[Interview] Manabu Ôhashi, 50 ans d’animation
Artiste majeur de l’animation japonaise depuis cinquante ans, Manabu OHASHI est entré très jeune, à seulement quinze ans, dans l’animation via Tôei Animation. Il a travaillé sur de nombreuses œuvres qui ont marqués les débuts des dessins animés en France comme Cobra ou L’île au trésor. Egalement connu sous le pseudo de Mao Lamdo, il a travaillé auprès de nombreux studios au cours de sa carrière, souvent en tant que free-lance, mais, en vrai passionné, il donne aussi des cours sur l’animation. Nous l’avons rencontré au cours de la Japan Expo Sud pour qu’il nous parle de sa carrière et de l’animation japonaise.
Bonjour à vous… Quelles sont les œuvres ou les artistes qui vont inspirés et donné envie de devenir illustrateur et de faire de l’animation ?
J’ai été assez impressionné par les impressionnistes comme Van Gogh, j’ai moi même dessiné dans ce genre là parce que j’apprécie beaucoup ce style. Pour ce qui est de l’animation, Toei et Disney sont très différents, mais les deux ont eu une grande influence sur ma vie lorsque j’ai vu leurs films étant petit. A la base je voulais être mangaka et pas animateur, mais quand j’avais quatorze ans j’ai postulé à une petit annonce de la Toei, et c’est ça qui m’a fait envisager de devenir animateur : j’ai arrêté mes études pour devenir animateur à ce moment là.
Vous avez commencé assez jeune dans l’animation, à 15 ans, l’animation japonaise n’était pas sans doute pas le marché qu’il est devenu aujourd’hui, quel souvenir avez-vous de vos débuts ?
La première série sur laquelle j’ai travaillé pour la Toei à quinze ans et qui s’appelait Kaze no Fujiwaru, une série sur les ninjas. C’était mon tout premier travail, c’était vraiment intéressant, c’était la première fois que je rentrais dans ce milieu et je travaillais sur une série télévisée et comme dessiner me plaisait c’était une bonne expérience, tous les jours.
Les dessins animés sur lesquels vous avez travaillés ont été rapidement traduits en français, qu’avez-vous pensé de ce succès en Occident ?
A l’époque je n’étais même pas au courant. Au début on ne savait pas que nos séries étaient diffusées à l’étranger, je l’ai su plus tard et je suis content de savoir que Cobra et L’île au trésor ont connu un incroyable succès mais ce qui me fait le plus plaisir c’est que cette série, destinée à un public japonais, a aujourd’hui engendré un nombre de fans étrangers qui est vraiment important. Et j’en suis vraiment très heureux.
Dans l’émission Toco Toco vous dites d’ailleurs préférer regarder des films étrangers que des films japonais… Pouvez-vous nous dire pourquoi ?
J’aime beaucoup le cinéma français, j’en ai beaucoup vu et comme j’étais membre de la Toei j’avais un pass, Toei Plus, qui me donnait gratuitement l’accès aux cinémas de la Toei. Je pouvais aller voir des films japonais ou occidentaux mais j’allais toujours voir des films occidentaux et surtout français.
Toujours dans Toco Toco vous dites que, plutôt qu’animateur free-lance vous préférez vous voir comme un « wandering animator »… Qu’entendez-vous par là et pourquoi, avec 52 ans de carrière derrière vous, préférez-vous travailler ainsi, plutôt que dans un studio ?
Au bout d’un moment, je ne me sentais plus de faire de l’animation et j’hésitais entre devenir free-lance, ou même arrêter complètement le métier. C’est à ce moment là que j’ai vu la première série d’Ashita no Joe, et cette envie de faire de l’animation m’est revenue. C’est une série qui, franchement, m’a beaucoup marqué et qui m’a redonné le goût du dessin et de l’animation.
Vous êtes animateur depuis maintenant plus de 50 ans, quel est votre avis sur l’évolution de l’animation japonaise ?
Ca fait 50 ans que je suis dans le milieu, et il y a une chose qui n’a pas changé durant toutes ces années : les personnes qui travaillent dans l’animation ont toujours le même esprit de challenge, chaque nouvel épisode est un nouveau défi face auquel on repart de zéro. Pour moi ça fait 50 ans mais je pense que je suis plus jeune que ce que j’étais il y a 50 ans, j’ai toujours cet esprit de faire quelque chose de nouveau, quelque chose qui me plaît. Le plus gros changement fut quand même le passage au digital, mais en tant qu’animateur je suis resté à l’analogique, et donc les innovations de l’animation ne me touchent pas directement.
Parmi toutes les œuvres sur lesquelles vous avez travaillé, lesquelles vous ont le plus touché ?
Dans ma carrière, les œuvres les plus importantes sont Cloud de Robot Carnival, Gin no tori et Chibineko Tom qui est très personnel.
Nous espérons en tout cas pouvoir profiter de vos talents dans de nouvelles animations !
En complément voici une vidéo de Toco Toco sur Manabu Ôhashi :
Vous pouvez retrouver Manabu Ôhashi sur son site officiel ou sur Twitter
Remerciements à Harumo Sanazaki pour son temps ainsi qu’à Japan Expo Sud pour la mise en place de l’interview.
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[…] (fr) Laurent Estornel, « [Interview] Manabu Ôhashi, 50 ans d’animation », Journal du Japon, 19 avril 2018 [lire en ligne] […]