Les héros télévisés des jeunes Japonais
Tout comme nous avons été bercés par les péripéties de personnages de dessins animées durant notre enfance, les petits Japonais ont également des héros qui ont accompagné leur éducation. Nous en avons choisi trois, parmi les plus populaires, que nous vous présentons ici. Découvrez Doraemon, le chat du futur, Anpanman, le courageux héros rempli de pâte de haricots rouges, et le facétieux Shin Chan !
Pour ceux qui veulent s’initier à la culture nippone, les héros des petits sont une excellente façon de se familiariser en douceur avec la langue et de découvrir certains aspects du Japon. Prêts pour un voyage au pays de l’enfance ?
L’enfance japonaise bercée par de nombreux personnages
Ce n’est un secret pour personne, le Japon sait créer des personnages aussi funs que mignons, capables d’attendrir les cœurs les plus durs. Qu’ils soient des héros de dessins animés, comme ceux que nous allons découvrir ensemble, ou bien des personnages de manga (Tony-Tony Chopper de One Piece), de film d’animation (Totoro), de jeux vidéo (Pikachu) voire même de produits marketing comme Hello Kitty, Rilakkuma ou Gudetama, le choix est vaste.
Ceux qui ont le privilège et la lourde tâche d’accompagner un petit dans son éducation méritent toutefois une attention toute particulière.
Quand on demande aux enfants quels sont leurs personnages favoris, ou bien aux mamans quels sont les héros que leur marmaille idolâtre, certains noms ressortent irrémédiablement. Doraemon et Anpanman sont des incontournables, et ce n’est donc pas étonnant de les retrouver sous toutes les formes possibles et imaginables : goodies, films, mais aussi ramen et toutes sortes de produits alimentaires destinés aux enfants. Ces deux créatures sont connues de tous les petits Japonais et possèdent un statut de véritables icônes.
Quand à Shin Chan, de son nom complet Crayon Shin Chan, sa présence dans notre sélection n’est pas le fruit du hasard. C’est un personnage atypique, parfois peu apprécié par les jeunes mamans soucieuses de préserver le comportement irréprochable de leurs bambins, mais les plus jeunes l’adore, à juste titre !
Alors, qui sont ces trois héros si particuliers qui font rêver les petits japonais ?
3 figures emblématiques de la TV pour les jeunes Japonais
Les héros qui nous accompagnent à la télévision durant notre jeunesse se divisent en plusieurs catégories : ceux qui grandissent avec nous, comme a su le faire Sangoku avec les trentenaires d’aujourd’hui ; ceux qui plaisent tout autant aux plus petits qu’aux jeunes adultes, en jouant sur un subtil registre de comique à deux niveaux de lecture (Nicky Larson, de son vrai nom Ryô Saeba, entre dans cette catégorie), et ceux qui décident de ne jamais grandir, afin de s’adresser aux petits de plusieurs générations successives.
Anpanman, le premier personnage que nous vous présentons ici entre dans cette dernière catégorie et ne s’adresse qu’aux tout petits, tandis que Doraemon a pris une envergure qui lui permet de toucher une tranche de la population plus large. Shin chan est quant à lui destiné aux grands enfants et aux jeunes adultes avec un humour gras et obscène qui lui vaut certaines critiques.
Lequel préférerez-vous ?
Anpanman, le super héros à la pâte de haricots rouges
Au Japon, Anpanman est partout, sur les étalages de la moindre boutique et sous toutes les formes possibles, de quoi se faire une idée de son immense popularité sur l’archipel nippon.
Son nom vient de sa composition, et signifie « l’homme à la tête de petit pain fourré au An« , la pâte de haricot rouge. Il sort de l’imagination de Takashi YANASE (1919-2003), son créateur, qui a connu la faim durant la Seconde Guerre Mondiale, ce qui lui a inspiré ce petit personnage capable de nourrir les autres en leur offrant un morceau de sa tête comestible ! Il suffit alors que son père lui cuisine une nouvelle tête afin qu’il redevienne complet
Le monde d’Anpanman est vaste et à des airs d’Animal Crossing, tant on y croise des personnages hauts en couleur : des animaux parlant, d’autres héros mi-homme, mi-pâtisserie (Currypanman, Melonpanna, etc), et une bande de vilains microbes qui font office d’ennemis (guidés par le terrible Baikinman, l’homme bactérie). La série est d’ailleurs dans le Guinness des records, en tant que série animée avec le plus de personnages : on en compte 1768 !
Mais à quoi est dû le succès de ce héros ? Il y a plusieurs explications logiques qui aident à comprendre pourquoi ce personnage né en 1970 sous la forme de dessins, puis adapté dès 1988 en série animée, est toujours extrêmement populaire au Japon après plus de 1300 épisodes de la série TV, 27 films et des dizaines d’OAV ou d’épisodes spéciaux. Commençons par les bonnes valeurs que cherchent à transmettre Anpanman : l’entraide, le respect de la justice, et une volonté constante de faire le bien dans le monde. Oui, Anpanman est un Superman pour les tout-petits, doté de pouvoirs bien à lui. Il est capable d’entendre les appels au secours et vient en aide quotidiennement aux personnes en danger.
Mais ce n’est pas tout ! Ses vertus pédagogiques sont souvent mises en avant, car en plus de sauver le monde et de préserver l’harmonie sur la Terre, notre héros prend le temps d’enseigner aux plus jeunes l’importance de se laver les dents, de prendre soin de la planète et utilise des chants enfantins pour apprendre aux petits à compter ou à prononcer les différents alphabets. Plus qu’un héros, c’est un professeur fait de pain et de An que nous avons là !
S’il séduit les enfants, puisqu’il a été élu plusieurs fois personnage favori des Japonais entre 0 et 12 ans, il sait aussi plaire aux parents puisqu’il ne prône que le bon et que ses sages paroles sont intemporelles. Il a vu grandir plusieurs générations de bambins japonais et il en verra certainement grandir d’autres !
Il ne vous reste plus qu’à regarder le générique ci-dessous pour prendre la pleine mesure de la philosophie de ce sympathique héros !
Doraemon, le chat robot en provenance du futur
Le numéro 1, qui trône en tête de tous les sondages au Japon mais également en Asie, où il jouit d’une popularité sans égale, c’est bien Doraemon !
Doraemon est un chat robot bleu, né (produit !) le 3 septembre 2112, qui remonte le temps pour aider le jeune Nobi Nobita afin que celui-ci ne s’endette pas sur plusieurs générations. A travers cette histoire, l’auteur parvient à traiter de nombreux sujets qui touchent les jeunes : l’école primaire, les relations entre amis, la timidité, les amourettes d’enfance… Naïf, drôle, léger, c’est un divertissement qui plaît aux plus petits, qui se retrouvent dans les problématiques évoquées comme au plus grand, qui le regardent d’un œil nostalgique.
A l’origine, Doraemon est un manga créé en décembre 1969 par un duo de mangakas baptisé Fujiko FUJIO (basé sur leur deux noms respectifs : Motoo ABIKO et Fujimoto HIROSHI). Publiée entre 1974 et 1994 le série compte 45 volumes et s’est vendu à plus de cent millions d’exemplaires dans le monde, en faisant un des plus gros succès du genre.
Il connaît ensuite plusieurs adaptations à la télévision, avec un véritable plébiscite pour la seconde série qui fut diffusée de 1979 à 2005 sur TV Asahi, soit 1787 épisodes. Depuis, une nouvelle série Dorameon est diffusée, avec des graphismes plus modernes et de nouveaux acteurs pour les voix : une façon de donner un coup de jeune à un personnage qui ne semble pourtant pas vieillir.
Le succès de ce chat robot sans oreilles, grand fan de Dorayaki et doté d’une poche kangourou magique de laquelle il sort mille et une merveilles du futur pour aider ses amis, a largement dépassé les frontières du Japon. En 2002, il a même été élu héros de l’Asie par le TIME Asia ! Extrêmement populaire en Chine, en Corée du sud, et dans la plupart des pays d’Asie du Sud Est, il l’est aussi en Amérique Latine et dans certains pays européens tels que l’Italie ou l’Espagne.
Avec son propre musée à 30 minutes de Tokyo, le statut d’ambassadeur animé de la culture nippone à l’étranger qui lui a été accordé en 2008 et les films annuels le mettant en scène, cette idole intergénérationnelle devrait garder sa place de N°1 dans le cœur des Japonais, petits ou grands, pour encore quelques longues années !
Shin Chan, le petit insolent
Il suffit de voir sa tête pour comprendre qu’il est prêt à faire des bêtises ! Shinnosuke, 5 ans, le héros de Crayon Shin Chan, est un peu le Bart Simpson japonais. C’est un personnage facétieux qui montre ses fesses dès que l’occasion se présente et qui alterne jeux de mots et blagues douteuses (mais hilarantes) en permanence, pas étonnant que les enfants l’apprécient !
C’est toutefois moins le cas des parents et de la censure, qui ne considèrent pas, dans certains pays, que la version animée s’adresse à un public enfantin en raison de sa vulgarité et de certaines scènes de nudités. En Corée du Sud, en Indonésie ou au Vietnam notamment, il n’est proposé qu’en version censurée, que ce soit en manga ou en animé.
On accuse Shin Chan de montrer le mauvais exemple aux enfants et de nuire à leur bonne éducation mais les plus jeunes l’adorent car justement, il y voit un ami, un camarade de bêtises, et le petit enfant turbulent que certains d’entre nous ont été. Pas de quoi blâmer notre pauvre Shin Chan plus que de nécessaire !
Tiré d’une série de manga parus en 1992 et publié jusqu’en 2009 et la mort accidentelle de son créateur Yoshito USUI, il apparaît dans 50 volumes de Crayon Shin Chan et près de 800 épisodes de sa version animée. L’équipe qui travaillait avec l’auteur a décidé de poursuivre son œuvre dès 2010, et de nouveaux mangas sont en cours de publication ces dernières années.
Ce personnage est une véritable icône au Japon, aimé et détesté, et il est décliné en toute sorte de produits dérivés, des films d’animation (plus de 25 !), des jeux vidéo lui sont dédiés et il a également son propre parc à thème à Kasukabe, dans la préfecture de Saitama.
Si vous souhaitez découvrir une facette un peu plus polémique de ce que propose l’animation infantile nippone, laissez Shin Chan être votre guide !
https://www.youtube.com/watch?v=1Tb7dGiFwY8
Trop nippons pour la France ?
Une question peut alors être légitimement posée : pourquoi ces personnages ne trouvent pas vraiment leur public en France ? Quand on connait l’attrait qu’ont les lecteurs et les téléspectateurs français pour le Japon et sa culture, on aurait pu penser que voir Doraemon, Shin Chan ou Anpanman sur les écrans de nos chaines serait une évidence. Et pourtant…
Il y a bien eu des tentatives, concernant Doraemon et Shin Chan, et les deux fois, ce fut des échecs retentissants. En effet, en 2003, la série Dorameon fut programmée sur M6 le samedi matin, elle ne rencontra pas le succès escompté et fut retirée de l’antenne dans la foulée. On la retrouve aujourd’hui sur BOING, une chaîne plus confidentielle.
Et chaque année, il est présent à la Japan Expo sur un stand qui nous narre son histoire. La preuve que les Japonais n’ont pas abandonné l’idée d’implanter le petit chat robot chez nous…
Shin Chan a lui été diffusé sur JETIX en 2002 et on trouve plus de 300 épisodes (plus précisément 104 épisodes divisés en 3) traduits en français, à partir de la version anglaise. ce qui pourrait expliquer en partie le manque de piment de certains épisodes, suite à la censure qu’à subit Crayon Shin Chan outre-Manche.
Par ailleurs, les mangas de ces deux séries sont bien accueillis par les lecteurs, mais il ne s’agit pas forcément du même public que celui qui regarderait la version télévisée.
On peut penser que la sortie tardive de ces animés en France a certainement joué sur leur popularité, car les graphismes n’étaient pas vraiment en phase avec l’époque. La traduction approximative a également une part de responsabilité, car quand les Dorayaki sont transformés en gâteaux au chocolat, on perd forcément un peu de l’aspect culturel ! Et l’humour dans tout ça ? Difficile de traduire les blagues ou les subtilités de la langue nippone, quand il s’agit d’humour lié à un contexte traditionnel ou de jeux de mots.
Enfin, l’ancrage fort de ces trois personnages dans le Japon peut également être une des causes de cette difficulté à s’exporter vers des cultures trop différentes. Toutefois, pour nuancer cela, il faut rappeler que l’Espagne et l’Italie sont très friands des aventures de Doraemon et de Shin chan !
Un point de départ pour s’ouvrir au Japon
Pour tous les apprentis japonophones, s’intéresser à ces trois petits personnages peut être une excellente façon de se familiariser avec la langue ! Ces séries étant destinées aux plus jeunes, le langage utilisé est relativement simple et c’est donc une bonne occasion de s’amuser tout en apprenant.
Culturellement parlant, ces héros vous apporteront des informations pertinentes sur la famille et les traditions japonaises, sur certains rites, sur les relations interpersonnelles, et vous réaliserez qu’il est possible de s’imprégner d’une part de culture en regardant ces dessins animés pour enfants, de la même manière que les films des STUDIO GHIBLI vous plongent au cœur de l’âme nippone.
Et si vous êtes jeunes parents, faites donc découvrir Anpanman ou Doraemon à votre petit ! Drôle et porteur d’un message positif, c’est aussi une façon de leur transmettre en douceur votre intérêt pour le Japon !
On a tous des héros d’enfance, qui nous ont aidés à grandir et qu’on aimerait avoir à nos côtés encore aujourd’hui, pour nous faire vivre des aventures plus folles les unes que les autres. Pour les petits Japonais, Anpanman, Doraemon et Shin Chan font partie de ces personnages inoubliables ! Il n’est jamais trop tard pour se découvrir une âme d’enfant, alors laissez-vous porter par la sympathie de ces héros aussi loufoques que sympathiques !