Gaming Memories #23 : Rocket Knight Adventures
Bienvenue dans ce nouveau numéro de Gaming Memories. En ce mois d’août, nous allons revenir vingt-six ans en arrière, en 1993, pour une aventure made in Konami. Si vous avez vécu cette époque bercée de héros à fourrure, vous connaissez sans doute Duck Tales de Capcom ou Castle of Illusion de SEGA… mais nous allons parler cette fois-ci d’un autre jeu moins connu mais pourtant tout aussi mémorable : Rocket Knight Adventures. Accrochez-vous, les déplacements à dos de roquettes sont mouvementés !
Canard, souris, lapin, hérisson… opossum.
Entre le milieu des années 1980 et 1990, les mascottes et personnages animaux pullulent. Il est assez courant alors d’avoir de nouveaux jeux de plate-forme mettant en scène un personnage Disney ou Warner Bros à cette époque, mais rarement étaient-ils des personnages originaux, non tirés d’un dessin animé. Hormis Sonic the Hedgehog, la liste était assez maigre. Konami eux-mêmes étaient déjà responsables de plusieurs jeux mettant en scène des Looney Tunes (Buster Bugs, par exemple).
Dans les années 1990, les jeux sur consoles SEGA étaient la plupart du temps des productions de la firme elle-même, au contraire des jeux sur consoles Nintendo. En ce qui concerne Rocket Knight Adventures (ou RKA pour les intimes), on peut dire qu’il est une exception : c’est tout simplement le premier titre originalement créé pour le constructeur au hérisson, à l’inverse de tous leurs autres jeux qui étaient des portages ou des suites. Et pour le coup, on peut dire que Konami fait honneur à la Mega Drive.
Le jeu a été réalisé et produit par des habitués de Konami, à savoir Nobuya NAKAZATO (qui a travaillé sur un grand nombre de jeux Contra de la même firme, leur série de Run’n’guns) et Tomikazu KIRITA (qui a posé son nom sur un autre jeu Contra et plus proche de nous, Demon’s Souls). La bande-son, quant à elle, a été réalisée par plusieurs compositeurs, dont la plus connue est MIchiru YAMANE, que les fans de Castlevania connaissent bien (ceux de feu la chaine télévisée Nolife aussi, car elle a produit l’habillage sonore de l’émission Les Oubliés de la Playhistoire !).
Royaume en danger, princesse capturée, demandons l’aide d’un chevalier
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L’intro JP puis US et Euro. Vous noterez qu’elles sont différentes… et que la nôtre est mieux, non ?
Rocket Knight Adventures met le joueur dans la fourrure de Sparkster, un petit opossum qui fait partie de l’armée d’Elhorn – un Rocket Knight. Le royaume voisin, l’empire de Devotingdos, devient menaçant car il convoite la Pig Star, un vaisseau surpuissant capable de détruire le monde ! Et de surcroit, le renégat Axle Gear trahit les Rocket Knights et capture la princesse. Tout ceci dit, le scénario du jeu est bien plus poussé, racontant l’enfance de Sparkster entre autres… mais ce que vous venez de lire est ce qu’il convient de garder en tête. Le royaume est en danger, sa princesse est en danger, c’est au héros de tout arranger !
On traverse ainsi sept niveaux bourrés d’action, à dégommer des ennemis et à bondir joyeusement lorsqu’il le faut. Rocket Knight Adventures n’est pas pour autant un jeu de plate-forme comme les autres car il tire assez vite sur le jeu d’action ; mais dans l’âme, le but reste le même. C’est surtout la façon de le faire qui change tout !
Rocket dive
RKA est un jeu de plate-forme. Ainsi, forcément, on peut se déplacer en allant vers la droite dans un scrolling horizontal, sauter et se baisser. Sparkster est aussi capable de s’accrocher à certaines parois horizontales (comme des branches d’arbre, par exemple) et s’en servir pour continuer à progresser. Des hordes d’ennemis et des boss viendront tenter d’enrayer sa progression, mais il peut se défendre grâce à son épée. On peut trouver par moments des gemmes qui donnent des points (le scoring, un élément typique des jeux de l’époque… même quand ce n’est pas forcément utile) ou divers objets qui rendent plus ou moins de points de vie.
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Le premier niveau du jeu en Hard.
Tout est assez classique jusqu’à là, mais là où RKA se démarque de la concurrence, c’est par tout ce qui tourne autour de la roquette sur le dos de Sparkster. On la charge en maintenant la touche d’attaque et la relâcher donne un coup puissant sur place. Avec une direction (soit gauche, droite, diagonales, verticale ou horizontale lors d’un saut), il sera projeté en avant dans une charge violente qui détruira tout ennemi sur sa route, ou infligera de lourds dégâts au boss. S’il tombe contre un mur, il sera repoussé comme un ricochet. Cela peut aussi bien servir à blesser un boss que se tirer d’un mauvais pas… ou plonger dans un autre si l’on n’a pas bien calculé son coup. Ces attaques sont vives et rapides, permettant de diversifier l’action et la rendre plus dynamique, ce qui de fait le rend unique, peut-être plus proche d’un Sonic si l’on veut absolument le mettre dans une case. Mais cette bonne idée permet aussi quelques moments assez uniques dans le genre…
RKA ne se « contente » pas d’alterner plate-forme/boss, il rajoute quelques éléments de Shoot’em-up, via ses combats contre des monstres aux patterns fixes à apprendre et, surtout, tout ceci est entrecoupé de phases plus courtes que l’on pourrait qualifier de challenges. Renvoyer les bombes qu’un ennemi nous jette pour le détruire, voyager sur une plateforme qui avance seule pour éviter des pics mortels ou gérer un chariot envoyé à pleine vitesse sur des rails détruits… tout est fait pour rendre le jeu le moins linéaire possible. Les combats s’enchainent, en faisant parfois aussi un boss rush tenace. Pour peu, Konami nous sert presque un bon gros jeu Treasure !
Un coup d’épée pas dans l’eau
On le sent assez vite, Rocket Knight Adventures est un jeu qui a fait l’objet d’un soin tout particulier. Les graphismes sont beaux, aucun niveau ne ressemble à un précédent. On échappe aux classiques « monde de feu, monde d’eau, monde verdoyant », etc. Il y en a bien un rempli de lave, mais comme tous les stages, les décors sont un prétexte à une nouvelle situation à surmonter. Il n’y a pas énormément de types d’ennemis différents, mais les boss et mid-boss pullulent et malgré leur nombre, ils ont tous un pattern différent.
Ces boss sont, par ailleurs, l’une des plus belles preuves de l’animation fluide et détaillée du jeu. La plupart du temps, ils ont plusieurs parties différentes qui sont animées à la perfection. Bien qu’elle traverse l’écran d’une traite, la fusée de Sparkster fonce à toute allure sans faire ralentir le jeu (ce qui arrive tout de même à certaines occasions) et courir, sauter et attaquer à la suite ne cause jamais aucun problème. Les effets graphiques remarquables s’enchainent, avec un niveau en effet miroir impeccable et autres distorsions d’écran sans faille (un procédé supposé impossible sur Mega Drive). A la rigueur, on pourrait trouver que les arrière-plans sont un peu moins fournis, mais cela ne gène pas certains ennemis d’en arriver d’un seul coup.
Il n’y a au final que la charge de la roquette qui peut s’avérer un peu gênante, car elle demande un petit temps de chargement bien précis. Relâcher la touche une demi-seconde trop tôt et elle sera annulée, appuyer sur une direction une demi-seconde trop tard fera attaquer sur place au lieu de foncer. Certes, cette attaque garantit une invincibilité temporaire, mais elle peut être dangereuse aussi car il y a parfois assez peu de temps de répit pour se permettre de rester immobile. Notre petit héros du mois, par ailleurs, est lui aussi victime de la malédiction bien connue des jeux du genre de l’époque, à savoir les chaussures dérapantes qui font s’arrêter un peu plus loin que prévu. Ce n’est pas toujours très grave ici, mais c’est le genre détails dont on se passerait toujours volontiers.
Le jeu est composé de sept niveaux et une durée de vie dans la moyenne, à savoir un peu plus d’une heure en ligne droite. Comme toujours, cela peut sembler court, mais le concentré d’action qu’est RKA aurait peut-être été trop long, ou trop « lourd » s’il avait été plus long. Surtout que, contrairement à ses apparences de jeu mignon, il est plutôt difficile et demande à être appris pour faire le moins d’erreurs possibles. Les débuts restent simples et pas trop douloureux, mais plus le jeu avance, plus les coups reçus sont violents, sans que notre attaque ne fait pas plus mal aux boss pour autant !
Cela dit, en jouant prudemment, du moins le temps de l’apprendre, on récupère un certain nombre de vies bonus. Indéniablement, il n’est pas facile et peut décourager, mais il est de ces jeux qui donnent envie de le continuer, pour faire mieux, pour écraser ces boss qui vous a semblé si agressifs la fois précédente. Il n’est pas insurmontable, et même le mode Hard doit pouvoir être fait une fois qu’on le connait bien. Et pour ceux qui veulent encore plus de challenge, sachez qu’il y a deux difficultés supplémentaires cachées… quoi qu’il en soit, on regrettera quand même l’absence de mots de passe pour repartir d’un niveau précis,
Toute cette aventure haute en couleurs est rythmée d’une bande-son composée, comme vous l’avez lu plus tôt, par plusieurs personnes. De ce fait, on se retrouve avec plusieurs genres différents, toujours dynamiques et menaçants quand ils se doivent de l’être. L’ambiance colle au final très bien au jeu, car les BGM du royaume d’Elhorn, par exemple, sont plus « heroic fantasy », leur donnait un aspect presque digne d’un RPG héroïque. Ceux de la contrée ennemie, eux, sont plus menaçants et métalliques, collant bien avec leur technologie et tous ces robots que l’on doit affronter. On remarquera tout de même par moments que le son est un peu surchargé et des bruitages sautent.
Double suite
L’année suivante, en 1994, deux nouveaux épisodes sortirent, sur Mega Drive puis Super Famicom. Le premier fut Sparkster : Rocket Knight Adventures 2 et ensuite, tout simplement, Sparkster pour la machine de Nintendo.
RKA 2 sort donc en février, mais apparait aux Etats-Unis d’abord puis en Europe et enfin au Japon (février, mai puis septembre). Il reprend le concept et le gameplay du premier épisode, tout en rendant la roquette plus accessible (elle a son propre bouton, plus besoin d’en maintenir un pour l’utiliser). Bien qu’il soit un cran (ou deux) en dessous de son ainé en terme de graphismes, il reste nerveux et rapide (un peu moins en version Euro, comme souvent…). Il incorpore même une mécanique toute droit sortie (ou pompée ?) de Sonic, car en récupérant sept items spéciaux, on obtient Gold Sparkster (c’est un peu le Super Sonic du jeu…) et le « true last boss ». Yamane se trouve toujours à la bande-son, accompagnée d’Akira YAMAOKA.
Le deuxième jeu sort en septembre. Celui-ci est tout simplement nommé Sparkster et bien qu’il ne soit pas une suite directe (au contraire de RKA 2 qui se rapproche plus du premier), il reprend un système plus similaire. La roquette perd son bouton dédié et il faut à nouveau charger pour l’utiliser, Gold Sparkster disparait aussi. En revanche, la manette de SNES dispose de gâchettes L et R, lui permettant d’effectuer une esquive rapide. Techniquement, le jeu reprend cette fluidité et nervosité du précédent jeu, mais l’action semble un peu plus lente lors des phases d’exploration. Sans être aussi impressionnant que pouvait l’être RKA pour la MD, le jeu est assez joli et propose des bons effets pour la console. En prime, la bande-son est toujours signée par YAMAOKA.
A gauche, Sparkster sur MD et à droite, sur SNES.
Héros d’un jour… mais pas pour toujours.
Rocket Knight Adventures reçut un succès critique élevé dans la presse spécialisée de l’époque, qui saluait ses graphismes et sa bande-son de très bonne qualité. Les notes dans les magazines allaient rarement en dessous des 9/10 (pour globaliser). En soi, il pouvait facilement se placer parmi les meilleurs jeux de plate-forme de la console, directement aux cotés des Sonic et autres prodiges comme Aladdin. Et même si l’effet de surprise avait disparu, on ne peut nier que la qualité a perduré à travers ses suites. Sparkster aurait pu devenir une mascotte de la firme, mais trois jeux étaient sans doute trop peu pour cela. Ce qui n’empêche que 2010 signa le retour du personnage non pas en tant que simple référence, mais dans un nouveau jeu en 2.5D (jeu en 2D avec décors et déplacements parfois typés 3D). C’est plutôt exceptionnel pour une licence si « oubliée », à une époque où les remakes et remasters n’étaient pas aussi courants que maintenant.
Il restera tout de même un exemple de références à travers des jeux de Konami à l’époque, s‘introduisant dans différents genres de jeux le temps d’une seconde ou deux (voire plus en tant que personnage jouable). On le voit ainsi dans Snatcher sur MegaCD, Contra : Shattered Soldier (PS2) ou encore New International Track & Field (NDS). Il a même sa propre histoire dans les comics Sonic the Hedegehog !
Au final, et bien qu’il soit désormais oublié, Rocket Knight Adventures reste un bon jeu, distrayant et plein de challenge. Comme tous les jeux de Konami, malheureusement, on ne peut sans doute espérer le revoir à nouveau… sans portage, sans réédition non plus. Mais n’hésitez pas à vous y essayer un coup si vous en avez la possibilité, car il en vaut le coup !
Je connais très très mal cette série, merci pour ce dossier découverte !
Ces décors et ces graph, je trouve ça magnifique ^^