Le Fan Festival, l’événement communautaire de Final Fantasy XIV
Il s’est tenu le week-end du 2 et 3 février, au parc de la Villette, un salon d’un genre particulier. Le Final Fantasy XIV Fan Festival est en effet dédié exclusivement au MMORPG de Square-Enix. Si des événements communautaires de E-sport sont présents à travers le monde pour des franchises comme League of Legends, il est bien plus rare d’en voir un qui ne se concentre pas uniquement sur la partie « tournoi », et qui se déroule en France. La rédaction de Journal du Japon comptant un joueur de longue date de Final Fantasy XIV, nous nous y sommes rendus pour vous donner un échantillon de ce qui s’y trame.
Le Final Fantasy Fan Festival, c’est quoi ?
Le Fan Fest, de son surnom, s’adresse évidemment aux joueurs de Final Fantasy XIV, mais peut parfaitement convenir aux fans de la franchise en général. Une tournée Fan Fest est organisée à l’occasion de chaque nouvelle extension au jeu, c’est-à-dire tous les deux ans, et ce dans trois pays : un en Amérique du Nord, un en Europe et un au Japon. Ce sont là où les communautés de joueurs sont les plus fortes, et où les serveurs sont implantés. Cette année, la France a donc accueilli la session européenne, mais il faudra s’attendre à traverser une frontière la prochaine fois. L’event de chaque pays, à un mois d’intervalle, est l’occasion d’annonces sur l’extension dont ils font la promotion, et c’est lors de la cérémonie d’ouverture qu’un nouveau job, une nouvelle race, ou un concept inédit est dévoilé, rendant fou de joie la foule de joueurs assemblée face à la scène.
Reprenant le fonctionnement de grands rassemblements sur le jeu vidéo comme l’E3, le festival est retransmis en live sur Twich, à l’exception des concerts dont l’exclusivité est réservée aux visiteurs. Pour qu’un jeu accouche d’un tel event, c’est qu’il y a un succès public en amont. S’il est difficile d’avoir un chiffre précis sur le nombre de joueurs de tel ou tel MMORPG, nous pouvons avancer sans trop nous tromper que Final Fantasy XIV est le numéro 2 actuel, derrière World of Warcraft. Bien-sûr, la franchise Final Fantasy amène beaucoup de joueurs sur le MMO, mais c’est un point sur lequel nous reviendrons lors d’un prochain article dédié au jeu et sa prochaine extension Shadowbringers.
Sachez enfin que les places sont chères pour participer au Fan Festival, sous tous les sens du terme. Premièrement parce que le billet est à 125€, et ensuite, car ils se sont tous vendus en quelques jours ! Contrairement à un salon comme Japan Expo, le nombre de places est limité afin d’offrir un event optimal. Il fallait donc être dans les starting block lors de la billetterie pour être certain d’obtenir une entrée. Si un tel tarif peut paraître excessif, il faut bien tenir compte de plusieurs aspects : cela comprend les deux jours de l’événement, et chaque journée est clôturée par un concert. Et quels concerts ! Mais nous y reviendrons à la fin de cet article.
Shadowbringers : Des pistolames, des lapins et des robots
Venons-en maintenant à l’essence du salon : les annonces. La cérémonie d’ouverture était l’instant qu’attendaient les fans, qu’ils soient dans les gradins ou en live sur Twich, pour en savoir plus sur Shadowbringers, la prochaine extension du jeu, à commencer par la date de sortie officielle : le 2 juillet 2019, révélée à la fin de la version longue du trailer.
Beaucoup d’informations dans cette bande-annonce ont été vues plus en détail par Naoki YOSHHIDA après sa diffusion. Tout d’abord, nous pouvons voir que les NPC qui portent la trame scénaristique vont évoluer en changeant de job. Ainsi, Urianger deviendra Astromancien, Y’shtola un Mage noir, et Thancred un Gunbreaker ! C’était là la première grande révélation de l’édition parisienne : un job reprenant le style de combat de Squall de Final Fantasy VIII sera implanté début juillet (nous connaitrons le second au Fan Fest du Japon le 23 mars). Comme lors de l’annonce du job de Samurai, Naoki Yoshida est venu cosplayé en Gunbreaker (Pistosabreur en français) pour présenter cette keynote.
Ce nouveau job aura un rôle de Tank et maniera le pistolame. Des épées de ce type sont déjà présentes dans le jeu (uniquement pour des NPC), puisqu’elles sont utilisées par les soldats de l’Empire de Garmlemald (la nation ennemie dans l’épopée). Le producteur cosplayeur nous a cependant fait noter qu’il s’agit ici d’une arme bien plus proche de celle de Squall.
Une nouvelle race jouable va venir agrandir les possibilités de créations de personnages : les Vieras. Issues du monde d’Ivalice, l’univers de Final Fantasy XII et Final Fantasy Tactics Advance, ces femmes-lapin aux charmes apparents seront intégrées à l’histoire via le raid actuellement en cours Return to Ivalice, qui propose aux joueurs d’en apprendre plus sur les secrets de Rabanastre aux côtés de Ramza Bas Lexentale.
Le prochain raid en alliance (3 équipes de 8 joueurs, ensemble en donjon) YoRHa: Dark Apocalypse, fruit d’une collaboration avec les créateurs de la franchise NieR, Yosuke SAITO (producteur chez Square Enix) et Yoko TARO (concepteur de jeux). Un autre jeu sera invité dans Final Fantasy XIV le temps d’un événement : il s’agit de Final Fantasy XV, et la fameuse Regalia sera de la partie au cours du mois d’avril 2019. De nouvelles zones explorables feront évidemment leur arrivée. Il s’agira des vallons verdoyants d’Il Mheg, et de Rak’tika, la forêt d’où proviennent les Vieras. Enfin, il n’y a pas de nouveaux contenus sans nouveau Primordial : Titania, fera donc son apparition pour mettre les guerriers de la lumière à l’épreuve.
Nouvelle extension oblige, Square-Enix propose des versions dématérialisées ou physiques du jeu, que ce soit en édition standard ou collector. Final Fantasy XIV : Shadowbringers ne déroge pas à la règle et est disponible à la précommande sur la boutique Square-Enix dès à présent. Les fans pourront en apprendre davantage sur Shadowbringers, à l’occasion du Fan Festival de Tokyo les 23 et 24 mars 2019. Tous les Fan Festivals seront visibles en streaming gratuit sur le Twitch officiel de Final Fantasy XIV.
Deux jours, pas un de plus, pour tout visiter
Revenons maintenant sur ce que le salon proposait en tant que tel. Nous vous proposons dans les lignes qui suivent un avis général sur ce que le festival mettait à disposition de ses visiteurs, mais tout d’abord voici un résumé de la conférence de presse qui s’est déroulée après la fermeture des portes, au terme de la première journée.
La question fût posée à Naoki Yoshida si Nobuo UEMATSU allait composer le thème principal de Shadowbringer (qui a déjà composé ceux de A Real Reborn, Heavensward et Stormblood). Il déclara ne pas pouvoir répondre à l’heure actuelle.
En effet, la santé du compositeur a récemment connu de petits aléas et rien ne permet de définir quand UEMATSU sera de nouveau complètement disponible pour travailler, même si son état est déjà à l’amélioration. Les considérations envers le compositeur moustachu ne se limitent d’ailleurs pas qu’à Final Fantasy XIV. Square Enix est une entreprise qui doit trouver un juste équilibre parmi ses différents projets, Final Fantasy VII Remake en tête, et l’état de santé de Nobuo UEMATSU est donc surveillé pour l’ensemble des projets.
L’annonce du raid sur l’univers de NieR : Automata était encore dans tous les esprits. De qui l’initiative d’une telle collaboration peut-elle venir ?
C’est Yosuke SAITO qui, lors de la sortie de NieR Automata (en février 2017), s’est rapproché du développeur de FF XIV et lui a proposé cette association entre les deux jeux. Yoshida précise cependant que tout projet de cette envergure se décide très en avance, et que les plannings de FFXIV ne permettaient pas de mettre en œuvre cette idée dans l’immédiat. Il nous dit également sur un ton plaisantin que, comme pour tout événement de ce calibre, la conversation s’est faite autour de quelques verres, l’alcool aidant à avoir les idées claires. L’élément déclencheur vînt en premier lieu des fortes demandes des joueurs dans le monde pour avoir des costumes in-game issus de NieR : Automata.
De manière plus générale, Yoshida-san nous dit qu’inviter d’autres créateurs à travailler sur FF XIV permet de donner une dynamique au MMORPG. Par définition, un jeu en ligne n’a pas de conclusion de prévue tant qu’il a du succès, mais il est malgré tout nécessaire d’apporter des changements pour entretenir le plaisir des joueurs. Travailler en collaboration avec d’autres équipes sur les raids en alliance permet donc d’offrir du contenu de jeu différent. Sachez enfin que le raid en alliance YoRHa: Dark Apocalypse prendra bien place dans l’univers de Final Fantasy XIV, et que l’équipe fait tout pour rendre cette transposition naturelle.
Vînt ensuite le tour de l’autre annonce de la cérémonie d’ouverture : les Vieras.
Lorsque l’on demande à Yoshida-san comment il décide d’implanter des éléments de scénario de Final Fantasy XII (avec le raid Return to Ivalice) et une race comme les Vieras, il nous répond en avoir d’abord discuté avec Yasumi MATSUNO, le concepteur du projet Ivalice Alliance. L’histoire fût écrite par ce dernier, et c’est donc son choix que d’apporter des éléments de FFXII. L’arrivée des Vieras n’est cependant pas liée à ce raid collaboratif, cela provient plutôt des demandes incessantes des joueurs, voulant jouer cette race, qui en sont à l’origine. Il aura fallu malgré tout beaucoup de temps aux équipes de FF XIV pour régler un problème de taille dû aux Vieras : leurs talons hauts. Naoki Yoshida nous confit qu’il faudrait certainement une conférence entière pour expliquer les paramètres techniques liés à ce problème, mais que le rendu actuel était suffisamment convenable pour le présenter au Fan Festival.
Enfin, la conférence de presse s’est conclue sur une question au sujet de l’avenir du jeu en ligne dans la saga Final Fantasy : quid d’un éventuel FF XVI ou XVII online ? Naoki Yoshida tenait d’abord à dire que cela n’est très certainement pas à l’ordre du jour chez Square-Enix, étant donné le succès obtenu en ce moment par FF XIV. D’un point de vue plus personnel, il nous avoue qu’il aimerait voir un jour un Final Fantasy se passant dans un univers uniquement fantastique, où il n’y aurait pas de machine.
Passons maintenant coté visiteurs et voyons ce qu’il était possible de faire. L’ensemble du salon proposait une dizaine d’activités pour divertir les joueurs, qu’elles soient en lien direct avec le jeu, comme des challenges in-game sur PC, ou des attractions plus proches de la fête foraine comme le tir à l’arc (où il fallait viser de pauvres mogs), ou la course de chocobos. Tous ces mini-jeux avaient comme point commun un rallye-tampon, permettant d’obtenir des goodies. Deux zones proposaient des expositions : une pour les travaux artistiques d’Ayumi NAMAE, et une autre qui accueillait une sélection de fan-art, dont nous pouvions élire notre favori.
Sur scène, les journées furent ponctuées par plusieurs shows. Parmi ceux-ci, la conférence d’Ayumi NAMAE, l’invitée de l’équipe de développement de cette année, était particulièrement intéressante. Namae-san, qui est chargée de la conception artistique sur Final Fantasy XIV, est revenue sur le processus de création de design, notamment pour les nouvelles tenues qui apparaîtront dans Shadowbringers. Il est impressionnant de voir la quantité de visuels produits, pour un seul retenu. Le producteur confia d’ailleurs être à chaque fois déchiré de devoir refuser toutes ces ébauches, tant elles sont abouties.
Le tournoi The Feast (match de joueurs contre joueurs en équipe de 4) était lui aussi très prenant, même pour un profane. Le premier round permettait de saisir les mécaniques mises en place, puis les commentateurs et les cris de la foule suffisaient à nous entrainer dans le mouvement. Les différents matches étaient équilibrés, et la finale s’est jouée à un cheveu ! Ce tournoi proposait la phase finale nationale, dont les sélections ont commencé dans le MMORPG plusieurs mois auparavant.
Le concours de cosplay, bien qu’il ne soit qu’amateur, fut d’un très bon niveau ! Les participants, s’inscrivant simplement sur place au début du salon, passaient devant un jury en backstage pour une première sélection en guise de qualification, puis les 40 candidats finalistes venaient défiler sur scène. Mention spéciale pour l’oiseau de feu, qui n’a pas manqué de laisser pantois l’ensemble de la salle et le jury.
Enfin, comment parler des shows sans parler des concerts ? Celui du samedi soir mettait en scène le pianiste Benyamin Nuss et la chanteuse Susan Calloway. L’ambiance dans la salle était studieuse, les spectateurs ont gardé un silence religieux pendant les chansons, en parfait accord avec la représentation. Le calme était toutefois interrompu ponctuellement par les éclats de rire dus aux pitreries de Masayaki SOKEN. Véritable pile électrique, le compositeur a dévoilé, à ceux ne le sachant pas encore, son côté farceur. Il entra par exemple sur scène entre deux morceaux, régla son micro très sérieusement, avant de sortir un Otomatone, pour interpréter le thème de Yanxia. Fous rires garantis dans la salle, d’autant plus quand il finit par imiter la cithare à la bouche. Plus tard, c’est un véritable sketch qu’il nous joue avec Benyamin Nuss, dans un quatre mains au piano. Une bouffée d’air frais.
Pour le concert qui a précédé la cérémonie de fermeture le dimanche soir, l’atmosphère était toute autre. Exit les chaises, le public était convié à s’amasser debout, près de la fosse, pour profiter pleinement du concert de rock enflammé promis par The Primals, le groupe fondé par Masayoki SOKEN et Michael-Chistopher Koji-Fox. Durant cette session, nous avons pu voir Naoki Yoshida se prêter au jeu et venir chanter Amatsu Kaze, la chanson thème du boss Byakko, vêtu d’un kimono à l’image du tigre blanc. Les haut-parleurs crachant les décibels, et la foule s’agitant au rythme des guitares ont parfaitement conclu ces deux jours de salon.
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Le Final Fantasy Fan Festival est un vrai show, très bien rodé. Le prix du billet est justifié car la prestation scénique assure, le staff se met en quatre pour proposer une expérience inoubliable aux visiteurs, et nous voyons bien qu’ils y prennent aussi du plaisir. S’il est tout à fait possible de suivre l’événement en live depuis chez soi, les concerts valent vraiment le détour et vivre le festival avec un groupe d’amis également joueurs offre une expérience unique.
Nos remerciements à Square-Enix, à Alexandre Burgau pour sa bienveillance et à Aimi Tokutake pour la traduction.
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