[Interview] Salva FERNANDEZ et Zelda : une aventure sans fin ?
Salva Fernandez est né à Vilassar de Mar en 1984. Après avoir obtenu un diplôme en sciences de la communication, spécialisé dans le journalisme, il s’essaie à différents médias mais c’est chez MeriStation qu’il démarre sa carrière de journaliste vidéoludique. Il en devient même le rédacteur en chef et, en 2017, le coordinateur éditorial.
Fernandez fait connaissance avec la saga Zelda à l’âge de six ou sept ans. Son premier jeu est The Adventure of Link, deuxième volet de la saga, et il en parle comme d’un voyage plein d’émotions, pendant lequel il a du se munir d’un dictionnaire comme il ne parlait pas un mot d’anglais (dictionnaire qu’il a conservé et qui contient encore les marques de son aventure aux côtés de Link).
Afin de revenir sur le succès de la saga The Legend of Zelda, Salva Fernandez s’est lancé dans cet ouvrage, Zelda, l’aventure sans fin et en a fait un livre accessible autant pour les passionnés de la première heure que pour les joueurs occasionnels. Retour en questions sur le développement de ce livre et sur cette passion qu’il partage avec tous les amoureux de la légende du bonhomme en vert.
Journal du Japon : Tout d’abord, nous tenons à vous remercier de répondre à nos questions. Nous apprécions autant cette attention que nous avons apprécier lire votre livre, Zelda, l’aventure sans fin.
Notre première question: pourquoi avoir choisi d’écrire un livre sur The Legend of Zelda et pas sur un autre jeu ?
Salva FERNANDEZ : J’ai grandi avec cette franchise qui est sans doute une des saga qui évolue le plus dans l’industrie du jeu vidéo. Depuis que je suis petit, j’ai joué et rejoué à chaque nouveau jeu, ce qui a fait des jeux vidéo mon hobby et, aujourd’hui, aussi mon travail. Je peux donc dire que je me sens redevable envers la saga Zelda, parce que c’est à travers elle que j’ai découvert le merveilleux monde des jeux vidéo. De plus, il n’y avait pas de livre comme celui-ci en Espagne, alors j’ai saisi cette opportunité.
Dans votre livre, vous soulignez que la saga Zelda a été réalisée pour mettre en avant les prouesses techniques de chaque nouvelle console chez Nintendo. Pour vous, quel jeu en est le meilleur exemple ? Est-ce la raison du succès des jeux Zelda ?
Il y a beaucoup d’exemples. Le premier jeu Zelda sur Famicom devait être un disque que l’on pouvait partager afin de jouer aux donjons crées par ses amis. Cette idée est venue à Nintendo avec l’arrivée de leur nouveau disque Famicom. Au moins, The Legend of Zelda est un des premiers jeux NES à utiliser la sauvegarde sans mot de passe, grâce à la batterie interne des cartouches de jeu. Nintendo et MIYAMOTO (NDLR Shigeru MIYAMOTO est le créateur de Zelda) ont toujours utilisé les capacités de leur nouvelle console pour créer de nouvelles expériences. Avec la Nintendo DS, on peut souffler sur le feu pour l’éteindre et on on a besoin de fermer la console pour imprimer un sceau de l’écran du haut sur l’écran du bas. La saga Zelda a beaucoup d’exemples sur la manière dont Nintendo a optimisé chaque caractéristique clé de ses nouvelles consoles.
Tout ça fait bien entendu parti du succès de la saga mais pas seulement. Je pense que la principale qualité des jeux Zelda est qu’ils ont chacun un but. Ocarina of Time était en avance technologiquement, graphiquement, etc… Mais s’il a eu du succès c’est parce qu’il a innové à l’aide d’un seul bouton (A) qui servait à réaliser plusieurs actions différentes selon le contexte, mais aussi un système de combat plus instinctif à l’aide du Z-targetting. OOT a aussi introduit la meilleure façon de recréer des combats dans un univers en 3D ou encore a réussi un mix parfait entre la plate-forme, les puzzles ou le passage d’une caméra à la troisième personne d’une caméra à la première personne. Tout ça est devenu habituel dans les jeux vidéo de 2019, mais ça ne l’était pas en 1998. Ils ont ouvert la voie en terme de gameplay, établit des mécaniques et façons de faire que d’autres ont utilisé bien plus tard. Et tout cela, en gardant une aventure de base solide et familière. Lorsque l’on joue à un nouveau jeu Zelda, nous ne sommes pas dépaysés, mais nous attendons toujours quelque chose de nouveau et d’unique. Et il est rare de trouver cet équilibre dans une autre franchise.
Vous nous dites que le jeu le plus mémorable pour vous est The Adventure of Link parce qu’il a été votre premier jeu Zelda. Est-il aussi votre préféré ou est-ce un autre ? Et d’après-vous, qu’est ce qui fait qu’un jeu Zelda est un bon jeu ?
Adventure of Link a été mon premier jeu Zelda, et on n’oublie jamais son premier jeu Zelda. Mais je ne pense pas qu’il s’agisse du meilleur jeu de la franchise. Mon jeu Zelda préféré est probablement Ocarina of Time. Je sais que je ne suis pas très original mais c’est ce jeu-là qui a tout changé et qui a été un tournant pour l’industrie ; un point de repère. C’est sans aucun doute le jeu Zelda le plus équilibré : soigné, efficace dans toutes ses mécaniques, révolutionnaire. Si l’on joue à OOT aujourd’hui, on découvre un design intemporel, meilleur que la plupart des nouveaux jeux d’aventure, et peu de jeux appartiennent à cette catégorie de jeux qui ont résisté au passage du temps.
Et j’ai ressenti la même chose avec Breath of the Wild. Le dernier jeu de la saga a eu plus de difficultés à briller qu’Ocarina of Time, parce que 20 ans après nous avons fait face à de nombreuses nouvelles aventures, des expériences 3D, et avons constitué un lourd héritage du genre, alors qu’OOT était un pionnier, où tout était encore à faire. Pour ces raisons je pense que Breath of the Wild a plus de mérite, parce qu’il a transformé les bases de la saga et créé une nouvelle expérience de monde ouvert. On sent que l’on est dans une aventure Zelda, mais aussi que nous avons à faire à quelque chose de complètement nouveau. Peut-être pas aussi révolutionnaire que OOT, mais dans son contexte, BoTW a créé la surprise, brisé les règles afin de créer sa propre façon de faire encore une fois.
Vous parlez de trois différentes bases temporelles officialisées par Nintendo et qui suivent trois différentes timelines en réunissant plusieurs jeux. Que pensez-vous de ces timelines ? Y’a-t-il des jeux qui devrez-être, selon vous, retirés ou déplacés d’une timeline à une autre pour que la légende reste crédible ?
Je pense que Nintendo a créé cette chronologie sur idée des fans, mais ils restent intentionnellement vagues sur le sujet. Tout d’abord, la timeline de la Défaite est une invention pour réunir les jeux Zelda les plus anciens. Je pense que la timeline de Skyward Sword à Ocarina of Time est bien faite, et les deux autres créées à partir de l’histoire de OOT (timeline de Link Enfant et timeline de Link Adulte) sont elles aussi bien construites, mais lorsque l’on pense que Nintendo prend sa chronologie au sérieux, ils sortent Breath of the Wild et l’insert dans une toute nouvelle timeline.
Parce qu’il comprend des éléments de Wind Waker (timeline Link Adulte) et de Twilight Princess (timeline Link Enfant). Il y a aussi des références à A Link to the Past, ou encore le Koholit Rock de A Link’s Awakening (souvenez-vous, le rêve de Link). Nous pouvons donc penser que Nintendo a essayé d’unifier les timelines… Mais la véritable raison est que Nintendo ne se soucie pas vraiment de sa chronologie.
Lorsque vous parlez de Breath of the Wild, vous le comparez à deux très bons jeux en open world : Horizon Zero Dawn et The Witcher 3. Pourquoi avoir choisi ces deux jeux ?
J’ai choisi HZD et TW3 pour deux raisons. TW3 parce qu’il s’agit de la référence en matière de monde ouvert de sa génération; et HZD pour son monde ouvert organique et sauvage. Ils sont, avec Assassin’s Creed Odyssey, les meilleurs exemples d’open world que Skyrim a établi et popularisé. Ce sont aussi de grands jeux pour tenir la comparaison devant le nouveau monde ouvert créé par BotW. Je pense que le modèle de base des mondes ouverts créé ces dix dernières années ne peuvent progresser sans un regard insistant sur Breath of the Wild. En fait, nous voyons déjà quelques changements s’effectuer sur le genre depuis ce Zelda.
Vous ne parlez pas de la trilogie CD-i, distribué par Philips (Link the Faces of Evil, Zelda: Wand of Gamelon et Zelda’s Adventure) Pourquoi ?
J’ai essayé de parler de tous les jeux de Nintendo, et ai utilisé les sources officielles comme guide pour sélectionner les jeux que Nintendo considèrent comme officiels. Voilà pourquoi je ne parle pas des jeux de la Satellaview ou du Crossbow training, mais uniquement ceux qui inclus Nintendo.
Qu’attendez-vous ou souhaitez-vous voir dans les futurs jeux Zelda de la part de Nintendo ?
J’attends deux choses des nouveaux jeux Zelda : d’une part, qu’ils continuent un voyage à la Breath of the Wild, avec plus d’options, plus d’interactions (est-ce possible ?) et des ajouts manquants dans la première aventure comme le crochet, des sortilèges et la possibilité d’explorer et découvrir un gigantesque monde sous-marin. Pourquoi pas comme The Wind Walker ?
D’autre part, je pense que plus un jeu Zelda est standard et classique, basé sur la structure de OOT, plus il aura du succès. Peut-être avec un changement visuel radical (Toon Link ?) mais offrant une aventure familière et plus classique.
Notre dernière question est : si quelqu’un hésite à se lancer dans l’aventure Zelda, par quel jeu lui conseilleriez-vous de commencer ?
Zelda est une expérience unique; rafraîchissante et unique. Ça n’est pas une aventure standard. Elle a ses règles, son idiosyncrasie et plus de 30 ans après, personne n’a encore réussi à copier cette formule correctement. Je recommanderais probablement de commencer par Ocarina of Time (la version 3DS est parfaite) et ensuite, Breath of the Wild. Cette année, la Switch va sortir Link’s Awakening, un chef-d’œuvre auquel il faut avoir joué au moins une fois. Je croise les doigts pour un portage de A Link to the Past sur la Switch ; cela serait définitivement le jackpot ! En attendant, vous pouvez-y jouer (vous devez-y jouer) sur 3DS ou sur console virtuelle sur Wii U.
Merci !
Nous tenons à remercier Salva Fernandez d’avoir répondu à nos questions, ainsi que Ynnis Editions d’avoir permis cette interview.
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