Journal du Japon aime vous présenter régulièrement des maisons d’édition. Aujourd’hui, Michel Guillemot présente sa maison et les ouvrages publiés cette année sur le Japon. Des livres somptueux à glisser sous le sapin !
Michel Guillemot : interview d’un amoureux du Japon
Michel Guillemot et son épouse Mariko Inoue
Journal du Japon : Bonjour Michel Guillemot… Pouvez-vous présenter votre maison d’édition aux lecteurs de Journal du Japon ?
Michel Guillemot : Depuis 2009, je m’occupe avec Gilles Fage, mon associé, des Nouvelles éditions Scala. Nous nous sommes spécialisés dans la publication de livres consacrés à l’art. Ce ne sont pas seulement des beaux-livres comme on dit couramment, c’est-à-dire des livres souvent chers, nous publions aussi des livres au format poche, très accessibles. L’univers des arts est vaste et nous ne voulons rien nous interdire. Cependant nous avons des goûts et des connaissances qui nous poussent à développer plus certains sujets que d’autres. Par ailleurs, nous essayons aussi de ne pas faire la même chose que les autres éditeurs. Pour ces raisons, en plus de lignes éditoriales consacrées aux collections de musées et au patrimoine architectural, nous en avons développé d’autres autour de l’art contemporain, de la danse, des arts asiatiques et notamment de l’art japonais.
Vous avez beaucoup de titres sur le Japon, comment les choisissez-vous ?
J’essaie de publier chaque année au minimum un titre sur l’art japonais. Il y a bien sûr des sujets dont je sais qu’ils intéressent particulièrement les lecteurs français, mais le choix est avant tout le résultat d’un dialogue avec des auteurs qui ont déjà travaillé sur des projets ou ont des envies d’écriture bien précises. Il y a un intérêt très fort pour le Japon de la part des Français depuis longtemps, qui est aujourd’hui renouvelé par les jeunes générations qui lisent des mangas. Mais à côté de cet intérêt, il y a aussi une grande ignorance, et toujours pas assez de livres sur la culture japonaise pour satisfaire la curiosité des Français.
L’année 2018 est sous le signe du Japon avec tous les événements Japonismes 2018. Comment s’intègrent vos ouvrages dans ce cadre ? Votre ouvrage Le Japon à Paris retrace l’histoire d’ailleurs les liens qui unissent les deux pays, c’est un livre fondamental pour comprendre cette relation de 160 ans. Il a dû nécessiter de nombreuses recherches ?
Avec Brigitte Koyama-Richard, dès que nous avons entendu parler de Japonismes 2018, il y a environ trois ans, nous avons décidé de concevoir un livre non pas uniquement sur le Japonisme, mais sur cet intérêt croisé et simultané à partir de l’ère Meiji entre le Japon et la France, et en particulier entre les artistes et intellectuels de ces deux pays. C’est donc un livre conçu dès le départ en fonction de cet événement culturel diplomatique. Nous pensions qu’il y aurait forcément une grande exposition sur ce phénomène d’affinités mais finalement ce n’est pas le cas et ce livre Le Japon à Paris est le seul à s’intéresser à cette question ! Brigitte Koyama-Richard est française et vit au Japon depuis plus de trente ans. Elle est professeur d’université à Tokyo et connaît très bien ce sujet des relations croisées entre les deux pays sur lequel elle fait des recherches depuis longtemps. Elle était donc l’auteur idéal pour écrire ce livre.
Les jardins japonais font l’objet de deux ouvrages chez vous, deux approches différentes, pouvez-vous nous en dire plus ?
Après un premier voyage au Japon en 2007 lors duquel j’avais visité plusieurs jardins, j’ai commandé un livre sur les jardins japonais à Danielle Elisseeff, spécialiste de la Chine et du Japon. En 2009, lorsque j’ai reçu son manuscrit, j’ai commencé à chercher des images dans différentes agences photo. J’ai eu la surprise de ne trouver quasiment rien. Comme je n’avais pas envie de renoncer au livre, et que j’ai quelques connaissances en photographie, je suis parti au Japon pour prendre les photos dont j’avais besoin. L’idée de ce premier livre était d’offrir une synthèse historique illustrée, mais dans un petit format, à un prix réduit. Quand il est paru, malgré son succès, je me suis rendu compte en discutant avec des lecteurs, que certains auraient aimé une dimension visuelle plus importante. Comme le sujet me passionnait de plus en plus, je suis retourné au Japon à plusieurs reprises et j’ai continué à visiter et à photographier des jardins dans l’idée de préparer un autre livre.
Dans ce second livre, il y a beaucoup plus d’images et presque toutes en grand format. Et ce n’est plus une approche historique, même si quelques repères nécessaires sont donnés, notamment sur l’évolution du regard occidental. Les jardins sont considérés dans leur état actuel, selon l’usage qu’on peut en faire (s’y promener ou seulement les regarder), et donc selon l’expérience que l’on peut en avoir et les sentiments qu’ils suscitent. Je pense que les deux approches sont complémentaires : savoir et aimer.
Vous publiez même un livre pour enfants, avec un prince souris de Kyôto, dans des illustrations anciennes magnifiques (une façon de s’initier au Dit du Genji …), un pari audacieux. Comment l’avez-vous déniché ?
En cherchant des images pour le livre Yokai, fantastique art japonais de Brigitte Koyama-Richard, paru en 2017, précisément pour la partie sur les représentations d’animaux transformés en humains, nous avons trouvé ce rouleau emaki du XVIIe siècle qui est conservé dans une bibliothèque à New York. Le graphisme des illustrations est d’une qualité tellement exceptionnelle qu’avec Brigitte Koyama, nous avons immédiatement voulu le faire connaître. L’histoire qui est illustré est un conte traditionnel qui convenait parfaitement bien pour un album pour la jeunesse. Je suis persuadé que si on veut donner une éducation artistique aux enfants, il est très important de mettre sous leurs yeux des images de cette qualité, plutôt que des représentations infantilisantes.
Vous avez même un agenda japonais à votre catalogue. C’est devenu indispensable pour un éditeur de beaux livres ?
À l’occasion de cette saison japonaise en 2018-2019, j’avais programmé depuis longtemps plusieurs publications, mais je voulais faire plus, en écho à l’événement. C’est ainsi qu’est venue l’idée de faire cet Agenda japonais 2019. Au départ, l’expérience m’amusait car, en tant qu’éditeur, je n’avais jamais fait d’agenda illustré. Ensuite, je me suis dit qu’un agenda pouvait être un bon moyen de faire découvrir des aspects la culture japonaise, en donnant des informations (textes et images), certes à petites doses, mais pour chaque semaine de l’année. La thématique que j’ai choisie est celle du sentiment du temps qui passe, avec la présentation des fêtes japonaises et des phénomènes météorologiques des différentes saisons. Un agenda est un objet intime avec lequel on vit pendant une année, qu’on utilise quasiment tout les jours, et auquel on finit par s’attacher s’il n’est pas seulement utilitaire. Dans le cas d’un agenda illustré, c’est aussi le moyen d’afficher sa personnalité et ses passions.
Avez-vous d’autres parutions japonaises à nous annoncer en avant-première ?
Il y a plusieurs projets importants en préparation, mais qui ne sont pas suffisamment avancés pour que je puisse en parler. Ce n’est pas du tout par goût du secret, mais plutôt parce que souvent les projets connaissent des évolutions plus ou moins importantes en cours de route et ne sont vraiment définis et définitifs que quatre ou cinq mois avant leur parution. Tout ce que je peux dire, c’est que je pense publier au moins deux livres sur l’art japonais en 2019, dont l’un sera probablement un très bel album jeunesse.
Journal du Japon remercie Michel Guillemot pour sa disponibilité et ses réponses passionnantes.
Les livres évoqués
Le Japon à Paris, sous-titré Japonais et japonisants, de l’ère Meiji aux années 1930, permet de découvrir de très nombreux artistes et amateurs d’art, du Japon et de France, qui ont voyagé d’un pays à l’autre, découvert des cultures et des arts différents et s’en sont inspirés pour créer. Rodin, Guimet et Régamey au Japon, Foujita à Paris, mais bien d’autres personnes encore à découvrir (des muses et des peintres japonais qui s’installent en France, Kikou Yamata, une femme de lettres franco-japonaise etc.). Une soixantaine d’années racontée avec passion et richement illustrée (photographies, œuvres d’art).
Jardins du Japon est un livre richement illustré que le lecteur feuillette comme s’il se promenait dans le territoire intime de quelqu’un. C’est ce sentiment fort qui prend le voyageur lors de sa découverte des jardins au Japon que Michel Guillemot a voulu transmettre au lecteur. Le découpage du livre en est une bonne illustration :
marcher et s’arrêter met en avant les ponts, les pas et les allées, les différents points de vue qui s’offrent au promeneur en fonction de l’endroit où il chemine et où il s’arrête ;
s’asseoir et regarder montre les jardins comme des tableaux, le visiteur qui s’installe et admire le paysage depuis l’engawa (cheminement de bois qui entour les bâtiments et où il est possible de se mettre assis pour admirer longuement le jardin) ;
écouter et rêver c’est s’arrêter sur les petits détails, des feuilles d’érable rouges sur le sable clair, des pierres, de l’eau qui s’écoule, une vasque, et surtout les mousses qui sont l’élément fondamental d’un jardin japonais. Un livre apaisant que le lecteur n’a pas envie de refermer !
Histoire d’une souris qui a réussi dans la vie est un conte japonais qui ravira les plus jeunes (et leurs parents !). Nezumi est un prince souris qui habite en haut de la tour du temple Toji à Kyoto. Il épouse la belle Blanche et ils ont beaucoup d’enfants souris. Mais un jour, il part chasser l’oie pour nourrir sa nombreuse famille. Celle-ci ne se laisse pas faire et s’envole et emporte le prince très loin de chez lui. Il rencontre alors de nombreux animaux, est accueilli chez un seigneur très aimable. Il finit par retourner chez lui et décide que les oies ne sero
nt plus mangées. L’histoire est somptueusement illustrée par un rouleau peint de la seconde moitié du XVIIe siècle. Les tenues des souris sont somptueuses, les paysages grandioses … Une très belle introduction aux arts japonais pour les enfants, avant qu’ils ne découvrent plus tard le célèbre
Dit du Genji !
Et enfin un très bel agenda japonais pour l’année 2019 ! Richement illustré de photographies modernes et anciennes et de nombreuses estampes, il présente une semaine en page de gauche (avec tous les jours de la semaine découpés de 8 heures à 20 heures et un petit encart To do list) et une grande illustration en page de droite. Sous les illustrations, des explications sur les fêtes, les célébrations, les mots de saison (la neige, les fleurs de cerisier, les feux d’artifice etc.) permettent de se plonger dans le calendrier japonais. De plus, les premières pages présentent le calendrier japonais, ses périodes historiques, et les jours fériés et vacances scolaires en France et au Japon. De quoi passer une belle année 2019 entre ces deux pays !
Retrouvez toutes les informations sur les Nouvelles éditions Scala et ces ouvrages sur leur site internet ou les suivre sur Facebook.
1 réponse
[…] japonais des éditions Scala, éditeur que nous vous présentions il y a peu dans nos colonnes. Cet agenda de l’année 2019 présente les fêtes et les phénomènes météorologiques […]