Gaming Memories #18 : Alien Soldier
Bienvenue dans ce dix-huitième numéro de Gaming Memories. Cette fois-ci, nous retournons en février 1995 sur Mega Drive. Une histoire d’amour pour la Saint-Valentin ? Absolument pas. Nous allons dans l’espace pour combattre des hordes de monstres étranges ! Prêts pour une action frénétique et sans temps morts signée Treasure ? Alors c’est parti, car les vilains aliens vous attendent (on verra bien si, dans l’espace, on nous entend crier)…
Course contre la montre pour un Run’n’gun
Alien Soldier est un titre de la société Treasure Co. Ltd, petite entreprise fondée en 1992. C’est plus particulièrement son employé Hideyuki SUGANAMI qui s’occupa du projet dès 1993, peu de temps après la sortie de Gunstar Heroes sur Mega Drive. C’était un projet qui lui tenait énormément à cœur car il avait pour ambition de s’occuper de l’intégralité du gameplay et du développement. A tel point qu’il utilisa même ses vacances pour travailler dessus… ! A cette époque sur Mega Drive, il fallait au moins deux designers et deux programmeurs pour faire un jeu, mais SUGANAMI voulait relever un tel challenge seul.
Bien que les systèmes 32 bits (Sega Saturn et PlayStation) s’installaient progressivement dans les salons en 1994, SUGANAMI a continué le développement. Développer sur un hardware déjà connu et surtout réputé pour être propice à ce genre de jeux était le but, le faire seul prenait du temps, beaucoup trop de temps. Cela fit arriver jusqu‘à 1995, deux mois avant la deadline, et le jeu n’était pas encore terminé. Bien que ce dernier repousse fièrement les limites de la machine, au point de même l’afficher dans son écran-titre, il fallut finalement ajouter des membres de Treasure au projet. De nombreux éléments furent retirés à cause du manque de temps : une centaine de boss ainsi que des sous-trames étaient originellement prévus, mais il fallut les abandonner pour respecter les délais.
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Alien Soldier est finalement, en quelques sortes, un jeu non-fini (par rapport à toutes ses ambitions) mais fut mis sur le marché japonais le 24 février 1995. Il sortit également en boite eu Europe en juin de la même année et en Australie. Les joueurs américains durent se contenter d’une version dématérialisée via le service Sega Channel.
Si tu ne me tues pas, je te tuerai à la place
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Dans l’espace, en 2015, le guerrier Epsilon-Eagle se retrouve mortellement blessé par Xi-Tiger, un terroriste de l’organisation Scarlet. Epsilon s’en sort in-extremis et jure vengeance envers Xi… envers Scarlet tout entier.
En vérité, le scénario d’Alien Soldier est bien plus fourni que cela, tel qu’on peut le voir dans la séquence d’introduction présente un peu plus haut. Mais tout ce background a finalement été mis de coté par manque de temps et ce qui en ressort est juste une histoire de vengeance entre un puissant guerrier et un terroriste et son organisation. Peut-on vraiment en demander plus pour un jeu où l’action est ce qui compte le plus ? Pas sûr, mais cela reste un peu dommage. Un tel effort dans l’histoire pour tout résumer finalement sur un timbre-poste… dans l’immédiat, de toute façon, ce qui nous intéresse le plus reste le concentré d’action pure qui nous attend. Notez tout de même que l’histoire est racontée en anglais et sous-titrée en japonais même dans les versions JP.
Hardcore superhard Run and gun action for Megadrivers custom
Comme son genre l’indique Alien Soldier est un « Run and Gun » : le but est donc d’avancer et tout dégommer. Mais celui-ci est bien loin de titres plus anciens et « basiques » comme Ikari Warriors (SNK, 1986, arcade et nombreux portages) ou même Gunstar Heroes. Courir et tirer, c’est bien, mais Epsilon peut aussi sauter, faire des esquives en arrière (un mouvement réussi à proximité d’un ennemi le détruira et créera un petit boost de soin), se fixer en l’air après un saut, courir au plafond et carrément traverser l’écran d’un dash (qui infligera de lourds dégâts à tout ce qui se trouve en face si la jauge d’énergie du personnage est pleine). Il peut aussi tirer en se déplaçant ou rester fixe selon le mode de déplacement choisi.
Cette large palette de mouvements n’est forcément pas suffisante pour s’en sortir face aux hordes de bestioles qui se trouvent en face. Vous disposerez de six types d’armes différentes, incluant lasers, tirs directs ou dispersés ou encore un lance-flammes téléguidé très efficace. Vous pourrez en choisir quatre avant de partir en mission. Chaque type sera plus ou moins efficace selon les ennemis, boss ou même situation (imaginez bien qu’un lance-flammes n’aura aucun effet si vous vous retrouvez sous l’eau…), il faut donc les choisir consciencieusement (il est possible de prendre plusieurs fois la même aussi).
On traverse ainsi les niveaux infestés de bestioles plus ou moins résistantes jusqu’à arriver au boss, qui constitue au final bien la moitié de la durée d’un niveau à lui seul. Ils ont tous des patterns au dessus desquels passer pour réussir à les vaincre. Ils font aussi office de courte pause après les avalanches de tirs qui les précèdent, car ils sont tous annoncés d’une petite scène d’arrivée et d’un message d’alerte.
A vrai dire, si l’on a le choix entre les difficultés « Supereasy » et « Superhard », il ne faut pas s’y tromper : le jeu est difficile et porte bien ses intentions de donner du challenge aux plus persévérants. L’échec fait partie intégrante du gameplay car il permet de prendre de nouvelles armes et de retenter (enfin, pas dans toutes les difficultés). Le scoring prend alors son sens en s’affichant après chaque Game Over et permet de tenter aussi bien de se surpasser que de faire le jeu librement. Que vous ayez juste envie de vous amuser ou de vous donner un challenge, Alien Soldier montre directement ses intentions.
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Visualshock ! Speedshock ! Soundshock ! … vraiment ?
Comme dit plus haut, l’une des ambitions d’Alien Soldier est de pousser la Mega Drive à ses derniers retranchements (assez peu de chances que les joueurs de l’époque sachent réellement à quoi « X68000 » faisait référence… mais nous vous renvoyons à l’article spécial Mega Drive si besoin). En cela, il est assez réussi car non seulement il dispose de bons graphismes, avec des effets de lumière et d’explosions réussis, et son animation est fluide, peu importe le nombre de parties que peut avoir un boss. La vitesse du jeu est effectivement bonne et les dash d’Epsilon traversent l’écran à répétition et à toute vitesse. Qu’il y ait deux, trois ou dix ennemis devant soi, des projectiles et des explosions, il n’y a aucun ralentissement… à part dans les menus, par moments.
De fait, cette action soutenue peut causer un problème surtout au niveau de la maniabilité. En soi, elle réagit très bien et vite, mais il n’est pas rare de se prendre un coup en tentant de changer d’arme si la situation n’est pas un peu calme : ne pas pouvoir mettre le jeu sur pause pour le faire ne coupe pas l’intensité de la course, mais appuyer sur A (par défaut) affiche un cadran autour du personnage le temps de faire son choix… et l’immobilise pendant ce temps. Chaque arme a une durée de feu limitée et se vide à un moment (et se recharge pendant qu’on se sert d’une autre), ce qui peut créer des situations un peu « gênantes »…
C’est à peu près la seule chose que l’on peut reprocher à cet aspect du soft. Tout devient vite intuitif (on peut même s’entraîner sur l’écran de sélection d’armes si besoin). AS propose plus d’une vingtaine d’affichages des données différents (énergie du personnage, de l’arme et de l’ennemi en barres, chiffres, les deux ensemble, etc…) et on sait tout de suite où l’on en est.
Le jeu est composé de vingt-cinq niveaux. Si cela peut paraître court – surtout après avoir lu qu’ils ne sont pas très longs –, le challenge est largement à la hauteur pour donner une durée de vie satisfaisante. Une heure tout au plus est nécessaire (c’est dans la moyenne des jeux sur console de cette génération), mais bien sûr il faut apprendre les niveaux et les refaire plusieurs fois jusqu’à y arriver, donc « une heure » ne compte que pour quelqu’un qui s’en sort bien dès le début. Cependant, bien qu’il s’adresse aux hardcore gamers, Alien Soldier peut être tenté par tout le monde. Du fait de ses niveaux courts, on peut apprendre et appréhender ce qui nous attend avec plus d’aisance. En mode Easy, en tous cas… quoi qu’il en soit, AS propose des mots de passe à chaque Game Over, donc aucune crainte d’avoir à tout recommencer à chaque fois.
Le son, pour finir, est lui aussi très bon. Les mélodies sont souvent dynamiques et soulignent très bien l’action, le danger aussi lors des combats de boss. La bande-son n’est pas forcément mémorable à tous les coups pour ce qu’elle est mais plus par le nombre de fois qu’on entend chaque morceau qui la constitue. Elle fonctionne très bien, tout comme les quelques voix que l’on peut entendre à certaines occasions.
Au final, même si Alien Soldier est un jeu « non-fini », il est à placer fièrement à coté des autres titres de Treasure. Agréable à parcourir sur presque tous les points, il fait partie de ces « chants du cygne » que toute console mérite d’avoir.
The X68000 will stay on fire forever ! … peut-être.
La critique générale de l’époque encensa Alien Soldier pour sa vitesse, son challenge et son gameplay nerveux. Une moyenne de 8/10 lui fut attribuée au travers de la presse vidéoludique (hormis un certain Famitsu et leur faible et surprenant 24/40). Sa difficulté a autant été vue comme une qualité qu’un frein pour d’autres (on vous promet que le mode Easy permet de bien l’apprécier, pourtant !).
Tout cela ne l’a pas empêché de faire partie de la collection Sega Ages 2500 sur PlayStation 2 (une série de rééditions en remake ou non) en 2006. Mieux encore, il fut accueilli par la Console Virtuelle de la Wii de Nintendo en 2007 et est maintenant disponible sur Steam dans le cadre de l’Ultimate Mega Drive Collection. Toutes ces rééditions sont de très bonnes occasions de le (re)découvrir à des prix plus qu’abordables.
Effectivement, au fil des ans et depuis sa sortie, Alien Soldier est devenu de plus en plus rare, pour son faible nombre de cartouches produites et de bouche-à-oreille à son propos. En 2006, lors de la re-sortie du jeu, une copie en boutique d’occasion se trouvait rarement au dessous des 20.000 yen (actuellement dans les 160 euros). De nos jours, c’est encore pire car il ne faut pas compter s’en procurer un en dessous de 350 euros ! Et attention aux copies non-officielles à prix bas qui trainent ça et là…
Finalement, cet « ovni » passé entre d’autres ténors de Treasure tels que Gunstar Heroes, Radiant Silvergun (1998, Arcade) et Ikaruga (2001, Arcade) s’avère être rempli de qualités et toujours un bon choix pour qui aime le challenge. C’est d’autant plus dommage que les ambitions placées dessus n’aient jamais pu être totalement remplies, mais pouvoir y jouer grâce aux plates-formes dématérialisées de nos jours est une chance. N’hésitez pas à le tenter si vous le pouvez !
Captures d’écran prises par JDJ. Crédits des autres visuels : Tous droits réservés ©Treasure.
1 réponse
[…] RKA ne se « contente » pas d’alterner plate-forme/boss, il rajoute quelques éléments de Shoot’em-up, via ses combats contre des monstres aux patterns fixes à apprendre et, surtout, tout ceci est entrecoupé de phases plus courtes que l’on pourrait qualifier de challenges. Renvoyer les bombes qu’un ennemi nous jette pour le détruire, voyager sur une plateforme qui avance seule pour éviter des pics mortels ou gérer un chariot envoyé à pleine vitesse sur des rails détruits… tout est fait pour rendre le jeu le moins linéaire possible. Les combats s’enchainent, en faisant parfois aussi un boss rush tenace. Pour peu, Konami nous sert presque un bon gros jeu Treasure ! […]