Gaming Memories #20 : Spécial Game Boy
Bienvenue dans ce vingtième numéro de Gaming Memories. Cette fois-ci, la rubrique fête pour la deuxième fois l’anniversaire d’une console puisque ce mois d’avril 2019 marque les trente ans de sortie de la petite Game Boy de Nintendo ! Prêts à revenir sur console portable, avec un écran noir et blanc et confortablement installés dans votre lit ou canapé ? Alors c’est parti ! Préparez les piles AA (quatre, s’il vous plait) !
La machine d’un nouveau genre
Sortie le 21 avril 1989, la console Game Boy fait suite à la Famicom (NES chez nous). A la tête du projet, on retrouve Gunpei YOKOI, créateur des Game & Watch. La Famicom avait le monopole sur le marché de la console de salon, mais les machines portables restaient encore assez peu exploitées (les Game & Watch ne contenaient qu’un jeu chacun). Entre Atari (Lynx), NEC (PC Engine GT) et SEGA (Game Gear), Nintendo fut le premier constructeur à se pencher dessus.
Le Game Boy a été conçu avec des idées bien précises pour être compétitif : il fallait une machine légère, petite, moins chère que celles de salon et durable. Une console portable, donc, qui ne s’épuise pas au bout de trois heures à peine… avec un écran monochrome pour économiser au maximum ses quatre piles qui pouvaient facilement durer plus de quinze heures (rappelons que le Game Gear – écran avec couleurs et rétro-éclairé – tenait entre quatre à six heures, à peine, avec six piles). Pouvoir prendre tous ses jeux favoris avec soi était une idée tentante, et pouvoir rivaliser avec la Famicom à ce sujet une idée prometteuse, mais…
A l’époque où la console a été présentée pour la première fois en interne, elle s’appelait Dot Matrix Game (DMG-01). L’idée de base fut loin d’être bien accueillie car elle reçut le surnom de Dame Game. Sachant que « dame » signifie « mauvais », « inutile » ou « sans espoir » en japonais, on peut dire que le projet était loin de naître sous de bonnes augures… pourtant, à reprendre des éléments de la Famicom et à proposer une nouvelle façon de jouer, il n’y avait pourtant pas de quoi rougir de l’idée.
provider: youtube
url: https://www.youtube.com/watch?v=b--Ip9xZsgg
src: https://www.youtube-nocookie.com/embed/b--Ip9xZsgg?feature=oembed&wmode=opaque
src mod: https://www.youtube-nocookie.com/embed/b--Ip9xZsgg?wmode=opaque
src gen: https://www.youtube-nocookie.com/embed/b--Ip9xZsgg
L’écran de démarrage (Startup) de la machine.
La console sortit finalement le 21 avril 1989 au Japon, à un prix qui avoisinerait les 12.500 yen (actuellement 100 euros), donc moins que la Famicom à 14.800 yen (environ 118 euros). Elle a été mise dans le commerce seule ou en bundle avec un jeu différent au choix (parmi les plus connus, Super Mario Land et Tetris). Le continent nord-américain suivit de très près en accueillant la machine en juillet de la même année, mais l’Europe dut attendre septembre 1990.
Spécifications techniques
La Game Boy est une console de la quatrième génération (comme la Mega Drive). C’est une 8 bits, comme la Famicom, et ses jeux sont contenus eux aussi sur des cartouches (de couleur grise). A cette époque, nombre d’entre eux fonctionnaient avec des mots de passe (quand il y avait un système de sauvegarde). Les piles de sauvegarde arrivèrent un peu plus tard.
Elle dispose d’une croix directionnelle qui permet de bouger dans huit directions, deux boutons principaux (A et B) plus deux d’options (Start et Select). Il y a un interrupteur On/Off sur la tranche supérieure de la machine, et c’est aussi là que se trouve l’emplacement pour insérer la cartouche (cette partie restant à l’air libre le reste du temps, Nintendo avait conseillé aux joueurs d’y laisser un jeu pour éviter que la poussière s’y loge). De chaque coté se trouve une molette différente, l’une pour le son et l’autre pour régler le contraste de l’image. En bas, on trouve une prise jack.
En interne, la console utilise un processeur « presque » déjà connu : à cette époque, on pouvait trouver un Zilog Z80 dans des consoles comme la Mega Drive et autres machines d’arcade (vous êtes invités à retourner sur l’article dédié pour plus de détails). Ici, sur GB, c’est un processeur Sharp LR35902 qui fait office de cœur à la machine. Celui-ci était proche du z80 et d’un Intel 8080 – ce processeur était donc en quelques sortes un hybride propre à cette console –, cadencé à 4.19 MHz (celui de la Famicom tournait à 1.79 MHz, mais cela ne fait pas tout, bien sûr). L’écran LCD mesurait 47 × 43 millimètres et était en noir et blanc (qui tirait vers le jaune et vert au fil des années). Le Sharp LR35902 gérait également le son, qui sortait d’un haut-parleur mono mais passait en stéréo une fois des écouteurs branchés.
Carrière de la machine
Un spot publicitaire… avec la voix d’Akira KAMIYA (Kenshirô de Hokuto no Ken, Ryo SAEBA de City Hunter…) !
Après sa mise en service, force a été de constater que les réactions en interne chez Nintendo n’avaient pas été très justes : la machine a eu un succès immédiat. Le stock initial de 300 000 exemplaires s’est écoulé en deux semaines ! Tout a été fait pour donner le choix – ou l’envie – aux joueurs de consoles de salon avec un catalogue de jeux plus que fourni. Mario, Samus (Metroid) et Link (The Legend of Zelda) ont bien sûr fait leur retour, et on a aussi pu découvrir de nouveaux héros ou licences au passage (Kirby, Wario et même Pokémon…). La console ne s’est pas contentée de rallier des héros Nintendo, d’ailleurs, puisqu’elle a accueilli plusieurs Mega Man, Duck Tales (Capcom), Castlevania (Konami) ou même quelques titres SNK (qui avait pourtant la Neo Geo) et Hudson Soft (qui était pourtant l’un des créateurs de la PC-Engine avec NEC) !
La petite portable a eu plusieurs déclinaisons de couleurs. Dans le cadre de la série Game Boy Bros., elle s’est vue changée en bleu, rouge, jaune, gris, vert, noir, blanc et « transparent » (on voyait les composants au travers du plastique). Certaines de ces éditions sont vite devenues plus rares que d’autres, et celle qui les surpasse sans doute toutes doit être le modèle spécial Manchester United vendu uniquement au Royaume-Uni ! Ces modèles, malheureusement, n’ajoutent de la couleur que sur la coque de la console et toujours pas sur son écran…
En dehors de cela, le Game Boy a eu un certain nombre d’accessoires liés : batterie externe, coque pour amortir les chocs, Game Boy Camera (un accessoire assez anecdotique pour prendre des photos… sur un écran en noir et blanc de console 8 bits), Game Boy Printer (pour imprimer lesdites photos)… le plus intéressant reste peut-être le Câble Link, pour jouer avec ou contre quelqu’un en filaire. Ce dernier aurait, semble-t-il, inspiré Satoshi TAJIRI pour la création de Pokémon. Voir un insecte ramper sur son câble en serait la base (l’échange de créatures avec un câble à brancher)…
Une durabilité exemplaire
La console a aussi eu droit à des machines dérivées et successeurs. En 1994, Nintendo sort le Super Game Boy pour Super Famicom (Super Nintendo). Cette extension s’insérait à la place d’une cartouche et pouvait accueillir un jeu GB pour y jouer sur écran de TV. Le jeu pouvait être affiché avec ou sans bordure autour de l’image forcément plus petite, mais on pouvait aussi changer le jeu de couleurs pour rendre ses jeux un peu plus « joyeux ». L’idée fut reprise sur Nintendo 64 mais uniquement pour la presse. Pour le public, il n’y avait que Pokémon Stadium avec lequel cela était possible (seulement avec les Pokémon). Il a fallu attendre le GameCube et son Game Boy Player pour pouvoir le faire à nouveau.
Une deuxième version nommée Game Boy Pocket vit le jour en juin 1996. Comme son nom l’indique, la console a fait un régime pour l’occasion. L’écran n’était pas plus petit, mais la machine devenait plus fine et légère. Son autonomie a aussi été revue car elle est passée de quatre piles AA à deux AAA (plus fines aussi). L’écran, toujours en noir et blanc et non rétro-éclairé, gagnait lui aussi un peu en qualité. Le Japon eut même droit à une version spéciale et exclusive appelée Game Boy Light qui corrigeait le problème de rétro-éclairage. Cette version est sortie en 1998 et a eu différents modèles (dont une édition Osamu Tezuka).
La console prend une nouvelle forme en octobre 1998. Du même gabarit que la Pocket, avec deux piles AA et des cartouches « cristal » (transparentes), la Game Boy Color quitte enfin le noir et blanc. Un peu plus puissante que le modèle d’origine, cette nouvelle version peut afficher jusqu’à 56 couleurs à la fois, ajoute un système en ligne (uniquement au Japon) et de l’infrarouge pour l’échange de données dans certains titres (pour le jeu, il faudra se contenter du Câble Link). Elle marque aussi la fin des cartouches noir et blanc après une période charnière de cartouches noires qui fonctionnaient aussi bien sur GB que GBC.
La petite portable prend une autre dimension en 2001 avec le Game Boy Advance. Ce nouveau modèle, qui se tient désormais à l’horizontale et non plus à la verticale, passe de 8 à 32 bits de puissance (comme les Sega Saturn et PlayStation). Son écran est à nouveau sans rétro-éclairage mais sa qualité technique pardonne ce défaut (ses deux piles AA tenaient plus de quinze heures !). Elle lisait les jeux de GB et comme le Super Game Boy, on pouvait choisir son jeu de couleurs et même le passer en noir et blanc. Cette version a eu à son tour deux déclinaisons : Game Boy Advance SP (février 2003) et Micro (septembre 2005), qui revenaient à une batterie et avec rétro-éclairage.
La Game Boy, première vraie console portable, aura su marquer les esprits, à pouvoir être prise partout avec soi et peu importe son âge et sexe (Nintendo of America a même révélé que 46% des joueurs de GB étaient en fait des joueuses !). Elle en est même devenue un symbole de la culture actuelle. Désormais remplacée par les NDS et 3DS, Nintendo avait annoncé qu’elle reviendrait un jour mais il ne semble pas que ce soit dans leurs intentions. Personne ne saura dire si elle a inspiré les autres firmes à se lancer dans le marché des portables, mais en tous cas, elle reste un bon souvenir (d’enfance ?) pour beaucoup !
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Nintendo.