Qui êtes-vous M. Shinzo Abe ?

A la tête du Parti Libéral-Démocrate (PLD) qui domine les élections depuis 1955 au Japon, le Premier ministre japonais, Shinzo ABE, reconduit en décembre 2017 pour un troisième mandat, nage actuellement en eaux troubles. Journal du Japon vous en dit un peu plus sur le premier homme du Japon, en pleine tourmente.

 

Shinzo ABE

Shinzo ABE

Il est issu d’une famille de longue tradition politique ayant fait fortune dans le brassage de saké et de soja. Shinzo ABE, 63 ans, est le Premier ministre du Japon soit l’homme fort du pays. Une fonction occupée précédemment dans la famille ABE par le grand-père maternel ou encore son grand-oncle. Son père, quant à lui, fut Ministre des Affaires étrangères dans les années 80 et secrétaire général du Parti Libéral-Démocrate qui dirige le pays, sans discontinuer ou presque depuis 1955. Shinzo ABE, qui embrasse une carrière politique en 1993 en se faisant élire député, est marié depuis 1987 à Akie ABE.

Après avoir été directeur de la division des Affaires sociales, il devient vice-chef de cabinet dans les gouvernements Mori puis Koizumi (entre 2000 et 2003). Nommé secrétaire général du PLD en 2003, il est élu à la tête du parti et accède au poste de Premier ministre en 2006. Cependant, acculé par une série de scandales, il est contraint de démissionner de ses fonctions en septembre 2007.

De retour à la présidence du PLD en 2012, la victoire massive de son parti aux élections législatives anticipées du mois de décembre le conduit à nouveau au poste de Premier ministre.

Le champion de la relance économique nippone

Shinzo ABE est perçu comme celui ayant réussi à sortir le Japon de sa torpeur économique des années 90. Une relance économique marquée par une baisse du chômage (en dessous de 3%) et une croissance à son meilleur niveau depuis la crise financière de 2007. Des succès significatifs pour celui qui est arrivé au pouvoir dans un pays en proie à une situation peu flatteuse et devant faire face au vieillissement de sa population et à la concurrence croissante des autres pays asiatiques (Chine et Corée du Sud notamment). 

Un tableau qu’il faut tout de même nuancer…

Shinzo ABE a certes réussi là où ses prédécesseurs ont connu des échecs mais les « Abenomics » (dont nous parlions en détail en 2015, ici) ne doivent pas masquer les difficultés structurelles que rencontre le Japon. Les inégalités sociales sont criantes et les contrats précaires sont légions. On citera juste l’exemple des personnes du 3e et 4e âge qui doivent occuper des petits boulots pour vivre. Le Premier ministre nippon a bien entendu un bilan économique favorable mais qui mérite néanmoins d’être nuancé. A cela s’ajoutent ses accointances avec le parti d’extrême droite incarné par l’ultra-nationaliste Moritomo actuellement embourbé dans le scandale de vente de terrain qui touche le gouvernement d’ABE. 

 

Interview : « Ne pas restreindre un pays à un homme »

Interrogée par Journal du Japon, la spécialiste du Japon Guibourg Delamotte, Maître de conférences en science politique au département d’études japonaises de l’Inalco, nous apporte quelques éléments de compréhension sur la situation actuelle du Premier ministre Shinzo ABE.

Journal du Japon : Le très conservateur Shinzo ABE est-il un politique à l’image de son pays ? 

Guibourg Delamotte : M. Abe a été élu par une majorité d’électeurs sur un programme politique qui leur convenait globalement. Je ne pense pas qu’on puisse restreindre un peuple ou un pays à un homme. 

Shinzo ABE, pour qui c’est le 3e mandat à la tête du gouvernement, est-il l’homme que les Japonais adorent détester ? 

La côte de popularité de M. ABE est en forte baisse. Une majorité des Japonais a approuvé le programme de M. ABE en 2012 puis en 2014 et en 2017. M. ABE est un fin politique qui a su obtenir de son parti qu’il l’autorise à rester à sa tête durant 3 mandats de 3 ans consécutifs ce qui en théorie lui permet de rester Premier ministre jusqu’en 2021. Néanmoins si M. ABE ne gère pas bien le scandale Moritomo il est possible qu’il doive démissionner. 

Sécurité, développement économique, JO de Tokyo de 2020… Quels sont les enjeux d’ABE s’il parvient à se maintenir jusqu’aux prochaines élections générales en décembre 2018 ? 

Les points les plus importants sont de conforter la croissance, de satisfaire sur les promesses faites notamment en termes de places en crèche et de promotion du travail féminin. M. ABEsouhaite aussi faire réviser la Constitution mais il ne sera pas en mesure de le faire s’il ne parvient pas à faire remonter sa popularité. 

Justement, selon le dernier sondage d’Asahi, la côte de popularité du Premier ministre est en forte baisse. Sa position est-elle tenable au regard du scandale éclaboussant son épouse ? 

Il est possible en effet qu’il doive démissionner. Néanmoins une procédure judiciaire est en cours. Peut-être pourra-t-il s’abriter derrière cet argument ? 

Des excuses seules suffisent au Japonais pour effacer ce scandale ? 

Les Japonais ne semblent pas vouloir s’en contenter et une action en justice a été démarrée. Des auditions parlementaires sont en cours.

Un homme dans la tourmente

Un homme dans la tourmente

L’épouse du Premier ministre s’est retrouvée également au cœur du scandale politico-financier qui secoue le pays. Les médias n’ont pas manqué de mettre à jour les liens entretenus par cette femme au tempérament bien trempé avec le responsable de l’école ayant bénéficié de favoritisme.

Au scandale de favoritisme qui a secoué le gouvernement de Shinzo ABE et ses proches collaborateurs ayant conduit au suicide en mars dernier d’un responsable du ministère, s’ajoute un scandale de harcèlement sexuel touchant dernièrement un haut fonctionnaire de l’Etat à l’encontre de femmes journalistes étouffé par le gouvernement nippon.

Sur la scène internationale, le Japon de Shinzo ABE semble en marge du dialogue avec la Corée du Nord, prévoyant une future entrevue entre Donald Trump et Kim Jong Un. Les 17 et 18 avril, le Premier ministre japonais s’est rendu à Washington pour une rencontre programmée de longue date avec Donald Trump. Un séjour visant notamment à faire entendre la voix du Japon sur le dossier nord-coréen.

L’enjeu pour Shinzo ABE est de taille. Dans une posture d’extrême fragilité, il doit pouvoir apporter les réponses attendues par son peuple sur les questions de sécurité nationale tout en s’assurant une issue favorable au scandale qui l’éclabousse. Cependant, les manifestations qui se sont déroulées le week-end du 14 avril à Tokyo nous prouvent que, loin de se montrer clémente, la population japonaise ne se contentera pas d’excuses seules.

 

Complément d’informations : pour en savoir plus sur le scandale Moritomo dont il est sujet dans notre article, aussi appelé le Moritomo Gakuen, direction la page Wikipedia.

Remerciements à Guibourg Delamotte pour son temps.

3 réponses

  1. DOGBLE dit :

    Bonjour le japons est un pays j’adore beaucoup dans les pays asies que je rêvê a êtres visiter dans les jours avenir ,je suis togolais en afriqie de l’oeust ,la capitale est lomé ,c’est poir dire aux japonais ques vous êtes benis d’avoir un bon prémier ministre il est bon le japons edt calme pas violence ni violence politique, j’ai un projet poir les veuves et les orphelins que je vais venir presentér au premier ministre japonais

  1. 19 août 2018

    […] c’est bien le fait que la Russie ne respecte pas les traités signés après-guerre qui dérange. Shinzo ABE, qui souhaite garder de bonnes relations avec POUTINE et ne pas perdre la face, se dit prêt à […]

  2. 29 décembre 2020

    […] souvent membres de Chongryon, qui répond simplement à « la stratégie anti-coréenne » de Shinzō ABE, comme ont été perçues les décisions politiques de ces dernières […]

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