PROMARE : flammes, je vous aime !
C’est au cœur d’un été plus caniculaire que jamais que débarque sur nos écrans, le premier long-métrage original des studios Trigger, PROMARE, une histoire de mutants, de combustion spontanée, de pompiers et de fin du monde flamboyante. Chaud devant !
Allumeeeer le feeeeu
Après avoir achevé la cultissime série japanime Kill la kill, le réalisateur Hiroyuki IMAISHI[1] et son complice scénariste Kazuki NAKASHIMA ont jeté leur dévolu sur le format cinéma sans idée bien claire de ce qu’ils allaient bien pouvoir en faire. Seule certitude du tandem de choc connu pour avoir donné un coup de fouet à l’animation nippone à la fin des années 2000 : il s’agira d’un film d’action et il y aura des flammes. 6 ans plus tard, PROMARE, production au scénario original et à l’ambition formellement dingue remplit le contrat. Du studio Trigger pur jus qui sort dans nos salles obscures en ce 31 juillet 2019.
Trigger Inc., aussi connu sous le nom Studio Trigger, est un studio d’animation japonaise situé à Suginami dans la préfecture de Tokyo, au Japon, fondé en août 2011 par des anciens membres du studio Gainax, Hiroyuki IMAISHI et Masahiko ŌTSUKA. En mars 2013, le studio Trigger sort son premier court-métrage d’animation, Little Witch Academia, et en octobre 2013, sort sa première série d’animation originale, Kill la Kill. On leur doit aussi Kiznaiver, en avril 2016, que nous évoquions ici.
PROMARE pose son décor dans un futur proche où des individus en proie à une auto-combustion incontrôlable ravagent la moitié de la planète. 30 ans après ces tempêtes de feu destructrices la vie a repris son cours sur Terre, et des brigades de pompiers en armures mécanisées sont chargées d’éteindre les quelques incendies déclenchés par les mutants pyromanes mis au ban de la société, les burnish. C’est au cours d’une de ces opérations de sauvetage que le fringuant Galo Thymos et sa brigade bigarrée croisent le chemin d’un gang de motards mutants prêts à tout, les Mad Burnish. Ce trio terroriste dirigé par le mystérieux et charismatique Lio Fotia sème la terreur dans le but de libérer ses congénères mais notre pompier au tempérament de feu fera tout pour l’en empêcher.
Trigger warning
C’est en partant sur cette trame somme toute classique, une opposition binaire gentils pas si gentils / méchants pas si méchants, que le duo IMAISHI/NAKASHIMA a trouvé l’équilibre entre le style qu’ils avaient développé jusque là (Gurenn Lagann, Kill la Kill) et l’innovation graphique et technique à laquelle ils aspiraient. PROMARE est en effet le parfait condensé de tout ce qui a fait le succès de Trigger, l’acmé de leur formule. Action déjantée, combats dantesques, humour absurde, jeux typographiques sont, bien entendu, au rendez-vous au milieu d’une galerie de personnages hauts en couleur. Personnages que la durée du film ne laisse malheureusement pas le temps d’explorer vraiment au-delà des archétypes sur lesquels ils ont été façonnés mais qui fonctionnent toujours : héros beau gosse mais stupide, dure à cuire court vêtue, nerd survoltée, capitaine flegmatique, faire-valoir à poils, etc. Un petit bémol qui n’empêche pas de remplir la grille de bingo triggerienne, bien au contraire.
À base de pop pop pop pop
Les couleurs criardes, une des autres marottes d’IMAISHI, ne sont d’ailleurs pas en reste dans l’univers de PROMARE, sorte de collision entre la colorimétrie über-agressive de Panty & Stocking et un univers à la Gurren Lagann. Tout en améliorant la lisibilité des scènes d’actions les plus foutraques, les palettes de couleurs développées par le character et mecha designer Shigeto KOYAMA vous éclatent à la figure comme un mutant en combustion spontanée. Rehaussée par la simplicité des traits – ne comptez pas ici admirer la richesse de détails, des rides ou des drapés sur les personnages – cette esthétique de l’épure hyper-colorée et explosive évoque immédiatement le superflat ou le cartoon. Cet impressionnant travail de direction artistique se prolonge dans la 3D, elle aussi simplifiée à dessein. Utilisée pour structurer des perspectives et des échelles déjà bien malmenées et animer d’impressionnantes flammes aux formes géométriques et aux couleurs fantaisistes, la 3D dirigée par Shinpei ISHIKAWA (Kill la Kill) permet des mouvements de caméras impressionnants dans cette succession de scènes de bravoures toutes plus grandiloquentes les unes que les autres.
À l’instar des personnages de Tex Avery, les protagonistes de IMAISHI/NAKASHIMA n’ont aucune limite et ni le cadre, ni les lois de la physique, ni même les conventions graphiques n’auront de prise totale sur le déroulement de l’histoire. Chez Trigger, on combat à coup de galaxie et les personnages peuvent re-designer leurs mechas en cours de route juste parce qu’ils les trouvent moches, « deal with it ». Ce grand n’importe quoi décomplexé ne s’excusera de rien et libèrera les esprits pendant une poignée de minutes de tous les impératifs de réalisme qui sclérosent l’animation japonaise grand public depuis les succès photo-réalistes de Makoto SHINKAI.
À contre courant de l’animation obsédée par les petits détails du quotidien et le slice-of-life, PROMARE est une ode à la liberté créatrice et à l’outrance. C’est léger, ça va à 1000 à l’heure et ça fait un bien fou !
Toutes les informations et salles de cinéma diffusant le film à suivre sur sa page Facebook Officielle, et dans le visuel ci-dessous !
[1] Ancien animateur et réalisateur chez Gainax, Hiroyuki Imaishi a co-fondé les studios Trigger avec Masahiko Otsuka en 2011. On lui doit plusieurs séries cultes comme Gurren Lagann, Panty & Stocking with Garterbelt ou Kill la kill.
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[…] le décrochage du film Promare, qui malgré le bon accueil et les bonnes critiques des spectateurs, n’a réalisé que 16 000 […]