L’handi-martial, un art martial pour tous

À l’occasion du Festival des arts martiaux qui avait lieu le 23 mars dernier, et dont nous vous avons déjà parlé il y a quelque temps, plusieurs interviews ont été réalisées.

Notre but est simple : balayer plusieurs de ces arts, parfois dans ce qu’ils ont d’original, parfois dans ce qui a fait leur succès ! Entre arts traditionnels, et arts plus modestes, les arts martiaux sont véritablement un vaste univers à explorer !

Pour ce troisième rendez-vous, focus sur l’handi-martial : un art martial ouvert à tous, utilisant de nombreux arts martiaux traditionnels japonais ou moderne, mis en place par une association suisse NoDifference. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le travail et l’objectif de cette association, via les arts martiaux, voici l’entretien réalisé avec Claudio Alessi. Un échange riche et porteur d’espoirs.

Membre important de No Difference au Festival des Arts Martiaux

© Association No Difference

No Différence : les arts martiaux au-delà du handicap

Depuis maintenant 2002, Claudio Alessi et son équipe, oeuvre au sein de l’association No Différence pour permettre aux personnes en situation de handicap d’accéder aux arts martiaux traditionnels. Leur engagement est véritablement unique puisqu’il s’agit, à travers le sport et l’art, de contrecarrer les difficultés rencontrées par ces personnes dans leur quotidien et de les intégrer de la manière la plus efficace possible dans la société. Un travail qui se positionne aussi bien sur les handicaps physiques que sociaux. 

L’objectif est simple, permettre à tout un chacun de s’épanouir, d’évoluer et de trouver les clés dont ils ont besoin pour avancer. En partant des arts martiaux traditionnels, qu’il pratique depuis une cinquantaine d’années, Claudio Alessi et son équipe offrent à de nombreux jeunes la possibilité de devenir une meilleure version d’eux-même, via un travail adapté à chacun. Et ceci bien que les situations de handicaps ne soient pas les mêmes d’une personne à l’autre. À force de répétition des bases des arts martiaux, mis en place dans des situations diverses, et à force d’écoute et de temps partagé, No Différence arrive à de très beaux résultats avec certains de leurs membres. 

Une belle victoire sur la vie qui a pu être partagée lors du Festival des Arts Martiaux de mars dernier, où ils ont été acclamés par le public. Un bon moyen de montrer que tout est possible pour tous, dès lors qu’on décide de s’ouvrir aux autres et aux possibilités. 

Claudio Alessi a accepté de nous donner de son temps à l’équipe de Journal du Japon pour échanger sur le sujet. On vous laisse découvrir cette entrevue ci-dessous, avec un homme véritablement passionné et passionnant. 

Entretien avec Claudio Alessi

Démonstration de Claudio Alessi avec l'handimartial

© J. Faure, Journal du Japon

Journal du Japon : Bonjour Claude Alesi. Pouvez-vous vous présenter et en dire plus à nos lecteurs à propos de votre parcours au niveau de l’handi-martial ?

Claudio Alessi : Alors mon parcours… En 2001, je me suis rendu compte qu’il y avait un manque pour les arts martiaux un peu libres par rapport aux personnes en situation de handicap. Du coup je me suis demandé comment je pouvais faire pour y remédier. J’entraînais l’équipe suisse de Karaté à Genève : Kyokushin. Je me suis questionné sur comment faire pour apporter autre chose à des personnes qui ne pouvaient pas bouger etc.… mais à partir des arts martiaux.

J’ai commencé l’aventure avec un élève en fauteuil roulant qui est devenu paraplégique suite à un accident de voiture. Puis j’ai enchaîné avec Julien, non-voyant, et Simon qui est trisomique. En fait, en me lançant dans cette nouvelle étape, il s’est trouvé que de nombreuses personnes en situation de handicap avaient envie de s’essayer aux arts martiaux. Donc avec mon association, No Différence, on s‘est agrandi. Aujourd’hui je peux le dire, cela fait environ 18 ans qu’on existe. On a un peu plus de 200 personnes en situation de handicap avec qui on travaille l’aspect de l’art martial mais aussi la question du mouvement tirés des arts martiaux comme avec Colin, tétraplégique : on travaille sur le simple fait du souffle.

Afin de vous expliquer notre démarche, voici un exemple concret : quand vous avez un gâteau d’anniversaire et que vous devez en souffler les bougies, c’est facile, non ? Souvent vous n’avez même pas le temps de poser le gâteau sur la table que les enfants ont déjà éteint toutes les bougies. Pour Colin, souffler juste une bougie, cela a mis 7 mois pour pouvoir diriger le souffle à un seul endroit. De la même manière, tourner un nunchaku pour lui avec une main, cela a pris 7 ans car c’était bio-neurologique via des spasmes donc on a essayé de contrôler cet aspect. C’est un gros travail.

Ceci c’est pour l’exemple de la partie handicap complexe. Maintenant pour les garçons qui ont un léger autisme les arts martiaux leur font un bien fou pour l’équilibre déjà, pour leur sécurité ensuite. Ils vont apprendre à se défendre dans un but de self personnel. Ce n’est pas de la self-défense, c’est vraiment un self à tout point de vue : sur le plan corporel, sur le plan de l’équilibre et sur le plan de ne pas se faire de mal, donc c’est très utile.

Ce sont toutes ces choses qui m’ont poussé à développer l’association No Différence et à créer d’autres volets dans cette association. Alors elle s’appelle ainsi non pas parce qu’on ne fait pas la différence mais car le terme exact définit l’accessibilité. C’est-à-dire qu’on ne fait pas de différence pour donner l’accès aux arts martiaux à quelqu’un qui est en fauteuil roulant ou à quelqu’un qui est en possession de ses moyens absolus. On sait qu’il y a de la différence sur le plan physiologique, physique, ou encore mental mais cependant là où on ne fait pas de différence c’est dans l’accessibilité à ce qu’ils choisissent de faire, car on s’adapte. C’est pour ça que le mot différence est important.

Démonstration par un membre de No Différence d'handi-martial

© J. Faure, Journal du Japon

Justement, quelles sont vos méthodes pour y parvenir… bien que cela semble dépendre de chaque personne ?

Oui c’est adapté à chaque handicap, on n’a pas de méthode prédéfinie dans un registre précis. Donc quelqu’un qui est hémiplégique du côté gauche ou droit, paralysé suite à un accident cérébral ou un accident de la route, ou depuis la naissance, eh bien on va travailler différemment qu’avec une personne qui serait en fauteuil roulant. Soraya qui est paraplégique suite à un accident de voiture il y a 14 ans, c’est un autre travail, car elle n’est pas debout mais assise. Son équilibre est brisé au niveau du bassin, si on la pousse trop en avant elle tombe, on prend donc en compte tous ces paramètres. Il y a vraiment une adaptation à chaque personne.

Vous avez peut-être une base que vous adaptez à chacun ? Est-ce que vous avez des mouvements particuliers que vous faites faire à ceux qui peuvent faire les mouvements par exemple ?

Absolument.

Est-ce que tout est tiré du Karaté ou bien d’autres arts martiaux ?

Non j’ai été prendre des mouvements dans l’aïkido, le karaté, la maîtrise du nunjaku pour la synchronisation par exemple. Mais j’ai également été m’inspirer de mouvements du kali, du kyokushin, c’est tout un ensemble de choses donc.

Pour vous, quand vous abordez maintenant les arts martiaux par ce côté de pouvoir les adapter, quelle est donc votre définition des arts martiaux ?

C’est servir. À mes yeux, cela veut dire que c’est un art de la guerre, un peu comme Mars la planète de la Guerre. Ensuite les arts martiaux ont toujours eu une connotation de civilité et de super-héros. D’autant plus qu’on doit être au service des plus faibles et des plus démunis : des personnes qui ont peut-être l’envie de faire des arts martiaux mais qui se disent qu’ils ne pourraient pas les pratiquer. Nous, on va les adapter alors on casse un peu les clivages de techniques ancestrales, peut-être. On ne va pas demander à une personne en fauteuil roulant de faire un zenkutsu dachi (ndlr : une position de base du karaté, la jambe en avant) mais on va trouver le moyen pour que ce soit quand même correct dans ce qu’il va faire. On va apporter toute la philosophie qui englobe l’art martial et la partie gestuelle en médecine évolutive, ce qui nous permet d’aborder des paramètres qui sont à mon avis la partie cachée de l’iceberg et qui sont l’équilibre absolu en pratiquant les arts martiaux. On doit utiliser toute cette énergie explosive que sont les mouvements très rigides ou très rudes, cela dépend du style utilisé car il y a quelques techniques de kung-fu que j’ai essayé mais vite arrêté pour leur complexité. Je me cantonne vraiment aux arts martiaux japonais.

L'équipe d'handi-martial en pleine démonstration

© J. Faure, Journal du Japon

Vous pourriez faire la liste de ceux que vous pratiquez le plus ?

Alors l’aïkido, le judo, le karaté, le nunjaku d’Okinawa, un peu de jujitsu, et du ne-waza avec des personnes non-voyantes pour la sensibilité. Le ne-waza se pratique en effet au sol donc on n’a pas le problème de l’équilibre, puis avec leurs sens ils arrivent à se positionner d’une manière ou d’une autre, c’est très efficace.

Cela vous arrive-t-il de confronter parfois des pratiquants valides à ceux qui ont un handicap ? Et quelles sont leurs réactions à ce moment-là ?

Oui dans certains cours parfois je les mélange. Tout se passe bien. On a même réalisé quelques combats, et des choses très souples pour voir quelle était l’approche et il n’y a rien à redire. La cohabitation est parfaite car tout pratiquant d’arts martiaux, même d’excellentissime combattants, adhèrent complètement. S’ils avaient plus de temps je pense qu’ils le passeraient à aider les plus faibles mais on est tous pris dans le tourbillon de la vie. Par exemple : prenez un combattant de très haut niveau de kawaii, de karaté ou tout autre art martial,  il est concentré sur sa préparation. Il n’a pas vraiment de temps à consacrer aux plus faibles. Moi, au final, c’est en fin de carrière que je me suis dit « et maintenant ? » Oui, j’entraîne encore les garçons de l’équipe nationale de Kyokushin, j’y étais il y a une semaine de cela (ndlr : en mars), c’est un grand écart total entre eux et le travail de mon association, mais quand on est passionné d’arts martiaux, il n’y a plus de frontières en fait.

Est-ce que vous avez eu des retours de Maîtres ou de Sensei qui ont eu vent de ce que vous êtes en train de faire ?

Beaucoup. En fait, quand j’ai débuté, on m’a posé ces questions : « mais qu’est-ce que tu fais ? Tu ne peux pas adapter le karaté car cela reste du Karaté, et du Judo, c’est du Judo. L’aïkido c’est de l’aïkido ». Je leur ai répondu qu’ils avaient raison mais qu’à cause de cet état de fait les personnes en situation de handicap n’y avaient pas accès. Je pense que si on fait des arts martiaux, il faut s’ouvrir et accepter tout ce qui nous entoure avant tout, dont la nature immergée. Si on l’accepte, on ouvre un peu son cœur. Ce qui compte ce n’est pas l’efficacité, c’est le mouvement qu’il va produire pour lui donner une mobilité. On essaie de rendre mobile l’immobilité. C’est cela le vrai travail et le souffle, la respiration.

Claudio Alessi avec un jeune membre de No Différence

© Association No Difference

Avez-vous déjà eu de l’aide pour mettre en place de nouvelles techniques ?

Non, ce sont des techniques qui me viennent à l’esprit. J’ai commencé les arts martiaux à l’âge de 4 ans et cela fera 50 ans que je pratique cette année. J’ai pratiqué un peu les classes comme tous les jeunes de l’époque, car il n’y avait pas grand-chose : du karaté, du judo, de l’aïkido, du kendo un peu plus tard car il n’y en avait pas encore en Suisse. Puis beaucoup de nunjaku, et j’ai dévié sur d’autres arts martiaux pour parfaire ma culture, mais cela s’arrête là.

J’ai fini par créer une école qui s’appelle l’Art du libre combat (ALC). Son logo fait référence au fait que nous naissons avec des chromosomes, une base de données et que nous devons la développer par rapport à nous avec le mouvement. L’Art dans les arts martiaux… La plus belle définition pour moi de l’Art c’est que c’est l’expression de soi-même. Maintenant si on doit apprendre les bases des arts martiaux sur un cours de judo ou de karaté c’est très bien. À un moment donné moi je me suis détaché de tout cela car je n’arrivais pas à concevoir que 700 personnes faisaient le même mouvement au même moment pour un truc bien précis. J’aurais préféré voir 700 personnes faire la même chose mais à leur manière, avec leur ressenti. C’est pourquoi avec l’Art du Libre Combat j’ai travaillé la liberté tout en ayant eu des bases très strictes et très solides dans mon parcours. Au début quand l’ALC a été monté c’était du sol, je m’étais inspiré des 5 éléments du Tibet vu que j’ai eu la chance d’accompagner pendant une année Sa Sainteté Dalaï Lama. J’étais très inspiré à cette époque là par ce qui se passait. Après j’ai dévié, je suis parti au Japon, j’ai beaucoup voyagé pour aboutir aux arts martiaux adapté aux différents handicaps.

Votre association existe en Suisse mais avez-vous eu vent d’autres associations dans d’autres pays qui feraient le même travail que vous ?

Alors on a créé nous-même des antennes en Europe. En France, on a un jeune normand qui a démarré ce type d’art martial. Ensuite on a une antenne aussi en Espagne, en Italie, aux USA et en Australie. En fait, on reçoit régulièrement des mails de pratiquants d’arts martiaux qui trouvent le concept génial, qui possèdent des écoles et qui se demandent comment ils pourraient faire à leur tour. On leur envoie un peu notre travail. Ils commencent avec de petits groupes de 3 ou 4 jeunes voire 6 personnes.

Là où ça se développe plutôt bien c’est en Espagne. Il y a un énorme groupe qui est en train de se créer et avec lequel ils font un magnifique travail, en réalisant notamment comme nous des stages d’enseignements. Il y a des handicaps pour lesquels ils n’ont pas encore l’accès car c’est un peu plus compliqué, notamment la tétraplégie, car c’est très complexe, comme c’est neurologique. Il faut un peu de base en médecine. Il ne faut pas être que pratiquant car là on entre dans des contextes de crispations, où il peut y avoir des embolies, des crises d’asthme, et mille autres choses. Il y a des risques d’aggravations, et on peut courir à la catastrophe. C’est un volet qui n’existe qu’en Suisse pour l’instant. Il est encore à titre intime et très expérimental. J’ai 17 jeunes qui bénéficient de ce programme, mais pour le moment je suis le seul à m’occuper d’eux. Ce n’est pas simple car je n’ai pas toujours le temps. Ces personnes bénéficient de tous les équipements d’arts martiaux gratuitement, elles ne paient rien. On offre tout, on a des partenaires qui payent à l’année pour qu’on puisse s’occuper d’eux.

Pleine démonstration de No Difference au festival des Arts Martiaux

© Association No Difference

Vous parliez tout à l’heure que vous adaptiez énormément à chaque personne. Avez-vous un exemple précis de handicap en dehors de la tétraplégie, plus compliqué à aborder avec des situations un peu plus difficiles à contrôler ?

J’ai un cas qui est très complexe en effet, il s’agit de Mattéo. Cela fait déjà 5 ans que je l’ai rencontré maintenant. Sa mère est venue me voir en me disant « voilà mon fils. J’ai vu votre démonstration à Genève, et j’aimerais bien qu’il fasse quelque chose, mais il ne fait rien alors pouvez-vous le prendre en charge ? Il a une maladie rare et unique. Il est à tel institut. » Elle n’a pas voulu me dire ce qu’il avait. J’y suis donc allé. Il était assis sur une chaise, il avait 14 ans. J’ai tenté de l’interpeler mais sa mère m’a sorti qu’il ne m’entendait pas. Je me suis donc approché de lui mais elle m’a sorti cette fois qu’il ne me voyait pas non plus. En fait, il n’avait aucun des 5 sens. Je suis allé vers sa mère et je lui ai demandé « écoutez madame, comment faites-vous avec lui ? pour communiquer ? » « Quand il est né son père est parti et j’ai pu trouver cet institut qui me le prend une semaine par mois pour que je souffle un peu, car il ne peut pas être seul. »

Puis elle m’a expliqué qu’elle a développé avec son fils des signes du toucher extraordinaires au moment où il doit se déplacer… Ils sont fusionnels. Il n’a qu’elle dans sa vie, résultat, elle forme quelqu’un à ce toucher exceptionnel car on ne sait jamais ce qu’il peut arriver dans la vie. Je lui ai dit que j’acceptais de m’occuper de lui, un peu comme un challenge, sans savoir ce que j’allais pouvoir faire mais j’ai voulu essayer. J’ai donc pris un nunchaku, car dans ma tête ce ne pouvait être que la meilleure chose à ce moment-là. Je me suis attaché à lui comme je le fais avec Julien qui est non-voyant aussi. J’ai commencé à travailler avec lui des mouvements, puis au fil du temps on a développé la même communication qu’avec sa mère. Après 5 ans de travail il le fait tout seul, quand j’arrive il ne sait pas que je suis là mais je ne sais comment il me fait un signe malgré tout. Alors je lui donne le nunchaku puis on recommence. Je m’arrête des fois et il réclame 10 minutes de plus, tout simplement. Il sait que je m’arrête car je lui fais 2 pressions sur l’épaule. Il se met vers moi, m’enlace et fait un bruit qui signifie « non on continue. » Ensuite il me rend le nunchaku, et on continue. Ce cas, c’est complexe.

Claudio Alessi en coaching d'un membre de No DifferenceAutrement, je m’occupe aussi de filles et garçons non-voyants de naissance, c’est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît car ils ne possèdent aucun équilibre. C’est un véritable enfer, alors je travaille avec certains systèmes. Je prends Julien, je l’emmène avec moi chez des amis qui ont une grosse sono et je leur demande de me mettre la musique à fond. Je mets Julien avec un nunchaku au milieu et là tout part dans tous les sens, pas forcément au bon endroit mais ensuite je lui apprends à maîtriser ce bruit et à contrôler le reste. On va simplement le travailler. On ne le fait pas scientifiquement, on le fait naturellement avec ce que la société nous donne. Tout ce qui est le ressenti.

Autre exemple, que vous pouvez retrouver sur un documentaire réalisé pour la télévision suisse présent sur notre site http://www.nos-differences.org, on a suivi Sébastien, un garçon tétraplégique, il n’est pas là aujourd’hui (ndlr : jour du festival) car il est un peu malade. Lui, grâce à des clefs d’aïkido, il mange tout seul maintenant. La fameuse clef où il va chercher le poignet, le retourne etc., eh bien maintenant il plante la fourchette et va chercher à reproduire le mouvement pour manger. Ce résultat a mis 4 ans : jusqu’au jour où il a pu manger tout seul. Ok il va mettre 20 minutes pour manger un petit morceau de viande mais ce n’est pas grave car il le fait lui-même. Quand vous écoutez les médecins qui vous disent que c’est neurologiquement impossible, eh bien ils tiennent un autre discours ensuite : « tu sais la répétition d’image et la répétition cellulaire c’est pas mal du tout ». C’est comme quelqu’un qui va me sortir « mais moi c’est ma génétique je ne peux pas arriver à… ». En fait c’est l’attitude génétique qui est importante. L’attitude génétique c’est : vous prenez deux jumeaux qui naissent au même endroit, il y en a un qui à la naissance part dans les favelas du Brésil et l’autre qui part dans la famille la plus riche de Paris. Ce dernier va être choyé, il va se nourrir avec des aliments sans pesticides, bio etc. Tandis que l’autre il va manger quand il le peut en buvant de l’eau qui descend des caniveaux. Pourtant ils sont nés avec la même génétique. Mais l’attitude génétique va faire qu’il y a une transformation physique sur le corps.

Donc votre objectif à l’avenir c’est de continuer de développer l’handi-martial ?

Mon but c’est de continuer à chercher la relève et à avoir des jeunes qui soient formés pour ne pas laisser d’autres personnes en situation de handicap, qui étaient entourés pendant X années et éviter que cela s’éteigne du jour au lendemain. Ce serait dommage de laisser un héritage, des connaissances et un travail pareil péricliter, il ne faut pas que cela s’arrête. Ils sont en sécurité, ils sont tous heureux avec No Différence et l’ALC.

Est-ce que vous auriez un dernier message à faire passer à nos lecteurs ?

Oui. Je pense qu’il faut ouvrir les yeux pour l’égalité des chances, et l’accessibilité à tous et pour tous. Et qu’il faut arrêter de se battre pour un carré de quelque chose qui est inexistant puisque quand on part on ne l’emporte pas avec soi. Ce qui compte réellement c’est d’accepter l’autre avec ses différences et de faire en sorte que ces dernières deviennent des forces : qu’il n’y ait pas de différences.

Merci beaucoup !

Les membres de No Difference présents au Festival d'Arts Martiaux

© Association No Difference

On remercie le Festival des Arts Martiaux et le magazine Karaté Bushido d’avoir permis de rencontrer Claudio Alessi et son équipe. Et merci à ce dernier d’voir pris le temps de répondre à toutes ces questions. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur No Différence et l’art du libre combat, allez sur le site de l’association, leur page facebook ou leur compte instagram. Vous pouvez également retrouver un livre écrit par Claudio Alessi « Au-delà de soi-même » afin d’expliquer sa démarche et son travail au quotidien.

 

Charlène Hugonin

Rédactrice à Journal du Japon depuis quelques années, je suis un peu une touche-à-tout niveau mangas, anime et culture. Mais j'ai une jolie préférence pour tout ce qui a trait à la gastronomie japonaise, et ce qui tourne autour et même le sport ! Peut-être pourrons-nous même en parler ensemble ?

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