Shin Megami Tensei : Liberation débarque sur mobile !
Sorti au Japon le 22 janvier 2018, Shin Megami Tensei : Liberation (Dx2) est enfin arrivé chez nous ce 24 juillet ! Free-to-play avec option d’achat, cet opus toujours signé Sega s’inscrit dans la continuité de la série SMT qui fête cette année ses 25 ans. On retrouve les ingrédients qui ont fait le succès de ce RPG japonais avec, à savoir, l’univers occulte où se côtoient démonologie et mythologies du monde entier à une époque moderne où l’informatique est reine et où les démons sont en réalité augmentée sur nos portables. Journal du Japon a pu tester le jeu et revient pour vous sur cette saga (plus connue en France grâce à son spin-off Persona) et cet opus. Enfin, JDJ a pu interviewé Yamada Riichiro, le producteur pour notamment en savoir plus sur la conception du jeu mais aussi sur les projets à venir.
Liberators VS Acolytes : c’est l’heure du duel !
Seulement traduit en anglais pour l’instant, Dx2 reste tout de même jouable pour les non-anglophones. En effet, le scenario n’a rien de vraiment original même s’il a le mérite d’être efficace et simple à comprendre : d’un côté l’organisation des Liberators, les « gentils » et de l’autre les « méchants » Acolytes. Tout ce beau monde s’affronte en plein Akihabara, paradis des geeks et otaku à Tokyo. Grâce à une application sur leur téléphone portable Devil Downloads (Dx2), ils peuvent invoquer et contrôler des démons. Comme depuis le début de la série SMT, les combats se déroulent au tour par tour avec un système de forces et faiblesses des attaques et cela bien avant que naissent les jeux Pokemon (1996). Exploiter la faiblesse des démons adverses permet d’obtenir un tour supplémentaire non négligeable lors de combats assez tendus contre des boss par exemple. Pour les combats faciles, on apprécie les modes de combat automatique et accéléré. La fonction d’assistance permettant d’aider un ami dans la panade semble anecdotique. Par contre, se faire des amis peut changer radicalement l’issu d’un combat grâce à la participation d’un monstre en plus dans son équipe. Un mode PvP (Joueur contre Joueur) est aussi de la partie lorsque l’on veut voir ce que vaut son équipe de 4 démons contre des adversaires humains.
Attrapez-les tous !
Tout le jeu tourne autour des créatures que l’on peut invoquer, particulièrement réussies en 3D, cela dit au passage. Toutes ne sont pas des démons comme la traduction anglais pourrait laisser penser et le bestiaire est riche et varié de : monstres (chimère, sphinx) ; bêtes démoniaques (Baphomet, Lilith, Lucifer, Succubes) ; fées et licornes ; divinités nordiques (Thor, Skadi, Valkyries), égyptiennes (Anubis, Isis), grecques (Ares), shintô (Susanoo, Amaterasu, Izanami et Izanagi), bouddhiques ou hindoues (Kishin, Shiva, Ganesh) ; emprunts à la mythologie chinoise (Feng Huang, Dragon chinois, Huang Di) ; et de yôkai, esprits folkloriques japonais (Kappa, Tengu, Oni). Nous avons apprécié le chara-design des démons nous rappelant les monstres de Yu-Gi-Oh ! au dessin réaliste et sombre et se démarquant des Pokemon plutôt enfantins. L’univers futuriste et technologique pourra faire penser à Digimon (fin des années 90, années 2000) et ses monstres digitaux, le digivice étant remplacé dans Dx2 par le mobile et son application, révolution technologique des smart phones oblige ces dernières années. La réalité augmentée est maîtrisée, à l’instar des monstres en 3D qui s’intègrent bien dans les paysages urbains.
Différents moyens pour obtenir les quelques 160 démons se présentent à nous : le recrutement par des phases de dialogue qui apparaissent de façon aléatoire lors des combats ; l’achat en échange de Gems au «Summuning Portal » (Portail d’invocation) ; et la fusion de 2 ou plusieurs démons dans la « Church of False Gods » (Église des Faux Dieux). Les monstres pourront même évoluer (gagner une étoile et gagner en force) lorsqu’ils atteignent le niveau max. Le téléphone portable de notre personnage joue le rôle de Pokedex (Pokemon) où l’on peut voir les différents monstres à collectionner mais surtout une fois possédés, on a accès à leurs forces et faiblesses, informations très utiles pour les futurs combats. D’ailleurs, lors des combats, on tapant deux fois sur les monstres adversaires, on a accès à tout cela s’ils font déjà partie de nos alliés.
Explorez des donjons !
Comme tout opus de Shin Megami Tensei, Dx2 n’échappe pas à la tradition des donjons, monde des démons réparti sur plusieurs zones et niveaux (Makai, Abyss, Tartarus selon les divers épisodes de la série). Cette fois, on a droit à de la 3D et ce mode donjon est une véritable alternative au mode Histoire (Story Quests), regroupé dans l’« Aura Gate » qui permet de droper des accessoires et ressources importantes. Ce mode Donjons se révèle être un beau challenge pour arriver jusqu’au bout : à chaque pas, le joueur risque de tomber sur des démons puissants, des boss bouchant le passage ou des puzzles cubiques aux effets tantôt positifs (jackpot) tantôt négatifs (perte de points d’action). Difficulté supplémentaire, les monstres ne sont pas soignés à la fin de chaque combat : des points de guérison ont tout de même été placés mais ceux-ci sont rares. Chaque niveau demandera une équipe équilibrée pour pouvoir passer au suivant : Dx2 s’avère être un RPG assez exigent finalement et destiné à des adolescents/adultes à la recherche de difficulté. On salue le mode automatique qui permet de déambuler dans le labyrinthe et se consacrer uniquement sur les combats. Si les premiers niveaux s’enchaînent rapidement et sans grande difficulté, on se rend vite compte comment cela se complique petit à petit. Il faut régulièrement s’entraîner (niveau et équipement) puis revenir pour continuer sa progression. Les évolutions deviennent obligatoires ainsi que des monstres toujours plus puissants !
Du free-to-play, vraiment ?
Dx2 est un jeu gratuit avec option d’achats de Gems par exemple, monnaie bien pratique pour invoquer notamment des démons. Beaucoup de jeux sur mobile fonctionnent ainsi et la plupart du temps, le système mal équilibré devient un pay-to-win. Certes, le joueur qui dépense de l’argent a un avantage mais pas forcément insurmontable. De plus, dans beaucoup de jeux, la version gratuite est tellement bridée qu’il faut soit mettre la main au porte-feuille ou soit désinstaller le jeu et passer à un autre tout bonnement… On n’a pas retrouvé tous ces défauts dans le jeu : la stamina (énergie pour faire les combats) se récupère très vite donc pas de bridage de ce niveau-là et le joueur peut gagner des Gems dans le jeu sans avoir en acheter (certes, c’est plus long mais c’est gratuit !). Sans publicité, en plus de pouvoir acheter des gemmes, des packs diablement chers sont mis en vente.
L’avis de la rédaction JDJ
Il s’agit d’un très bon jeu mobile free-to-play qui devrait séduire les Occidentaux, sans doute moins les Français, moins à l’aise avec la langue de Shakespeare qui devront espérer une traduction française. Si Shin Megumi Tensei est une saga peu connue en France (le spin-off Persona lui volant la vedette), cet opus Dx2 pourrait lui faire gagner de la visibilité (jeu gratuit mobile) et reprend des ingrédients de jeux populaires comme Pokemon et Yu-Gi-Oh! se démarquant avec son univers sombre et ésotérique. Graphiquement, tout a été prévu pour le confort du joueur avec 4 niveaux de qualité graphique selon la puissance de son smart phone pour ainsi éviter d’éventuels ralentissements. La réalisation des démons en 3D et en réalité augmentée est réussie. Assez complet, il est difficile de s’ennuyer avec les multiples modes : Histoire avec de nombreuses quêtes ; « Aura Gate » et ses donjons qui donnent du fil à retordre ; et PvP pour combattre d’autres joueurs. Avoir les quelques 160 démons représente un sacré challenge qui demandera assurément pas mal d’heures. Sur l’énorme marché du free-to-play, Dx2 a largement les armes pour lutter face à un Pokémon Go répétitif mais qui sait très bien surfer sur son image et sa notoriété pour hameçonner les pokéfans et les nostalgiques des anciens jeux sur Game Boy notamment. Si la saga SMT a un déficit de coté-là, côté graphisme et contenu, c’est du lourd : SEGA a très bien fait son travail !
L’interview de Yamada RIICHIRO
Bonjour, Riichirô-san. Merci pour le temps que vous nous avez consacré.
– Tout d’abord, pouvez-vous nous résumer votre parcours dans le monde du jeu vidéo ? Comment avez-vous fait connaissance avec la licence Shin Megami Tensei ?
J’ai rejoint SEGA en 1999 et j’ai travaillé sur de nombreux jeux en tant que designer, directeur et producteur. J’ai à mon actif de trop nombreux titres pour les lister ici mais citons les séries YAKUZA et Panzer Dragoon que vous devez connaître de nom ou sur lesquels vous avez joués. Quand ATLUS a rejoint SEGA, j’ai tout de suite voulu réaliser quelque chose avec eux. A cette époque, nous étions en pleine compétition interne, j’ai détaillé ce que je souhaitais faire avec la licence Shin Megami Tensei. Mon projet a été validé par le bureau et c’est ainsi que je pus en faire la présentation à ATLUS.
– Vous êtes producteur sur Shin Megami Tensei Liberation Dx2, en quoi consiste votre travail exactement ?
Sur ce jeu, j’ai la casquette de producteur. Le producteur s’occupe essentiellement du côté économique du projet. Je n’aime pas trop que l’on m’appelle producteur car je suis aussi en charge de tout le design sur le projet Dx2. Je me vois plutôt comme producteur et game designer.
– Qu’est-ce qui fait selon-vous que la licence connaisse autant le succès ces dernières années, y compris hors du Japon ?
Je pense que cela s’explique par le grand succès commercial du jeu Persona 5, série dérivée de Shin Megami Tensei. De nombreux jeunes joueurs de Dx2 ont déjà joué à Persona sans avoir connu les anciens SMT.
– Quel est votre opus de la licence Shin Megami Tensei favori, et pourquoi ?
SHIN MEGAMI TENSEI 3: Nocturne. Je pense que c’est, de loin, le meilleur RPG. D’ailleurs, je m’en suis inspiré pour Dx2 pour les combats en 3D et le Press Turn Battle System notamment [NDLR : système de combat au tour par tour avec une jauge où chaque action consomme des unités]…
– Rentrons dans le détail. Quel est le synopsis du jeu ?
Lors de la conception, nous avons gardé à l’esprit que notre principal objectif était d’adapter SMT au téléphone portable. Dx2 se distingue donc par des démons au design unique, son contexte, son histoire… Et les joueurs pourront apprécier tout cela dans un jeu gratuit !
– A quel gameplay doivent s’attendre les joueurs de SMT Liberation Dx2 ?
Il s’agit d’un RPG de stratégie. Le joueur doit réaliser de nombreuses quêtes avec beaucoup de contenu personnalisable. Il y a aussi des fusions de démons, des discussions avec les démons, un donjon en 3D que les fans de SMT ont l’habitude d’explorer et de nouveaux éléments comme un mode PvP.
– Pourquoi avoir réalisé un opus sur mobile ?
Tous les opus de SMT sur console ont été développés par ATLUS mais ils ne disposaient pas d’expérience dans le développement de jeu free-to-play sur mobile. De notre côté [NDLR : SEGA], nous avions déjà réalisé des jeux sur mobile ainsi que sur console. Voici pourquoi nous pensions être les plus à même de développer SMT sur mobile.
– C’est un free-to-play, y aura-t-il des objets à acheter ou des annonces publicitaires durant le jeu ?
Ce jeu est bel et bien gratuit mais avec option d’achats dans le jeu. Ces achats sont des raccourcis pour les joueurs les plus pressés. Il y a des éléments de style gachapon mais le jeu n’est pas vraiment un Gacha game car les joueurs peuvent obtenir de meilleurs démons sans ces achats grâce aux fusions et en laissant le temps au temps. Il n’y a pas de publicité dans le jeu. [NDLR : pour plus d’infos sur cette mode japonaise des Gacha games]
– Pouvez-vous nous en dire plus sur la réalité augmentée utilisée dans le jeu ?
A la base, le pitch de SMT est que les démons digitaux prennent vie dans la réalité. L’idée de la réalité augmentée va dans ce sens et explique ce choix. Cependant, nous préférons que les joueurs se concentrent avant tout sur l’expérience de jeu : la réalité augmentée n’est pas le jeu. On améliorera la RA sans doute plus tard.
– Est-ce que la version anglaise, en dehors de la traduction des textes ou dialogues, sera la même que la version japonaise ou peut-on s’attendre à des modifications ?
La version est fondamentalement la même que la japonaise. Le plus gros du travail a été la traduction (japonais vers anglais) plutôt qu’une éventuelle adaptation pour des raisons de différences culturelles. C’est dessus que nous avons placé nos efforts. De plus, nous avons reçu de nombreux commentaires de joueurs lors du bêta-test. Nous avons ainsi grâce à ces retours amélioré le tutoriel et ajouté un mode léger que vous découvrirez en lançant le jeu. A l’avenir, j’aimerais, autant que possible, continuer d’améliorer le jeu grâce aux suggestions des joueurs.
– De quel aspect du jeu êtes-vous le plus fier ?
Toute l’équipe a travaillé dur sur la modélisation 3D des démons, le Press Turn Battle System et de rendre unique ce Shin Megami Tensei.
– Quelle durée de vie peut-on attendre du jeu ? Des événements et du contenu ajouté régulièrement de prévus ?
Pour l’instant, il y a déjà au lancement du jeu beaucoup de contenu qui devrait prendre pas mal de temps aux joueurs. Bien entendu, pour qu’ils continuent de jouer sans se lasser, il est déjà prévu de rajouter plus tard des nouveautés et du contenu.