mabanua, artiste polymorphe
mabanua est le nom de scène de Manabu YAMAGUCHI. Cet artiste invité par La Magnifique Society 2018 jouit aujourd’hui d’une petite réputation internationale puisqu’il est le compositeur de la bande-son dynamique de Megalo Box, anime dont nous avons déjà parlé dans ces colonnes. Mais c’est en quasi inconnu qu’il a impressionné Reims lors de deux sets les 16 et 17 juin derniers. Rencontre avec un artiste qui se réclame tant des Beatles que de Björk ou de D’Angelo.
Batteur de formation, mabanua est aujourd’hui multi-instrumentiste et producteur. Comprendre par-là : il fait de la musique pour lui, et il fait de la musique pour les autres. Si sa venue à Reims se fait sous l’étiquette mabanua, il est venu avec quelques membres de son autre projet musical, en groupe celui-ci, Ovall. Venant d’un parcours rock, inspiré par les Beatles et Led Zeppelin, le jeune Mabanua se tourne rapidement vers les musiques dites « noires ». « Vers 17 ou 18 ans, j’ai découvert The Roots, D’Angelo, tout le mouvement neo soul. » explique-t-il. « Je me suis donc beaucoup plus intéressé au jazz, à la soul et au hip-hop. Le rock est une musique puissante, mais globalement assez minimale ; j’ai changé pour les sonorités plus complexes de ces musiques que je découvrais. »
Evidemment, quand on parle de Japon, de production musicale, de sonorités hip-hop/soul et d’incursions dans le monde de l’animation, un nom vient en tête : Nujabes. Sans s’en réclamer, mabanua reconnaît que le travail du regretté producteur est partiellement lié à sa musique. Cependant, il se distingue sur l’utilisation d’instruments live, dans les productions studio comme sur scène, là où Nujabes composait essentiellement à partir de samples. Le jamming est d’ailleurs au cœur de son processus créatif : « Avec Ovall, on compose nos morceaux lors de différentes jam sessions » précise-t-il. « Lorsque je passe à mabanua, je suis tout seul. Il faudrait que je trouve un moyen de me dédoubler pour pouvoir jammer dans ces conditions ! » Ce côté performatif, presque physique de la musique, se retrouve évidemment sur scène, mais aussi dans ses disques, qui deviennent ainsi plus organiques.
S’il a commencé à se faire connaître grâce à des sonorités urbaines – comme on peut l’écouter sur son premier album Done Already (2008) – il est bien difficile de mettre une étiquette sur la musique de mabanua aujourd’hui. Avec Only the facts (2012), sa musique devient downtempo, voire ambient, avec rythmes ralentis et voix plus étouffées. Et Blurred (2018), sa dernière galette en date, poursuit les explorations, avec des intonations plus pop et funky voire dance. « Je ne veux pas que l’on écoute ma musique parce qu’elle appartient à un style en particulier. Je veux juste que l’on écoute ma musique. Un peu comme Meshell Ndegeocello ou Björk, je veux changer de style à chaque album. »
Pourquoi cette incartade vers des sonorités hip-hop avec Megalo Box, plus proches de son début de carrière, dans ce cas ? « You MORIYAMA – le réalisateur de la série – voulait une bande-son hip-hop, avec une patte instrumentale. » nous dit-il. Naturellement, il se tourne vers mabanua. Cependant, le musicien est parvenu à s’exprimer artistiquement comme il l’entendait, tout en respectant évidemment un matériel de base qu’il n’a pas conçu. « Il fallait bien respecter l’histoire et les images que ma musique allait illustrer ! » En résulte donc une bande originale emprunte d’un hip-hop soul aux basses bien mates, où les instruments classiques du jazz ont toute la place qu’il faut pour briller.
Mais qu’on ne s’y trompe pas : si la musique de Megalo Box est fantastique, elle n’est qu’une partie de l’univers de mabanua. Nous vous invitons donc à découvrir le reste de son œuvre dès maintenant !
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Remerciements à Sanae Kikuchi pour l’interprétariat du japonais vers l’anglais, et au festival La Magnifique Society pour son accueil.
Crédits photo : Thomas Hajdukowicz