osamu TEZUKA aurait eu 90 ans et les éditions Delcourt/Tonkam réédite pour l’occasion de nombreuses œuvres du mangaka devenus aujourd’hui des classiques que toute génération de mangaphiles devrait connaître. La rentrée sera placée sous le signe du grand maître avec les éditions « Prestige » de Kirihito (intégrale) et Phénix – L’oiseau de feu (volume 1). Sortie le 4 septembre : à noter sur son agenda ! D’aussi belles éditions finiront peut-être aussi au pied du sapin en fin d’année ?
Kirihito Osanai, un jeune médecin, est confronté à une mystérieuse maladie qui transforme ceux qui sont touchés en chien. Pour lui, il ne peut s’agir que d’une endémie dont la cause est écologique. Cette hypothèse va à l’encontre de celle de son patron, le professeur Tatsuga’ura, qui défend la thèse infectieuse. Pour conserver son honneur, ce dernier va alors devoir écarter Kirihito…
Dans ce seinen de 1972, Osamu Tezuka livre une drame mature et sans concession sur les faces sombres de la nature humaine : ambition, haine, jalousie, violence et désespoir…
La légende affirme que ceux qui réussiront à boire une goutte du sang du Phénix auront la vie éternelle. Osamu Tezuka nous convie à une incroyable fresque humaine, où passé, présent et futur se mélangent et s’entrecroisent. Chaque volume peut être lu seul car l’auteur n’y a imposé aucune chronologie. Le seul fil conducteur, c’est les hommes à travers les âges, recherchant le phénix obstinément… Une dizaine d’histoires indépendantes que nous raconte le grand mangaka avec l’oiseau de feu au centre d’elle et où il aborde des thèmes forts comme Dieu, la guerre, la paix, l’amour, l’homme et le monde, des sujets universels qui n’ont pas pris une ride malgré les années (1956). (David)
Haiku en entier utilisé dans le titre de l’article :
Sur le sable fin
quand roucoule un parasol
le soleil tiédit
(tiré du blog « Le carnet de bord d’Eschylle » )