[Manga] SCARLET Beriko : Queen and the Yakuza!
Une toute nouvelle mangaka, SCARLET Beriko dont la réputation n’est plus à faire au Japon, est arrivée en France. Top des ventes, récompensée dès ses premières publications, le lectorat japonais est tombé sous le charme de ses œuvres, qui sont rapidement devenues des incontournables de la sphère boy’s love.
Depuis juillet dernier, la France peut enfin s’émerveiller devant les œuvres de la mangaka. En effet, les éditions Taifu a annoncé 5 titres à venir de cette auteure : Jackass !, Minori no te, Yondaime Ooyamatsu Tatsuyuki, Jealousy et Queen and the tailor.
Mais qui est vraiment Beriko Scarlet ? Qu’apporte-t-elle de nouveau dans l’univers de Boy’s Love ? Journal du Japon revient sur notre coup de cœur du genre…
SCARLET Beriko, un magnifique début de carrière !
SCARLET Beriko entame sa carrière en dessinant tout d’abord des mangas de genre shôjo-ai et yaoi, et commence discrètement sa carrière chez Shinshokan en publiant ses premiers shôjo-ai « Smile Maker » et « Mine » en 2010 dans les anthologies Hirari.
Entre 2011 et 2014, en parallèle des publications de manga de genre yaoi, elle dessine neuf livres de positions dont cinq spécialisés dans les positions sexuelles et les positions de baisers pour les mangas du genre Boy’s love. Mais son métier de mangaka commence véritablement après, et sa première vraie publication ne se fait qu’en 2014, qu’avec le recueil intitulé Amefurashi, composé des 5 one-shots yaoi, publié aux éditions Shinshokan.
Motivée par sa carrière qui commence à prendre forme elle publie, en en l’espace de onze mois, deux mangas toujours chez le même éditeur : Minori no te et Yondaime Ooyamatsu Tatsuyuki, deux histoires se déroulant dans le même univers ; ce sont ces deux mangas qui vont lui faire rencontrer le succès. Ces deux titres ont eu la particularité d’être publiés chapitre par chapitre sur Amazon Japon et différentes plateformes de lecture en ligne, avant d’être publiés en volumes reliés et vendus simultanément en juillet 2015.
Le public ne s’y trompe pas, et l’industrie non plus : Yondaime Ooyamatsu Tatsuyuki se place 5e aux Kono BL ga Yabai 2016 et 6e aux Chil Chil BL Awards 2016, ce titre est également dans le top 10 des meilleures ventes BL.
Depuis, SCARLET Beriko a ajouté trois nouveaux titres : Jackass!, Jealousy, Joou to Shitateya (traduit en Queen and the tailor chez nous). Et chaque parution confirme un peu plus sa place au sein des mangakas de boy’s love incontournables.
Du fétichisme au monde des Yakuzas…
Le travail de SCARLET Beriko est marqué par un style soigné et séduisant avec un talent certain pour la scénarisation et le développement de personnages. Qu’ils soient hantés par leur passé et par des souvenirs douloureux, ses protagonistes ont tous des relations complexes. Abordant des thématiques très prisées dans le monde du yaoi, comme le fétichisme ou les yakuzas, l’artiste les traite avec la fraîcheur et la justesse des jeunes mangakas.
Si avec Jackass ! elle raconte l’histoire de Hara Keisuke, un lycéen qui se retrouve un jour à porter le collant de sa sœur resté coincé dans son pantalon de sport, alors qu’il se changeait avec tous ses camarades. Shimoda, son meilleur ami, le remarque et lui propose de l’aider à l’enlever. Mais au moment où Keisuke tente de retirer le collant en question, Shimoda change brusquement d’attitude…
Scarlet Beriko aborde ici le thème du fétichisme à travers le regard d’un lycéen qui ne peut rester insensible face à de belles jambes habillées avec un collants. Si le sujet est bien amené, les personnages bénéficient aussi d’un excellent travail de fond et ceci outre le fait qu’ils soient dotés d’une personnalité plaisante et qu’ils se révèlent très attachants. En effet, on découvre qu’il y a un certain fossé entre Keisuke et Shimoda, des a priori et des jugements un peu rapides : un sujet qui revient sur la table tout au long de ce tome et qui va donner lieu à des dialogues pertinents.
Elle change ensuite totalement de registre avec Minori no Te, Yondaime Ôyamato Tatsuyuki et Jealousy. Ces trois titres nous plongent dans un univers plus underground : celui du clan yakuza Ôyamato. Chaque récit met en lumière des protagonistes blessés qui ont pour unique point commun d’être enfermés dans leurs souvenirs passés.
Enfin, Queen and the tailor nous transporte dans la petite boutique de l’énigmatique et expérimenté tailleur Shida. Au fil des pages de ce one shot, SCARLET Beriko nous présente un personnage dégageant une aura ensorcelante dès qu’il pratique son art. Cette passion arrivera-t-elle à toucher le cœur de son jeune et fidèle client ?
Un magnifique coup de crayon !
Si ses œuvres paraissent banales voir clichés à première vue, quiconque s’intéresse un peu plus à ses mangas se rend compte qu’ils sont bien plus complexes qu’il n’y parait. En effet, ses histoires se révèlent finalement assez originales et captivantes, et surtout, elles ont la particularité d’avoir des personnages seme (dominants) qui au vu de leurs apparences ou caractères auraient, dans la plupart des autres mangas du genre Boy’s Love revêtu les rôles des uke (dominés), et inversement.
Scarlet Beriko possède non seulement un don pour nous narrer de belles histoires mais elle est également capable de faire passer un large panel d’émotions et d’expressions à travers son magnifique coup de crayon à tel point qu’on se prend à s’arrêter sur certaines scènes tout simplement magiques !
Dans ces dernières Tantôt drôle, tantôt émouvant, mais surtout très expressif, la magie opère réellement que ce soit lorsqu’il s’agit de nous faire rire lors des répliques un peu plus drôles ou de nous émouvoir lors des passages plus sérieux ou de nous régaler lors des scènes plus érotiques. Il y a un vrai travail sur la mise en scène misant fortement sur des mimiques expressives, les jeux de regards et la gestuelle des personnages. On est totalement séduit sur le plan visuel !
Les planches sont magnifiquement exécutées par les traits précis et délicats d’une artiste reconnue pour son habileté, qui a illustré plusieurs guides pratiques destinés aux dessinateurs débutants et confirmés, dont certains étaient essentiellement basés sur les différentes positions sexuelles à utiliser dans les Boy’s Love, comme nous l’expliquions en préambule de l’article.
Ce travail lui a permis de dessiner les corps humains sous toutes leurs formes en allant dans le détail, ce qui profère un réel avantage dans ses œuvres et qui lui a permis de se positionner dès ses débuts comme illustratrice de talent. Car en plus de sa technicité, ses graphismes sont particulièrement doux et, curieusement, aussi adorables que raffinés.
À travers ces œuvres, SCARLET Beriko fait preuve d’une ingéniosité remarquable pour mettre en scène ces récits. Elle nous offre ainsi des scénarios variés et originaux qui s’appuient sur des personnages travaillés, captivants et attachants. Ajoutez à ceci une édition toujours aussi impeccable et vous obtenez là une vraie petite pépite qui mérite sa place dans toutes les bonnes collections boy’s love qui se respectent !