Everdark, un shonen français à ne pas rater !
L’an dernier, l’éditeur Pika mettait en avant à Japan Expo l’un de ses nouveaux shonen 100% français : Everdark par Romain Lemaire. Un titre plutôt dark-fantasy qui promet une histoire qu’on n’est pas prêt d’oublier, avec un graphisme vraiment très fouillé ! À l’occasion de la sortie du tome 2, ce jour, dans toutes librairies, Journal du Japon revient sur l’interview réalisée en juillet dernier pour mieux cerner ce qui se cache derrière le titre et son auteur… C’est par ici pour le retour !
Un univers où la fantasy est le maître-mot
Le nouveau shonen signé Pika est réalisé par Romain Lemaire qui a fait ses armes sur la série de son cousin Réno Lemaire, Dreamland. Il offre à ses lecteurs un univers extrêmement fouillé, plutôt complexe et dense, mais à la richesse vraiment démesurée. Le premier volume transporte dès les premières pages le lecteur dans une aventure qui s’annonce vite extraordinaire grâce à son héros, le jeune Neer, solitaire mais à la puissance guerrière semblant conséquente.
Évoluant dans un univers fantasy, à la limite de la dark-fantasy, Neer montre dès le départ ses ambitions : mettre fin aux sombres desseins du royaume de Solaris qui souhaite annexer tout un chacun en s’emparant d’une énergie destructrice émanant de vieilles cités laissées à l’abandon mais où de géantes divinités pétrifiées, Les Veilleurs, semblent pourtant avoir main-mises. On comprend bien vite que Solaris est omniprésent et qu’il s’agit d’un royaume apportant la crainte à qui ose braver son autorité. C’est donc un combat âpre que s’apprête à mener Neer, solitaire de son état, dont on ne cesse de se demander quel est son rôle dans cette histoire. Son objectif reste simple et efficace : que le monde reste en paix et qu’aucune guerre éclate. Le voilà à défier Solaris sous les yeux d’un jeune spiriters en apprentissage, Milo, sorte de mage contrôlant les esprits. Nul doute que sur son chemin il rencontrera d’autres alliés prêts à l’épauler, ce que présage en effet fortement le second volume. Mais qui est donc réellement Neer ? Quelle puissance a-t-il réellement à sa portée pour mener à bien son projet ? Et quel est donc son passé qui semble si sombre et qui l’a façonné au fil des ans ?
Avide de mystère et d’aventures ? Alors venez découvrir l’univers dense crée par Romain Lemaire dans lequel différentes castes cohabitent, les esprits ont également leur mot à dire, et l’action est foison ! Et ce n’est pas avec le second volume qu’on vous dira le contraire. Retour sur sa série lors d’une interview réalisée à Japan Expo 2018.
Un shonen aux références multiples !
Journal du Japon : Bonjour. Comme tu es un petit nouveau dans le milieu, pourrais-tu commencer par te présenter un peu, passion comprise ?
Romain Lemaire : Romain Lemaire, enchanté. Le dessin est une passion qui m’a accompagnée depuis mon plus jeune âge. Enfin, dans la famille de toute manière, on dessine tous un petit peu, et on a commencé en recopiant ce qu’on voyait au Club Dorothée. Cette passion m’a vraiment suivi durant tout mon cursus scolaire, jusqu’à la faculté. Par exemple, au baccalauréat j’avais choisi l’option lourde et facultative de l’Art Plastique, j’en mettais vraiment partout. À l’université, j’ai fait deux ans d’anglais et deux ans d’arts plastique. C’est durant ma 1ère année d’arts plastique que Réno est venu me voir pour m’annoncer qu’il allait lancer sa série Dreamland et qu’il avait besoin d’un assistant pour l’aider sur les décors et lui faire gagner du temps. Il a pensé à moi pour participer à cette aventure. À mes yeux la famille étant importante, j’ai accepté avec plaisir car ça m’intéressait également comme idée.
En fait à l’époque, à l’université, j’avais le cul entre deux chaises car je ne savais pas trop quoi faire : faire des études ou aller dans des écoles de beaux-arts, faire les gobelins etc. Le design de jeu vidéo m’intéressait aussi, donc la proposition de Réno tombait bien pour pouvoir tenter le milieu professionnel du manga. L’idée était aussi pour moi de me former sur un manga, ayant moi-même des envies de sortir mes propres histoires, dans ma besace depuis plusieurs années, sans savoir sur quel format les réaliser. Mon travail avec Réno a duré jusqu’au tome 13 de Dreamland. Et à ce moment-là, j’ai arrêté d’être assistant pour aller démarcher moi-même des éditeurs avec un projet. Je crois bien que c’était début 2014, et à la fin cela se jouait entre Glénat et Pika. J’ai finalement choisi Pika et j’ai signé avec eux.
Comme tu l’as dit, tu es de la même famille que Réno Lemaire ?
Oui c’est mon cousin, en effet.
Tu viens d’expliquer que ta collaboration avec lui sur son manga semble s’être très bien passée, mais comment vous partagiez-vous les tâches, par exemple ?
Au tout début, du tome 1 à 4, c’était surtout de l’aide ponctuelle. On l’aidait sur des cases bien précises : ce n’était pas grand-chose en termes d’heure de travail. Ensuite par-contre, on se retrouvait quelques heures chez lui avec l’autre assistant quand c’est devenu plus soutenu car il fallait travailler sur des chapitres entiers. On se partageait le travail en fonction du storyboard, comme un meeting, pour savoir qui de nous avait le plus d’affinité avec tel ou tel chapitre pour les décors. On rentrait ensuite chacun chez soi ensuite pour les travailler et les envoyer à Réno.
Au début il donnait les pages avec les personnages, et je faisais les décors derrière et je donnais les pages en physique. Mais ensuite on lui transmettait autrement. J’ai une anecdote à ce sujet, j’avais travaillé comme un dingue, je lui avais donné les décors sur plusieurs chapitres. Il a mis le carton à dessin sur le toit de sa voiture, sans raison, il l’a zappé et est parti en l’oubliant, le carton a dû s’envoler car il ne l’a jamais retrouvé. Heureusement, je lui avais envoyé des screenshot en basse définition des pages concernées, et il est reparti de ces dernières pour finaliser le chapitre. J’étais vert, avec le recul on en rit maintenant (Rires). Mais voilà, on se partageait le travail par chapitres : décors et trames, le rythme était assez soutenu.
T’a-t-il poussé à prendre ton envol et à tenter une aventure seule ? Ou est-ce une décision un peu à deux vu que tu étais engagé auprès de lui ?
Un peu des deux en fait. Il savait que j’avais un très bon niveau et moi, ça m’intéressait de me lancer. Le déclic est quand même venu en partie en travaillant sur Dreamland. J’y ai appris énormément, notamment au niveau du storyboard. Aujourd’hui Everdark ne serait pas sorti si je n’avais pas eu ce travail sur la série de Réno : niveau narratif et graphique, ça serait beaucoup plus faible. Donc la décision s’est faite très naturellement car je montais mon dossier en parallèle. Un jour Réno m’a dit que j’étais prêt, et moi-même je le sentais aussi. J’ai 33 ans, donc à un moment il faut savoir se lancer.
Tu as forcément dû montrer ton projet avant tout le monde à Réno ?
Ah bien sûr. Je voulais vraiment son avis sur le storyboard, si c’était lisible et fluide vu qu’il avait un meilleur niveau que moi sur ce sujet. Je l’ai montré un peu à tout le monde ensuite, même à l’équipe de Pika une fois le contrat signé pour le réajuster. J’ai appris beaucoup et j’apprends encore, en échangeant avec les autres.
Justement en parlant d’univers, on voit qu’Everdark est déjà très riche avec une belle imagination derrière et rempli de références; On en distingue certaines comme Dragon Ball, Leiji Matsumoto… Mais quelles sont les réelles influences derrière le titre ?
Moi je suis fan de Dragon Ball, c’est la base pour les combats : le découpage et l’impact de ces derniers sont terribles. Pour moi c’était réellement novateur quand j’avais vu la série de Akira TORIYAMA : il a révolutionné la scène de combat. Quand j’étais jeune je lisais beaucoup de shonen, moins aujourd’hui. Et en ce moment, ma série de cœur c’est Berserk sans hésiter. J’aime aussi fortement Galaxy Express 999. J’adore cette série car c’était une découverte à chaque arrêt du train, avec un nouvel univers, de nouvelles règles, un nouveau design…
C’est cet aspect que j’aimerai faire ressortir dans Everdark : le lecteur serait un explorateur en découvrant un nouveau monde. C’est ce kif que je veux retranscrire. Je ne sais pas si j’y suis arrivé; les lecteurs le diront mais c’est mon objectif. La difficulté d’un premier tome c’est d’être digeste et de ne pas trop donner d’informations, car c’est un univers complexe, et je ne veux pas perdre le lecteur. C’est pour cela que je leur demande leur avis concernant la fluidité du scénario en dédicaces. Dans l’ensemble c’est plutôt positif, seules deux personnes ont indiqué qu’il y avait beaucoup d’informations mais ils ont aimé et ça fait plaisir.
C’est vrai que dès le début de l’histoire on est totalement plongé dans l’univers car on nous montre qu’il y a une organisation, Solaris, qui essaie d’annexer un royaume, on découvre les héros, on découvre des portails un peu à la Dofus pour aller d’un secteur à un autre, des oculus qui permettent de communiquer et se téléporter… Il y a en effet pas mal d’information pour le départ, n’est-ce pas un peu osé ?
C’est un peu un parti pris, enfin c’est ma décision. Je ne me suis pas posé beaucoup de questions en fait. Je sais que l’univers est dense et qu’il va falloir faire attention à comment distiller tout ça au fil des chapitres. C’est mon univers, avec ses spécificités. Après il n’y a rien d’original sur certaines choses : les portes, comme la porte des nuages par exemple, c’est un rapport à Sliders, les mondes parallèles une série que j’adore et Stargate. Il y a plein d’autres aspects : le nuage de fumée en entrant dans la porte aussi, je suis fan de jeu vidéo, et par exemple dans Dark Souls c’est ce qu’il se passe. Donc il y a des dédicaces partout.
Il y a un personnage Duncan, un chien-ours, que Neer rencontre dans un groupe qu’il quitte, c’est un clin d’œil à Gaspard Savoureux du P’tit Chef que j’adore, un shonen culinaire que quand j’étais petit j’adorais au même niveau que Dragon Ball. Quand je suis allé au Japon et que j’ai découvert le vrai manga à l’origine, car au Club Dorothée on n’avait eu qu’une trentaine d’épisodes, bah bam, tragédie à la fin. Chaque fois c’est loufoque et à la fin, tragique. Je ne comprendrai jamais les Japonais sur ce sujet. Donc il y a plein de références : mmo, rpg, avec une tonne d’artbooks chez moi car j’adore découvrir de nouveaux mondes, voir de nouveaux design c’est facile… En terme d’influence, par exemple Solaris, c’est un nom qu’on retrouve pas mal dans la pop-culture, et dans plusieurs films, mais moi la vraie dédicace sur Solaris vient d’un rpg japonais de 1998 dans mon top 3 de rpg préférés, Xenogear. Tu y as un empire qui s’appelle Solaris justement.
Donc l’idée d’offrir de nombreuses informations dès le départ est voulue, et cela continuera de se distiller au fil du temps ?
Oui c’est venu naturellement. Après quand je montrais mon storyboard aux autres, on me disait que c’était complexe mais captivant. Je suis perfectionniste donc je prends le temps de vérifier que ce que je dis est compréhensible. Et j’ai vraiment pris le temps de bien travailler le tome 1 pour ne pas me louper. Maintenant je n’y vois déjà que des défauts car je suis déjà sur le tome 3 (ndlr : lors de l’interview en Juillet 2018) mais à l’époque, Pika a fini par dire qu’il fallait que le livre sorte, lâcher le bébé, donc ce fut le cas, aujourd’hui j’ai refait plusieurs choses.
Quand tu parles que tu as repris plusieurs fois le projet, comment est né justement Everdark ?
À la base j’avais un projet beaucoup plus dark-fantasy seinen que je trainais depuis très longtemps. Mais quand on crée en tant que nouvel auteur une première série, tout le monde est d’accord là-dessus, il vaut mieux viser un public beaucoup plus large. C’est une prise de risque de se lancer immédiatement dans un seinen ou un shojo. Je me suis dit pourquoi pas tenter en effet. J’ai repris la majeure partie de mon projet initial pour faire Everdark : j’avais quasiment tout. J’ai peut-être été moins cru sur certaines choses. Mais il y a certains raccords qui pourraient se faire si Everdark fonctionne, car là quoiqu’il arrive j’ai 5 tomes à faire. Si la série fonctionne et que je termine Everdark, je pourrai sûrement enquiller sur celle que je voulais faire au départ car le public aura grandi avec ma série. Et tous les wagons se raccorderont et les gens comprendront car tout sera cohérent.
Donc pour le moment 5 tomes de prévus ?
Oui, pour Pika on part sur un arc en 5 tomes. Moi j’ai bien sûr imaginé ma série sur plus de volumes. Enfin, si ça s’arrêtait là, je serais carrément dégouté, mais si ça se stoppait vraiment c’est que j’aurai raté quelque chose et ne pourrait que me le reprocher.
D’ailleurs d’où vient exactement le titre Everdark ? On comprend avec le premier volume que cela correspond à l’une des énergies d’Ephemera, l’univers ? Mais pourquoi ce nom-là pour le titre de la série ?
À l’origine, le titre devait être Lost Worlds. Mais comme il s’agissait du genre des mondes perdus, et que ça ne parle pas de dinosaures, avec aucun clin d’œil en ce sens… Il a été oublié. Mais c’était la volonté de l’éditeur car ce n’était pas assez spécifique à ses yeux. Dès le premier tome, il faut qu’on comprenne en effet d’où vient le titre. J’avais plutôt pensé à un titre sur la longueur. J’ai néanmoins compris l’argument mais ce fut difficile car à mes yeux un titre reste spontané, et quand on doit le retravailler derrière on est un peu perdu. J’ai donc fait une liste de 50 titres avec étymologie du nom à la clé et ça prend du temps… Mais à la fin deux me plaisaient et Everdark pouvait symboliser la sphère. Dans le récit je l’appelle plutôt l’ombre éternelle d’ailleurs. J’ai dû me faire violence pour trouver quelque chose de cohérent dès qu’on voit la carte au début. Si j’avais pu j’’aurai vraiment choisi Lost Worlds (Rires).
On voit qu’il y a un bel univers avec des énergies qu’a priori on va découvrir au fur et à mesure, mais on voit tout de suite le personnage principal Neer. Quelle a été l’inspiration pour le créer ?
Graphique déjà, Dragon Ball, et le côté un peu Végéta pour la coupe de cheveux c’est vrai. Après j’aime beaucoup Go NAGAI, donc un peu d’Akira Fudô pour le côté ténébreux. Après, quand on pense grosse épée, on pense à Guts dans Berserk et la Buster Sword de Cloud. C’est vrai que ce sont des influences qui m’ont marqué. J’aime aussi les personnages avec une tonne d’équipement, à mon grand malheur quand je dois les reproduire en dédicaces (Rires). Je suis fan des petits détails un peu partout.
Clairement des influences assumées donc. On m’a sorti aussi du Strider et du Ryu, pour l’écharpe qui vole au vent. Mais en vrai je n’y ai pas du tout pensé de cette façon car pour moi ça provient d’un jeu Shinobi sur PS2 à l’époque, en 3D dans lequel j’adorai les chorégraphies avec l’écharpe qui bougeait partout. En dehors de toutes ces influences, il ne fallait pas rendre Neer illisible non plus même s’il a un sacré équipement. C’est pour ça qu’au début j’avais fait la chaîne à l’encrage et que ça ne passait pas. Donc c’est une chaine spectrale, une chaine fantôme transparente durant les chorégraphies. Ce n’est donc pas trop fouillis et cela reste discret. J’adore les petits détails, j’en mettrai partout, mais il faut faire attention à l’homogénéité des pages. Et à ce que cela soit lisible.
D’où le fait que l’épée elle-même ne soit pas tout le temps transformée en réalité ?
Oui voilà. Enfin à l’intérieur de l’épée c’est quelque chose d’assez spécial et on l’apprendra au fil de la narration.
On en apprendra un peu plus aussi sur son histoire personnelle ? Car on imagine qu’il y a eu une tragédie dans sa vie, un peu comme dans certains shonen ?
Oui, en fait c’est le shonen de base pour moi. Les Japonais le font très bien mais c’est un schéma assez particulier : on suit un héros un peu naïf qui par la force de sa volonté va surmonter les épreuves. Aucun problème jusque-là car les Japonais le font très bien. Mais moi je ne voulais pas rester figer dans ce schéma-là. Neer a déjà ses bagages et est assez sombre. Il est très solitaire, et au lieu d’entrer dans une équipe, qu’il quitte dès le début du récit d’ailleurs, il reste seul… Non le personnage plus shonen ce serait plutôt Milo. J’ai voulu travailler mon histoire de cette façon, on verra si ça plaira.
En parlant d’histoire, on aperçoit un aspect très jeu vidéo, car on découvre qu’il faisait partie d’un groupe façon guilde, avec des classes différentes : des mercenaires, des guerriers, une sorte de mages à l’instar de Milo justement ?
En fait, Milo Grants fait partie d’une caste : les spiriters. Ils utilisent l’énergie des morts, tous les esprits qui fuient Everdark, la sphère des esprits. Et il existe différents esprits. Ceux utilisés par les spiriters sont ceux choisis par les gardiens, leur petit crâne qui les accompagne partout. Ce dernier est la passerelle permettant d’utiliser le pouvoir des esprits.
On découvre aussi les whisperers, qui sont ceux qui leur permettent d’attraper les esprits ?
Ce sont des personnages on va dire, qui montent ce pilier central où est situé Everdark, qui cherchent des esprits potentiellement compatibles et pas trop nocifs pour les spiriters. C’est une sorte de pacte formé avec les spiriters. Quand on est novice comme Milo, il faut faire attention à choisir des esprits qui ne soient pas trop tourmentés et avec pas trop d’exigence. On apprendra par la suite les dangers potentiels à utiliser cette énergie. Tout n’est pas manichéen : mes méchants ne sont pas méchants, il y a forcément des énergies plus négatives que d’autres, il n’y en a pas une bonne ou une mauvaise. Je veux que le lecteur ait une réflexion sur qui a tord et qui a raison, et qu’il comprenne que les choses ne sont pas forcément simples pour chacune des classes et des factions, qu’ils essaient de survivre en fait.
En parlant des gardiens, on voit que ce sont de petits crânes, un peu à la chibi, comme Chaco qui est même mignon on va dire (Rires)…
Oui Chaco c’est un crâne avec des babines de chiens (Rires). C’est un crâne assez atypique par rapport aux autres gardiens car grosso-modo c’est un visuel de crâne. Et la majorité des gardiens ne parlent pas, ils sont aux « ordres » de leur spiriters, enfin disons qu’ils travaillent en équipe. Chaco est particulier car il est très volubile. Il est très conscient de sa propre personne, et il a ses spécificités. Il est réellement frustré de ne pas avoir de corps, d’être un esprit, et il cherche de la chaleur humaine par n’importe quel moyen. C’est un peu le Tortue Génial de la série (Rires) : il est atypique parmi les gardiens.
Ne serait-il pas un peu la mascotte de la série ?
Mascotte ?
Par exemple, depuis quelque temps dans beaucoup de série, il y a toujours une petite mascotte qui peut être représentée avec plusieurs émotions, et dans plusieurs situations différentes, avec des expressions changeantes ? Ou alors serait-ce plutôt le personnage apparaissant à la fin du tome 1 dont on ne sait pas encore le nom ?
Je ne sais pas trop. Pour toi la définition d’une mascotte c’est quoi ? Est-ce un personnage qui est juste là, mignon mais qui n’a pas trop d’incidence sur la narration principale ?
Non, pas forcément. Un personnage avec un aspect un peu mignon, sur lequel on va craquer car c’est original et ça sort du lot, mais qui pourrait malgré tout avoir son importance dans le récit malgré lui ?
Non Chaco, je ne l’ai pas pensé comme tel. Après niveau design, je l’imaginais ainsi : un crane avec des babines et pas de dents. Car si on dessine un crâne assez réaliste, ce n’est pas très sexy (Rires). Même si je suis fan de les dessiner ainsi, non. Certains esprits, que Milo invoquera, auront un aspect apaisant, mais d’autres un visuel plus lugubre. Donc Chaco est le seul à avoir été imaginé ainsi avec ses petites babines : les autres gardiens auront plutôt un aspect agressif. Je ne l’ai pas imaginé en terme de mascotte, tout comme le personnage à la fin du volume 1. Il y en aurait peut-être un par la suite, mais j’avoue que ce n’est pas trop mon délire. Quand on me dit mascotte, c’est un personnage insupportable qui ne va pas arrêter de parler, moi je vais me jouer de ça justement. Ce sera plutôt une caricature des mascottes car je n’en suis pas fan à la base. Mais j’en prends note. C’est le lecteur qui décide de tout ça de toute manière.
Justement, que demandent les lecteurs en dédicaces ?
Le plus ? Neer (Rires) et de loin. Ce qui me va totalement vu que je l’ai dessiné sur 400 pages. Je le dessine très vite, mais parfois on me demande le père de Millenia, un personnage en armure. Et là, cependant, je dois me rappeler ce que j’avais fait (Rires). Je dois revoir les dessins sur les personnages en armure, avec tous les détails, car mon cerveau a ses limites. Je crée des personnages sans arrêt. J’adore créer des design complexes, mais une fois en dédicaces je me fais avoir. Si j’ai une queue de malade, je dois alors indiquer que tel personnage je le ferai ainsi, de façon simplifiée, sinon j’en aurai pour une heure etc. J’essaie de contenter tout le monde.
Pour l’instant, que penses-tu de ta première Japan Expo ?
En fait je suis déjà venu en tant que touriste à l’époque, et pour les 10 ans de Dreamland en 2016 quand il y avait Hiro MASHIMA car je dédicaçais les personnages de Dreamland en tant qu’assistant. Pendant longtemps, j’ai dessiné les personnages de Réno car j’appréciais vraiment de le faire. Mais en tant qu’auteur oui, je suis heureux : mais je connaissais déjà le rythme et savait à quoi m’attendre. Le faire sur sa propre série, qui est devenue tangible, j’en suis fier, mais je suis déjà sur la suite au niveau de l’esprit : je suis sur le tome 3, par exemple.
Donc le tome 2 est déjà fait ?
Oui, il reste la couleur à réaliser. C’est une amie qui fait de la franco-belge qui m’aide là-dessus. Elle m’a fait la couleur de la couverture et les pages couleurs du premier. Donc pour le tome 2 elle a déjà fait la couverture, il reste les pages couleurs et ensuite c’est Pika qui décidera de la date de sortie. Moi dans l’idéal en tant que lecteur j’aime quand ça va vite et ne pas avoir à trop attendre pour obtenir la suite. Je vais essayer de m’améliorer au niveau de la méthodologie et aller plus vite.
Là pour faire un tome, comment fonctionnes-tu ? Quel temps cela te prend-il ?
Après le tome 1, c’est le mauvais exemple on va dire, car j’ai vraiment pris le temps de le faire, mais le tome 2 j’ai dû mettre moins d’un an. Il faudrait demander confirmation à Pika. J’ai néanmoins été plus rapide que le tome 1 c’est clair. J’espère que le 3 ça ira encore mieux. Je travaille en numérique et traditionnel en 50/50 : storyboard en numérique, crayonnés et encrage en traditionnel, et tramage en numérique. Car poser ses trames c’est trop long et trop coûteux. Quand on fait ce genre de format et qu’on est tout seul, il faut aller à l’essentiel et gagner la moindre seconde à n’importe quel niveau et avancer. Moi qui suis perfectionniste, je me bats contre moi-même pour me dire que ici, la case n’est pas parfaite, mais vu ce qui m’attend comme scène ensuite je ne peux pas me permettre de retoucher éternellement.
Pour terminer, as-tu un message particulier à lancer à tes lecteurs ?
J’espère que vous apprécierez l’histoire, mais si vous aimez découvrir un univers atypique et partir tel un explorateur, si vous êtes fan de jeu vidéo, vous trouverez votre compte. J’ai donné mon maximum pour vous proposer une œuvre qui me fait plaisir à vous partager, j’espère que cela sera aussi le cas pour vous !
Merci beaucoup.
L’équipe remercie Japan Expo et Pika d’avoir permis la mise en place de cette interview. On remercie également chaleureusement Romain qui a été vraiment passionnant dans ses propos !
Si vous souhaitez suivre la vie de la série Everdark, et vous tenir au courant des différentes séances de dédicaces à venir, alors n’hésitez pas à aller jeter un œil à la page facebook officielle de la série.
1 réponse
[…] LEMAIRE, le cousin du mangaka français à l’origine de Dreamland (interview du premier ici, du second là !). Ce nouveau titre apporte une nouvelle mythologie et promet des combats […]