Hinomaru Sumô, le sport à l’âme guerrière !
C’est un fait reconnu aujourd’hui : les Japonais sont fans de sport. Et la quantité de mangas et d’anime sportifs ne fait que confirmer cette passion ! Pourtant, il y avait bien un sport – et non des moindres – encore inexploité parmi tous les mangas sportifs qui sortent en français : le sumô ! Eh oui, malgré son statut de sport national, les éditeurs l’ont oublié jusqu’à ce que le Weekly Shonen Jump propose une nouvelle déclinaison sur ce sujet, sa 3e en 30 ans, avec Hinomaru Sumô. Et là, depuis 2014 au Japon et 2016 en France, c’est un peu le manga sportif qui sort du lot !
Journal du Japon s’est passionné pour ce titre et, à l’occasion de la sortie de son 11e volume, revient dessus pour vous.
Hinomaru Sumô ou la passion acharnée de son héros, Ushio
Amateurs de sport, sportifs aguerris ou tout simplement curieux de nouvelles choses, venez donc découvrir ce titre hors du commun qui remet les pendules à l’heure ! Car, oui, impossible de sortir indemne de la lecture d’Hinomaru Sumô, tant la claque morale est forte.
Avec une histoire simple mais efficace, comme savent si bien le faire les shônen sportifs, vous voilà transportés dans les pensées des héros du titre et dans la création de leurs actions. Le personnage principal, HINOMARU Ushio est passionné de sumô depuis son enfance, et ceci, malgré son petit gabarit. Pourtant, ce lycéen rêve de devenir yokozuna, le titre suprême dans le monde des sumôtori. Mais, après avoir remporté le tournoi majeur à la fin du primaire, ses années collèges lui ont montré qu’avec sa taille, il n’y arriverait pas dans le monde du sumô qu’il affectionne tant.
Néanmoins, à force d’entraînement et de détermination, on retrouve Ushio à son entrée au lycée Odachi, avec pour objectif de rejoindre le club de sumô pour tenter de s’améliorer davantage et gravir le sommet du sumô lycéen, avant de s’attaquer à son rêve de percer dans le monde professionnel ! Autant dire que des embûches l’attendent mais grâce à sa persévérance, il relance le club du lycée, tout en montant une équipe pour se lancer dans la compétition.
À chaque étape vers la victoire, la passion et une motivation sans faille seront les clés de l’évolution pour Ushio et ses camarades, que ce soit lors d’un entraînement vraiment infernal afin d’être au niveau ou lors des combats pour rester dans le haut du classement qu’ils visent tous ! Ce courage et cette force de caractère sont des classiques du genre mais résume bien, là, l’art du sumô. S’en rendre compte de façon aussi visuelle et intense grâce à une oeuvre fictive est vraiment unique… Et résume bien, là, l’âme de ce manga.
Le sumô : un sport complètement japonais
Peut-être avez-vous pu voir un combat de sumô lors d’un voyage au Japon ou à la télévision ? (NDLR : les chaînes NHK world, l’équipe ou Kombatsport en diffusent)
Si ce n’est pas le cas, Hinomaru Sumô est un excellent moyen pour se familiariser avec cet univers vraiment hors du commun. En réalité, pour bien des personnes, le sumô serait aujourd’hui un spectacle : pourtant c’est bien d’un sport que l’on parle. Les sumôtori, ces lutteurs hors normes, s’astreignent en effet à un acharnement sportif qui force le respect.
Chaque journée est pour eux un combat quotidien, visant une seule et unique chose : vaincre sur le dohyô, cette aire circulaire de combat faisant à peine 4,55m, un simple cercle où leur vie et leur avenir se jouent. Car oui, en dehors de tout cet acharnement sportif, c’est bien pour vivre mieux que tous ces sumôtori s’astreignent un entraînement si infernal. À l’instar de la société japonaise, qui est construite de façon verticale avec une hiérarchie précise et immuable, ces derniers sont bloqués dans une sorte de pyramide où il faut gravir les échelons pour vivre plus confortablement. En commençant en bas de l’échelle, chaque aspirant sumôtori vit les uns avec les autres de façon communautaire dans une confrérie (une heya) où ils s’entraînent : pas de chambre individuelle donc et ils se doivent de réaliser des corvées quotidiennes en plus de leur entrainement. Ils sont également ceux qui doivent seconder et s’occuper des aînés dans leurs propres tâches respectives, étant à leur service.
Ce n’est qu’en passant du bas du classement (nommé banzuke) à la catégorie Juryô, catégorie où ils sont considérés comme des champions juniors, que les sumôtori changent de niveau de vie, et cela va croissant en changeant de grade.
Notre héros, simple lycéen, rêve de pouvoir rejoindre une heya où il ferait ses armes de rikishi (apprenti sumô professionnel), afin de s’élever dans la pyramide du banzuke et de viser les deux titres les plus convoités : ôzeki et yokozuna. Mais pour cela il doit pouvoir maîtriser les trois préceptes du sumô : 1. la technique, 2. le physique et 3. le mental. Ce qui n’est pas une mince affaire. Pourtant ,c’est bien là que réside la voie des sumôtori, ces hommes qui évoluent à l’écart du monde et de la société. Un sport traditionnel remontant à la fondation même de la Cour impériale japonaise d’après certains écrits.
En plus de ce long et difficile chemin, le sumô est aussi un sport de combat intense où deux lutteurs se donnent corps et âme en quelques secondes parfois, quelques minutes tout au plus…
Le sumô, un sport aussi mental que physique
Cette intensité si forte, on la retrouve à la perfection dans Hinomaru Sumô car Ushio notre héros, se bat véritablement contre ses propres démons afin d’avancer. Il est petit ? Qu’à cela ne tienne, il développe sa force physique, cela grâce à un esprit soumis à toute épreuve et tente d’améliorer ses techniques. Ses camarades ? Seul l’un d’entre eux au début de la série connaissait le sumô et ce qui se cache derrière; les autres personnages apprennent à leurs côtés.
Tout ceci permet au lecteur d’entrer dans le vif du sujet et de le pousser à réfléchir sur de nombreuses choses : la persévérance, la volonté, l’envie, l’avenir… En somme, à l’instar des héros, des choix s’offrent au lecteur pour qu’il remette presque en question sa propre vie. Ce manga pousse à se dépasser ou à imaginer ce que cela pourrait donner de le faire. Résultat, l’auteur, KAWADA, magnifie le tout avec un dessin au trait acéré et ultra nerveux.
L’action n’est donc pas simplement vue, mais vécue aux côtés de l’équipe d’Odachi et de leurs adversaires : sur le dohyô se joue aussi bien un combat physique que mental. C’est pourquoi, parfois, la narration fait croire aux lecteurs que les protagonistes se parlent en silence. Ce n’est en fait que le reflet de leur propre esprit à l’instant décisif. Sur une telle aire de combat, tout se confrontent : corps et âme.
C’est là toute la beauté de ce sport, et qui pousse le respect tout en étant galvaniser par tant d’ardeur. Ce qui ne semble pas déplaire à nos amis Japonais puisqu’un anime est annoncé pour octobre par le studio Gonzo (Hellsing, Last Exile, Rosario+Vampire…). Autant dire qu’on a hâte de voir le résultat !
En définitive, si vous cherchez un shonen sportif viril mais qui vous mettrait une sacrée claque, alors Hinomaru Sumo est fait pour vous. Ce sport, le sumo, est véritablement unique et le manga mérite toute attention. Les lutteurs font preuve d’une abnégation et d’un dévouement à toute épreuve qui ne laissent réellement personne indifférent. L’auteur KAWADA l’a bien saisi, fan lui-même de cet univers, et n’hésite pour ainsi dire pas à donner une multitude d’information tout en soignant son récit. Une série surprenante réalisée par un passionné, que demander de plus ?
Pour clore cet article et afin de vous pousser à découvrir toujours plus d’informations sur ce sport, on vous invite à lire également Mémoires d’un lutteur de sumô de KIRISHIMA Kazuhiro, aux éditions Philippe Picquier. Ce livre, écrit par un ancien ôzeki, reprend parfaitement les bases et autres notions présentes dans le manga. Et bien sûr n’hésitez pas à visionner des matchs car c’est véritablement un sport à part entière qu’il est bon de découvrir !
Un manga très sympa, en effet, avec un dessin très aussi nerveux et dynamique que son héros !
Pour ceux que le sujet intéresse, la chaîne NHK World diffuse en replay sur son site le résumé de chaque journée de tournoi (pour la première division). Le commentaire est en anglais, mais je préfère nettement leur retransmission à celle de l’équipe qui ne montre que des épreuves vieilles de 3 ou 4 ans sans réelle cohérence chronologique dans la carrière des champions…