En août, empruntez la penguin highway !
Quatrième film d’animation japonais à sortir sur les grands écrans français cet été, Le Mystère des pingouins, ou Penguin Highway à l’international, offre un très bon moment de divertissement bien écrit et joliment animé. Il s’agit du premier long métrage du studio Colorido qui semble se faire une spécialité du subtil mélange entre tranche de vie et fantastique et cela lui réussit plutôt bien. De plus, Penguin highway est l’adaptation du roman éponyme écrit en 2010 par Tomiko MORIMI déjà connu dans le milieu de la japanime pour les adaptations de ses précédentes œuvres Tatami Galaxy, The Eccentric Family et The night is short, walk on girl. Bref, une réunion de talents pour un joli film rafraîchissant.
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Synopsis : Aoyoma est un jeune garçon aux journées bien remplies, entre l’école et ses recherches scientifiques, jusqu’au jour où un étrange phénomène surgit dans sa ville : l’apparition inexpliquée de manchots ! Aidé d’une adulte assez mystérieuse, Aoyama décide alors de percer ce mystère.
Embarquement immédiat pour une grande aventure !
Le saviez-vous ? Pengin Highway est le nom donné au chemin qu’empruntent les manchots sur la terre ferme. Traduit en français par Le Mystère des pingouins, ce choix s’avère judicieux puisque le film se construit autour de l’enquête menée tambour battant par Aoyama, le héros du film. Si le scénario suit un schéma narratif classique, le déroulement de l’histoire est efficace, son rythme rapide et on ne s’ennuie pas une seconde, emporté par les événements. Le film commence par une rapide présentation d’Aoyama, de son univers et de sa vision de la vie : élève en CM1, réfléchi et orgueilleux, intelligent et curieux qui aime la lecture et les sciences et qui est pressé d’être adulte – dans 3 888 jours d’après ses calculs ! L’élément déclencheur arrive dès la 2ème minute avec la rencontre inattendue de manchots sur le chemin de l’école. Que font ces oiseaux vivant en Antarctique en plein quartier résidentiel japonais ? En grand curieux et scientifique en herbe qu’il est, Aoyama décide de mener l’enquête et de découvrir d’où viennent ces manchots Adélie. Avec son « docteur Watson », Uchida, meilleur copain, aussi loyal que peureux, Aoyama interroge, carnet de notes à la main, les habitants, remonte le fil des apparitions des animaux et pose les premières pièces du puzzle. Au fil des minutes, petits et grands rebondissements s’enchaînent jusqu’à mener les deux acolytes à une mission d’exploration pour trouver la source de ce mystère qui passe par une forêt interdite – un classique des contes et histoires pour enfant – et au lancement de l’étude d’un phénomène inexpliqué et extra-terrestre.
Il y a un petit côté The goonnies, E.T. ou même Stranger than things avec ces enfants qui, chacun dans un archétype donné, sont moteurs de l’action dans un récit traité à leur niveau. On prend plaisir à voir Aoyama et ses camarades consulter avec le plus grand sérieux une carte de relevés qu’ils ont crayonnée et décorée de couleurs et de dessins, affronter l’inconnu tout comme les brutes de l’école, mettre à l’épreuve leurs idées et déductions, former un pacte secret et créer des accessoires d’études scientifiques à partir de lego, le tout à côté d’adultes qui les laissent consciemment ou inconsciemment prendre la main sur la résolution du mystère. Ce traitement allège l’approche scientifique et « control-freak » de Aoyama et introduit concrètement l’idée d’aventure et d’émerveillement face à ce qui nous dépasse.
Fantaisie et étrangeté gagnantes
Si le rythme ne laisse pas le temps de respirer, tout s’enchaîne naturellement loin de nous laisser dans le doute ou de nous perdre en route. Et pourtant, pas mal des codes habituels de narration auxquels nous sommes rompus en tant que spectateurs sont ici détournés. C’est d’abord tout à l’honneur de Tomihiko MORIMI dont l’univers littéraire singulier possède des codes excentriques et extravagants mais d’une justesse fine sur l’homme et la société moderne, et du réalisateur Hiroyasu ISHIDA qui a su le retranscrire à l’écran. Il y a d’abord ce héros de 10 ans seulement, désireux de rapidement devenir adulte et qui fonctionne à rebrousse poils des mômes de son âge, faisant preuve d’une rationalité à toute épreuve même en face des sentiments tels que l’amour, par exemple. Il se sait intelligent, s’avoue lui-même égoïste, expose son avis sans y mettre les formes et fait preuve d’un besoin de contrôle permanent. À partir de là, Aoyama pourrait nous être antipathique mais sa singularité et sa franchise, d’un côté, créent la surprise chez ses camarades de classe en bousculant les codes suivis et attendus de chacun, et de l’autre, nous ramène à nos propres défauts et la manière dont nous les gèrons. Son comportement excentrique qui n’est ni feint et ni justifié, le rend attachant, notamment, par exemple, quand il ne sait pas décoder les signaux ou les codes sociaux, s’étonne de l’immaturité des adultes, reste fier dans des situations embarrassantes ou transforme son attirance toute enfantine pour les seins en une étude scientifique. Il en ressort simplement que Aoyama est bien un petit garçon avide de découvrir le monde, sincère dans ses sentiments amoureux et ses amitiés, curieux de tout et ouvert sans appréhension aucune sur l’extraordinaire.
Ensuite, quelle drôle d’idée de faire de simples pingouins, animaux inexpressifs et inoffensifs, plus mignons qu’impressionnants, les sauveurs de l’humanité et de faire d’une assistante dentaire, leur créatrice et maîtresse. Pourtant, quand leur armée déferle sur la ville et plonge dans le monde parallèle, on ne peut être qu’impressionnés ; et quand ils disparaissent, on est sincèrement touché. A noter que la méthode de création de ces bestioles est des plus extravagantes et, comme pas mal de choses dans ce film, non expliquée ou justifiée d’aucune manière. La raison d’être et la destination de la Penguin highway ? Pas précisées. Les sentiments amoureux sincères de Aoyama pour une femme ? Pas justifiés. La rivière qui coule en boucle ? Pas explicitée. L’apparition de la sphère dans cette petite ville du Japon? La quasi absence d’actions des adultes ? La venue des scientifiques ? La présence des Jabberwock de Lewis Caroll ? Le destin du pingouin que Uchida et Aoyama ont tenté de sauver ? C’est comme ça. Point. Et loin de laisser le spectateur dubitatif ou frustré, cela lui laisse sa propre liberté d’interprétation et le choix de l’utiliser ou de se laisser transporter par le récit car le tout arrive à une fin cohérente, crédible et émouvante.
Une animation maîtrisée et de toute beauté
À côté de ce récit singulier, l’animation n’est pas en reste et reflète les compétences et la patte du Studio Colorido. Les décors à la palette de couleurs douces et lumineuses que les rayons du soleil percent doucement, enrichissant de la sorte la beauté de l’animation, nous accueillent dans cet univers où la réalité et le fantastique se mélangent sans accroc. Les arrière-plans sont aussi très travaillés participant à la création de l’atmosphère de chaque lieu mais sans jamais prendre plus d’importance qu’ils ne devraient. C’est un travail subtil du détail entre objets du quotidien et références délicates à l’histoire. Tout est cohérent, rien ne choque, tout est beau et on prend plaisir à suivre les déambulations des héros dans cette petite bourgade. L’immersion est réussie et l’émerveillement pourra toucher les plus petits des spectateurs. On ressent vraiment l’atmosphère estivale, idéale pour l’aventure !
Techniquement parlant, le film est un très beau mélange de 2D et 3D et côté character-design, les personnages sont bien dessinés et bien animés sous la direction de Yôjirô ARAI qui forme avec le réalisateur Hiroyasu ISHIDA, un duo artistique des plus prometteurs. Ils collaborent depuis quelques années et se sont attachés au studio Colorido depuis plusieurs projets. Une association vraiment réussie autant dans le style d’animation que dans le type de récit et on ne peut que lui souhaiter longue vie. En effet, ARAI et ISHIDA ont déjà une esthétique et une sensibilité bien définies et l’ambition d’occuper une place dans l’industrie de l’animation japonaise, eux qui avaient comme objectif premier de travailler pour le Studio Ghibli avant de décider de se lancer d’eux-mêmes. Voici quelques-unes de leurs précédentes œuvres pour découvrir un peu plus leur univers : Taifu no Noruda (réalisation de Yôjirô ARAI), Fumiko no Kokuhaku (ISHIDA, seul), Hinata no Aoshigure, Paulette no isu ou encore Fastening days.
Le Mystère des pingouins est un bon moment à passer en famille. Avec sa touche fantastique et son lot d’extravagance qui manque dans l’animation actuelle, cette enquête estivale, bien ancrée dans la réalité avec juste ce qu’il faut de poésie et d’imaginaire divertira petits et grands. Dans cet univers mignon et fantaisiste, les thèmes de l’amour et du désir, de la destinée et du rôle social voire de la liberté et du lâcher prise sont abordés à travers les aventures vécues par des enfants à l’école et à la maison ou dehors avec les copains. Après tout, on ne peut pas tout contrôler et expliquer dans la vie et ce n’est pas une armée de pingouins sauveurs de l’humanité qui contredira ce fait !
2 réponses
[…] quand on parle de pingouins, on pense plutôt à la neige et à l’hiver… Cet été, Le Mystère des pingouins réalisé par Hiroyasu ISHIDA bouscule tout cela avec un étrange phénomène qui surgit dans une […]
[…] une animation magnifique et très colorée (que nous avions déjà beaucoup apprécié dans le film Penguin Highway). Enfin, malgré un backrgound peu étoffé, on voit germer çà et là quelques bonnes […]